Impact des pratiques agroécologiques sur la biodiversité entomologique de la pomme de terre

Impact des pratiques agroécologiques sur la biodiversité entomologique de la pomme de terre

Les pratiques agroécologiques

Techniques culturales 

 La rotation des cultures La rotation culturale consiste en l’organisation de la succession culturale des espèces sur une même parcelle. En agroécologie, on considère que la rotation doit être diversifiée en terme de familles végétales cultivées (Bézat et al., 2016). Le principe de base consiste à alterner des plantes dont les besoins nutritifs et la sensibilité aux ravageurs ou aux maladies sont différents. En effet, Chaque culture a ses propres besoins au niveau des éléments nutritifs présents ou apportés au sol, de même que chaque culture sera sensible à sa manière aux différents ravageurs et adventices, la rotation consistant à varier les légumes sur une même parcelle, répond à ces besoins. Elle casse le cycle des nuisibles et permet au niveau écologique une diminution des maladies, des ravageurs et des adventices. Ceux-ci ayant davantage de difficultés pour trouver leur espèce hôte. Les systèmes culturaux basés sur la rotation des cultures sont reconnus comme bénéfiques pour maintenir la productivité des sols et la qualité des productions (Bélanger et al., 2007). A titre d’exemple, l’introduction d’une culture de légumineuse dans la rotation favorise le maintien de la fertilité du sol car elle a l’avantage de capter l’azote dans l’air et de la retransmettre au sol au profit de la culture suivante (Delaunay et al., 2016). L’agriculture durable réintroduit cette pratique ancienne car ses avantages que l’on peut considérer comme des services naturels, permettent le développement d’une agriculture plus autonome.  Les cultures associées Il s’agit de la culture simultanée de deux espèces ou plus, sur la même surface, pendant une période significative de leur cycle de croissance (Bedoussac and Journet, 2017). On parle donc 3 de cultures associées lorsqu’il y a interférence spatiale et temporelle entre deux ou plusieurs cultures. La culture associée vise à utiliser plus efficacement les ressources disponibles en valorisant la complémentarité entre les espèces pour augmenter la production et la qualité des produits mais aussi lutter contre les maladies, ravageurs et adventices (Bedoussac and Journet, 2017). Les cultures associées peuvent présenter d’autres avantages tels que l’amélioration de la structure du sol par des systèmes racinaires complémentaires et la stabilisation des rendements. Les associations de plantes permettent également d’optimiser la surface de culture et de réduire la concurrence pour les éléments minéraux spécifiques. 

 Gestion et conservation des sols 

 Jachère Pratique agricole consistant à maintenir inutilisée pendant une certaine période une surface agricole pour lui permettre de reconstituer ses réserves en eau, sa capacité de production, etc. Elle peut être considérée comme une phase d’accumulation de carbone et d’éléments minéraux pour l’écosystème. La nouvelle orientation prise par la politique agricole depuis le milieu des années 1990 a remis la jachère à l’honneur pour l’équilibre écologique du sol (Schnyder, 2009). D’après Feller et al., (1993), la mise en jachère après culture induit une forte modification du fonctionnement du sol : organisation des constituants, cycles biogéochimiques et dynamique de l’eau. . La jachère contribue également à la lutte contre les mauvaises herbes (Staple, 1959). Elle constitue un des moyens d’entretien de la fertilité des sols, à condition toutefois d’être suffisamment longue. Par ailleurs, elle fournit des ressources fourragères et un espace de pâturage pour les troupeaux, particulièrement utile durant la saison de culture.  Compostage Francou, (2003) définit le compostage comme un processus contrôlé de dégradation des constituants organiques d’origine végétale et animale, par une succession de communautés microbiennes évoluant en conditions aérobies, entraînant une montée en température, et conduisant à l’élaboration d’une matière organique humifiée et stabilisée. Le produit ainsi obtenu est appelé compost. Il est utilisé comme engrais organique et peut être incorporé au sol, (Inckel et al., 2005). De par sa richesse en substances nutritives et en matière organique, il redonne aux sols appauvris par le temps et les cultures successives tous les éléments nécessaires pour permettre aux végétaux une croissance saine. En plus d’être une source d’éléments nutritifs pour les cultures, la matière organique améliore les propriétés biologiques et physicochimiques du sol (Misra et al., 1950). 4  Paillage Il s’agit de laisser en place les résidus de récolte ou d’effectuer un apport en quantité variable de résidus végétaux à la surface du champ (Leonard and Rajot, 1998). Cette technique de conservation de l’eau et des sols est connue et utilisée de longue date dans des régions très différentes du monde. Le paillage présente plusieurs avantages. Entre autres : conserver l’humidité du sol, éviter l’apparition de mauvaises herbes, limiter le ruissellement et l’érosion, améliorer la texture du sol en apportant de la matière organique lors de sa décomposition et protéger la faune du sol qui décompose la matière organique. 

 Environnement paysager 

Les pratiques d’agroforesterie regroupent : – la plantation, l’entretien et l’utilisation des arbres dans les champs, – la plantation, l’entretien et l’utilisation de haies vives, – le reboisement. Selon Levard and Mathieu, (2018), ces pratiques peuvent contribuer à des objectifs de production (principalement production fourragère, de bois et de fruits), que ce soit en termes quantitatifs, de diversité, de qualité nutritionnelle et de diminution des risques, à une plus grande autonomie (fertilisation et production de fourrages), à l’amélioration de la fertilité des sols (protection contre l’érosion, fertilité organique et minérale), à l’amélioration des disponibilités en eau (capture d’eau souterraine, protection contre l’érosion, ombrage limitant l’évapotranspiration), à l’amélioration de la biodiversité et à la lutte contre le changement climatique (stockage de carbone, évitement des émissions de gaz à effet de serre, notamment celles liées aux engrais de synthèse azotés). 

 Protection des cultures 

 La lutte biologique Le contrôle des ravageurs par l’utilisation d’autres organismes vivants, ennemis naturels(auxiliaires), est nommée lutte biologique (Lambert, 2010). Elle est basée sur l’exploitation par l’Homme et à son profit d’une relation naturelle entre un ravageur de cultures et un autre organisme, le plus souvent un parasite, un prédateur ou un agent pathogène du premier, qui le tue à plus ou moins brève échéance. Les prédateurs (qui tuent et mangent plusieurs proies au cours de leur développement) se distinguent des parasitoïdes (parasites, qui vivent aux dépens d’un unique hôte, lequel meurt après l’achèvement du développement du parasitoïde) (Jourdheuil et al., 1991). 5 Le but de la lutte biologique est de réduire et de contrôler les populations de ravageurs en deçà d’un seuil d’intervention pour lequel les dommages sont économiquement et esthétiquement acceptables. Les principaux avantages de la lutte biologique sont son innocuité, sa spécificité, son acceptabilité sociale potentielle, l’absence de développement de résistance chez les ravageurs (Lambert, 2010). Elle constitue une alternative plus respectueuse de l’environnement et de la santé humaine que la lutte chimique (Borowiec et al., 2011).  Désherbage Le raisonnement des cultures peut passer par la réduction de la quantité d’herbicides utilisés. L’utilisation du désherbage mécanique est une solution qui permet de limiter l’emploi de ces produits. Le désherbage est la pratique qui consiste à limiter le développement des adventices, ou mauvaises herbes, qui concurrencent les plantes cultivées en utilisant les ressources du sol (eau et minéraux) ainsi que la lumière. La maîtrise des adventices, et non leur élimination, est recherchée. Autrement dit, on parle de tolérance aux adventices, celles‐ci pouvant être présentes dans les parcelles sans impacter la production des cultures en place à venir. Certains y voient même des avantages, car elles participent à l’augmentation de la biodiversité, support pour le développement de faune auxiliaire (Alamome et al., 2012)  Traitement phytosanitaire naturel Les biopesticides sont définis comme des produits de protection des plantes d’origine biologique qui peuvent être un organisme vivant ou une substance d’origine naturelle. Leur potentiel de lutte antiparasitaire est avéré et ils sont utilisés dans le monde entier. Ils peuvent offrir une solution de rechange aux produits chimiques de synthèse utilisés pour lutter contre les populations de ravageurs (maladies, les insectes, les acariens et les mauvaises herbes). Ils produisent peu ou pas de résidus toxiques, et les coûts de développement sont nettement inférieurs à ceux de pesticides chimiques synthétiques conventionnels (Chandler et al., 2011). Outre leur sélectivité remarquable envers leur cible, ils présentent l’avantage d’être biodégradables. 

 La pomme de terre

 Généralités sur la pomme de terre 

La pomme de terre (S. tuberosum) est un tubercule comestible. Elle appartient à la famille des Solanacées qui regroupe par ailleurs d’autres plantes d’une importance économique majeure telles que la tomate, le tabac, le piment, l’aubergine, etc. (Solstner, 1983). La pomme de terre 6 désigne à la fois la plante et le tubercule comestible. L’espèce cultivée (S. tuberosum) est une sous-espèce de Solanum andigenum originaire de la région centrale de la Cordillère des Andes à une altitude supérieure à 2000 mètres (Clément, 1981; OCDE, 1997). La pomme de terre est une herbacée vivace de par ses tubercules mais elle est cultivée comme une plante annuelle dans toutes les zones de production du monde. Les tubercules, riches en amidon, sont utilisés principalement pour l’alimentation humaine et animale (FAO, 2008). 

 Importance de la pomme de terre

 La pomme de terre joue un rôle clé dans le système alimentaire mondial. Le tubercule, au cycle court (90 à 110 jours) et aux rendements élevés, est la quatrième culture vivrière mondiale, avec 315 millions de tonnes produites en 2006 (FAO, 2008). Ses qualités nutritives et sa facilité de culture font qu’elle est devenue l’un des aliments de base de l’humanité, figurant parmi les légumes et féculents les plus consommés. L’année internationale de la pomme de terre en 2008 a sensibilisé le monde sur son rôle crucial dans la résolution de problèmes d’ampleur planétaire et notamment la faim, la pauvreté et les menaces qui pèsent sur l’environnement. Durant la période relativement courte de sa production en Afrique, la pomme de terre est néanmoins devenue un facteur économique important dans certains régions agricoles à altitudes élevées du fait qu’elle procure de bons revenus aux producteurs, qui sont dans la plupart des cas des petits exploitants (Rannou, 2000). Cependant, la pomme de terre reste sous-utilisée dans certains pays du Tiers-Monde, notamment en Afrique sub-saharienne, mais globalement sa consommation progresse dans les pays en développement, tandis que dans les pays développés elle tend à diminuer, basculant de plus en plus vers des formes transformées (purée en flocons, frites surgelées, etc.). Le Sénégal est le plus gros importateur de pommes de terre européennes suivi de la côte d’ivoire, de la Mauritanie et du cap vert. Cette situation montre les opportunités qui s’offrent à notre production locale pour non seulement satisfaire la demande intérieure mais aussi et surtout pour se positionner sur la fenêtre export de la sous-région avec un avantage comparatif certain si notre pomme de terre est de qualité avec un conditionnement amélioré. Les marchés de la côte d’ivoire et de la Mauritanie apparaissent particulièrement intéressants puisque la production locale est faible et que les conditions climatiques sont peu propices à cette culture. L’absence d’une véritable politique de développement de la filière pomme de terre est à la base des contraintes techniques et socioéconomiques auxquelles font face les petits producteurs de pomme de terre. Ils sont laissés à eux-mêmes avec seuls partenaires quelques ONG, d’où la timidité ou l’absence de transfert de technologie. Pourtant, la pomme de terre peut jouer un rôle 7 important dans la réduction de la pauvreté dans les pays en développement d’où la nécessité pour l’Etat et les privés de supporter ce secteur (Adamou, 2011). 

Table des matières

Dédicace
Remerciements
Liste des figures
Liste des tableaux
Sigles et abréviations
Résumé
Abstract
Introduction
Chapitre 1 : Synthèse bibliographique
1.1 Les pratiques agroécologiques
1.1.1 Techniques culturales
1.1.2 Gestion et conservation des sols
1.1.3 Environnement paysager
1.1.4 Protection des cultures
1.2 La pomme de terre.
1.2.1 Généralités sur la pomme de terre
1.2.2 Importance de la pomme de terre
1.3 Biodiversité entomologique sur la culture de la pomme de terre
1.3.1 Les principaux insectes ravageurs de la pomme de terre
1.3.2 Les parasitoïdes
Chapitre 2 : Matériel et méthodes
2.1 Présentation de la zone d’étude
2.2 Méthodologie
2.2.1 Echantillonnage
2.2.2 Suivi au laboratoire
2.2.3 Analyse statistique
Chapitre 3 : Résultats et discussion
3.1 Résultats
3.1.1 Caractérisation des pratiques agroécologiques de la culture de pomme de terre
3.1.2 Inventaire de la biodiversité entomologique de la pomme de terre
3.1.3 Evaluation de l’impact des pratiques agroécologiques sur la biodiversité
entomologique
3.2 Discussion
Conclusion et perspectives
Références bibliographiques

 

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