Influence de l’ activité physique sur le sommeil des adolescents

Diminution de la pratique de l’activité physique au cours des dernières années.

L’ importance de l’ activité physique dans la population générale a chuté ces dernières années. Par exemple, Katzmarzyk et Tremblay (2007) ont démontré que l’ intérêt et le niveau d’ activité physique ont considérablement diminué au sein de la population canadienne. Ces auteurs notent une forte tendance vers la sédentarité et l’ inactivité physique. Environ au même moment, une augmentation de la prévalence de l’obésité est notée pour tous les groupes d’âges confondus (Shields, 2006; Tjepkema, 2006). Spécifiquement pour les adultes de la population américaine, 32 % d’entre eux présentaient de l’ obésité en 2004 (Ogden et al., 2006) et ce chiffre a atteint 35 % en 2010 (Flegal, Caroll, Kit, & Ogden, 2012). De plus, une étude réalisée par Wang et Beydoun (2007) estimait que ce chiffre allait atteindre 41 % en 2015. En ce qui a trait aux enfants/adolescents, la proportion de ceux ayant un surplus de poids pouvait s’ élever jusqu’à 25 % dans certaines régions des États-Unis en 1996 (U.S. Departrnent of Health and Human Services, 1999) et 17 % des jeunes présentaient un surplus de poids en 2004 (toujours aux États-Unis) (Odgen et al., 2006).

Bien que les différentes instances de la société telles que Santé Canada et l’OMS fassent la promotion de l’ activité physique, il existe un paradigme très incohérent avec les enfants et les adolescents d’ aujourd’ hui. Effectivement, Tremblay et ses collaborateurs (2007) affirment que les jeunes de notre époque préfèrent l’ usage des nouvelles technologies tels que les jeux vidéo et l’accès à Internet au détriment d’une participation active à l’ activité physique (sports, jouer dehors, mise en forme, etc.). Ces mêmes auteurs estiment également que plusieurs adultes ont une dépense énergétique au travail qui est supérieure à celle reliée à la pratique de l’ activité physique, et ce, même si leur travail ne sollicite aucunement des fonctions physiques. De plus, Haskell et ses collaborateurs (2007) soulèvent deux points importants par rapport à l’ inactivité physique dans les sociétés d’aujourd ‘ hui. D’une part, la technologie omniprésente de nos jours diminuerait les efforts requis pour atteindre les objectifs d’une journée (par exemple : l’ utilisation d’ Internet pour payer nos comptes versus marcher jusqu’à la caisse ou la banque). D’ autre part, le travail sédentaire est beaucoup plus payant que le travail actif en général, ce qui encourage les gens à étudier pour obtenir un travail de nature intellectuelle plutôt que physique. Des conclusions similaires sont aussi supportées par Makinen et ses collaborateurs (2012) où ces derniers démontrent une relation inverse entre le niveau d’ éducation et l’engagement dans la pratique de l’ activité physique. En d’autres termes, l’inactivité physique serait omniprésente chez beaucoup d’adultes et plus étonnamment même, l’ éducation agirait comme facteur de risque en ce qui a trait à la pratique de l’ activité physique. Comme mentionné précédemment, la pratique régulière de l’ activité physique a des répercussions positives sur la prévention du développement des maladies non transmissibles. Cependant, elle peut aussi avoir un effet sur différentes composantes générales de la vie d’un individu, dont le sommeil.

Cadre théorique existant entre l’activité physique et le sommeil.

Une recension des écrits effectuée par Davenne (2009) précise que faire de l’ activité physique durant la journée augmente la sécrétion d’hormones de croissance par la glande pituitaire dans la période de sommeil qui suit. Ces hormones sont nécessaires durant le sommeil lent puisqu’elles favorisent la synthèse des protéines nécessaires à la récupération du corps humain. De plus, faire de l’activité physique stimule les hormones responsables de l’éveil, notamment le cortisol et les catécholamines. L’augmentation de ces hormones dans l’organisme provoque donc un état d’alerte et de vigilance. Ainsi, Davenne met en lumière certains processus biologiques inhérents à la pratique de l’activité physique. En effet, lorsqu’elle est réalisée dans le jour, l’activité physique aurait un effet bénéfique sur la période de sommeil subséquente, alors que si elle est pratiquée tout juste avant la période de sommeil, elle aurait l’effet contraire en indisposant l’organisme. Il existe trois théories faisant le pont entre la pratique de l’activité physique et le sommeil. Les deux premières sont souvent associées dans les différents ouvrages et renvoient à la théorie de la restauration de l’organisme (theory of body restauration) (Adam & Oswald, 1983) et à la théorie de la conservation d’énergie (theory of energy conservation) (Berger & Phillips, 1995). La troisième renvoie à la théorie thermogénique (thermogenic theory) (Murphy & Campbell, 1997).

Selon Adam et Oswald (1983), la théorie de la restauration de l’organisme repose sur l’idée de l’utilité du sommeil qui consisterait en la régénération de l’organisme. Par exemple, plus l’organisme serait « endommagé» physiquement, plus le sommeil aurait des propriétés restauratrices. Ensuite, la théorie de Berger et Phillips (1995) sur la conservation d’énergie réfèrerait à un processus homéostatique par lequel le sommeil compenserait pour les dépenses énergétiques de la journée. Ainsi, plus un individu serait actif physiquement dans sa journée, plus le sommeil serait récupérateur. Davenne (2009) explique cela par le fait que la pratique de l’ activité physique provoque durant le sommeil subséquent une plus grande libération d’ hormones de croissance, lesquelles sont nécessaires pour la récupération de l’ organisme. De plus, Tatum (20 Il) et Taylor (2001) indiquent que ces deux théories sont intimement liées dans la mesure où une plus grande dépense en énergie amènera un plus grand besoin de restauration de l’ organisme à travers le sommeil. Cela assurerait le bon fonctionnement de l’ individu d’une journée à l’ autre. Enfin, par rapport à la théorie thermogénique, Murphy et Campbell (1997) ont affirmé que la température du corps augmentait du réveil jusqu’à approximativement 14 heures (en après-midi). De 14 heures à 20 heures, il y aurait stabilisation (plateau) de la température corporelle pour ensuite poursuivre avec un déclin jusqu’à la période de sommeil. Ce moment serait un signe précurseur de l’organisme anticipant une période de repos. Par rapport à cette théorie, Horne et Reid (1985) avaient mentionné que l’augmentation de la température de l’ organisme, au moment du « plateau », favoriserait une plus grande disposition à dormir chez l’ être humain. Puisque la pratique de l’ activité physique augmente la température de l’organisme, ce dernier doit réduire davantage sa température pour se préparer à la période de sommeil. Ce mécanisme favoriserait donc l’apparition du sommeil par un effet catalyseur.

Intensité de la pratique de l’activité physique

La pratique de l’ activité peut se réaliser à différentes intensités. Pour un même individu, il peut être attendu que ces dernières mènent à différents effets sur la période de sommeil subséquente. L’ étude de cette variable apparait donc importante dans la compréhension des liens entre la pratique de l’activité physique et le sommeil. Kalak et ses collaborateurs (2012) affirment que faire de l’activité physique de façon modérée a eu un impact favorable sur le sommeil d’ adolescents. En effet, ils notent une plus grande proportion de sommeillent durant le sommeil, de même qu’une plus grande rapidité à s’endormir, une apparition tardive du SMOR et une meilleure qualité du sommeil de façon subjective. Ces résultats divergent de ceux obtenus par Dworak et ses collaborateurs (2008). Ces derniers ne notent aucune retombée significative sur le plan objectif par rapport aux mesures de base chez leur groupe pratiquant l’ activité physique de façon modérée.

Par contre, ils sont d’ avis que la pratique intensive de l’ activité physique a des retombées positives significatives. Plus particulièrement, ils notent chez leurs participants dans cette modalité une meilleure efficacité du sommeil, une plus grande rapidité à s’endormir, plus de sommeillent, ainsi qu’une plus grande rapidité à passer du premier au quatrième stade du sommeil. En analysant la méthodologie des deux dernières études mentionnées, il est possible que la divergence des résultats entre celles-ci repose sur la fréquence de participation à l’activité physique. Ainsi , une plus grande fréquence de pratique d’activité physique pourrait être suffisante pour faire apparaitre des retombées significatives positives sur le sommeil d’ adolescents pratiquant l’activité physique de façon modérée. Dans un même ordre d’ idées, Foti, Eaton, Lowry et McKnight-Ely (2011) ne trouvent aucune association significative de l’ intensité (faible, modérée ou soutenue) de la pratique de l’ activité spécifiquement pour la variable « sommeil suffisant en temps» chez les adolescents ayant participé à leur recherche.

Ces résultats divergent de ceux obtenus par Delisle, Werch, Wong, Bian et Weiler (2010), lesquels affinnent que seule la pratique de l’ activité de façon intensive est associée à un sommeil suffisant en temps, à l’exception d’être réalisée au minimum cinq fois par semaine. Foti et ses collaborateurs avaient également avancé cette hypothèse où la fréquence pouvait être plus importante que l’intensité elle-même. Somme toute, la différence obtenue entre ces deux études pourrait s’expliquer par cette hypothèse, mais également par le fait que les échantillons n’ étaient pas équivalents. En effet, l’étude de Foti et ses collaborateurs comportait presque 15000 adolescents issus de plusieurs écoles, alors que la seconde étude n’en comportait que 822 issus d’une seule école. Enfin, il faut noter qu’ il demeure difficile de tirer des conclusions de cause à effet étant donné les plans de recherche de ces études qui sont corrélationnels. Cela implique que plusieurs variables non contrôlables peuvent influencer les résultats obtenus. De plus, aucune mesure objective par rapport au sommeil n’a été recueillie (par exemple : sommeillent, SMOR, efficacité du sommeil, etc.).

Table des matières

Sommaire
Liste des tableaux
Remerciements
Introduction
Sommeil
Cycles du sommeil
Impact d’un mauvais sommeil chez l’être humain
Activité physique
Activité physique comme promoteur de la santé
Intensité élevée/soutenue
MET
V02 max
Intensité modérée
Intensité légère
Diminution de la pratique de l’activité physique au cours des dernières années
Activité physique et sommeil
Variables d’ intérêt
Cadre théorique existant entre l’activité physique et le sommeil
Liens entre l’activité physique et le sommeil
Méthode
Résultats
Influence de l’ activité physique sur le sommeil des adolescents
Moment où est pratiquée l’ activité physique
Intensité de la pratique de l’ activité physique
Fréquence de la pratique de l’ activité physique
Condition physique des dormeurs
Influence de l’ activité physique sur le sommeil des adultes
Moment où est pratiquée l’ activité physique
Fréquence cardiaque lors du sommeil
Intensité de la pratique de l’ activité physique
Fréquence de la pratique de l’ activité physique
Condition physique des dormeurs
Discussion
Résultats regroupés pour les populations adolescentes et adultes
Moment où est pratiquée l’activité physique
Particularités chez la population adulte
Analyse intégrée
Intensité de la pratique de l’ activité physique
Particularités chez la population adolescente
Analyse intégrée
Fréquence de la pratique de l’ activité physique
Analyse intégrée
Condition physique des dormeurs
Particularités chez la population adulte
Analyse intégrée
Comparaison entre les résultats des méta-analyses et les résultats de cet essai
Synthèse
Conclusion
Références

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