Intensification du travail et répercussions sur la santé mentale

Intensification du travail et répercussions sur la santé mentale

On sait que depuis les années 1980, les contraintes de rythme de travail, principalement dues aux réformes organisationnelles, aux innovations technologiques, ainsi qu’aux nouvelles pratiques managériales, se sont renforcées. En plus des atteintes à la santé physique, constatées chez les travailleurs manuels (ouvriers, employés de commerce notamment),  l’intensification du travail peut aussi être à l’origine de troubles majeurs du point de vue de la santé psychique. Avec la crise du travail et l’accentuation considérable de la pression sur les salariés, accentuée par la pression des clients et une concurrence généralisée – compétitivité-, la souffrance psychique au travail a émergé comme un problème de premier plan, pas seulement en France, mais dans l’ensemble du monde occidental. En 1990, Robert Karasek, un des auteurs qui ont marqué la réflexion sur le stress professionnel, affirmait que plus d’un tiers des problèmes de santé mentale pouvait être attribué au milieu du travail. Indéniablement, l’intensification retentit sur les conditions de travail et une de ses conséquences directe est le stress. Une forte pression temporelle constitue pour l’organisme une agression, c’est pourquoi l’urgence rend difficile, voire impossible, la construction de bonnes conditions de travail. Changer de posture, prendre une pause pour décompresser, se détendre, aménager et optimiser librement son espace, choisir et trouver l’outil ou le document adapté, s’organiser convenablement, prendre correctement ses informations, s’assurer des coopérations utiles au bon moment, anticiper sur des tâches à venir pour éviter les situations d’urgence ou pour s’y préparer : ces conduites, énumérées par Gollac et Volkoff 7 , et souvent indispensables à la préservation de la santé, sont rendues plus difficiles par l’intensification du travail. Mais la pénibilité psychologique du travail est encore plus difficile à évaluer que sa pénibilité physique. De plus, nous allons voir que le lien entre intensité, conditions de travail et répercussions, plus ou moins importantes, sur la santé mentale, est souvent plus compliqué qu’il n’en a l’air : en fonction de la présence ou non de certains paramètres ayant trait aux conditions dans lesquelles le travail s’exerce, l’intensification peut voir ses effets délétères sur la santé atténués, ou au contraire, accentués. Expliquons-nous. Bien que l’intensification du travail se soit progressivement immiscée dans l’ensemble des secteurs d’activités, il n’en demeure pas moins que sa dangerosité, pour les salariés, reste d’autant plus manifeste que l’activité est exercée dans certaines conditions. Voyons donc dans quelles mesures nous pouvons faire état d’une inégalité, entre certaines catégories de travailleurs, devant le caractère nocif de l’intensité du travail. 

Troubles & pathologies associées 

L’intensité accrue du travail, combinée à une autonomie décisionnelle faible et à un soutien du collectif limité, augmente considérablement le risque de développer un problème de santé physique ou mental. Sitôt qu’elle est subie dans les formes particulières que nous énonçons, l’intensification s’accompagne rapidement, chez les salariés, d’un accroissement des maladies cardiovasculaires et ostéo-articulaires ; plus récemment, le lien entre les composantes psychosociales du modèle « intensification-autonomie au travail » de Karasek et les problèmes musculo-squelettiques a aussi été démontré. Par ailleurs, il a également été établi qu’une autonomie réduite pouvait augmenter le risque d’accident du travail Du point de vue de la souffrance psychique et des atteintes à la santé, la tension au travail, telle qu’elle est définie par ce modèle, a également été associée à des problèmes comme la dépression, la détresse psychologique, l’épuisement professionnel et la consommation accrue de médicaments à visée psycho active. Mais qu’elles relèvent de problèmes de santé physique ou de santé mentale, il ne faut pas perdre de vue que ces diverses pathologies sont avant tout la conséquence d’un niveau de stress élevé, résultant lui-même de conditions de travail intenses qui s’exécutent sans marges de manœuvres, sans latitude décisionnelle et sans appui du collectif.

 Mécanismes et conséquences sur la santé du stress

 Le terme de « stress » a été introduit pour la première fois par Hans Seyle (1907 – 1982), médecin endocrinologue autrichien. Selon lui, le stress est d’abord une « réponse non spécifique de l’organisme face à une demande ». Il est à l’origine du concept de « syndrome général d’adaptation », qui décrit les trois réactions successives de l’organisme face à une situation stressante : alarme, résistance, épuisement. (v. Encadré) Il n’est pas rare que les termes de « bon » et « mauvais » stress soient employés pour évoquer le stress au travail. Le premier permettrait une grande implication au travail et une forte motivation alors que le second rendrait malade. Or, aux yeux de la science, il n’y a ni « bon » ni « mauvais » stress, mais simplement un phénomène d’adaptation du corps rendu nécessaire par l’environnement. Il importe de distinguer, en revanche, l’état de stress aigu de l’état de stress chronique, qui produisent des effets différents sur la santé. 

Formation et coursTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *