La chaîne granitique de l’Andringitra

ECOLOGIE :

Le vétiver se développe sur n’importe quel type de sol avec les contraintes physicochimiques les plus dures. Néanmoins le sol à texture légère est préférable pour un bon développement de la plante. Malheureusement, le vétiver ne supporte pas l’ombre, ce qui suppose qu’il est autotrophe et peut se développer dans un milieu minéral pauvre. Probablement les phénomènes thermochimiques de sa fonction chlorophyllienne sont du type C-3 qui n’est autre que le type métabolique le mieux représenté dans le règne végétal (la plupart des espèces herbacées et tous les arbres). Le développement spectaculaire de son enracinement peut s’expliquer par le puisement en profondeur des éléments solubles dans le profil de sol, en particulier dans les sols à texture légère (sableuse), donc pauvres en éléments fertilisants. Cependant il se développe difficilement dans les sols à texture lourde (très argileuse), pourtant il peut pousser dans les vértisols fissurés, c’est-à-dire qu’il peut profiter de ces fissurations pour traverser la couche asphyxiante et continuer ainsi à descendre en profondeur pour puiser les éléments nécessaires pour son développement. L’apport de carbone est assuré par sa fonction chlorophyllienne et l’azote.

Dans le cas extrême, le vétiver peut être fourni par fixation symbiotique avec les mycorhizes. Il est rapporté que le vétiver peut bien se développer dans les zones marécageuses riches en azote. Il est même utilisé pour assainir un lac contaminé par les nitrates. Son besoin en eau est pratiquement assuré par l’humidité en profondeur du sol et aussi par la densité de son enracinement, la plante peut emmagasiner une quantité d’eau largement suffisante pour son besoin. Par conséquent, c’est la composition en éléments minéraux du support qui doit conditionner son développement. C’est une plante pérenne reconnue depuis très longtemps pour son huile essentielle et ses propriétés médicinales. Il est utilisé ultérieurement dans la protection, conservation du sol, de l’humidité, la stabilisation des pentes abruptes et le contrôle des érosions. On rapporte que le niveau d’érosion est réduit jusqu’à 3 tonnes par hectare de sol perdu annuellement. Son impact sur la réduction de l’écoulement des eaux de pluies montre une réduction de 60 à 70 % au total des précipitations enregistrées (cf. caractères morphologiques). Mais, ce pourcentage varie considérablement en fonction des pentes, de l’intensité des précipitations, du taux d’infiltration potentielle et de la capacité de rétention en eau du sol dans le milieu étudié. Le vétiver zizanioide formera rapidement une haie dense et permanente, s’il est planté convenablement. Après la fixation des haies de vétiver, le vétiver peut être coupé au ras du sol pendant la saison sèche et ses feuilles peuvent être utilisées comme paillis pour retenir l’humidité emmagasinée. La plante peut rester sèche pendant plus longtemps. Enfin on peut en faire des composts de qualité. La plante possède un système racinaire fibreux aromatique qui repousse les rongeurs, les serpents, et les insectes.

CARACTERES GENERAUX ET ASPECTS AGRONOMIQUES:

C’est un profil de sol complexe en raison des procédés mécaniques utilisés dans le remblayage. Néanmoins le vétiver pousse correctement et ses racines ont bien traversé l’horizon compacté pour coloniser l’horizon sous- jacent. L’évolution du sol est pratiquement identique aux autres profils décrits et étudiés plus haut (BOU N° 8 et 10). L’épaisseur de l’horizon A est de plus de 50 cm, avec une teneur en matières organiques moyenne de1, 50 % .Le rapport C/N = 25 reste tout de même très élevé. Le taux de saturation en base est relativement faible en raison de la carence minérale des matériaux originels qui n’est autre que la zone d’altération C; de texture assez grossière, voisine du limon sableux très micacé avec beaucoup des minéraux primaires peu ou non décomposés. Nous avons donc classé ce sol de profil (A) C dans le même groupe des sols d’érosion – sous groupe peu humifère. Le profil du type (A) C avec une texture d’ensemble moyenne est relativement épais. Les teneurs en matières organiques sont moyennes; mais le rapport C/N reste trop fort, voisin de 25. Il est dû à la faible teneur en azote total qui n’est que de 0,03 % seulement. En effet, le processus de minéralisation primaire des feuilles de vétiver (litière) est plus lent à cause d’une faible humidité du sol par déviation des eaux de ruissellement au sommet des pentes. Une étude pédobiologique du milieu nous paraît indispensable car le vétiver étant autotrophe, la fixation symbiotique de l’azote atmosphérique nécessiterait une étude complémentaire. La teneur en matière organique est moyenne dans son ensemble avec un rapport C/N variant de 11 à 15 qui sont des valeurs satisfaisantes dans la pratique agricole. Mais la mise en valeur de ces sols est pratiquement impossible à cause des pentes très fortes. Le vétiver ne pourra pas tenir sur de telles pentes même avec leur enracinement vertical.

Du point de vue géologique, les zones étudiées entre Manampatrana et Sahasinaka sont incluses dans la série migmatitique de Vondrozo. Ces roches, en milieux latéritiques sont profondément altérées. Mais au niveau des fossés et talus dus à l’intervention humaine, il est possible d’observer la roche en voie d’altération ou du moins les zones de départ présentant une structure gneissique avec une alternance de lits parallèles plus ou moins fins, les uns ferromagnésiens les autres quartzo feldspathiques. Quels que soient les types de migmatite présents, un des caractères des sols issus de ces types de roche est la stérilité de la zone de départ (horizon C). Une fois mise à nu ou ramenée proche de la surface (cf.¶ Géomorphologie – Niveau II dans la surface de rajeunissement), ou à la suite des décapages du sol par l’érosion, la mise en valeur de ces sols pose des problèmes de toxicité et de blocage mutuel entre les éléments présents. En effet, la libération plus rapide en quantité importante des minéraux ferromagnésiens semble être la cause de l’infertilité des sols tronqués, en particulier l’individualisation du fer, puis l’excès de manganèse dans le milieu (couleur rouge violacée des argiles et concrétions ferromagnésiennes dans certaines conditions de drainage).Parallèlement, la décomposition des lits quartzo- feldspathiques libère des dérivés cationiques qui seraient rétrogradés, ou immobilisés sous d’autres formes mal définies et peu assimilables pour les plantes. Exceptions faites des sols minéraux bruts, BOU N° 9 où on ne trouve en surface que quelques graminées éparses et BOU N° 3 en position topographique inadéquate (pente très forte et zone d’altération stérile), les propriétés physico-chimiques des sols peu évolués étudiés jusqu’ici sont améliorés considérablement par la plantation de vétiver; en l’occurrence sur les remblais provenant des zones d’altération. Les pailles de vétiver constituent donc des amendements organiques de premier choix à turnover rapide. Les minéraux puisés en profondeur sont recyclés en surface du sol et l’humus ainsi produit a un pouvoir complexant non négligeable vis-à-vis des ions toxiques. Une analyse complète des feuilles de vétiver (diagnostic foliaire) associé à une étude de compostage nous semble nécessaire pour lever le doute.

CONCLUSION GENERALE:

Les classes de sol étudiées sont largement développées dans cette étude. Les caractères généraux et les aspects agronomiques sont systématiquement analysés. La répartition de ces sols est en relation étroite, à la fois avec la géologie et la géomorphologie. Ainsi les sols brunifiés sont localisés à partir d’Amboanjobe vers le niveau IB de la surface d’érosion ancienne: sol développé sur roche de granitisation et para gneiss, où les reliques de la végétation primaire existent encore (limite du corridor). Tandis que les autres classes: -sols minéraux bruts – sols peu évolués – sols ferrallitiques sont répartis dans les zones comprises entre Manampatrana et Sahasinaka, généralement développées sur roche migmatitique. Ces sols sont réputés très hostiles à tout aménagement même à la reforestation; heureusement que les zones entre Manampatrana et peut-être jusqu’à Fenomby semblent plus favorables à l’utilisation du vétiver dans la protection et la réhabilitation des sols. Les problèmes de vulgarisation et surtout la conscientisation des paysans riverains restent entiers. Trois « points noirs » aux alentours de Sahasinaka sur une distance de 10 à 15 kilomètres environ jusqu’à Antsaka demandent un effort très soutenu de la part des vulgarisateurs. En effet, la différence d’altitude entre les deux gares entraîne un décapage plus profond du socle; donc un affleurement de la zone de départ kaolinique (arène plastique) très sensible à toute forme d’érosion c’est-à-dire les reliefs résiduels de l’altération différentielle observée dans le niveau III de la zone de remblaiement actuelle; d’autant plus que ces zones sont stériles. Dans tous les cas, les remblais provenant de ces niveaux d’altération se comportent certainement d’une façon différente sur le plan physico-chimique des matériaux originels: les deux profils BOU N° 9 et BOU N° 3 sont différents, d’une part au niveau inférieur de la classe, respectivement, groupe des sols d’apport anthropique – sous- groupe modal et groupe de sol d’érosion – sous -groupe rhégosol; d’autre part, BOU N° 3 est en position topographique inadéquate(pente très forte et zone d’altération stérile). La réalisation d’une étude comparative de mise en valeur de ces sols minéraux bruts par le vétiver est souhaitable dans la prochaine étape de notre étude.

Table des matières

Introduction
Première PARTIE GEOGRAPHIE REGIONALE
I. LOCALISATION
II. ECONOMIE
III. MILIEU NATUREL
1. CLIMAT
1. 1. Pluie
1. 2. Température
1. 3. Humidité relative
1. 4. Bilan hydrique
1. 5. Conclusion
2. VEGETATION
3. CONCLUSION
IV. GEOLOGIE
4. 1. La chaîne granitique de l’Andringitra
4. 2. La série à graphite de Tolongoina
4. 3. La série à migmatite de Vondrozo
4. 4. Les formations superficielles.
V. GEOMORPHOLOGIE
5. 1. Les surfaces d’érosion ancienne (niveau I)
5. 2. Les surfaces de rajeunissement (niveau II)
5. 3. Zone de remblaiement actuelle (niveau III)
5. 4. Conclusion
VI. HYDROLOGIE
6. 1. Régime d’écoulement
6.2. Régime hypodermique
6.3. Régime phréatique
DEUXIEME PARTIE : LES SOLS
I – MATERIELS ET METHODE
II- CLASSIFICATION ET ETUDE DES PRINCIPAUX TYPES DE SOL.
– Classe des sols minéraux bruts.
– Classe des sols peu évolués.
– Classe des sols brunifiés.
– Classe des sols ferrallitiques
A. CLASSE DES SOLS MINERAUX BRUTS.
DEFINITION
A.1. ETUDE DE PROFILS TYPES:
a) Profil BOU N° 9
b) Profil BOU N° 3
-DESCRIPTION
-PRINCIPAUX RESULTATS ANALYTIQUES:
-CARACTERES GENERAUX ET ASPECTS AGRONOMIQUES
B. CLASSE DES SOLS PEU EVOLUES.
DEFINITION
B.1. ETUDE DE PROFILS TYPES.
c) Profil BOU N° 8
d) Profil BOU N° 10
e) Profil BOU N° 7
f) Profil BOU N° 6
-DESCRIPTION
-PRINCIPAUX RESULTATS ANALYTIQUES
-CARACTERES GENERAUX ET ASPECTS AGRONOMIQUES.
2 .13. CONCLUSION.
C. CLASSE DES SOLS BRUNIFIES
DEFINITION
3. 1. ETUDE DE PROFIL TYPE
g) Profil BOU N° 12
h) Profil BOU N° 13
i) Profil de contrôle (fouille N° 2)
-DESCRIPTION
-PRINCIPAUX RESULTATS ANALYTIQUES
-CARACTERES GENERAUX:
4. 1. 1. PEDOGENESE.
4. 1. 2. INFLUENCE DES FACTEURS LOCAUX.
4. 1. 3. INFLUENCE DE LA TOPOGRAPHIE.
4. 1. 4. INFLUENCE DES MATERIAUX.
3. 5. PROPRIETES AGRONOMIQUES DES SOLS BRUNIFIES
3. 10. CONCLUSION
D. CLASSE DES SOLS FERRALLITIQUES
DEFINITION
4. 1. ETUDE DE PROFIL TYPE
j) Profil BOU N° 1
k) Profil BOU N° 4
l) Profil BOU N° 5
m) Profil BOU N° 6
-DESCRIPTION
-PRINCIPAUX RESULTATS ANALYTIQUES
-CARACTERES GENERAUX ET ASPECTS AGRONOMIQUES
4 – 13 – CONCLUSION
III – CONSEQUENCES DES EROSIONS SUR LA FORMATION DES SOLS:
III. 1. Action de l’homme.
III. 2. Rôle du matériau minéral.
III. 3. Rôle de la topographie.
III. 4. Chaîne de sol faisant intervenir l’érosion
IV. RESULTATS ET DISCUSSIONS:
IV. 1. IMPACTS DU VETIVER SUR LES SOLS ETUDIES.
IV. 2. DISCUSSIONS.
V. CONCLUSION GENERALE.
ANNEXE I : Techniques et méthode d’analyse utilisées
ANNEXE II : Tableau des principaux résultats analytiques

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