La médecine thermale

 La médecine thermale

Dans une perspective contrastive français-italien, nous avons essayé de repérer un secteur d’activité commun aux sociétés française et italienne, qui pouvait faire l’objet d’une production écrite scientifique. Le choix est tombé sur la médecine thermale, branche de la médecine dans laquelle la France et l’Italie se vantent d’une longue tradition et sans doute moins exploitée dans des travaux d’analyse terminologico-linguistique que d’autres branches de la médecine. Le choix de la médecine thermale se révèle intéressant aussi d’un autre point de vue, celui de la continuité entre vocabulaire général et vocabulaire technique, comme nous le verrons à partir de §2.4. Souvent la médecine thermale est considérée comme un type de tourisme à but curatif plutôt qu’une branche de la médecine, en raison du déplacement du malade vers les stations thermales. À bien regarder, parallèlement au thermalisme se développe tout un marché de remise en forme par l’eau, que nous avons défini comme tourisme de santé et de bien-être après avoir mené des recherches sur un ensemble de sources assez hétérogènes, incluant des dictionnaires, des encyclopédies, des corpus de presse en ligne et de pages Web90. Dans un premier temps, nous avions décidé de réunir sous l’étiquette tourisme de santé et de bien-être tant la médecine thermale que le marché de la remise en forme par l’eau. Toutefois, comme les textes relatifs à ce dernier domaine sont surtout des brochures publicitaires, nous avons circonscrit notre étude au seul domaine de la médecine thermale.

Se soigner par l’eau, une tradition millénaire : quelques notices historiques

L’histoire la médecine thermale est millénaire, remontant à l’Antiquité grecque91 . Les pratiques relatives aux découvertes des Grecs à propos des vertus curatives des eaux furent perpétuées par les Romains qui, entre le IIIe et le IIe siècle avant J.-C., construisirent de nombreux bains publics (balnae) où les citoyens pouvaient exploiter les bienfaits de certains types d’eaux, dans un but curatif et hygiénique. Ce furent les Romains qui contribuèrent au développement des thermes sur le territoire qui correspond actuellement à la France. La diffusion du christianisme et les invasions barbares constituèrent un frein aux pratiques thermales, qui furent redécouvertes aux temps des Croisades. Le thermalisme connut une véritable codification entre le XIVe et le XVe siècles, qui aboutit, en 1604, à l’inauguration de la législation française des eaux minérales par Henri IV. Le grand essor du thermalisme en France s’est enregistré entre le XVIIe et le XIXe siècle. En 1853, la Société d’Hydrologie et de Climatologie de Paris, citée plus haut, voit le jour. Au XXe siècle une « démocratisation » des cures thermales a lieu grâce à la création du Thermalisme social par la Sécurité sociale en 1947. On retrouve des éléments similaires en ce qui concerne la tradition thermale sur le territoire correspondant à l’Italie actuelle. Les magnifiques établissements thermaux créés par les Empereurs romains subirent un important déclin, suite à la chute de l’Empire, à la diffusion du christianisme et aux invasions barbares. En revanche, à la fin du Moyen Âge la création de nouvelles stations thermales marqua un intérêt renouvelé pour le thermalisme, poursuivi aux XIIe et XIVe siècles. Les préparations pharmaceutiques à base d’eaux minérales ouvrirent la voie vers les séjours dans les stations au XIXe siècle. Toutefois, étant données les mauvaises conditions dans lesquelles se trouvaient les établissements thermaux, les curistes choisissaient plutôt des destinations étrangères. Après l’Unification (1861), le redressement des stations thermales existantes fit connaître un regain d’intérêt pour le thermalisme italien. Tout comme en France, un thermalisme social a vu le jour dans les années 1940 et a connu un important essor jusqu’aux années 1980.

Présentation des corpus d’analyse

La constitution d’un ou plusieurs corpus textuels est la première étape de tout travail terminologique. Pour pouvoir étudier le discours de la médecine thermale, nous avons donc recherché des textes portant sur ce sujet. À notre connaissance, deux corpus parallèles français-italien sur la médecine thermale sont indisponibles. Ainsi, nous avons collecté des articles scientifiques ayant trait à ce domaine et constitué deux corpus comparables, en français et en italien. Nous distinguons à ce propos les notions de corpus de référence et corpus d’étude : une fois identifié un ensemble textuel ayant trait à un sujet (corpus de référence), on en délimite une partie en vue des besoins de l’application (corpus d’étude). Nous considérons que notre corpus de référence pour le français est constitué par les publications officielles sur la médecine thermale : la revue La Presse thermale et climatique (PTC), organe officiel de la Société française d’hydrologie et climatologie médicales, dont la parution est annuelle ; les communiqués de presse des stations thermales et les publications disponibles sur le site de l’AFRETh (Association Française des Etablissements Thermaux). Le corpus d’étude est ainsi constitué par une sélection92 de la revue PTC, opérée sur la période 2000-2007 (numéros 137 à 144, disponibles en format .pdf sur le site de la Société française d’hydrologie et climatologie médicales93), par deux articles téléchargés sur le site de l’AFRETh94 et par les communiqués de presse des stations thermales pour la période 2007-2009. La taille du corpus d’étude français s’élève à environ 178 000 mots : il s’agit d’un corpus de taille modérée, si l’on songe qu’actuellement des corpus de plusieurs millions de mots sont disponibles. 

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