La perspective de la mise en place d’un PUDi

La perspective de la mise en place d’un PUDi

Le PUDi est l’outil de planification urbaine défini par la Loi sur l’Urbanisme et l’Habitat pour gérer les villes malgaches. Mais les responsables de la petite ville de Fandriana ne trouvent pas forcément l’utilité, ni l’urgence de la mise en place de cet outil. Cette mise en place rencontre donc des difficultés, tant sur le plan administrative que financier. Ce sont donc ces difficultés qui seront exposées dans ce chapitre en parlant d’une faible appropriation du PUDi par les acteurs, mais aussi du manque de ressource de la Commune. I. Des difficultés au niveau des acteurs La première difficulté dans la mise en place du PUDi est l’absence même de volonté de la part des acteurs qui ne comprennent pas forcément l’utilité de cet outil. En effet, la mise en place d’un PUDi est une démarche plutôt abstraite alors que la population s’attend à des actions plus concrètes dans la recherche du développement. De plus, l’identité urbaine de cet espace n’est pas encore évidente pour ces acteurs, alors, parler de planification urbaine s’avère être doublement abstrait. 

Une municipalité à la recherche d’une identité urbaine

La Commune de Fandriana a accédé récemment à son statut de Commune Urbaine avec essentiellement le critère démographique pour sa classification, alors que l’espace urbain représente moins de 4% de la surface totale de la Commune. Le paradoxe est donc de mener des actions urbanistiques dans une Commune majoritairement rurale. La Carte n°13 montre une division simplifiée de l’espace suivant l’accessibilité des marchands au marché de Fandriana. Il en ressort ainsi, trois sous-espaces représentés par trois cercles concentriques autour de la ville. La première, en orange, avec un rayon de 3 km autour de la ville est un sous-espace sous influence urbaine. C’est-à-dire que cet espace est intégré au marché de Fandriana avec un approvisionnement journalier de produit vers la ville. La limite de cet espace représente une heure de marche pour les marchands avec leurs produits pour accéder au marché. Ce sous-espace représente la zone d’influence immédiate de la ville. Le second sous-espace, en jaune, se délimite entre 3 km et 13 km. C’est un espace moins intégré, sous l’influence de pôles ruraux, avec un approvisionnement hebdomadaire du marché de la ville. Le transport des produits se fait en une ou deux heures en taxi brousse. Les marchands du troisième sous-espace, en vert, ont plus de difficultés, car ils doivent partir la veille du jour de marché avec des charrettes à bœufs pour accéder au marché. Cet espace se situe au-delà des 13 km avec un approvisionnement hebdomadaire également, c’est un espace fortement rural. 63 Carte n° 13 : Hiérarchie de l’espace dans la CU de Fandriana Sources Enquête de l’auteur, octobre 2017 Système de coordonnées : WGS84 en Degrés, minutes, secondes 64 Les cercles réguliers représentés dans la carte sont des simplifications, car en réalité ils sont déformés par la topographie et la présence de voie de communication. Toutefois, cette organisation spatiale montre l’importance de la ruralité dans la Commune Urbaine de Fandriana. La carte montre également que la présence de voie de communication favorise l’émergence de petits pôles ruraux. La place occupée par cette ruralité influence fortement les actions des responsables communaux qui, par souci d’égalité, ne veulent pas concentrer leurs actions en ville. Les responsables de la Commune sont donc vite rattrapés par les réalités des découpages administratifs défectueux à Madagascar. Un autre aspect de ce problème de ruralité est aussi le fait que même la population de cet espace urbanisé ne se sent pas encore comme des urbains. On a, dans la ville, une population rurale avec des activités urbaines surtout dans les zones périphériques. Ainsi, 40% des ménages enquêtés pratiquent le compostage ce qui signifie une pratique agricole souvent en parallèle avec les activités de la ville telles que l’administration, le commerce ou l’enseignement. D’autant plus que quatre Chefs Fokontany sur les neufs ont souhaité des actions à vocation rurale pour leurs Fokontany. Ces proportions montrent l’importance de la ruralité dans la culture et les activités de cette population. 

PUDi : un outil faiblement approprié par les acteurs

Le PUDi est un outil d’urbanisme réglementaire pour les villes de plus de 10 000 habitants à Madagascar. C’est un outil de gestion de la croissance urbaine et d’aménagement des espaces urbains. Cet outil contient ainsi les orientations de l’aménagement de la municipalité, prévoit les besoins présent et futur de l’agglomération en termes d’infrastructures et d’équipements urbain et définit les grandes affectations du sol dans l’espace urbain et rural sur l’ensemble du Territoire de la Commune. Le PUDi est donc un document de planification au service des techniciens des villes malgaches, mais le degré d’appropriation de ce document est regrettable. Pour le cas de la petite ville de Fandriana, seules 5 personnes sur les 203 enquêtées auprès de la population connaissent ce document, soit moins de 1%. Du côté de la Commune, les responsables interviewés ne connaissent pas le tenant d’un PUDi mais essayent d’en deviner le sens suivant le nom, contenant les termes « plan » et « urbanisme ». Au niveau des Fokontany, le même phénomène est observé puisque aucun des 9 Chefs Fokontany enquêtés ne connait cet outil et déclarent même que leurs supérieurs hiérarchiques leur cachent l’existence de ce document. Cette situation est due au manque de communication autour de ces outils à Madagascar. Aucune compagne de communication autour de l’Aménagement du Territoire n’est faite. Seuls quelques projets d’aménagement créant des polémiques en raison de conflit entre acteurs suscitent l’intérêt des médias. Et le politique utilise également les projets 65 d’aménagement pour assoir son électorat sans pour autant expliciter la place de cette action dans l’ensemble du Territoire concerné. Le problème réside donc dans la culture des acteurs à Madagascar. En effet, le citoyen malgache n’est pas éduqué suivant cette vision territoriale des actions étatiques. Le programme scolaire ne mentionne les outils d’Aménagement du Territoire à aucun niveau d’étude. Il est donc normal si aucun des acteurs n’est ni informer ni conscient de l’importance de ces outils. Pour le programme français par exemple, le Développement Durable et l’Aménagement du Territoire sont des notions introduites en classe de 2nd. Ce parallèle avec le programme français montre le retard que le citoyen malgache a dans la compréhension de ce qu’est un territoire et de son rôle dans celui-ci. D’ailleurs, sur les 5 individus ayant connaissance du PUDi, 2 sont des géographes retraités et 1 est un employé du BTP, ce qui montre que la connaissance de cet outil est en liens avec un certain type de formation universitaire.

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