Le burnout des médecins en France : Méta-analyse

Le burnout des médecins en France : Méta-analyse

Le burnout 

Définitions et évolution du concept

 Le burnout ou syndrome d’épuisement professionnel a été identifié pour la première fois par Claude Veil en France en 1959, comme le mentionne Mion dans son étude concernant les anesthésistes réanimateurs(1). Ensuite il a été dénommé comme tel et décrit pour la première fois par le psychiatre et psychanalyste Herbert Freudenberger en 1975 ; à la suite d’enquêtes auprès de médecins et infirmières travaillant dans l’hôpital de jour pour toxicomanes qu’il dirigeait à l’époque. Dans le terme burnout (bruler de l’intérieur), Freudenberger faisait référence à la consommation des ressources intérieures des individus atteints de ce syndrome. Permettant d’aboutir à sa définition comme étant un état ‘de fatigue chronique, de dépression ou de frustration apporté par la dévotion à une cause, un mode de vie ou une relation qui échoue à produire les récompenses attendues et conduit en fin de compte à diminuer l’accomplissement au travail’(2). Schaufeli et Enzmann ont décrit le burnout comme étant un état d’esprit persistant, négatif, lié au travail, caractérisé par un épuisement accompagné de détresse, de sentiments d’efficacité réduite, de chute de la motivation et du développement d’attitudes et de comportements dysfonctionnels au travail. Selon eux cet état se développe graduellement, mais peut rester ignorer pendant une longue période. Il résulte d’une inadéquation entre les intentions de l’individu et les réalités du travail(3). Vers la fin des années 1970, Christina Maslach, psychologue américaine a développé le concept lancé par Freudenberger. A l’état d’épuisement physique et émotionnel elle rajouta la notion de dépersonnalisation ou de cynisme; suivie par une troisième dimension, celle de la baisse de l’accomplissement personnel et professionnel(4). La majorité des définitions du burnout reconnaissent qu’il s’agit d’un état d’épuisement psychologique résultant d’une exposition chronique à des facteurs de stress au travail(5). La plus utilisée est la définition émise par Lee et Aschforth (en référence au travail de Maslach et Jackson), qui définit le burnout comme étant un syndrome d’épuisement émotionnel (EE), de dépersonnalisation (DP), et de réduction de l’accomplissement personnel (AP) chez des individus impliqués professionnellement auprès d’autrui

Absence de critères diagnostiques DSM5 et diagnostique différentiel

Le burnout n’est pas reconnu comme étant une pathologie psychiatrique définie et isolée, il n’existe donc pas de critères diagnostiques pour ce syndrome. Il n’apparait donc ni dans la classification internationale des maladies (CIM-10) de l’organisation mondiale de la santé (OMS), ni dans le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l’association américaine de psychiatrie (DSM-V). Considérons la législation française, le burnout n’est pas considéré parmi les maladies professionnelles. Un lien de causalité entre pathologie et exposition professionnelle est nécessaire pour la reconnaissance d’une maladie professionnelle. Le cas du burnout complique la tâche sur ces deux niveaux : ni la pathologie n’est identifiable en l’absence de critères diagnostiques reconnus, ni l’exposition professionnelle n’est précisément définissable. D’autres troubles psychiatriques ont eu la reconnaissance de leur caractère professionnel par les comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles ; il s’agit de la dépression, les troubles anxieux et l’état de stress post traumatique(7). Le nombre de ces maladies a été multiplié par 3.8 entre l’année 2012 et 2014. S’il existe un diagnostic différentiel avec le burnout c’est bien la dépression. Certains psychiatres considèrent le burnout comme étant une forme clinique de dépression. Toutes les études s’intéressant aux complications du burnout mentionnent la dépression comme étant une des évolutions les plus fréquentes de ce syndrome(8)(9)(10). Dans une revue systématique de la littérature Korczak émet l’hypothèse que le burnout serait un stade de développement d’une pathologie dépressive(11). Bianchi dans une autre revue de la littérature évoque la présence d’une relation circulaire entre burnout et dépression (le burnout pouvant se compliquer en dépression, mais qu’également les antécédents d’épisodes dépressifs peuvent favoriser le développement d’un burnout)(12). Le rapport de l’académie nationale de médecine 2016 mentionne que le burnout peut s’apparenter à un trouble de l’adaptation, soit à un état de stress post traumatique ou à une dépression(13). Le facteur de risque majeur du burnout qui est l’exposition à un stress chronique au travail, est aussi un facteur de risque majeur de développement d’une dépression. L’élément 8 déterminant reste le fait que le burnout est un syndrome exclusivement professionnel au moins dans ses débuts, tandis que la dépression touche plusieurs sphères de la vie, personnelle, familiale, professionnelle et sociale. 

Les facteurs de risque connus 

A travers notre revue de la littérature on note la multitude des études qui s’intéressent aux déterminants du burnout. Les résultats de ces études restent hétérogènes voire contradictoires sur certains facteurs. Concernant les facteurs sociodémographiques, Oskrochi dans une revue systématique(14) regroupant 71 études qui étudient le burnout chez les chirurgiens américains, retient comme facteurs de risque du burnout, l’âge jeune, la carrière débutante, les relations professionnelles de mauvaise qualité avec les collègues, et l’absence d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée(15). L’âge jeune est retrouvé comme facteur de risque dans une autre méta-analyse (Brewer et Al)(16). Comme facteurs protecteurs il retient le mariage, la satisfaction professionnelle, et l’autonomie. Comme autres facteurs de risque on retrouve aussi le temps de travail hebdomadaire (au-delà de 60 heures) (15)(17), le nombre élevé de gardes, le déséquilibre entre vie professionnelle et vie privée; le perfectionnisme et le sens de responsabilité(18). D’autres causes sont en lien avec le système de soins, techno-centrique, basé sur la gestion financière (baisse des couts et augmentation de la productivité)(19). Une revue systématique européenne(15) a conclu que malgré les différences entre les systèmes de santé européens, les facteurs de risque du burnout restaient similaires chez les professionnels de santé des différents pays européens. Cette revue incluant 53 études, conclu que le sexe n’influence pas le développement du burnout. Que l’âge non plus n’est pas un facteur de risque de burnout, tandis que dans la moitié des études l’âge jeune majorait les taux de DP. Le statut marital est un facteur protecteur dans la moitié des études mais ne l’est pas dans l’autre moitié. Le stress est un facteur de risque du burnout dans toutes les études transversales et longitudinales, avec la mise en évidence d’une causalité réciproque

Table des matières

INTRODUCTION
Partie l : état des lieux, connaissances sur le burnout
A) Le burnout
a. Définitions et évolution du concept
b. Absence de critères diagnostiques DSM5 et diagnostique différentiel
c. Les facteurs de risque connus
d. Outils diagnostiques
– MBI
– Autres échelles
1) Le Burnout Measure
2) Le CBI, Copenhagen burnout inventory
3) Le OLBI, Oldenberg burnout inventory
4) Le SMBQ, Shirom-Melamed burnout questionnaire
Il- Évolution et prise en charge
A- complications.
B- répercussions
C- prévention et prise en charge
Partie II : revue de la littérature et méta-analyse
I- objectifs
Il- méthodes
A- sélection des études et critères d’inclusion
B- Extraction des données
C- Evaluation de la qualité méthodologique des études incluses
D- Analyses statistiques
E- rôle des sources de financement.
III- résultats1
A- revue de la littérature
B- Caractéristiques des études sélectionnées .
C- burnout
D- burnout sévère
E- Epuisement émotionnel
F- Dépersonnalisation
G- Accomplissement personnel bas
IV- discussion
A- les prévalences des cinq paramètres
B- les quatre groupes de spécialités
C- Les gardes de nuit, l’effectif de l’étude, et la qualité de l’étude
D- L’hétérogénéité de notre méta-analyse
E- Limites de la méta-analyse
F- Sources de biais
G- Perspectives
V- conclusion
Partie III : cas cliniques
I- Mme F2
A. Biographie
B. Histoire de la maladie
C. Prise en charge en hospitalisation en clinique privé
D. Pharmacologie
E. Psychothérapie
F. Retour à domicile
II- Mr. M1
III- Mme F1
Partie IV : CONCLUSION ET PERSPECTIVES
ANNEXES
Annexe 1: l échelle STROBE, utilisée pour l évaluation de la qualité des études
Annexe 2: les funnels plots de la méta-analyse
Annexe 3 : L’échelle MADRS (Montgomery and Asberg Depression Rating Scale)
Annexe 4:(129) ECHELLE D ’EVALUATION DU RISQUE SUICIDAIRE DE DUCHER (R.S.D.)
Bibliographie
SERMENT D’HIPPOCRATE
RÉSUMÉ anglais
RÉSUMÉ français

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