Le développement psycho-sexuel de l’enfant de 6-12 ans

Le développement psycho-sexuel de l’enfant de 6-12 ans

Nous pouvons constater que certaines manifestations, suite aux observations des petits enfants, montrent que la pudeur est déjà présente dès le plus jeune âge, par exemple : « les nourrissons qui pleurent quand on leur retire leur vêtement, enfants qui refusent d’entrer nu dans la piscine de la crèche ou qui répugnent à utiliser des wc disposés sur le regard de tous, fillettes qui refusent de porter une robe pour aller à l’école maternelle pour ne pas montrer leur culotte en jouant, enfants qui réclament que la porte soit fermée lorsqu’ils occupent la salle de bain etc » (Morel Cinq-Mars, 2002, p.53). Morel Cinq-Mars relève que la naissance de la pudeur est liée avec l’angoisse que le bébé vit à la naissance, par le fait qu’il est plongé dans un univers de détresse, d’impuissance et de violence pulsionnelle. A l’origine, la pudeur serait une forme de protection contre l’angoisse (2002, p.56).

Freud a fait une grande découverte en apprenant que l’enfant n’ignore pas la sexualité et qu’elle joue un rôle primordial dans sa maturation, depuis le premier jour jusqu’à l’âge adulte. Selon Bonnet (2003), « lorsque Freud parle de sexualité chez l’enfant, tout le monde entend et comprend génitalité et recherche attentivement les premiers signes de l’intérêt qu’il porte à ses organes génitaux. » (p.63). « La curiosité et le désir de connaître le fonctionnement du corps humain et de son intimité apparaissent pourtant comme certains aspects déterminants d’une vie sexuelle développementale en bonne santé » (Hayez, 2002, p.15). On sait qu’à la naissance du bébé, il va ressentir son corps comme un corps étranger par des sensations externes ou internes. Avant de pouvoir se dire : « mon corps, c’est mon corps », il devra faire tout un trajet physique et psychique auprès duquel il aura délimité le monde ainsi que construit son espace psychique. La première étape est que l’enfant va devoir appréhender son environnement pour ensuite différencier les espaces intérieurs ainsi que les espaces extérieurs afin qu’il puisse construire sa propre image. La deuxième étape est que l’enfant va petit à petit se découvrir lui-même ainsi que découvrir les autres (Bonnet, 2003, p.57).

A l’âge de 18 mois – 2 ans, l’enfant va déjà différencier l’intérieur de l’extérieur, le rythme visuel va alors s’inverser. Avant cet âge, l’enfant prenait un plaisir à faire apparaître et disparaître les objets selon son envie, en les jetant par exemple. Il n’avait pas encore la notion d’intérieur et extérieur mais se basait que sur le visuel et le concret. Tandis qu’à partir de 18 mois – 2 ans, il peut s’imaginer l’objet intérieurement. Ces jeux élaborés sur le principe de cacher et de montrer vont permettre à l’enfant de construire peu à peu son univers intérieur. C’est également un moyen, qui lui permettra d’intérioriser les choses et de de construire sa propre image. Lorsque l’enfant se construit une image de son corps, il va la confronter à la vision qu’il a de lui-même et celle qu’il a des autres A l’âge de 3 ans, l’enfant se trouve à la période phallique, c’est à ce moment-là qu’il apprend à distinguer les garçons, des filles par leur attribut génital afin de se représenter la différence des sexes de manière simple. Il ne croit que ce qu’il voit et partage les êtres humains en deux catégories : la catégorie des personnes qui ont un pénis, donc les garçons et la catégorie des personnes qui n’ont pas de pénis, les filles (Bonnet, 2003, p.80). Cette différence des sexes qui fait de nous une personne à part entière est un symbole d’unité du corps humain (Vasse, 1993). Selon Morel Cinq-Mars (2002) « la pudeur reste liée aux conséquences psychiques de la découverte des différences des sexes» (p. 188).

Bonnet ajoute que la vision directe et répétée du sexe à la période phallique n’a pas forcément la conséquence que les personnes attendent. Certains pensent que cette vision va pousser les enfants à faire très tôt la différence des sexes. Ils pensent alors qu’en se montrant nu devant leur enfant, ils les préparent à faire cette différence de sexes. Ce n’est pas si simple que cela, car les enfants sont amenés à objectiver ce qu’il voit. C’est pourquoi il est important d’instaurer à cette période des limites ainsi que de diminuer cette vision trop directe. Après cette période, apparaît également la crise œdipienne, c’est une raison en plus pour éviter d’accentuer cette attirance que l’enfant a pour son parent du sexe opposé. Selon Bonnet, les limites entre l’intimité des parents et celle de l’enfant, lui permettront de découvrir sa propre pudeur (2003, p.79-80-82-104). Or, il existe tellement de variétés de pudeur, que cela demande des efforts pour pouvoir différencier « une vraie pudeur » d’une « fausse pudeur » et repérer les différences : trop de pudeur ou pas assez, la limite sera toujours à questionner (Morel Cinq-Mars, 2002, p.41). Bien que la limite restera toujours à interroger, certaines conditions nécessaires permettront malgré tout à l’enfant de développer sa pudeur en « bonne et due forme », c’est-à-dire pas trop présente afin d’éviter l’inhibition et pas trop absente pour ne pas provoquer l’exhibition.

L’étape fondamentale est que l’enfant doit se sentir reconnu par le regard que sa maman ou son substitut lui apporte. C’est grâce à ce regard que se construit l’amour-propre de l’enfant. Il va alors pouvoir découvrir le monde extérieur et constater qu’il est différent de lui. Cela s’effectue graduellement, lors des premiers échanges entre la mère et l’enfant. Si l’entourage est suffisamment bon et qu’il répond à ses besoins physiques et affectifs, il va pouvoir se reconnaître comme faisant partie intégrante de la famille mais en étant une personne unique et apparente. Dans le cas contraire, par exemple : un enfant qui a perdu sa maman très jeune et qui a été maltraité par sa mère adoptive se rendra compte que la violence qu’il a subit l’a empêché de construire sa propre intimité par la transparence que sa mère adoptive lui apportait (Selz, 2003, p. 98-107-108).

Entre 6-10 ans, il arrive que l’enfant aille explorer le sexe opposé pour pouvoir se connaître en tant que tel. Or, entre 8-12 ans, il y a un réel changement, l’enfant devient pudique et dès lors moins innocent. Lorsque l’enfant devient pudique, il considère le corps différemment, « il a intégré la notion de personne et d’intimité ». Le vêtement a alors une réelle importance et nécessité qui a pour rôle de se protéger (Ifergan, 1999, p. 120-134). Toutefois, les enfants sont moins gênés de se montrer nu devant des personnes du même sexe (Vaisman, 2012, p.68). La phase de puberté s’approche par ce besoin d’intimité et des questionnements concernant la sexualité (Laouénan, 2011, p. 50). Arrivé à l’âge de la raison, l’enfant n’a plus besoin des parents pour s’habiller, se changer et il le fait savoir. Ces signes de pudeur sont tout à fait normaux, il a besoin de protéger son intimité (Laouénan, 2011, p.51).

Selon Bonnet, la période où la pudeur est le plus investie est la période de latence qui se passe depuis l’âge de 6 ans jusqu’à la puberté mais c’est aussi à ce moment-là qu’on a tendance à la sous-estimer. C’est à cette période que les enfants sont généralement assez pudiques car ils ont fait le deuil de la vision directe du sexe de leurs parents et qu’ils se concentrent plus sur les valeurs inculquées par leurs parents (2003, p.104-105). Ce besoin de pudeur se manifeste de différentes façons mais Bonnet a pu constater que particulièrement à cet âge, si cette pudeur n’est pas respectée par les adultes, cela peut engendrer de véritables blessures à l’enfant (2003, p.104-105). D’après Selz, si la pudeur apparaît avant la puberté, c’est le résultat d’une bonne autonomie psychique qui se construit (2003, p.111). Cette pudeur se développe de manière différente selon certaines caractéristiques : le sexe de l’enfant, son âge, sa structure et les facteurs externes ou internes (Morel Cinq-Mars, 2002, p.141).

Table des matières

1. Introduction
1.1 Cadre de recherche
1.1.1 Illustration
1.1.2 Thématique traitée
1.1.3 Intérêt présenté par la recherche
1.2 Problématique
1.2.1 Question de départ
1.2.2 Précisions, limites posées à la recherche
1.2.3 Objectifs concrets de la recherche
1.3 Cadre théorique et / ou contexte professionnel
1.3.1 Caractéristiques de l’intimité
1.3.2 Caractéristiques de la pudeur
1.3.3 Le développement global de l’enfant de 6-12 ans
1.3.4 La culture
1.3.5 La collectivité
1.3.6 Le rôle de l’EDE selon le PEC
1.4 Cadre d’analyse
1.4.1 Terrain de recherche et échantillon retenu
1.4.2 Méthodes de recherche
1.4.3 Méthodes de recueil des données
2. Développement
2.1 Introduction et annonce des chapitres développés
2.2 Présentation des données
2.2.1 Rôle de l’intimité
2.2.2 Rôle de la pudeur
2.2.3 Le développement psycho-sexuel de l’enfant de 6-12 ans
2.2.4 L’environnement de l’enfant et ses conséquences
2.2.5 Quelles attitudes adopter pour respecter la pudeur et l’intimité
de l’enfant ?
2.3 Recueil et analyse des données de l’entretien
3. Conclusion

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