CARACTERISATION DE LA VARIABILITE DES RENDEMENTS EN MAÏS (Zea mays L.) ET DE LEURS CONDITIONS D’ELABORATION DANS LA ZONE SUD DU DEPARTEMENT DE TAMBACOUNDA

Le maïs (Zea maïs L) est cultivé sur plus de 140 millions d’hectares (FAO, 1999, cité par Paliwal, 2002a) avec une production annuelle d’environ 600 millions de tonnes. Il est cultivé jusqu’à une latitude nord de 58° au Canada et en Russie, et jusqu’à une latitude sud de 40° en argentine et au Chili (Paliwal, 2002a). La majorité du maïs est cultivé à moyenne latitude. Il reste une grande céréale alimentaire traditionnelle pour les hommes des régions tropicales. Le maïs a été introduit en Afrique vers le XVIème siècle par les explorateurs portugais. Au Sénégal, il est cultivé dans quatre zones : le Sénégal oriental, la Casamance, le sud du Sine-Saloum et la vallée du fleuve Sénégal. Le développement de sa culture dans ces zones est lié au fait que le maïs figure dans l’alimentation. La production nationale de maïs reste très insuffisante par rapport à la demande. Les paysans sénégalais n’assurent qu’un peu plus de 50% des besoins céréaliers de la population (Faye, 2001). Ce travail s’est inscrit dans le cadre de recherches menées au Sénégal, et en Afrique de l’Ouest, pour améliorer les outils de prévision agricole. Ces recherches sont une composante des actions du projet européen Analyse Multidisciplinaire de la Mousson Africaine (AMMA). L’objectif opérationnel est de pouvoir déterminer les productions des petites zones (terroirs villageois) situées autour des postes pluviométriques (« un pluviomètre – un village – une production »), l’extrapolation à des échelles plus grandes (département, région) se faisant ensuite grâce au « vecteur pluie ». On cherche donc en priorité à caler et valider, et améliorer si nécessaire, des modèles de simulation du développement des cultures, pour qu’ils puissent permettre d’estimer les productions agricoles des petites régions en fonction des conditions agrométéorologiques de l’hivernage. Pour y arriver la principale difficulté est tout d’abord d’être en mesure de déterminer ce qu’est la production d’un terroir villageois. Pour cela il faut, d’une part capter la variabilité des rendements et en tirer des indicateurs statistiques pertinents (moyenne, maximum, etc.), d’autre part déterminer les superficies emblavées. De plus les études menées cherchent également à valider les modèles pour des conditions de culture particulières, de façon à pouvoir faire de la prévision spécifiquement pour ces systèmes, et également développer des outils de diagnostic.

Par rapport aux problématiques décrites ce travail poursuivait les objectifs suivants : (i) caractérisation de la variabilité des rendements paysans en maïs et des indicateurs moyens ; (ii) compréhension des niveaux de rendement, c’est-à-dire compréhension et caractérisation de leurs conditions d’élaboration. Il a été rendu possible grâce à la collaboration et aux efforts du CERAAS, du CIRAD, et du LERG, dans le cadre du projet européen AMMA. Pour atteindre ces objectifs, une enquête agronomique a été mise en place dans cinq villages du département de Tambacounda afin de déterminer quels étaient les niveaux des rendements paysans en maïs et leurs variabilités, et quels facteurs agronomiques en étaient responsables. La problématique de la variabilité des rendements sera abordée en privilégiant une analyse du fonctionnement du peuplement de maïs dans un réseau de parcelles paysannes, selon une méthode du type de celle utilisée par Diouf (1990) sur le mil au Sénégal, Scopel et Louette (1992) sur le maïs au Mexique, Leterme et al (1994) sur le blé en France, Wey (1998) sur le maïs au Burkina Faso et Sène (1999) sur le sorgho au Sénégal.

Systématique

Le maïs (Zea maïs L) est une monocotylédone appartenant à l’ordre des Glumales, famille des graminées (Poacées), tribu des Maydae ou Tripsaceae. Il est la seule espèce de ce genre. Les autres espèces du genre Zea, appelés communément téosinte et les espèces du genre Tripsacum sont les formes parentales de Zea maïs. Les utilisations du maïs varient beaucoup selon le niveau économique du pays. En région tropicale, le maïs est consommé en épis grillés, cueillis avant maturité où les grains sont mangés directement sur la rafle et surtout en couscous et en bouillis. Le maïs est aussi utilisé dans l’alimentation des volailles et porcine. Le grain de maïs est d’abord un aliment énergétique, grâce surtout à sa teneur en amidon. Il est également assez riche en huile ; mais sa teneur en protéines de qualité est faible, ainsi que sa teneur en matières minérales (Rouanet 1997). Au Sénégal, les tiges de maïs sont utilisées pour la fabrication de palissades mais aussi dans l’alimentation du bétail (chevaux, ânes, et bovins).