Le métier du programmateur

Le métier du programmateur

Delpeut a 35 ans, il commence une nouvelle étape au NFM fin 1991. Il prend le relais de De Kuyper, en étant nommé à son tour dir ecteur-adjoint de Blotkam p. Ce ci néaste et archiviste travaille en toute continuité mais bien à sa façon pour rendre service aux collections film. Il se souvient que : « suddenly I was able to do so many things I did not dare… ». Le NFM devient alors un laboratoire expérimental pour ces programmateurs où ils poussent la présentation des collections restaurées co mme d’un répertoire du ciném a sonore et contemporain, national et international, du classique au expérimental. Blotkamp explique la dynam ique de son équipe des programm ateurs : «  Auparavant, nous empruntions de 60 à 70% des films à nos collègues, contre moins de la moitié à l’heure actuelle. Pour le cinéma muet, par exemple, qui est une de nos forces, nous sommes quasiment autosuffisants. Nous cherchons à faire en sorte que nos projections soient la vitrine de notre collection. C’est comme dans tous les musées : il faut assurer l’équilibre entre la collection permanente et les manifestations temporaires. Il ne faut pas oublier la fonction de répertoire d’une cinémathèque, qui complète son caractère de musée et qui l’oblige à mettre au programme certains films, certains pays, certains personnages, peu importe leur statut dans la collection. En tout, une vingtaine de personnes gravitent autour des projections publiques, dont quatre sont strictement affectées à la  programmation, chacune étant responsable d’un projet. » 476 Le NFM est moins dépendant des copies de projection extérieures pour sa programmation très attachée à s es collections, en particulier du cinéma muet avec un retour au perform ance théâtrale. La Direction donne plus que la priorité en salle à leurs film s muets en couleur. Le centre d’attention des programm ateurs est surt out l’expérience de la projection en salle comme l’exprime De Kuyper : « Car nous ne conservons pas de momies pour satisfaire les archéologues du futur ; nous conservons un art, un patrimoine… dont la raison d’être est de faire partie des ‘arts du spectacle’ ! Un véritable art du spectacle, qui exige le rapport contractuel entre des spectateurs avec un événement, dans un lieu de rencontre qui rend ce rapport possible. Je crois donc qu’il faut conserver les films entiers ou les films- fragments, non seulement dans une optique archiviste, mais en priorité dans une optique de spectacle. En homme de théâtre, je suis convaincu que les œuvres du passé ne revivent que dans les représentations au présent : c’est leur force historique. Le lieu d’ailleurs où se projette le film -le cinéma- est en passe de devenir, lui aussi, un lieu ‘historique’, qu’il s’agit en tant que cinémathèque aussi de conserver, de faire fonctionner pour le futur ! Même si à l’époque de la ‘haute définition’ et autres acquis technologiques, cette façon de projeter les films, et les films eux-mêmes, sera devenue archaïque. (…)»

Le NFM cherche plus qu’à cons erver pour montrer des film s complets et en fragm ents, à recréer la projection co mme un art du spectacle. L’enjeu central consiste à m ettre en scène l’expérience d’aller en s alle de cinéma. Ces archivistes programment leurs co llections avec trois éléments à interpréter : film, musique et culture orale. Déjà entre 1989 et 1990, l’équipe produit des événements spectaculaires avec de films muets à Amsterdam et à Rotterdam . Le NFM compte avec une équipe fixe de pianistes et un réseau de collaborateurs pour sonoriser en salle avec des chanteurs, acteurs et d’au tres musiciens. Tous sont coordonnés par le musicien attitré Ram . On le s retrouve créd ités dans le NFM programma : Frank Mol, Jos Thijssen, Wynanda Zeevaarder, parmi d’autres habitués des projections. Cependant à partir de la co-direction artistique de Delpeut, la program mation se soucie de montrer plus que jam ais sous formes très diverses en salle les particul arités de leurs collections. L ’équipe cherche une cohabitation plus étro ite entre les colle ctions préservées et les film s de réperto ire. Cette équipe assume en toute évidence l’état de le urs goûts mais surtout une cinéphilie inspirée de leurs collections dans les années 1990. En définitive, Delpeut se voit comme un intermédiaire entre le public et le NF M : « I’m not writing film history but doing mediation between early cinema and a broader audience. Trying to learn differently to view, from another perspective, that can bring things to the surface. This was my mission, my project! » Il prolonge la politique menée jusque là m ais comme un médiateur très inquiet de d iversifier la structure d’accès et de diffusion, en quête d’ une programmation qui valorise avant tout les collections sans predre de vue les film s du répe rtoire. Pour chaque rétrospective, il y a une quête d’exhaustivité. Les fil ms classiques croi sent ceux de cinéastes m éconnus. En janvier 1992, à l’af fiche dans le NFM programma, on trouve des rétrospectives exhaustives de cinéastes du répertoire : Carl Dreyer, Sam Peckinpah. On déco uvre en février une rétrospective dédiée au x actrices allem andes des années 1 933 à 1945, accom pagnée du numéro 5 NFM themareek sur la question.

 

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