L’éducation préscolaire

Au Québec, 95 % des enfants âgés de 5 ans au 30 septembre commencent leur scolarisation avec la maternelle 5 ans (Feyfant, 2014). Bien que la fréquentation à l’éducation préscolaire ne soit pas obligatoire au Québec, mais fortement recommandée par le ministère de l’Éducation, les parents font le choix d ‘y inscrire ou non leur enfant. Les classes d’éducation préscolaire sont conçues pour favoriser une transition harmonieuse entre la famille et le système scolaire de même qu’entre le service de garde et l’école (Bédard, Larose & Terrisse, 2002). Le programme d’éducation préscolaire s’appuie sur une conception pédagogique centrée sur l’enfant dans une perspective de développement global (April, Bigras & Lanaris, 2018). L’éducation préscolaire se distingue de l’enseignement primaire par la présence d’une pédagogie axée sur le jeu: «Soutenu par des interventions, l’enfant s’engage dans des situations d’apprentissage issues du monde du jeu et de ses expériences de vie et commence à jouer son rôle d’élève actif» (MEQ, 2020a, p. 7). Le jeu a une place de choix dans l’éducation préscolaire puisqu’il favorise le développement global de l’enfant et l’ensemble des compétences:

Un environnement riche où le jeu, notamment le jeu symbolique, est amorcé par l’enfant et soutenu par l’adulte permet à l’enfant d’explorer, de créer, d’improviser, de jouer un rôle, de manipuler, etc. Par le jeu, l’enfant exerce sa mémoire sensorimotrice et affective, acquiert des connaissances et des concepts, structure sa pensée et élabore sa vision du monde pour s’approprier la réalité. En jouant, il apprend notamment à développer son autonomie et ses relations avec les autres. Il effectue des choix, prend des décisions, fait des découvertes, a des idées, imagine des scénarios et apprend à se concentrer sur quelque chose sans se laisser distraire. Il se fait comprendre des autres, joue parfois le rôle de conciliateur ou de médiateur et trouve des solutions. Le jeu est outil de communication, d’expression et d’action; il favorise l’ouverture sur le monde (MEQ, 2020a, p. 6).

Bien que l’enseignant favorise le développement des compétences des enfants, il doit aussi veiller à répondre au double mandat du programme d’éducation préscolaire du Québec soit: favoriser le développement global de tous les enfants et mettre en œuvre des interventions préventives (MEQ, 2020a). Ce double mandat vise à permettre donc aux enfants de développer de nouveaux apprentissages dans un environnement favorable et sécuritaire .

Le soutien au développement global de tous les enfants 

Comme le mentionne le PFEQ, les enseignants doivent soutenir le développement des enfants: « Favoriser le développement global de tous les enfants, c’est leur permettre de se développer dans tous les domaines en même temps (physique et moteur; affectif; social; langagier; cognitif)>> (MEQ, 2020a, p. 1). Cette tâche peut s’avérer complexe puisque chaque enfant est unique. En effet, lorsque les enfants font leur entrée à l’ éducation préscolaire, ils ont un parcours personnel et familial propre à eux (MEQ, 2020a). Une enquête québécoise sur le développement des enfants à la maternelle 2017 a été effectuée auprès des enfants de maternelle en 2012 et 2017 (Simard, Lavoie & Audette, 2018). En fait, le constat est que les enfants de maternelle ont démontré plus de vulnérabilité en 2017 qu’en 2012. Ainsi, certains enfants démontrent des vulnérabilités lors de leur entrée à l’éducation préscolaire: « Un enfant est considéré vulnérable dans un domaine si son score est égal ou inférieur au lOe percentile de la distribution de l’ensemble des enfants québécois pour ce domaine» (Laurin, Guay, Bigras & Fournier, 2015, p. 4).

Au Québec, un peu plus d’un enfant sur quatre présente des vulnérabilités dans au moins un des cinq domaines de développement (Simard et al., 2018). Le domaine qui nous intéresse dans la présente recherche est le domaine cognitif et langagier puisqu’il regroupe la littératie de base, l’intérêt pour la littératie, la numératie et la mémorisation, les aptitudes avancées en littératie et le concept de base en numératie (Simard et al., 2018). Au Québec, il y a Il,1 % des enfants qui présentent des vulnérabilités dans le domaine cognitif et langagier (Simard et al., 2018). Considérant qu’en 2017 au Québec il y avait environ 83000 enfants à l’éducation préscolaire, c’est plus de 9200 enfants qui présentaient des vulnérabilités pour ce domaine de développement. Cependant, il est important de mentionner qu’être considéré comme étant vulnérable, ne veut pas dire démontrer des difficultés lors de tout son cheminement scolaire (Institut de la Statistique du Québec [ISQ], 2018). Cela signifie qu’un enfant dit vulnérable est plus à risque d’avoir des performances plus faibles par rapport aux cinq domaines de développement que la moyenne (ISQ, 2018). De la même façon que ces enfants pourraient avoir plus de difficulté à communiquer leurs besoins ou de suivre des routines de façon autonome. En fait, les conséquences de présenter des critères de vulnérabilité à l’éducation préscolaire peuvent se traduire par des difficultés au niveau des apprentissages scolaires futurs. En ce sens, un lien a été démontré entre la réussite scolaire de l’enfant à la maternelle, l’adaptation et le niveau de développement de l’enfant (Brinkman et al., 2013 ; Kershaw et al., 2010) .

Les enfants qui démontrent un faible niveau de développement à l’éducation préscolaire ont plus de chance d’avoir de moins bons rendements scolaires en première année (Forget-Dubois et al., 2007). De la même façon qu’un enfant qui démontre de bonnes habiletés en mathématiques et en lecture à l’éducation préscolaire a plus de chance d’obtenir de bons rendements en première année du primaire (Duncan et al., 2007). Les habiletés d’éveil en mathématiques présentes à l’éducation préscolaire semblent fortement liées à la réussite scolaire de l’enfant, en lecture et en mathématiques (Duncan et al., 2007). La recherche montre que le lien entre le niveau de développement d’un enfant et son rendement scolaire est évident.

Cela dit, puisque certains enfants à l’éducation préscolaire sont considérés comme étant vulnérables, l’enseignant se doit de répondre à leurs besoins, et ce peu importe leur particularité. Comme démontré précédemment, un enfant dit vulnérable à l’éducation préscolaire a plus de chance de présenter des difficultés dans son cheminement scolaire futur. Il s’avère donc important de soutenir ces enfants tout au long de leur parcours scolaire. Le ministère de l’Éducation met l’accent sur l’inclusion scolaire en créant un environnement favorable aux apprentissages et à la réussite de tous les élèves (MEQ, 1999). En effet, dans les écoles primaires du Québec, de nombreux Élèves ayant un Handicap ou des Difficultés d’Adaptation ou d’Apprentissage (EHDAA) sont intégrés en classe dite régulière (Bergeron & St-Vincent, 20 Il). L’hétérogénéité des classes en milieu québécois a amené le ministère de l’Éducation à créer une politique d’adaptation scolaire Une école adaptée à tous les élèves, afin de mettre l’accent sur la réussite de tous les élèves (MEQ, 1999). Ce qui rejoint une des trois missions du système d’éducation québécois soit de qualifier tous les élèves: « rendre possible la réussite scolaire de tous les élèves» (MEQ, 2006, p. 3). Cette politique est encore d’actualité, car selon les statistiques du ministère l’Éducation, lors de l’année scolaire 2012-2013 près de 74 % des élèves EHDAA sont intégrés dans les classes dites régulières (MEQ, 2015).

En plus de s’adapter aux besoins spécifiques des enfants, les enseignants doivent aussi jongler avec des enfants ayant reçu différentes stimulations durant leur enfance ou ayant des réalités culturelles différentes : « Les enfants arrivent à l’école avec leur propre bagage, reflet de leur histoire personnelle et familiale ainsi que de leur milieu socioculturel. Il faut en tenir compte et miser sur leurs forces au regard de chacun des domaines de développement» (MEQ, 2020a, p. 1). D’ailleurs, grâce à la formation universitaire, les enseignants ont développé différentes compétences afin de devenir des professionnels de l’éducation (MEQ, 2020b). En fait, les enseignants sont les professionnels qui exercent une influence directe sur la qualité des apprentissages des enfants et leur réussite (Hattie, 2009). Ainsi, ils exercent leur jugement professionnel et développent différentes stratégies d’intervention pour soutenir tous les enfants, et ce indépendamment de leur bagage personnel. Cela dit, les enseignants occupent donc une place importante dans le cheminement scolaire des enfants qui présentent ou pas des vulnérabilités dans les différents domaines de développement .

Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1 PROBLÉMATIQUE
1.1. L’éducation préscolaire
1.1.2. Le soutien au développement global de tous les enfants
1.2. Les compétences professionnelles des enseignants
1.3. Les difficultés en mathématiques
1.4. Réussite éducative
1.4.1. Rôle de l’enseignant
1.4.2. Services offerts aux élèves
1.5. Les interventions précoces
1.5.1. Les retombées de l’intervention précoce
CHAPITRE 2 CADRE THÉORIQUE
2.1. Les déterminants essentiels en mathématiques
2.2. Modèles d’intervention
2.3 . Modèle de la réponse à l’intervention (RAI)
2.3.1. Le niveau un de l’intervention
2.3.2. Le niveau deux de l’intervention
2.4. Évaluation
2.4.1. Le dépistage universel
2.4.2. Suivi des progrès
2.5. Les interventions de soutien à l’apprentissage à l’éducation préscolaire (niveau
deux)
2.6. Intervention en mathématiques à l’éducation préscolaire pour l’enseignement
universel (niveau un)
2.7. Principes de l’intervention
2.7.1. Simple au complexe
2.7.2. Rappel sur les connaissances antérieures
2.7.3. Les rétroactions
2.7.4. Des activités espacées dans le temps
2.8. Dispositif didactique pour travailler le contrôle inhibiteur
2.9. Objectif de recherche
2.9.1. Les objectifs spécifiques
CHAPITRE 3 MÉTHODOLOGIE
3.1. Choix méthodologiques
3.2. Déontologie
3.3. Collecte de données
3.3.1. Échantillonnage
3.3.2. Déroulement de la recherche
3.3.3. Journées de formation
3.3.4. Outils de collecte de données
3.3.5. Procédure de sélections des enfants pour les interventions de soutien à l’apprentissage (niveau deux)
3.4. Déroulement de la mise en place des interventions de soutien à l’apprentissage (niveau deux)
3.4.1. Équivalence des interventions
3.5. Méthode d’analyse
CHAPITRE 4 RÉSULTATS
4.1. Efficacité de l’intervention pour l’enseignement universel (niveau un)
4.2. Sélection des enfants participant aux interventions de soutien à l’apprentissage (niveau deux)
4.3. L’efficacité de l’intervention de soutien à l’apprentissage (niveau deux)
4.4. Les limites
CHAPITRE 5 DISCUSSION
5.1. Discussion des résultats
5.1.1. Discussion des résultats concernant le premier objectif de recherche
5.1.2. Discussions des résultats concernant le deuxième objectif de recherche
5.1.3. Discussions des résultats concernant le troisième objectif de recherche
CHAPITRE 6 CONCLUSION

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