Les ignames malgaches

Les ignames malgaches

Généralités sur les ignames

Les « ignames » en français ou « yams » en anglais sont des Monocotylédones appartenant au genre Dioscorea, famille des Dioscoreaceae, ordre des Dioscoreales. Ce sont des plantes présentant des tubercules de nature caulinaire en nombre variable, quelquefois sans tubercule, l’appareil végétatif aérien annuel ou pérenne étant sous forme de liane. Le tubercule est l’organe qui permet à la plante de persister et aussi de se multiplier (en fait tout morceau de tubercule laissé en terre peut germer pour donner une nouvelle plante, en particulier les extrémités de tubercules qui n’ont pu être déterrées). Les feuilles sont alternes ou opposées à nervation généralement palmée. Ce sont des plantes dioïques, avec des fleurs regroupées en inflorescence, les fleurs mâles munies de 6 étamines, les fleurs femelles avec un ovaire infère à 3 loges. Le fruit est une capsule, la graine est ailée. On note chez certaines espèces la présence de bulbilles qui peuvent être interprétées comme étant des bourgeons charnus se développant à l’aisselle des feuilles et qui en tombant par terre peuvent redonner une nouvelle plante.

La flore des ignames malgaches

A Madagascar, la flore qui a été écrite par BURKILL (1950) dénombre 33 espèces de Dioscorea dont 27 sont endémiques. Mais les récentes recherches (révision, inventaire) effectuées en particulier par WILKIN (com.pers.) à Kew montrent qu’il y a au moins 40 espèces de Dioscorea (dont au moins donc 34 endémiques) à Madagascar avec de nouvelles espèces. WILKIN et al. (2000, 2002) a déjà décrit deux nouvelles espèces. D’autre part, le genre Avetra qui est représenté par une espèce à Madagascar et anciennement classé dans les Trichopodaceae est actuellement inclus dans les Dioscoreaceae (CADDICK et al., 2002). 185 Le projet Fades dans les inventaires effectuées dans les trois régions d’étude a dénombré une vingtaine d’espèces (donc plus de la moitié de la diversité des ignames malgaches pour des zones qui ne couvrent même pas le dixième de la superficie du territoire national) dont au moins trois sont nouvelles et restent à décrire. De plus certains taxons qui étaient décrites dans la flore comme des variétés semblent être actuellement de nouvelles espèces (ex : l’espèce D. soso présente au moins quatre formes très différentes (avec des noms vernaculaires différents) qu’il faudrait étudier plus en profondeur, de même D. ovinala est représentée par une forme non encore décrite dans le flore à Morondava (angily) et elle y est amère alors que l’espèce des hauts plateaux ne l’est pas. Il s’agirait là d’un phénomène qui semble être général et que l’on retrouve aussi dans d’autres groupes à Madagascar, notamment des Monocotylédones comme les Velloziaceae ou les Taxaceae (PHILIPSON, com.pers.) Le nombre d’espèces pourrait donc dépasser les 40 prédites actuellement par WILKIN. Ce qui représenterait au moins le dixième de la biodiversité mondiale de Dioscorea qui compterait après révision des travaux pionniers de KNUTH (1924) environ 400 espèces. Donc, il faut absolument souligner ici la très grande richesse de la biodiversité des ignames malgaches.

Les espèces non endémiques

Les espèces non endémiques de Dioscorea ont été apportées par les premiers malgaches qui ont débarqué sur l’île pas plus tard que vers le cinquième siècle après J.C. (RAISON, 1992) avec le lot de plantes qu’ils cultivaient dans leur région austro-indo-malaisienne d’origine. Parmi ces espèces, la principale est Dioscorea alata qui est dénommé « ubi » ou « uwi » en Indonésie ou dans les îles du Pacifique et qui apparemment est entrée à Madagascar par la côte est. Curieusement, cette espèce est appelée « ovy » dans cette zone, montrant bien les relations historiques et géographiques qui existent entre Madagascar et les régions de départ. D. alata présente à Brickaville un très grand nombre de variétés (au moins 12). Les noms vernaculaires y sont très diversifiés comme « ovibe, ovilalaina, ovilohamboay, ovy boganomby, ovy masoandrovolo », … chaque nom désignant une forme particulière différente des autres. Il serait intéressant de voir si ces différentes variétés sont les mêmes que celles que l’on rencontre dans le Pacifique et en Indonésie. On rencontre également quelques variétés d’alata à Ambohimahasoa et Morondava qui sont dénommées « ovitaty, ovisoroka, ovitaretra ou bemako ». D’autres espèces non endémiques sont communes à Madagascar et l’Afrique, comme D. sansibarensis, D. minutiflora, D. quartiniana et la question se pose si ce sont des espèces introduites ou s’il s’agit d’espèces dont la distribution couvre aussi bien le continent africain et Madagascar. En tout cas des phénomènes de spéciation ont aussi affecté ces espèces qui présentent des différences par rapport aux formes africaines, puisque les formes malgaches présentent des différences avec les formes africaines. D. esculenta ou mavondro est aussi présente à Madagascar et est une espèce importée d’Asie. On peut donc parler de richesse de la biodiversité des ignames même pour les espèces non endémiques. 186 Les espèces introduites qui ont fait dans les temps passés l’objet d’une véritable culture, en particulier pour l’espèce alata, se retrouvent maintenant intégrés et mélangées à d’autres cultures dans les champs. Il n’y a pas de culture véritable de l’igname, mais les gens se livrent à une pratique qui maintient les ignames dans les champs. On parle de « végéculture ».

Les espèces endémiques

Les ignames malgaches, connues sous le nom générique de « oviala » (en fait il s’agit donc des ignames qui ont été trouvées dans la forêt une fois que les malgaches se sont installés dans l’île), sont caractérisées par le fait que la tige lianescente pousse en s’enroulant dans le sens des aiguilles d’une montre (elles tournent à gauche alors que la majorité des espèces introduites tournent à droite notamment D. alata). On les rencontre dans tout Madagascar, aussi bien dans les milieux forestiers primaires secs ou humides, mais on peut également les rencontrer quelquefois dans les milieux provenant de la dégradation de la forêt (monka, savoka, hatsaka, baiboho, savane). La grande majorité présente des tubercules par paire (le fils ou sindiny ou encore zanany, le père ou dadiny), quelquefois on trouve le reste du tubercule d’il y a deux ans (le razana ou ancêtre). Quelques unes comme D. bemarivensis ou « trengitrengy » présentent plusieurs tubercules arrondis. Une autre particularité des ignames à Madagascar est qu’elles sont toutes consommées ou consommables même celles réputées toxiques (D. antaly, D. ovinala de Morondava ou « angily », D. sansibarensis, D. minutiflora et D. arcuatinervis). Ces dernières sont détoxifiées par des processus qui demandent plusieurs séries de trempage dans l’eau courante intercalées avec des expositions au soleil. C’est aussi à Madagascar que l’on trouve des ignames qui se consomment crues (phénomène très rare dans le monde) et qui représentent une véritable source d’eau dans les régions du sud et du sud ouest où elles poussent (babo, sosa, anjiky). Le jus de ces ignames est même utilisé comme liquide de cuisson

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