Les reconnaissances patrimoniales internationales et leur contribution au tourisme local japonais

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La préservation du patrimoine culturel japonais comme outil de développement

Le patrimoine se définit comme étant un ensemble de biens, matériels ou immatériels, devant être protégé par un ensemble d’acteurs publics et privés, qui doit en assurer la préservation et la conservation, afin de la transmettre aux générations suivantes en tant qu’héritage commun. Cet héritage, permet de définir les éléments constitutifs, les marqueurs civilisationnels d’un groupe d’individus, d’une identité commune, et donc d’une culture.
Pour que cette culture puisse perdurer dans le temps, il est nécessaire d’en assurer la protection, la préservation, et ce à travers des pratiques, des us et coutumes, ou des mécanismes normatifs. Nous partirons ici de l’hypothèse que la protection du patrimoine japonais constitue un « moyen », qui une fois mis en place par des « acteurs » publics et locaux, constitue les « fins » permettant de développer le tourisme culturel international sur l’archipel.

Le patrimoine comme bien devant être préservé : La présence d’outils de conservation et de préservation patrimoniales au niveau national.

Pour comprendre comment le Japon a construit son identité culturelle, il est nécessaire d’étudier comment le pays a pris graduellement conscience de l’importance de son patrimoine culturel, et quels sont les moyens normatifs qu’il a mis en place pour le protéger. Nous vous proposons ainsi dans cette partie une rétrospective historique du développement du système de reconnaissance nationale.

Les fondements des premières techniques de conservation du patrimoine à l’Epoque d’Edo (1603-1868)).

Si les premiers mécanismes modernes de reconnaissances patrimoniales au Japon ont émergé durant l’ère Meiji jidai 明治時代 (1868-1912), il préexistait cependant depuis l’Epoque d’Edo edo jidai 江戸時代 (1603-1868)) des moyens qui permettaient de répertorier, classifier, et donc de conserver des biens. Dans un système de fiefs où le pouvoir central était amoindri, deux classes sociales, celle des religieux et celle de la classe au pouvoir, c’est-à-dire les élites guerrières ou bushi 武士, étaient propriétaires de bâtiments ou d’objets mobiles (Guicard-Anguis 2017). Les religieux, qui officiaient dans les sanctuaires shintoïstes ou monastères bouddhiques, étaient chargés de stocker dans l’enceinte les objets de valeurs cultuels ou culturels, hérités des anciennes générations ou donnés en offrandes pour s’attirer les faveurs des divinités. Ils étaient entreposés dans des ailes, ou bâtiments spécifiques au sein de l’institution religieuse, et du fait de leur valeur, accessible à une minorité de religieux ou de croyants. Le Shôsô-in 正倉院, bâtiment de stockage en bois présent dans l’enceinte du Todai-ji 東大寺 de la ville de Nara-shi 奈良市, abritait une vaste collection impériale de biens hérités des époques anciennes et permettaient la mise sous scellées de cet héritage. « Grenier » dans un premier temps destinés à entreposer du riz, ce shôsô fit office de plus « ancien musée du monde », dont les collections sont maintenant conservées dans une structure prévenant les incendies, permettant leur exposition dans les musées nationaux dès leurs ouvertures.
Les Bushi quant à eux, stockaient leurs trésors familiaux dans des kura 蔵, bâtiments en dur et aux murs épais, éloignés des résidences principales afin de prévenir les incendies qui pouvaient être dévastateur lorsque l’on sait que les bâtiments en bois étaient majoritaires à l’époque (Guicard-Anguis 2017). Les arts traditionnels, tels que la cérémonie du thé, la calligraphie ou l’ikebana étaient pratiqués par les classes guerrières, et certaines coutumes sont encore aujourd’hui, toujours basées sur des écrits transmis par les descendants de cette caste.
Ainsi, pendant l’Epoque d’Edo, le patrimoine se veut être privatisé, secrètement voire jalousement stocké et conservé, et devient finalement « réservé aux élites pour les élites ». Cela permettait à certains fiefs ou cultes de renforcer leur influence, mais constituait un obstacle à une transmission collective dans le cadre d’une nation unifiée.

Ouverture du pays à l’occident et premières législations durant l’Ere Meiji (1868-1912).

Pays fortement marqué par la politique isolationniste du sakoku 鎖国 (1650-1842), l’arrivée des bateaux noirs du Commodore Matthew Perry force les élites dirigeantes à ouvrir le pays avec la convention de Kanagawa en 1854, et donc d’intégrer une mondialisation sans cesse en expansion. Le gouvernement impérial fraichement intronisé au pouvoir en 1868, comprend alors qu’il en va de la survie du pays nouvellement unifié face à cette menace d’ingérence étrangère, que d’affirmer un positionnement ferme à travers la détermination d’une identité commune ou « nationale ». Cette identité permettrait ainsi au pays de s’affirmer en tant que puissance, et d’éviter une colonisation. La base commune qui fut ainsi construite par le premier régime du gouvernement (1868-1885) ou Dajôkan 太政官 (Inada 2015) reposait sur l’instauration d’un shintoïsme d’Etat, afin de correspondre aux standards mono-religieux des nations occidentales. Cette décision est lourde de conséquences puisqu’elle implique le rejet du bouddhisme (car importé), et donc de renier un syncrétisme religieux pourtant pleinement intégré à la société depuis des siècles, socialement et culturellement. L’instauration du shinto d’Etat par diverses ordonnances en 1868, mêlée à une profonde refonte administrative et territoriale caractérisée par la fin de l’existence des castes guerrières, met en péril le patrimoine conservé par les anciennes couches de la société d’Edo. Les biens reliés au bouddhisme sont alors menacés par plusieurs procédés : mise aux enchères, exportations à l’étranger, développement croissant du marché noir etc. (Bourdier 1993, 92). Bourdier explique que des monuments tels que le Kofukuji 興福寺 de Nara et le château d’Himeji himejijô 姫路城 ont pu être sauvegardé uniquement grâce aux « coût excessif que représentait, aux yeux d’éventuels acquéreurs, leur démantèlement. » (Ibid.). On assite également à la confiscation des propriétés terriennes acquises par les seigneurs de l’Epoque d’Edo par la loi de confiscation de 1871 et 1857, qui entraîne la perte des mécènes, et des fonds des temples bouddhistes, sans compter le développement industriel qui accélère cette dynamique de détérioration. (Kakiuchi 2014). De plus, par un décret promulgué le 5 janvier 1871, l’Etat devient propriétaire des biens fonciers à caractères religieux. (Bourdier 1993, 92) Face à une carence normative concernant la protection du patrimoine nippon, un premier dispositif gouvernemental est mis en place par le Dajôkan avec la proclamation pour la protection des antiquités et des anciennes propriétés Koki kyûbutsu hozon hô 古器旧物保存 方 (1871-1897) sur proposition de Machida Hisanari 町田久成 (1838-1897) du 23 mai 1971(Inada 2015). Malgré un profond discours antibouddhiste, le gouvernement fait ainsi le choix de protéger son patrimoine ancien, et permet la mise en place des premières dispositions juridiques de protection patrimoniale en Asie. Ladite disposition permettait de conduire des enquêtes de recensement, d’enregistrer et de collecter les antiquités en 31 catégories spécifiques. Ainsi, 200 000 biens (situés principalement à Nara et Kyoto 京都) purent ainsi être listés (Kakiuchi 2014). Reconnaître les biens permet également le développement d’une première activité muséologique à l’échelle nationale, avec l’ouverture de trois musées nationaux Shûkokan 集古館 : Musée National de Tokyo (1872) Musée National de Nara (1895) et Musée National de Kyoto (1897) (Ibid., 2014).
Un premier dispositif législatif voit le jour en 1897 sous l’impulsion d’Ernest Francisco Fenollosa (1853-1908) et de Okakura Kakuzo 岡倉覚三 (1862-1913), qui participèrent à une commission impériale ayant pour but d’étudier les politiques et programmes administratifs américains et européens dans les domaines de l’art (Bourdier 1993, 93). Fenollosa argumentait son projet de loi en proposant l’idée que défendre la protection du patrimoine permettrait de protéger toute la tradition de l’art japonais, et donc la culture et l’identité nippone, en étendant notamment la protection non plus seulement à des bâtiments, mais aussi des objets, des arts etc. Ainsi est votée en 1897 la Loi de préservation des anciens sanctuaires et temples Koshajihozon-kin 古社寺保存金 (1897-1929). Inada (2015) parle ainsi d’un « étatisme éclairé » dans la mesure ou la protection du patrimoine se fait cette fois-ci par les instances gouvernementales. Selon Bourdier (1993), elle permet également de propulser le Japon dans le « concert des nations attachées juridiquement à la protection de leur patrimoine », et de rejoindre les puissances culturelles pionnières en la matière à l’époque telles que la France et l’Italie. Cette loi permettait notamment de : 1) Obtenir des fonds du gouvernement pour réparer les bâtiments, 2) Désigner les infrastructures et biens qui peuvent être considérés comme des trésors nationaux (et donc nécessiteraient un niveau de protection supérieur, qui relèverait des Beaux-Arts dans une conception à l’occidentale), 3) D’exposer les biens dans les musées nationaux, 4) Interdiction du recel ou de la vente des trésors nationaux et édictions de pénalités. (Kakiuchi 2014)
On assiste donc d’une part à la qualification de certains biens qui relèveraient d’une importance historico-artistique aux yeux du gouvernement, et dont on pourrait assurer la protection et la sauvegarde, et d’autre part à la facilitation de l’obtention de fonds pour l’entretien des bâtiments (principalement liés à une institution religieuse).

La conservation du patrimoine national comme marqueur identitaire dans les années 1900-1950.

La fin de l’ère Meiji est marquée par un fort développement du territoire, qui s’accompagne indéniablement de destructions qu’impliquent la modernité. En réponse, la Diète adopte en 1911 le « Projet de conservation des sites historiques et des monuments naturels » Shiseki oyobitennen kinenbutsu hozon ni kan surukengian 史蹟及天然紀念物保存 ニ関スル建議案, et ce grâce notamment à par l’Association pour la conservation des sites historiques, des lieux célèbres et des monuments naturels Shiseki meishô tennen kinenbutsu hozon kyôkai 史蹟名勝天然紀念物保存協会 composée d’experts et d’intellectuels de différentes disciplines, qui s’apparentait un à comité de conseil (Inada 2015). Promulguée en 1919, cette loi permet d’élargir le champ de protection aux biens qui échappaient aux dispositifs précités. On assiste également à un premier système de classement par le gouvernement, ou shitei 指定 , qui permettait d’obtenir des provisions de fonds. Le gouvernement se donnait également le droit de contrôler les actions susceptibles d’affecter les biens, et le cas échéant, des demandes de permissions et de contrôles pouvaient être exigées. Ainsi, on instaure plus d’ingérence et de droit de contrôle par le gouvernement, mais également un dialogue accru avec les collectivités qui sont chargées de la gestion des sites. Ce dispositif permettait une reconnaissance accrue de lieux, sans forcément de consonances religieuses. Ainsi, la liste des biens reconnus s’allongea, notamment avec la reconnaissance de lieux naturels.
En 1929, l’Etat japonais réforme la loi de 1897 et promulgue la loi de Conservation des trésors nationaux Kokuhô hozon-hô 国宝保存法 enfin de protéger juridiquement les objets de valeur qui échappaient aux dispositifs précédents, et d’en limiter les exportations ou revente sur le marché noir. En facilitant la nomination des trésors nationaux par des instances régulatrices reliées au gouvernement, cette loi permettait d’étendre son champ d’application aux biens possédés par l’Etat, les collectivités, et même les particuliers. Ainsi, c’est l’idée de responsabilité publique et collective qui est mise en avant, en permettant à la puissance publique de contrôler l’état de préservation d’un bien sans qu’il en soit nécessairement le propriétaire plénipotentiaire (Inada 2015).
Dès les années trente, le Japon s’engage dans une forte politique militariste en Asie, et délaisse les questions des reconnaissances culturelles. Les classements continuent, mais sont teintés de nationalisme et d’orientation davantage idéologique qu’historique, notamment avec le classement des « traces sacrées du passage de l’empereur Meiji » Meiji tennô seiseki 明治 天皇聖跡 (Ibid. 2014), avec l’action conjuguée des préfets chihô chôkan 地方長官.

Le cadre en vigueur : la loi de protection des biens culturels de 1950.

Pendant l’occupation américaine (1945-1952) post-Seconde Guerre Mondiale, le gouvernement japonais et le Commandement suprême des forces alliées (SCAP), avec son service des arts et des monuments (A&M), travaillent de concert pour contrôler la politique patrimoniale nippone en vigueur et proposer des pistes d’améliorations. C’est l’incendie du pavillon d’or du Hôryûji 法隆寺 de Nara en 1949, qui entraîne la destruction de peintures murales reconnues, et qui va déclencher de nouveaux débats au sein de la Diète concernant l’avenir du patrimoine national. Le législateur nippon, de concert avec ses homologues américains, propose alors de synthétiser les lois précédentes de 1897,1919 et 1933 dans un document unique : la loi de Protection des biens culturels Bunkazai hogo-hô 文化財保護法 de 1950 (entrée en vigueur le 24 décembre 1951) (Bourdier 1993, 95), toujours applicable de nos jours. L’article 1 de la loi dispose que le but premier de la mise en place de ce dispositif serait de « préserver et d’utiliser les biens culturels de telle manière que la culture du peuple japonais puisse en être favorisée et que contribution soit faite au progrès de la culture dans le monde » (Ibid., 98).
Cette loi va être amendée en 1954, 1975 et 2004, et proposer une large diversification par la ramification progressive de différentes sous-catégories. (Inada 2015 ; Bourdier 1993, 97- 99). Voici un état des lieux de la loi en vigueur depuis 2004 selon les données et analyses de Bourdier (1993) et de Inada (2015)3
– Biens matériels yûkei bunkazai 有形文化財 (qui regroupent notamment les œuvres d’arts, et les structures pouvant être déplacées comme les pagodes en bois etc.). Ils sont sous-divisés en :
o Biens culturels importants jûyô bunkazai 重要文化財 par classement shitei 指 定
o Trésors nationaux kokuhô 国王 par classement shitei 指定
o Bien culturel matériel » tôroku yûkei bunkazai 登録有形文化財 par inscription tôroku 登録 (depuis 1996).
– Sites et monuments historiques, paysages célèbres et monuments – espèces – naturel(le)s shiseki meishô tennen kinenbutsu 史跡名勝天然記念物 (concernent les bâtiments historiques, les ruines, les paysages naturels ou géologiques etc.) par sélection 選定.
– Biens culturels immatériels mukei bunkazai 無形文化財 (les arts, les techniques artisanales et traditionnelles etc.) par classement shitei 指定 (Article 2 de la loi de 2004).
o Loi de 1954 :
▪ Classement pour les biens culturels immatériels important » jûyô mukei bunkazai 重要無形文化財) et par une reconnaissance nintei 認定 en « individu ou groupe détenteur d’un bien culturel immatériel » jûyô mukei bunkazai no hojisha mata wa hojidantai 重要無形文化財の保 持者又は保持団体.
o Loi de 1975 : Peuvent être reconnus des groupes, communautés qui exercent, transmettent des savoirs ou techniques.
– Biens culturels folkloriques 民族文化財 minzoku bunkazai (dès 1975)
– Monuments kinenbutsu 記念物 et sites naturels (dès 1954)
o Par classement (chapitre 7 de la loi de 2004) :
▪ Site historique exceptionnel tokubetsu shiseki 特別史跡
▪ Site historique shiseki 史跡
▪ Lieu célèbre exceptionnel tokubetsu meishô 特別名勝,
▪ Lieu célèbre meishô 名勝
▪ Monument naturel exceptionnel tokubetsu tennen kinenbutsu 特別天然記念物
▪ Monument naturel tennen kinen butsu 天然記念物
– Groupes de bâtiments traditionnels dentôteki kenzôbutsu gun 伝統的建造物群 (dès 1975)
La promulgation de la loi de 1950 constitue une avancée avant-gardiste par rapport aux autres systèmes juridiques de l’époque, et témoigne des efforts nationaux des instances dirigeantes pour protéger l’héritage culturel (Nguyen 2020, 54).
Les différentes modifications sont directement liées aux contextes sociaux, mais également au développement des connaissances et des mouvements intellectuels de l’époque. A l’aube de la Seconde Guerre Mondiale, l’effort était recentré sur la classification des différentes catégories de biens qui nécessitaient une protection, et qui témoignaient d’un héritage défini par des dispositifs juridiques antérieurs. Cette légifération fait directement écho à une occidentalisation du système de reconnaissance, du fait de l’influence qu’ont eu les droits étrangers occidentaux (et plus particulièrement européens) dans les différents processus de modernisation du Japon depuis l’ère Meiji. D’abord concentré sur la reconnaissance d’un mobilier avec les objets puis immobilier concernant les bâtiments, souvent à caractère religieux du fait des contextes historico-politiques, le législateur japonais a entrepris des actions de diversifications concernant son patrimoine, marqueur de son identité qui ne cessait d’évoluer avec le temps. Les politiciens nippons se sont donc déjà concentrés sur le fait de définir une identité commune, à travers des dogmes religieux ou des figures d’anciens empereurs.
La loi de protection de 1950 marque un tournant dans le sens où elle consacre l’existence de biens qui seraient immatériels, tels que des techniques artistiques, des coutumes, et même des personnes au sens qu’elles représenteraient à elle-même un « patrimoine vivant » à travers la notion de « trésor vivant »
Par la suite, on a commencé à reconnaître progressivement un patrimoine se rapprochant du peuple, et non plus des élites comme traditionnellement. En témoigne l’inscription de la catégorie des documents folkloriques minzoku shinryou 民族資料 ( 民族 signifiant « peuple ») en 1954. Par cette même révision, le patrimoine naturel est également mis à l’honneur pour la première fois comme un bien immatériel cher à la population, et sera consacré par la création de la catégorie des paysages culturels bunkateki keikan 文化的景観 lors de la révision de 2004. Le patrimoine n’est pas forcément toujours visible : en témoigne la présence de ce que l’on qualifie de patrimoine enfoui, constituant les fondements directs de nos civilisations. Catégorie bien particulière, ils sont définis par une loi qui leur est propre depuis 1954, date à laquelle ils ont été dissocié de la loi de 1950.
Reconnaitre un patrimoine, c’est également devoir le conserver. A ce titre, la reconnaissance des bâtiments traditionnels en 1975, constitué en grande majorité par des bâtiments en bois de la région du Kansai considérée comme le « berceau de la culture traditionnelle japonaise », enclenche tout un mécanisme de reconnaissance des techniques qui en permettent la conservation encore de nos jours. En témoigne la reconnaissance simultanée de ces deux aspects culturels avec l’introduction des « ensembles de bâtiments traditionnels » dentôteki kenzô butsu gun 伝統的建造物群 et des « techniques de conservation des biens culturels » bunkazai no hozon gijutsu 文化財の保存技術, permettant ainsi une complémentarité entre le bien et sa conservation. Ainsi, le législateur japonais reconnaît la valeur culturelle d’un bien, d’une technique mais également d’éléments naturels, de paysage, valorisant ainsi un héritage à la fois humain et naturel.
En somme, on constate la mise en place d’un système de reconnaissance national et prolifique, qui permet au Japon de définir les codes qui constitueront son identité. Plus qu’une assimilation de mécanismes juridiques importée de l’étranger, le législateur nippon a ainsi pu, non pas assimiler, mais développer ses propres outils en fonction de ses besoins et de ses attentes. Ainsi, malgré le fait que la notion même de ce que peut être le « patrimoine » proviendrait d’une conception occidentale, le Japon semble avoir dépassé un simple stade d’assimilation, mais propose un stade d’appropriation servant encore de normes bien au-delà de ses propres frontières.

Organigramme des instances gouvernementales relatives aux politiques patrimoniales japonaises.

Nous allons brièvement expliquer ici quels sont les acteurs au niveau gouvernemental (UNESCO 2016) participant activement à l’application de cette loi, par le biais d’un organigramme de synthèse que nous avons réalisé.

Table des matières

Introduction.
Qu’est-ce que le tourisme culturel ?
Tourisme et patrimoine au Japon.
Problématique
Etat de l’art et méthodologie.
Hypothèses et questions de recherche.
1 La préservation du patrimoine culturel japonais comme outil de développement
1.1 Le patrimoine comme bien devant être préservé : La présence d’outils de conservation et de préservation patrimoniales au niveau national.
1.1.1 Les fondements des premières techniques de conservation du patrimoine à l’Epoque d’Edo (1603-1868)).
1.1.2 Ouverture du pays à l’occident et premières législations durant l’Ere Meiji (1868-1912). 19
1.1.3 La conservation du patrimoine national comme marqueur identitaire dans les années 1900-1950.
1.1.4 Le cadre en vigueur : la loi de protection des biens culturels de 1950.
1.1.5 Organigramme des instances gouvernementales relatives aux politiques patrimoniales japonaises.
1.2 Du désengagement progressif de l’Etat à l’affirmation des acteurs locaux depuis la Loi pour la protection culturelle de 1950 : la politique culturelle comme outil de revital
1.2.1 La loi de 1950 et le rôle des collectivités territoriales japonaises en matière culturelle
1.2.2 La rupture des années 1990 : la culture comme objectif des politiques locales.
1.3 Le tourisme international comme nouvelle variable de développement économique national et local au Japon : la culture comme moyen d’attractivité.
1.3.1 Le développement du tourisme domestique sous l’Epoque Edo
1.3.2 L’émergence d’un tourisme « à l’occidentale » (années 1890 à 1930).
1.3.3 La redynamisation du territoire (années 1960 à 1970).
1.3.4 Tournant des années 2000 : le tourisme culturel comme alternative économique.
2 Les reconnaissances patrimoniales internationales et leur contribution au tourisme local japonais : L’UNESCO et le patrimoine mondial.
2.1 L’Unesco comme acteur et outil du japon pour briller sur la scène internationale grâce à sa culture à travers les désignations du patrimoine mondial
2.1.1 La Convention de 1972.
2.1.2 Convention de Nara et Stratégie globale 1994.
2.1.3 La convention de 2003 : vers toujours plus de diversité.
2.1.4 Les procédures d’inscription des biens sur la Liste du patrimoine mondial : éléments d’explication.
2.2 De la définition du tourisme culturel comme fer de lance des politiques de labélisation de l’UNESCO.
2.2.1 Des prémisses de la définition du tourisme culturel.
2.2.2 Notion du « touriste » : voyageur ou spoliateur ?
2.2.3 Le tourisme culturel face au tourisme de masse.
2.2.4 Le tourisme comme opportunité.
2.3 L’UNESCO : un atout au développement du tourisme culturel sur le sol nippon.
2.3.1 Un outil politique d’influence sur la scène internationale.
2.3.2 Un mécanisme de double reconnaissance entre la norme interne et internationale
2.3.3 Une plus-value à trois niveaux : la labélisation des sites de l’UNESCO.
2.3.4 Une tentative de redistribution nationale à travers le tourisme culturel : dynamique de revalorisation des territoires nippons et compétitivité interrégionale
3 La ville de Nara-shi et la labellisation du patrimoine mondial de l’UNESCO : analyse d’une localité marquée par le tourisme culturel.
3.1 La préfecture et la ville de Nara comme emblème d’une « survalorisation » du patrimoine national et mondial.
3.1.1 Rappels historiques et contextualisation.
3.1.2 Nara-ken comme préfecture emblématiques des reconnaissances patrimoniales culturelles.
3.1.4 Des reconnaissances de l’UNESCO : Analyse du dossier de candidature des anciens monuments de la ville de Nara en 1997.
3.2 Analyse des répercutions de l’inscription des monuments de Nara-shi et développement d’un tourisme culturel international aux prismes des rapports touristiques.
3.2.2 Les sites touristiques les plus populaires de la ville.
3.3 Les problèmes engendrés par une possible sur-touristification de la localité et l’impact de l’UNESCO dans cette tendance.
3.3.1 Vers une possible surtouristification ?
3.3.2 Spécificité de Nara : les shika et leur trop grande dépendance aux touristes.
3.3.3 Le tourisme culturel en l’absence de touristes : crise touristique et épidémie de Covid-19
Conclusion
Bibliographie

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