L’impact de la réalité virtuelle sur l’anxiété lors d’avulsions dentaires sous anesthésie locale

Anxiété

Les consultations chez les chirurgiens oraux, stomatologues, chirurgiens-dentistes, sont pour la majorité des patients des moments d’appréhension qui peuvent devenir de réelles angoisses lors des interventions. La sphère orale est perçue comme une partie intime du corps et une zone associée au plaisir qui permet de s’exprimer et de se nourrir.
Cela peut expliquer l’appréhension des patients à se laisser examiner par un spécialiste qui leur est inconnu. L’élément le plus anxiogène pour le patient serait l’intervention chirurgicale, et cela quels que soient le genre, l’âge, l’ethnie et le niveau d’anxiété basal du patient.
L’anxiété est un état émotionnel négatif que chacun d’entre nous connaît. Si l’on se réfère au Larousse, c’est «une inquiétude pénible, une tension nerveuse, causée par l’incertitude, l’attente». Elle a différents degrés, de l’appréhension au véritable trouble émotionnel qui, lui, est considéré comme une pathologie car il entraîne un dysfonctionnement excessif et une souffrance.
L’anxiété est multifactorielle, propre à chaque individu, et s’exprime différemment. Cela peut être l’augmentation de la fréquence cardiaque et respiratoire, l’apparition d’un malaise imminent, de vertiges, de sensations d’oppression voire d’agressivité.

Gérer l’anxiété des patients lors des anesthésies locales

Les interventions pour avulsions dentaires peuvent paraître invasives, intrusives, et sont vécues en parfaite conscience puisqu’elles nécessitent rarement une anesthésie générale.
Les intervenants (chirurgien et assistant dentaire) sont habillés avec une casaque, un calot, un masque et des lunettes de protection. Ils paraissent moins accessibles et cela peut participer à l’inconfort ressenti par le patient.
Rajeev et al. a montré que les sensations comme la vue, les vibrations, les bruits et les odeurs provoquent l’anxiété chez les patients. Le patient est donc plongé dans un environnement inhabituel, parfois déstabilisant, avec un enjeu pour sa santé.
Solutions médicamenteuses : Actuellement, les méthodes médicamenteuses sont les plus utilisées avec la prescription d’anxiolytiques comme Hydroxyzine (Ataraxâ) ou des benzodiazépines (Alprazolam). Solutions non médicamenteuses : Ces dernières années, des solutions non invasives ont été étudiées.

Peur du dentiste

Origines : L’anxiété dentaire trouve son origine dans des facteurs endogènes (terrain du patient, hérédité) mais également dans des facteurs exogènes tels que les expériences traumatisantes personnelles ou rapportées par l’entourage. Prenons l’exemple de Woolgrove et al. qui a montré qu’une expérience douloureuse est corrélée à une angoisse plus importante pour les futurs soins ou chirurgies si l’on compare à un patient n’ayant pas eu d’expériences douloureuses. Plusieurs études ont également montré que les patients anxieux ont tendance à ressentir une douleur de manière plus intense qu’elle ne l’est réellement.
Fréquence : Pour certains patients, cette anxiété entraîne une réelle peur du dentiste. Elle est le plus souvent associée à des expériences négatives et a tendance à apparaître dès l’enfance, après les premières expériences chez le dentiste .
D’après différentes études britanniques, le pourcentage de cette peur du dentiste tend à décroître avec les années (60% en 1988, 32% en 1998), il reste important avec notamment 20% des adultes en 2009 au Royaume-Uni.
D’après Hill et al. et Humphris et al. (UK), les patients ayant une véritable phobie avec un score Modified Dental Anxiety Scale > 19 (MDAS), représentent 10 % des adultes et ce pourcentage stagne depuis plus de 30 ans malgré l’évolution des techniques. Le MDAS (Annexe 1), est un questionnaire contenant 5 items, validé au Royaume-Uni, et traduit en français pour mesurer le degré de peur du dentiste (score entre 5 et 25) en pratique courante et lors de recherches .

Place de la réalité virtuelle dans la santé

La réalité virtuelle (VR) permet d’immerger le patient dans un environnement plaisant par le biais d’une distraction.
La distraction est une méthode non pharmacologique qui permet d’orienter l’attention de la personne vers un événement non nocif par un stimulus sur l’environnement immédiat et qui a pour but de bloquer les pensées négatives et la réduction d’impression de sensations. Cela reprend l’idée du concept que Melzack et al. a évoqué dans la théorie du « gate control » qui signifie que les stimuli douloureux passent par une «porte» située dans la corne dorsale médullaire via les fibres A-delta et C. Si l’on active les fibres A-bêta dont la conduction est plus rapide et qui ont un rôle inhibiteur de la douleur, alors la transmission nociceptive ne se fait pas .
Le stimulus peut être auditif, visuel, tactile. Sa mise en place est passive comme l’écoute d’une musique, le visionnage d’une vidéo, ou active avec, par exemple, la participation à un jeu vidéo. L’esprit novateur de la VR est qu’elle recoupe deux stimulus dont on connaît déjà leur efficacité de manière individuelle. Les champs visuel et auditif du sujet sont couverts par l’information virtuelle, empêchant l’entrée sensorielle du monde dentaire réel (bruit ou vue des instruments, aiguilles, injections).

Utilisation de la réalité virtuelle pour diminuer les douleurs

Une revue de la littérature a mis en évidence l’efficacité de la VR sur la diminution des douleurs lors des changements de pansements chez les grands brûlés notamment dans plusieurs études menées par Hoffman et al. chez les adultes comme chez les enfants .
Il a d’ailleurs évalué le mécanisme neurobiologique de cette technique au niveau cérébral par IRMf et a conclu qu’elle diminuait l’activité concernant la perception de la douleur (cortex cingulaire antérieur, cortex somatosensoriel primaire/secondaire, le cortex insulaire, thalamus) .
Furman et al. a appuyé les résultats des études d’Hoffman dans un autre domaine en montrant que l’utilisation de la VR diminue la douleur ressentie pendant des soins parodontaux sans anesthésie chez des adultes en comparaison à l’absence de stimuli et même en comparaison à la diffusion d’un dessin animé. Concernant la prise en charge des douleurs chez des patients ayant un cancer, la VR combinée à la morphine semble plus efficace que la morphine seule mais des études complémentaires sont à envisager.

Table des matières

1. INTRODUCTION
1.1. ANXIETE
1.2. PEUR DU DENTISTE
1.2.1. Origines
1.2.2. Fréquence
1.2.3. Conséquences
1.3. GERER L’ANXIETE DES PATIENTS LORS DES ANESTHESIES LOCALES
1.3.1. Solutions médicamenteuses
1.3.2. Solutions non médicamenteuses
1.4. PLACE DE LA REALITE VIRTUELLE DANS LA SANTE
1.4.1. Sentiment de présence en réalité virtuelle
1.4.2. Utilisation de la réalité virtuelle pour diminuer les douleurs
1.4.3. Utilisation de la réalité virtuelle pour la prise en charge de la phobie
1.4.4. Utilisation de la réalité virtuelle dans l’enseignement médical
1.4.5. Utilisation de la réalité virtuelle pour la diminution de l’anxiété
1.5. JUSTIFICATIF ET OBJECTIFS DE L’ETUDE
2. MATERIELS ET METHODES
2.1. CADRE REGLEMENTAIRE
2.2. PLAN EXPERIMENTAL
2.3. CRITERES D’INCLUSION ET D’EXCLUSION
2.3.1. Critères d’inclusion
2.3.2. Critères d’exclusion
2.4. CRITERES DE JUGEMENT
2.4.1. Critère de jugement principal : Score d’anxiété STAI-YA
2.4.2. Critère de jugement secondaire : Échelle visuelle analogique d’anxiété
2.5. RECRUTEMENT
2.5.1. Proposition de participation à l’étude
2.5.2. Questionnaire médical
2.5.3. Déroulé de l’intervention
2.5.4. Groupe sans réalité virtuelle
2.5.5. Groupe avec réalité virtuelle
2.6. METHODOLOGIE STATISTIQUE
2.6.1. Calcul du nombre de sujets nécessaires
2.6.2. Analyse des données
2.7. HYPOTHESE TESTEE
3. RESULTATS
3.1. POPULATION
3.1.1. Flow chart
3.1.2. Descriptif (Tableau 2)
3.2. CRITERE DE JUGEMENT PRINCIPAL
3.3. CRITERES DE JUGEMENT SECONDAIRES
3.3.1. Analyse avec la métrique EVA
3.3.2. Analyses multivariées
3.3.3. Effets indésirables
3.3.4. Renouvellement de l’expérience de réalité virtuelle
4. DISCUSSION
4.1. EFFICACITE DE LA REALITE VIRTUELLE
4.1.1. Choix du questionnaire
4.1.2. Choix du scénario
4.1.3. Communication
4.2. LIMITES DE L’ETUDE
4.2.1. Absence d’évaluation objective
4.2.2. Population
4.2.3. Schéma de l’étude
4.3. PERSPECTIVES 
4.3.1. Partie visuelle de la réalité virtuelle
4.3.2. Partie audio de la réalité virtuelle
4.3.3. Matériel utilisé
4.3.4. Schéma idéal d’étude
5. CONCLUSION 
6. BIBLIOGRAPHIE 
7. ANNEXES 

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