Mise au point d’un questionnaire d’évaluation de la flexibilité des flux de conscience

Mise au point d’un questionnaire d’évaluation de la
flexibilité des flux de conscience

Essai de définition de la conscience

Cette partie fait la synthèse de multiples corpus philosophiques, trouvés au cours de recherches sur le net sur des sites spécialisés à l’intention d’étudiants profanes en philosophie. Épistémologie : Du latin conscientia qui est formé de cum qui signifie « avec », et de scientia pour « science ». La conscience n’est pas un concept univoque qui aurait une signification partagée par tous les philosophes. Il y a une distinction très nette dans l’histoire de la philosophie entre la conscience conçue comme « conscience morale », permettant de distinguer le bien du mal, ayant un but principalement pratique, et la conscience comme source de connaissance de soi et du monde, ayant un but principalement théorique. Dans l’Antiquité, la conscience n’existait pas : seul le “noos”, l’esprit connaissant, avait une valeur. C’est la modernité philosophique qui a donné au sujet une conscience. Il serait tout à fait illégitime de considérer l’âme (psychè) des Grecs comme un équivalent de la conscience. Les Grecs n’ont pas éprouvé le besoin de penser la conscience. Les stoïciens sont les premiers à souligner l’importance de l’intériorité. Les chrétiens refont une relecture de la philosophie grecque et Saint Augustin interprète la révélation qui avait été faite à Socrate par l’oracle de Delphes : « connais-toi toi-même » (Socrate V° siècle AVJ) comme l’exigence de l’introspection. Le soi devient objet d’examen, de recherche. Il faut alors se détacher des choses extérieures, des passions et désirs qu’elles font naître, de l’éloignement de la vérité qu’elles suscitent irrémédiablement. On assiste à la naissance de la « voix de la conscience », c’est-à-dire à la conscience entendue comme conscience morale. La conscience morale a beaucoup été pensée par Rousseau et Kant. On peut la résumer en une voix qui parle en nous et qui nous permet de distinguer le bien du mal, d’en fournir des normes, de mesurer la valeur des actions, de juger de notre conduite et de celle des autres. Elle est universelle. Nous n’en parlerons pas plus car elle n’est pas la définition de la conscience qui concerne notre sujet de thèse. 24 L’autre sens du terme conscience, va instituer la conscience en fondement de la pensée philosophique, en source de toute connaissance. On présente souvent Descartes comme l’initiateur de cette révolution philosophique. Descartes fait une remise en question des perceptions, des opinions et des jugements. Le doute est un outil, il est méthodique, radical et systématique. Il a pour but d’aboutir à la découverte d’une vérité fondatrice, indubitable et certaine à partir de laquelle la science et la connaissance pourraient être refondées. Descartes a posé la conscience comme le socle de la connaissance car la conscience a résisté au doute méthodique, elle peut donc servir de fondement sur lequel s’édifierait l’ensemble du savoir. Descartes rencontre une première certitude qu’il expose dans « La deuxième méditation métaphysique » en 1641 : le cogito (« je pense » en latin). Le cogito représente la conscience de soi du sujet pensant. En effet, aussi universel que soit le doute, puisqu’il porte sur la totalité des connaissances, il y a quelque chose qu’il ne saurait atteindre : c’est sa propre condition, car doutant, je pense et, pensant, je suis. Le cogito est ainsi la seule chose qui résiste au doute car dès que je pense je ne peux manquer de me rappeler que c’est moi qui pense et donc que le moi ne peut être une illusion : « Je pense donc je suis » Descartes 1637 (5). La conscience est l’essence de la pensée. La position cartésienne est celle du dualisme : séparation de l’esprit (âme) et du corps. Locke a entrepris le premier une investigation réflexive des propriétés ou des facultés du sujet, du moi. La conscience n’est pas un simple rapport à soi (comme le cogito cartésien) mais une réflexion sur soi, une connaissance des mécanismes de l’intériorité « le soi dépend de la conscience »(6). Kant présente la conscience comme une activité, une fonction nécessaire de la pensée mais qui ne me donne pas la connaissance de ce je que je suis. Pour identifier ce moi, il est nécessaire que le pouvoir d’indentification soit initialement dans la conscience, pouvoir d’identification qui permet d’établir la relation entre sujet et objet. Cette conscience, qu’il appelle aussi « Je pense », est ce qui accompagne toutes mes représentations de choses particulières. La conscience est alors une fonction qui permet de synthétiser les multiples sensations de choses extérieures et de faire qu’il n’y ait pas un chaos d’impressions mais une 25 représentation distincte des choses. La conscience est universelle, commune à tous les hommes. Le « je » est originaire. Il est ce qui permet l’unification de mes représentations et la conscience de soi procure aux représentations leur cohérence. Pour que les représentations soient unifiées, il faut admettre ce pouvoir unificateur comme ce qui permet la connaissance, donc le penser comme originaire. La conscience est donc une activité, elle est un pouvoir de synthèse. Le sujet ne peut prendre conscience de lui-même qu’à travers cette activité. Comme la conscience de soi ne peut apparaitre que lorsqu’elle se réalise, elle ne peut pas être une connaissance de soi, car elle est ce qui permet la connaissance. La conscience, lorsqu’elle se prend elle-même pour objet de pensée ne peut se penser à vide. Elle se pense à partir des contenus de pensée qui l’investissent. La conscience présente ainsi un caractère paradoxal, elle est ce qui permet la connaissance de l’objet, mais elle ne peut être elle-même objet de connaissance.

La conscience en phénoménologie

Husserl, au 20ème siècle, fonde la phénoménologie (12)(13). Husserl va profondément influencer la pensée allemande puis la philosophie française et notamment l’existentialisme. Il utilise la méthode de l’épochè qui signifie la suspension ou la mise entre parenthèse de tout jugement sur le monde, sur l’être et le non-être des objets (l’attitude naturelle pour Husserl). Pour cela, il est nécessaire de modifier notre attitude naturelle à l’égard du monde au moyen de la réduction phénoménologique. Ceci rend possible l’observation sans préjugés de la conscience pure, c’est-à-dire de ce qui est donné comme phénomènes dans la corrélation de la noèse et du noème (définition dans la suite du paragraphe)(13). Pour Husserl, comme pour Descartes dont il s’inspire largement, tout cogito porte en lui son cogitatum auquel elle se relie et dont il se distingue (12). La conscience est toujours relation avec autre chose qu’elle-même. Il y a toujours une distance entre la conscience et l’objet qu’elle vise. Même lorsque la conscience prend pour objet de pensée ses contenus de pensée, elle ne parvient pas à les penser tels qu’ils étaient au passé parce qu’elle ne peut les appréhender que relativement au présent dans lequel elle est. L’activité de la conscience se retrouve alors à la source de toutes choses, comme constituant le sens du monde et de ses objets. « Toute conscience est conscience de quelque chose » (12). Elle se réfère toujours à un objet, c’est ce qu’on appelle l’intentionnalité de la conscience. La conscience n’est plus lue comme une intériorité close sur elle-même, elle est une projection. Avant d’être réflexive, retour sur elle-même, la conscience est initialement relation au monde en tant que je suis un être qui désire, qui agit et qui anticipe. Parce qu’elle s’anticipe, la conscience est donc toujours déjà au-delà d’elle-même, elle est visée d’un ailleurs pour orienter son agir dans le monde. La conscience est donatrice de sens, de signification. La signification n’est pas dans la chose. La conscience donne leur sens aux choses qu’elle vise et qu’elle perçoit. La conscience ne peut plus dès lors être pensée comme le lieu d’une vérité absolue. L’intentionnalité de la conscience se réfère à la constante corrélation entre les actes de la conscience (se souvenir, aimer, percevoir) qui se rapportent à un objet (acte de la visée : la noèse) et l’objet tel qu’il apparaît dans ces actes (l’objet intentionnel : le noème). C’est ce que Husserl, nomme la corrélation noético-noématique. Le noème n’est pas l’objet dans son être réel en soi, mais l’objet tel qu’il est contenu intentionnellement dans la fonction donatrice de sens des actes 28 de conscience. Les noèses constituent les contenus réels dans le vécu, alors que les noèmes sont le contenu irréel (objet intentionnel). Husserl divise la notion de conscience en trois définitions : – La conscience comme désignation des vécus (intentionnel) – La conscience comme flux de vécus – La conscience comme perception interne des vécus, ce qui correspond à la conscience réflexive Pour Husserl, les vécus comprennent les fictions, les représentations imaginaires, les perceptions, les actes, les pensées conceptuelles, les suppositions et les doutes, les joies, les souffrances, les espérances et les craintes. La conscience primaire devient l’unité des flux de vécus, elle peut faire l’objet d’une description dynamique. Cette conscience comme unité de flux suppose la conscience réflexive. Cette conscience réflexive se garde de discriminer, elle rend attentif au fait qu’il y a de l’expérience et non pas à comment cette expérience survient. La réflexivité de la conscience sous-tend la possibilité même de parler d’une expérience consciente. Elle est centrale. Sartre définit la conscience comme pour soi ; la conscience se projette ou éclate dans le monde ; elle est dirigée vers l’avenir, vers un projet et en ce sens elle se distingue de l’en soi des choses extérieures, figées et incapables de changer. « La seule façon d’exister pour la conscience est d’avoir la conscience d’exister » (Jean Paul Sartre 1943) (14). En médecine, la perte de la conscience signifie la perte de tout rapport verbal, l’absence de réponse aux ordres simples, ce qui dessine une conscience réflexive. La conscience peut alors être modifiée par des pathologies psychiatriques ou neurologiques (comas)(15). Pour la psychologie cognitive contemporaine, la conscience est la capacité de se diriger dans son environnement sur la base de perceptions, pensées et souvenirs présent à l’état d’éveil.  

Table des matières

I. Introduction
A. Essai de définition de la conscience
B. Les modalisations de la conscience : une approche morphodynamique du flux de vécus conscients
C. Contexte historique de l’hypnose, quelle place dans les sociétés depuis l’Antiquité
1. Avant le XVIIIème Siècle
2. XVIIIème Siècle
3. XIXème siècle
4. Début XXème Siècle
5. Des années 1940 à nos jours
D. L’hypnose selon François Roustang
II. Objectifs de l’étude
III. Hypothèse
IV. Matériel et Méthode
A. Construction du questionnaire EQFMC évaluant qualitativement la fluidité des modalisations de la conscience
B. Différents types de questionnaires
1. Questionnaire trait
2. Questionnaire état avant et après une séance d’hypnose
3. Questionnaire effet évaluation d’une cure sur la flexibilité des flux de conscience
C. Éthique
D. Population pour un questionnaire trait : critères d’inclusions, caractéristiques de la population de sujets sains
E. Population pour un questionnaire état : critères d’inclusions, caractéristiques de la population
F. Statistiques utilisées pour l’analyse des résultats
1. Description de la population
2. Statistique pour l’exploitation des résultats du questionnair
G. Cas clinique
V. Résultats
A. Résultats de l’EQFMC trait
1. Population du questionnaire trait
2. Résultats
3. Résultats du FFMQ
4. Corrélation entre les résultats des deux questionnaires : EQFMC/FFMQ dans la population de sujets sains
5. Comparaison du score global de l’EQFMC avec les sous scores du FFMQ
B. Résultats de l’EQFMC état avant / après séance d’hypnose
1. Population du questionnaire état
2. Résultats de l’EQFMC état, chez les patients avant
3. Résultats de l’EQFMC état, chez les patients après
4. Comparaison des deux questionnaires et mise en évidence d’un changement de modalisation
C. Cas Clinique Mme X
VI. Discussion
A. Résultats principaux
1. EQFMC Trait
2. EQFMC État : effet de l’hypnose
B. La validité du questionnaire
C. Limites du questionnaire
D. Perspectives
VII. Conclusion
VIII. Annexes
IX. Bibliographie

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