Monnaie et financement de l’économie

Monnaie et financement de l’économie

La monnaie, de l’historique aux formes et fonctions actuelles Cette première partie comporte quatre chapitres. Dans un premier chapitre nous répondrons à une première série de questions : qu’est-ce que la monnaie, comment est-elle apparue ? Une des réponses possibles met en évidence que la monnaie est apparue parce qu’elle offrait des avantages dans l’échange. Il s’agira donc d’analyser les avantages de l’échange monétaire par rapport à l’échange non monétaire i.e. 1 le troc. Puis nous relativiserons cette analyse qui semble trop restrictive et oublie la dimension sociale de la monnaie

Les raisons de l’apparition de la monnaie

Si nos économies développées sont des économies monétaires, dans l’histoire et dans l’espace, la monnaie n’a pas toujours été présente. Si les hommes ont toujours échangé, ces échanges ont pu – et dans certains cas aujourd’hui peuvent encore – prendre la forme du troc. Cependant, plus ou moins rapidement selon les communautés, des instruments monétaires ont fait leur apparition. D’économies non monétaires, les économies sont devenues monétaires. Nous présenterons l’analyse traditionnelle de l’émergence de la monnaie (I). Puis nous relativiserons cette analyse (II). I. L’analyse de Clower Dans une économie où les besoins sont relativement indifférenciés et peu nombreux (chaque individu a peu de besoins, qui, de plus, sont semblables à ceux de ses voisins), on peut imaginer que la société s’organise de façon à ce que chacun Les raisons de l’apparition de la monnaie  3  Objectif du chapitre : présenter l’analyse traditionnelle des raisons de l’apparition de la monnaie et ses principales limites. Concepts clés étudiés : troc, échange monétaire, double coïncidence des désirs d’échange, coûts d’attente, coûts de transaction, formes d’organisation des échanges, prix relatif, prix monétaire, équivalent général. 9782100587483-Delap-C1.qxd 23/10/12 10:06 Page 3 produise selon ses capacités ce dont l’économie tout entière a besoin. Se met donc en place une forme de division du travail, de répartition des tâches, entre les différents individus membres de cette société. Chaque individu va alors échanger son surplus (les produits qu’il fabrique mais dont il n’a pas besoin) contre des produits qu’il désire mais qu’il ne produit pas. Pour que l’échange puisse avoir lieu, la double coïncidence des désirs d’échange doit être réalisée. Autrement dit, le désir d’échange d’un individu doit coïncider avec le désir d’échange d’un autre individu.

Les coûts liés aux échanges

Deux types de coûts liés aux échanges peuvent être distingués, des coûts de transaction (1) et des coûts d’attente (2). 1) Les coûts de transaction Les coûts de transaction correspondent aux coûts engendrés directement par le déplacement de l’individu qui souhaite réaliser un échange ainsi que les coûts liés au temps et aux efforts requis pour réaliser la double coïncidence entre les désirs d’échange. En effet, le temps que l’individu passe à se déplacer est du temps perdu : pendant ce temps, il ne produit rien. Il subit donc une perte dont le montant peut être estimé par la valeur des marchandises qui auraient pu être produites pendant le temps passé à se déplacer. Par ailleurs, le déplacement engendre des efforts, de la fatigue, etc. Exemple Si un individu A possède un kilogramme de viande et souhaite l’échanger contre une douzaine d’œufs, il est nécessaire qu’il entre en contact avec un individu B possédant cette douzaine d’œufs et désirant son kilogramme de viande en échange. Les individus A et B étant localisés à des endroits différents de l’île, l’individu A doit se déplacer pour rencontrer l’individu B afin de concrétiser cette double coïncidence des désirs d’échange. 2) Les coûts liés à l’attente Les coûts liés à l’attente peuvent être subjectifs ou objectifs. 9782100587483-Delap-C1.qxd 23/10/12 10:06 Page 5 a) Les coûts subjectifs Avant de satisfaire son désir d’échange puis son besoin, un individu doit attendre de trouver un autre individu possédant le bien qu’il désire et désirant le bien qu’il possède. Les deux individus doivent par ailleurs s’accorder sur les termes de l’échange, i.e. les valeurs d’échange respectives des différents biens. Cette attente sera d’autant plus importante que les désirs d’échange sont nombreux et différenciés. Cette attente engendre une frustration qui correspond à la non satisfaction immédiate du désir d’échange et du besoin, frustration que l’on peut appréhender comme un coût subjectif puisqu’elle dépend de chaque individu. Reprenons le même exemple : notre individu A désire obtenir une douzaine d’œufs contre son kilogramme de viande. Avant de l’obtenir, il va devoir attendre de trouver l’individu B qui possède des œufs et qui veuille bien les troquer contre de la viande. Mais qui plus est, les individus A et B doivent s’entendre sur les termes de l’échange (une douzaine d’œufs contre un kilogramme de viande ou contre deux kilogrammes, etc.). Tant que l’échange n’est pas réalisé, la frustration engendrée par l’attente peut être appréhendée comme un coût. b) Les coûts objectifs Tant qu’ils n’ont pas réalisé les échanges, les individus doivent stocker leurs marchandises respectives, ce qui, là aussi, génère des coûts (entreposage, gardiennage éventuel…). Ces coûts seront d’autant plus importants que les marchandises à stocker sont périssables : les marchandises peuvent se détériorer avant que l’échange n’ait pu être réalisé. L’attente génère donc aussi des coûts objectifs. Reprenons, toujours le même exemple : notre individu A qui possède un kilogramme de viande va devoir le stocker jusqu’à ce qu’il rencontre l’individu B qui accepte de l’échanger contre sa douzaine d’œufs. Si 15 jours plus tard, notre individu A n’a toujours pas réussi à échanger son kilogramme de viande, il y a de fortes chances pour qu’il ne trouve jamais plus quelqu’un qui l’accepte dans cet état… Les coûts objectifs liés à l’attente regroupent donc les frais de stockage et les pertes engendrées par la détérioration subie par les marchandises à échanger.

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