Organisation des médecins généralistes du bassin cavaillonnais face à l’épidémie de COVID-19

La COVID-19

La COVID-19 est la deuxième pandémie du XXIe siècle après la grippe A H1N1 en 2009. Redoutées par l’ensemble de la population mondiale, les pandémies se répandent tous les 10 à 40 ans sur la planète . Dans notre société moderne, les moyens de transports rapides et l’urbanisation grandissante favorisent la dissémination d’une maladie pandémique.
Les maladies infectieuses s’organisent en trois ordres de grandeurs : endémie, épidémie et pandémie. Une maladie endémique est une maladie qui se manifeste en permanence dans une région déterminée, ou qui y existe à l’état latent.
Une épidémie est l’augmentation inhabituelle et subite du nombre d’individus atteints d’une maladie transmissible existant à l’état endémique dans une région ou une population donnée.
C’est aussi l’apparition d’un nombre plus ou moins élevé de cas d’une maladie transmissible n’existant pas normalement à l’état endémique dans une région donnée .
La propagation de la COVID-19 correspond à la définition de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) d’une pandémie comme une propagation mondiale d’une nouvelle maladie . Une pandémie résulte de trois phénomènes :
l’apparition d’un virus nouveau ou d’un nouveau sous-type de virus contre lequel la population n’est pas immunisée ;
le virus se transmet à l’humain et provoque une maladie grave ; la transmission interhumaine est efficace, ce qui entraine une propagation à travers le monde.
Au cours de l’Histoire, les pandémies ont toujours accompagné l’humanité. La première grande épidémie identifiée est la peste antonine qui a débuté en 165 et a sévi sur l’Empire romain . Se sont ensuite succédées plusieurs pestes jusqu’à la première pandémie bien documentée au XVIe siècle, la variole. Depuis le XVIIIe siècle ont été observées entre trois et quatre pandémies par siècle. Ainsi, le XXe siècle a été l’objet de quatre pandémies : la grippe espagnole, H1N1 (1918-1919), la grippe asiatique H2N2 (1957-1958), la grippe de Hong Kong H2N3 (1968-1970) et le SIDA de 1981 à nos jours.

Le bassin cavaillonnais

Le département du Vaucluse se situe au nord des Bouches-du-Rhône, au nord-ouest de la région PACA. Traversé par le massif du Lubéron, le temps d’accès à un service d’urgence y est inégal mais reste inférieur à trente minutes pour la majorité du territoire (une heure pour huit communes du nord-est aux abords du Mont Ventoux).
Les services d’urgence se répartissent dans sept villes correspondant aux centres hospitaliers au sein des zones jaunes claires  : Avignon, Orange, Carpentras, Cavaillon, Apt, Pertuis, Vaison-la-Romaine.
Le centre hospitalier d’Avignon est le seul doté d’un service de réanimation sur le département. Le territoire correspondant au secteur d’intervention du service mobile d’urgence et de réanimation (SMUR) du centre hospitalier de Cavaillon .Il couvre trente communes dont vingt-deux sont en Vaucluse et huit en Bouches-du-Rhône.
L’ensemble est organisé autour du centre hospitalier intercommunal Cavaillon-Lauris. 116 464 habitants ont été recensés en 2016 sur le bassin cavaillonnais (INSEE 2016), pour 89 médecins généralistes en activité pendant l’épidémie de COVID-19. Soit une moyenne d’un médecin pour 1309 habitants.  La répartition des médecins généralistes sur le territoire est inégale. La plus grande différence de densité de médecins généralistes pendant l’épidémie est notée entre Saint-Rémy-de-Provence (onze médecins pour 10 000 habitants) et le Thor (un médecin pour 10 000 habitants).

Organisation des soins lors d’une situation de soin exceptionnelle

Une pandémie est une situations sanitaire exceptionnelle (SSE). Les SSE s’étendent de la  situation exceptionnelle du quotidien à la crise ayant un impact sanitaire de grande ampleur. Elles concernent tout événement engendrant une augmentation sensible de la demande de soins ou perturbant l’organisation de l’offre de soins en place .
Avant 2014, la réponse aux SSE était encadrée uniquement par les plans blancs des établissements de santé. En 2014 cette réponse a été réfléchie et étoffée grâce au dispositif ORSAN qui formalise une meilleure coordination régionale des dispositifs existants dans les trois secteurs sanitaires (ambulatoire, hospitalier et médico-social).
Le gouvernement y décrit une organisation socle, basée d’une part sur un schéma ORSAN prédéfinissant le parcours de soin des patients en SSE au niveau régional et zonal, d’autre part sur la déclinaison de ce schéma auprès des opérateurs de soin, notamment avec les plans blancs des établissements.
À ce socle s’ajoute des organisations de renforts au niveau départemental, à la disposition du préfet, incluant le plan blanc élargi (PBE) et le plan zonal de mobilisation des ressources sanitaires. Si le plan blanc ne concerne que les établissements hospitaliers, le PBE s’étend à toutes les ressources, infrastructures et professionnels locaux. Le PBE s’appuie sur le recensement de toutes ces ressources mobilisables lors d’une situation de crise sanitaire de grande ampleur.
Concernant les praticiens libéraux dans le dispositif ORSAN, ils constituent le premier maillon du parcours de santé des patients.
Dans l’objectif général de prendre en charge les patients dans le cadre d’une pandémie, il y est préconisé de :
« mettre en place un dispositif robuste d’information des professionnels de santé libéraux afin d’être en mesure de leur communiquer des éléments sur la situation sanitaire, de faire parvenir les recommandations sur les modalités de prise en charge de la patientèle et les filières de soins à privilégier. Il s’agit notamment de préparer une mobilisation du secteur libéral pour la prise en charge des patients en cas d’installation de l’épidémie sur le territoire »;  favoriser la prise en charge médicale des cas par les praticiens libéraux pour avoir une prise en charge hospitalière réservée aux patients présentant des critères de gravité ou d’isolement ; organiser et renforcer la permanence de soin en médecine libérale. L’ARS pour assurer son rôle peut s’appuyer sur des acteurs locaux : URPS, CPTS, maisons de santé ; mettre en place des centres de consultation dédiés (CCD), pour le soin ou la vaccination .

Téléconsultation

La téléconsultation fait partie des cinq actes de télémédecine définies par le code de santé publique avec la télésurveillance, la téléexpertise, la téléassistance et la régulation médicale. Au cours du mois d’avril 2020, la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), a mené une enquête flash portant sur la façon dont les médecins généralistes ont exercé pendant le confinement. Ainsi le taux de recours à la téléconsultation par les médecins généralistes pendant l’épidémie était de 75% sur un échantillon de plus de 3000 médecins généralistes pluri-régionaux dont les régions Provence-Alpes-Côte-d’Azur . En regard de cette part importante de la pratique de la téléconsultation, la DREES publie le chiffre de 86% correspondant au pourcentage de médecins généralistes libéraux n’ayant fait aucune téléconsultation entre octobre 2018 et avril 2019. Ces chiffres révèlent une augmentation importante de l’utilisation de cet outil sur la période du confinement.
Concernant le bassin cavaillonnais, 50% des médecins interrogés ont pratiqué des téléconsultations sur la période étudiée. On peut se questionner sur la moindre utilisation de l’outil par les médecins du bassin cavaillonnais face à la statistique de la DREES qui étudie une population plus large.
La DREES relève l’âge des médecins comme un facteur influençant la pratique de la téléconsultation dans l’étude . La téléconsultation est le plus fréquemment utilisée par les médecins les plus jeunes, soit 90 % des moins de 50 ans, 80 % des 50-59 ans et 60 % des 60 ans ou plus.

Table des matières

INTRODUCTION
1. La COVID-19
2. Organisation des soins lors d’une situation de soin exceptionnelle
3. Le bassin cavaillonnais
4. Justification de l’étude
5. Objectifs
MATÉRIEL ET MÉTHODES
1. L’étude
2. Guide d’entretien
3. Recueil de données
4. Statistiques
RÉSULTATS
1. Diagramme de flux
2. Caractéristiques de la population
3. Organisations des médecins généralistes
a. Organisations individuelles
b. Organisations collectives
A. Cavaillon
B. Saint-Rémy-de-Provence
C. Plan d’Orgon
D. Le Thor
DISCUSSION
1. Principaux résultats
a. Aménagement du fonctionnement au cabinet
b. Téléconsultation
c. Visites à domicile
d. Visites en EHPAD
e. Organisations communes
2. Intérêts et apports
3. Limites
4. Ouvertures
CONCLUSION
RÉFÉRENCES
ANNEXES
1. Guide d’entretien
2. Document Centre 15 et accueil des urgences de Cavaillon
3. Fiche de consultation – CCD St-Rémy-de-Provence
ABRÉVIATIONS

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