Planifier pour rassembler

Planifier pour rassembler

Entre égoïsme et pragmatisme

Les documents et visions du territoire peuvent être classés en trois catégories qui correspondent à des regroupements d’acteurs différents. A chaque fois, l’échelle de territoire concernée correspond aux zones sur lesquelles les acteurs institutionnels peuvent agir légalement. 

Intérêts locaux : le jeu à somme nulle

Le premier niveau de planification correspond à celui des municipalités. Chaque juridiction possède un pouvoir quasi-total sur l’aménagement de son territoire selon la Home Rule. C’est le seul niveau de compétences établi légalement dans la constitution du Michigan. L’aménagement à ce niveau se fait à l’aide des règlements de zonage (zoning ordinances) fondés sur le mode traditionnel complétés par les masterplans qui possèdent des éléments de planification stratégique dans le sens où ils incluent des acteurs privés et proposent des projets de territoire.  Les règlements de zonage sont à l’origine d’une très grande séparation des usages aux Etats Unis et comme expliqué dans le premier chapitre (0.A.1) fonctionnent sur le mode d’anti-planification des aménagements non voulus.  Les masterplans, établissent des objectifs et les moyens pour y parvenir. Des acteurs privés peuvent être inclus dans le processus d’élaboration du masterplan (éléments de démocratie participative et acteurs économiques privés). Les communes du Michigan se doivent de réviser leurs plans stratégiques tous les 5 ans. Le cas de la ville de Détroit est particulier : le dernier masterplan datant de 2009 est inefficace et déconnecté de la réalité économique de la ville (car établi avant la mise en faillite de 2013) et le plan qui a été approuvé (pas encore légalement) par le conseil municipal est le Detroit Future City (DFC). Le DFC n’as pas été pensé par la puissance publique à proprement parler mais par un conglomérat d’acteurs privés (Detroit Economic Growth Corporation qui est financé par diverses entreprises, fondations et philanthropies) qui établissent dans ce plan les actions à mener pour accompagner la dynamique de shrinking city de Détroit.A titre d’exemple, le comté d’Oakland qui possède 62 gouvernements différents inclut dans ses limites 49 masterplans totalement indépendants mis à part pour les raccordements des voies routières. Tous ces plans ne prennent en compte que les limites administratives des juridictions qui les établissent et ne prennent pas ou très peu en compte les autres masterplans environnants. Les juridictions se retrouvent en compétition et comme aucun plan ne se pose en supérieur hiérarchique de ces plans, on assiste au jeu à somme nulle. C’est-à-dire que la somme des gains de tous les acteurs est nulle, les gains de ressources pour certaines juridictions constituent une perte pour d’autres. Ce niveau de planification stratégique à cause de l’échelle sur laquelle il se développe bride le développement de la métropole dans son ensemble. 

S’unir pour agir

Le second type de vision est inter-juridictionnel. Ce type de planification ponctuel est élaboré lorsque plusieurs municipalités ont un intérêt commun à voir une zone ou un domaine se développer de manière globale. Les exemples les plus communs concernent le développement des grandes artères qui traversent la région métropolitaine, passant par des territoires ayants des référents légaux différents. On peut dans ce cas parler de planification stratégique autour de projets incluant privé et public en y ajoutant une dimension collaborative car le dialogue et la recherche du compromis entre juridictions et acteurs non institutionnels sont aussi présents. Un exemple de projet rassemblant plusieurs entités juridictionnelles est celui concernant l’avenue Woodward. Cet axe historique (la première route en bitume des USA) du développement de la métropole relie le downtown de Détroit à la ville de Pontiac en traversant de nombreuses municipalités. Pour aménager cette zone, la collaboration de toutes les municipalités est nécessaire car ce sont elles qui possèdent le pouvoir légal sur le sol. A ces acteurs s’ajoutent des acteurs privés : les différentes associations économiques des quartiers commerciaux traversés, des conseillers provenant de cabinets régionaux ou étatiques, les comtés de Wayne et d’Oakland et d’autres organisations économiques à but non lucratif. 

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