SYSTEME DE SUIVI-EVALUATION PAR LA METHODE « OUTCOME MAPPING »

SYSTEME DE SUIVI-EVALUATION PAR LA METHODE « OUTCOME MAPPING »

Les caractéristiques de l’Outcome mapping 

Définition de l’Outcome mapping

L’Outcome mapping est d’abord une philosophie, une certaine manière de concevoir les rapports avec l’environnement, fondée sur la conviction qu’on est dans un monde de probabilités et de possibilités plutôt qu’un monde de causes à effets. L’Outcome mapping est aussi une façon générale de voir l’environnement du projet aux niveaux macro et micro, de comprendre les interactions qui s’y opèrent entre les individus, les communautés et les institutions, et de les apprécier de façon réaliste et mesurée. L’Outcome mapping est semblable à une carte [9, Michael Quinn Patton, avant-propos], une photographie qui retrace la vie des personnes, des groupes et des organisations avec lesquels un programme travaille directement. Au plan de la démarche, l’Outcome mapping se présente comme une méthode destinée à guider un acteur vers le changement, à mesurer et à illustrer ses progrès dans cette direction. Il nous aide à nous situer, à déterminer où nous en sommes actuellement, par rapport à où nous avons été, et à planifier où nous allons [9, Préface].

Les buts de l’Outcome mapping

L’Outcome mapping est axée sur un type spécifique de résultat : les incidences en tant que modifications des comportements. L’Outcome mapping ne sous-estime pas l’importance des changements d’états mais il considère que chaque changement d’états est suivi de changement de comportements. D’un volet, le principal dans l’Outcome mapping est de documenter la contribution plutôt que l’attribution, de chercher à comprendre les façons dont les organismes contribuent aux changements plutôt que d’essayer d’attribuer les changements à tel ou tel organisme ou à telle ou telle intervention. D’un autre volet, le développement est réalisé par et pour les personnes[9, Chapitre I]. Les personnes constituent le concept central de l’Outcome mapping. La méthodologie vise donc à promouvoir le bien-être humain. 

La logique et la philosophie d’Outcome mapping

Pour l’Outcome mapping les transformations signifient que les individus, les groupes ou les communautés ont démontré un changement soutenu de leurs comportements auquel l’agence de développement a contribué en partie. Il convient de souligner que c’est l’individu, le groupe ou la communauté qui réalise le changement auquel l’agence de développement a juste contribué. C’est donc le niveau de sa contribution que l’agence doit pouvoir définir, mesurer et maîtriser pour aider son client à atteindre la transformation souhaitée. L’Outcome mapping part du principe que ce sont les partenaires limitrophes qui contrôlent le changement[6] et que, en tant qu’agents externes, les programmes de développement ne font que faciliter le processus en donnant accès à des ressources, à des idées ou à des débouchés nouveaux pendant une période donnée[9, Chapitre I]. Au début du processus, c’est l’organisme extérieur qui appuie le projet (intrants) qui a le plus de contrôle sur les décisions et les événements ; sur des aspects comme le budget du projet et sa conception, le choix des partenaires, le lieu, le moment, etc. C’est donc la programme qui a le plus d’influence par rapport aux partenaires locaux et limitrophes à ce stade. Cependant, lorsque les activités démarrent et les partenaires deviennent de plus en plus actifs de sorte que la balance d’influence change, les partenaires limitrophes contrôlent les changements (incidences) jusqu’aux impacts qui sont les résultats attendus. La figure 1.1 illustre la logique d’Outcome mapping. Fig.

Influence relative le long de la chaîne des résultats

Le fait que l’accent soit mis sur le comportement des partenaires limitrophes ne signifie pas que le programme décide comment, quand et pourquoi ces partenaires changeront. En fait, en se concentrant sur les changements de comportement, ce sont les programmes qui délèguent le pouvoir et la responsabilité aux acteurs endogènes qui donnent les meilleurs résultats. Les incidences sont logiquement reliées à une vision à long terme du changement en vue d’un développement soutenu. 1.4 Les domaines d’application de l’Outcome mapping La démarche Outcome mapping est relativement récente, elle fait actuellement l’objet d’une adaptation par le programme SAHA dans sa phase III dans le domaine de développement local [3] dont l’économie locale et la gouvernance locale. Mais elle a connu des réussites en alphabétisation, en assainissement et en gestion de territoires dans son application au Sénégal[6]. 

LES DOMAINES D’APPLICATION DE L’OUTCOME MAPPING

L’économie locale et l’Outcome mapping Les différentes formations (techniques, financières, etc) font partie des processus de renforcement des capacités des individus et communautés qui s’engagent dans la transformation de leurs conditions de vie. On peut les considérer comme des moyens de promouvoir une stratégie d’auto-développement à la base. Le concept de renforcement de capacité intégré au programme de développement local traduit cette perception. Il permet au groupe de renforcer ses possibilités de mieux maîtriser son action afin d’atteindre ses objectifs dans les divers domaines de la vie rurale : activités agricoles et artisanales, éducation sanitaire, activités génératrices de revenus, protection de l’environnement, etc. Apprendre aux individus, aux associations et communautés les manières d’exploiter ses activités principales et/ou secondaires (pisciculture, apiculture, aviculture) par des formations techniques c’est leur apprendre à réfléchir, à décider, à mobiliser ses ressources, à gérer ses biens individuels et/ou communautaires et à promouvoir son bien-être social, économique, politique et culturel. La mobilisation et la valorisation de l’économie locale ne constituent un véritable de changement que quand elle dépasse le stade d’une simple formation pour être la source d’une modification durable du comportement des populations cibles. C’est quand cellesci ont démontré une capacité d’appliquer les techniques conventionnelles (modernes) sur les plans techniques et financiers dans leur vécu et leur pratique de tous les jours, donc une appropriation de leurs nouvelles connaissances que l’on peut s’autoriser à parler de changements réels dans leur mode de vie. Malheureusement, faute d’un environnement adéquat, il peut arriver que cette transformation ne se produise pas et que les acquis des formations se perdent progressivement, générant un retour à l’état des techniques traditionnelles. 

La gouvernance locale et l’Outcome mapping

La politique de décentralisation, qui est une des modalités de la gouvernance, se traduit entre autres, par une dévolution des responsabilités de l’État central dans certains domaines comme la déconcentration des services techniques. La décentralisation véritable devrait aider à rapprocher l’État des administrés, à mobiliser les ressources humaines, matérielles et financières dans le but d’apporter des solutions aux préoccupations des populations. Pour cela, il est nécessaire de disposer d’un espace où se construit le lien entre ce qui vient de l’État et ce qui vient de la base, donc un espace d’équilibre entre les intérêts communautaires et ceux de l’État. Les communes urbaines ou rurales en sont des exemples. Elles constituent des espaces de représentation des groupes et de gestion du pouvoir, où l’individu trouve intérêt à jouer un rôle citoyen. Les instances locales créées devront négocier avec les populations et les structures locales des systèmes et stratégies pour réaliser les objectifs des populations, en conformité avec ceux de la région, de l’État et du district. Pour ce faire, elles devront se doter de mécanismes leur permettant de faire des choix conformes aux intérêts des populations tout en donnant mandats à leurs représentants pour négocier aux échelles supra locales. Il est nécessaire que l’accompagnement des instances élues des collectivités locales par des acteurs relais qualifiés, les aident, non seulement à viser les objectifs fondamentaux de changement, mais aussi à garder le cap par un suivi des processus de gouvernance locale permettant d’appréhender et de corriger les dérives possibles, ce qui ferait de ces acteurs relais, les véritables pilotes du développement de leur communauté. Les acteurs relais chargés d’accompagner les élus, se tiennent essentiellement au strict respect des processus recommandés par les bailleurs dans l’exécution des Plans Locaux de Développement (PLD). La réponse au « Comment » : ❃ Comment réaliser l’étude de référence ? ❃ Comment réaliser ou actualiser le diagnostic de la communauté suivant une démarche participative ? ❃ Comment élaborer le PLD ? ❃ Comment valider le PLD ? a été privilégiée au détriment de la réponse au « Pourquoi » : ❃ Quels sont les changements durables visés à travers les activités ciblées ? ❃ Quels sont les acteurs visés par ces changements ? ❃ Quels comportements montrent que ces changements sont atteints ? ❃ Comment accompagner ces différents acteurs pour progresser vers ces changements ? Il est nécessaire que les processus dans lesquels on accompagne les élus locaux et leurs mandats aillent jusqu’à ce niveau du questionnement si l’on veut réellement atteindre les objectifs fixés dans le délais imparti dans les contrats programmes. C’est cette analyse qui fonde la démarche Outcome mapping adaptée par SAHA dans sa phase III avec des collectivités locales et des organisations d’appui. Intérêts de l’Outcome mapping dans le développement local L’Outcome mapping présente plusieurs avantages pour les programmes de développement local. ❃ Grâce à la définition d’une vision et d’une mission de changement, l’ Outcome mapping permet dès le début d’une planification, de replacer les agents économiques et communaux et les communautés au centre de la problématique de développement. ❃ En se dotant d’outils permettant d’identifier, de suivre des transformations qu’un programme doit opérer pour demeurer performant et rester en phase avec les réalités de son environnement, l’Outcome mapping reconnaît de façon implicite qu’on ne peut accompagner une transformation sans être transformé soi-même. ❃ Enfin, au niveau des bénéficiaires, les outils de suivi des processus de changement offrent au programme la possibilité de décrire les transformations entre l’individu, le groupe, la communauté et son milieu. 

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
Présentation du sujet et de la problématique .
Présentation de l’établissement d’accueil
Présentation de l’établissement d’origine
Organisation du mémoire
I L’Outcome Mapping
1 Les caractéristiques de l’Outcome mapping
1.1 Définition de l’Outcome mapping
1.2 Les buts de l’Outcome mapping
1.3 La logique et la philosophie d’Outcome mapping
1.4 Les domaines d’application de l’Outcome mapping
1.4.1 L’économie locale et l’Outcome mapping
1.4.2 La gouvernance locale et l’Outcome mapping
1.5 Utilisation de l’Outcome mapping
2 Les trois stades de l’Outcome mapping et terminologies
2.1 La définition des intentions
2.1.1 Formulation de la vision d’avenir
2.1.2 Formulation de la mission
2.1.3 Identification des partenaires limitrophes
2.1.4 Identification des incidences visées
2.1.5 Élaboration de marqueurs de progrès graduels
2.1.6 Préparation d’une grille stratégique pour chacune des incidences visées
2.1.7 Articulation des pratiques organisationnelles
2.2 Suivi des incidences et du rendement
2.2.1 Création d’un journal des incidences
2.2.2 Adaptation du journal de stratégie
2.2.3 Adaptation du journal de rendement
2.3 Planification d’évaluation
2.3.1 Le plan d’évaluation
3 Adaptation de l’Outcome mapping au contexte de SAHA
3.1 Schéma général du système de suivi-évaluation SAHA actuel monté par la méthode Outcome mapping
3.2 Les adaptations apportées des premières expériences
3.2.1 Origines des besoins d’ajustement
3.2.2 Les niveaux de suivi
3.3 Terminologies et outils utilisés selon Outcome mapping pour SAHA
3.3.1 Partenaire limitrophe
3.3.2 La vision
3.3.3 La mission
3.3.4 Les incidences
3.3.5 Marqueurs de progrès
3.3.6 Pratiques organisationnelles
3.3.7 Journal des stratégies
3.3.8 Journal des incidences
3.3.9 Journal de rendement
3.3.10 Journal de suivi de contexte
3.3.11 Autres outils utilisés
II Modélisation du système de suivi évaluation
4 Analyse préalable
4.1 Analyse de l’existant
4.1.1 Etude de l’existant
4.1.2 Critique de l’existant
4.2 Ebauche de solutions
4.2.1 Les orientations
4.2.2 Propositions des solutions (Scénarii)
4.2.3 Evaluation des solutions
5 Modélisation conceptuelle et logique
5.1 Démarche de la modélisation
5.2 Le MCD
5.2.1 Modélisation directe
5.2.2 Modélisation par analyse des dépendances fonctionnelles
5.3 Le MLD
III Analyses des données de suivi-évaluation
6 ANALYSE D’ECHELLE ET FIABILITE
6.1 ANALYSE D’ECHELLE ET FIABILITE  INTRODUCTION
6.1.1 Introduction générale
6.1.2 Principes fondamentaux
6.1.3 Modèle de test classique
6.1.4 Fiabilité
6.1.5 Échelles des sommes
6.1.6 Alpha de Cronbach
6.1.7 Fiabilité par moitié
6.1.8 Correction d’atténuation
6.1.9 Construction d’une échelle fiable
6.2 APPLICATIONS
6.2.1 Analyse d’échelle et fiabilité de questions sur les préjugés des changements
6.2.2 Fiabilité et analyse d’échelle de descripteurs de changements
6.3 UTILITES ET FINALITES DE LA FIABILITE ET ANALYSE D’ECHELLE
6.3.1 Avantages de l’analyse
6.3.2 Les limites de la fiabilité et de l’analyse d’échelle
7 Application de l’analyse factorielle et de la méthode de classification à la matrice de consolidation
7.1 Démarche de l’analyse factorielle
7.1.1 Matrice d’inertie d’un nuage de points
7.1.2 Recherche du premier axe factoriel
7.1.3 Recherche des sous-espaces expliquant la plus grande inertie
7.1.4 Récapitulation de la démarche d’une analyse factorielle
7.2 Méthode de classification
7.2.1 La classification hiérarchique ascendante (CAH)
7.2.2 Classification par réallocation dynamique
7.3 Classification des OPF, communes et descripteurs de changement
7.3.1 Classification des OPF
7.3.2 Classification des Communes
7.3.3 Classification des descripteurs de changement
7.3.4 Classification des descripteurs de changement des communes
7.3.5 Analyse factorielle des données de suivi évaluation
7.4 ARBRE DE DECISION
7.4.1 Introduction
7.4.2 Construction d’un arbre binaire
7.4.3 Critère de division
7.4.4 Règle d’arrêt
7.4.5 Affectation
7.4.6 Critères d’homogénéité
7.4.7 Elagage
7.4.8 Construction de l’arbre
7.4.9 Recherche de l’arbre optimal
7.4.10 Application
8 MODELISATION PAR LA CHAÎNE DE MARKOV DU CHANGEMENT DE COMPORTEMENT
8.1 Introduction
8.2 Le choix du modèle
8.3 L’objectif de l’analyse
8.4 Rappel sur les chaînes de Markov homogène à dimension finie
8.5 Problématique
8.5.1 Choix des états
8.5.2 Situation du problème
8.5.3 Évaluation préalable
8.6 Modèle à 3 états et simulation
8.6.1 Hypothèse initiale
8.6.2 Les paramètres du modèle
8.6.3 La matrice de transition
8.6.4 Inférence du modèle Markovien
8.6.5 Simulation
8.7 Conclusion
Conclusion général
ANNEXES
A Matrice de consolidation
A.1 Information sur les OPF et les communes
A.2 Tableaux tirés de la matrice de consolidation
B Résultats de l’analyse d’échelle et fiabilité
C Analyses factorielles et classifications
C.1 Résultats
D Arbre de décision
D.1 Complément du critère d’homogénéité dans le cas Y quantitative

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