TROIS INTERPRÉTATIONS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

TROIS INTERPRÉTATIONS DE LA RÉVOLUTION
FRANÇAISE

La sociocritique et la littérature 

La Révolution française : aperçu historique Il nous semble raisonnable, dès le début de notre travail, d’apporter un bref aperçu historique de ce qu’est la Révolution française puisque les œuvres que nous analysons y prennent source. En réalité, il y a lieu de préciser que c’est « Révolution » au pluriel qu’il faudrait parler. En effet, le remplacement de l’ordre traditionnel de la monarchie par une société d’individus libre et égaux, d’un pouvoir de droit divin par un pouvoir représentatif de la souveraineté nationale, ne sont pas entrés facilement dans les faits. Lorsqu’on parle de Révolution française, la plupart des gens qui ont une certaine connaissance de l’histoire de France pense à la prise de la Bastille, à la mise à mort du roi, à la fin de la monarchie absolue. Certes, c’est la Révolution française de 1789. Or, différents régimes se sont succédé par la suite. Une période moyenne de stabilité, quinze ou vingt ans, a régulièrement débouché sur une crise plus ou moins violente, plus ou moins sanglante. La France du XIXème siècle a été le théâtre des Révolutions. On a pu observer liberté contre autorité, progrès contre tradition, science contre religion, souveraineté nationale contre légitimité monarchique, citoyens contre sujet. Le XIXème siècle est ainsi balisé par des grandes dates qui sont autant de points de repère ou de rupture dans l’histoire constitutionnelle et politique de la France et de jalons ou de charnières dans l’histoire des mentalités et, par-delà, des pratiques culturelles. Pour nous faire une idée des mouvements politiques et sociaux, nous pouvons à titre d’exemples citer le coup d’état du 18 brumaire, de 1799, de l’Empire en 1804, de la Restauration 1814 ou encore de la Révolution de juillet 1830. C’est ainsi que le 8 XIXème siècle a marqué l’entrée massive de la littérature politique appelée parfois littérature historique. Les trois œuvres sources de notre analyse en font partie. II. La sociocritique A partir de trois œuvres, des écrits se réfèrant à des évènements historiques facilement repérables, la Révolution française, nous avons adopté, pour notre analyse, l’approche sociocritique. Nous savons que plusieurs approches peuvent être retenues dans l’élaboration de notre travail. Mais quelle est celle qui se rapproche le plus de l’objet de notre étude ? H Becker, par exemple, déclare que « les sociologues s’accordent sur le fait que l’objet qu’ils étudient est la société, mais ce consensus disparaît dès que l’on examine précisément la nature de la société »4 . Cette affirmation sous entend qu’à partir d’une notion de globalité, il existe une spécificité selon l’objet d’étude et l’objectif. De la complexité de notre travail découle un choix sur notre démarche afin que les techniques que nous utilisons puissent être objectives. En ce qui concerne la sociocritique, elle est définie comme « méthode de lecture critique qui met l’accent sur la dimension du texte littéraire, en analysant notamment de quelle manière il participe à l’élaboration, à la diffusion et à l’évolution des représentations »5 . Nous reconnaissons que cette définition n’est pas assez explicite quant à ce que cible réellement la sociocritique. Régine Robin nous donne une explication assez significative concernant la sociocritique : « disons pour faire court que la sociocritique commence à forger ses instruments d’analyse au lieu même où Lucien Goldmann suspend les siens. Abandon des macrostructures, des mises en rapports homologiques de l’espace du texte et de l’espace extra-textuel, abandon d’une sociologie du contenu, analyses en microstructures » et elle précise que « le roman comme forme clé de la constitution de l’imaginaire social, comme lieu   spécifique d’inscription du social et comme production d’un sens nouveau, ont été à la base du questionnement sociocritique à la fin des années soixantes. »6 . Claude Duchet nous donne encore des précisions : « au sens restreint, rappelonsle, la sociocritique vise d’abord le texte. Elle est même lecture immanente en ce sens qu’elle reprend à son compte cette notion de texte élaboré par la critique formelle et l’avalise comme objet d’étude prioritaire. Mais la finalité est différente, puisque l’intention et la stratégie de la sociocritique sont de restituer au texte des formalistes sa teneur sociale. L’enjeu c’est ce qui est en œuvre dans le texte, soit un rapport au monde. La visée, de montrer que toute création artistique est aussi pratique sociale, et partant, production idéologique, en cela précisément qu’elle est processus esthétique, et non d’abord parce qu’elle véhicule tel ou tel énoncé préformé, parlé ailleurs par d’autres pratiques ; parce qu’elle représente ou reflète telle ou telle « réalité ». C’est dans la spécificité esthétique même, la dimension valeur des textes, que la sociocritique s’efforce de lire cette présence des œuvres au monde qu’elle appelle leur socialité. Cela suppose la prise en considération du concept de littérarité par exemple, mais comme partie intégrante d’une analyse socio-textuelle. Cela suppose également la réorientation de l’investigation socio-historique du dehors vers le dedans, c’est-à-dire l’organisation interne des textes, leurs systèmes de fonctionnement, leurs réseaux de sens, leurs tensions, la rencontre en eux de discours et de savoirs hétérogènes […] La sociocritique voudrait s’écarter à la fois d’une poétique des restes qui décante le social et d’une politique des contenus qui néglige la textualité. »  Nous avons tenu à reproduire cette longue citation afin d’asseoir la raison de notre choix pour cette approche. « Elle vise le statut du social dans le texte et non le statut social du texte, c’est le statut de l’historicité dans le texte et non le statut historique du texte. »8 . Ainsi balisé dans notre parcours d’analyse, nous pensons réaliser un travail scientifique. Il est bien de remarquer avec Régine Robin que « la sociocritique n’est pas une sociologie mais une théorie d’analyse du texte littéraire du socio-texte.» 9En   Régine Robin, Pour une socio-poétique de l’imaginaire social, in la politique du texte. Enjeux sociocritique, presses universitaires de Lille, 1992, p.101 9 Régine Robin, Pour une socio-poétique de l’imaginaire social, in la politique du texte. Enjeux sociocritique, presses universitaires de Lille, 1992, p.101 10 fait, l’objet même de la sociocritique c’est de pénétrer le discours social. Ce discours social qui est défini par Marc Angenot comme « tout ce qui se dit et s’écrit dans un état de société, tout ce qui s’impose, tout ce qui se parle publiquement ou se représente aujourd’hui dans les médias électroniques. Tout ce qui se narre et argumente, si l’on pose que narrer et argumenter sont les deux grands modes de mise en discours. »10 Pour Régine Robin, « c’est une rumeur globale, non cohérente, aux incohérences soudées, reliées, la voix du ON, le doxique qui circule le déjà- là, le déjà dit, ce qui fonctionne à l’évidence sous forme de présupposés, de préconstruits, de cristallisé, de figé, l’informe de l’habitude, le non-dit, l’impensé, ce qui bloque, une pluralité fragmentaire, le bruit du monde qui va devenir matière textuelle. Ce discours social est donc le co-texte »11. C’est pour cela d’ailleurs, pour ne citer que Victor Hugo, qu’il est dit que « le roman hugolien est au carrefour des discours. Il écoute la parole et y entend (y découvre) des vérités. »  . Mais ce discours social est parfois transfiguré par l’écrivain « parce que ceux-ci ne sont plus alors les mots d’un groupe, les mots du discours social, mais des mots désancrés, en liberté. »1 déclare Philippe Dufour. Cette affirmation est confortée par Régine Robin comme suit : « Cette inscription du social dans le texte prend des formes diverses, contradictoires, ambivalentes et c’est sur ce point que la sociocritique innove en apportant des propositions théoriques et méthodologiques sur la façon dont le social vient au texte. Socialité du texte encore en ce sens que le texte produit un sens nouveau, transforme le sens qu’il croit simplement inscrire, déplace le régime de sens, produit du nouveau à l’insu même de son auteur. » 

Les instruments d’analyse

« Les procédés d’écriture sont à la fois générateurs de sens et d’effets qu’il faut savoir interpréter ; ces effets renseignent sur les intentions de celui qui écrit et provoquent des réactions chez celui qui le lit. » Régine Robin, Pour une socio-poétique de l’imaginaire social, in la politique du texte.  La démarche sociocritique s’effectue à partir d’observations et de repérages minutieux menés à l’aide d’outils d’analyse. Nous pouvons classifier les instruments de façon globale, à savoir les procédés lexicaux, grammaticaux, syntaxiques ou stylistiques. Afin de fournir une meilleure compréhension dans notre démarche, nous tenons à présenter de façon détaillée nos instruments d’analyse.

Les instruments lexicau

Une œuvre est constituée de mots dont les choix et l’agencement sont producteurs de sens. L’observation systématique de ces choix, de la situation des mots dans le contexte, de leurs rapprochements, permet de mieux comprendre les effets et les sens produits. D’où la nécessité du repérage, de l’identification et de l’interprétation des procédés lexicaux. Nous nous limiterons à produire sommairement les procédés lexicaux et nous nous réservons de fournir les effets de ces procédés lors de l’analyse réalisée par la suite. Ces procédés se situent au niveau du champ lexical, du ton appréciatif, dépréciatif et des connotations. III. 2. Les figures de style Elles sont de trois ordres : les figures d’opposition, les figures d’analogie et de substitution, les figures d’insistance ou d’atténuation. Chaque groupe de figure contient différentes figures avec leur particularité respective fournissant selon le cas un effet différent d’une figure à l’autre. Rappelons que les figures de style sont « les procédés, les images, les choix de mots par lesquels on donne plus d’expressivité, plus de finesse, plus de sens au langage ordinaire. Ces figures « renouvellent » le regard du lecteur, atteignent sa sensibilité, son imagination, provoquent des émotions. Leur étude permet de déterminer chez un écrivain des constantes ou des tendances, une vision personnelle, une manière d’écrire originale »

Les procédés sonores

Allitération, assonance, paronomase, anagramme sont regroupés dans ce qu’on qualifie de procédé sonore. Si, habituellement, on a tendance à mettre ces procédés dans la catégorie de figures de style, nous devons savoir qu’il y a discordance réelle et qu’il y a lieu de mettre l’accent sur ce fait.

 La grammaire et la syntaxe

Il y a une certaine tendance à considérer ces deux domaines comme étant une seule chose. Or, tout travail d’écriture « est composé de phrase dont la structure met en jeu des éléments grammaticaux et leur organisation syntaxique.Ces éléments sont, par exemple, les déterminants, les pronoms, les verbes. L’organisation syntaxique concerne la manière dont sont construite les phrases, leur longueur, leur articulation, leur ponctuation. (…) Ils sont, comme les phénomènes lexicaux et stylistiques, producteurs de sens et d’effet » La démarche pour notre travail peut ainsi se résumer comme suit : d’abord, un travail de repérage pour aboutir à des remarques d’interprétation. Un travail de regroupements des remarques d’interprétation à partir des trois œuvres est effectué par la suite. On prend soin de mettre en relief les axes dominants afin d’arriver à la classification cohérente des axes d’étude. Le travail que nous pouvons qualifier de phase observatoire ou d’observation est très important car cette phase permet de procéder au recueil des données permettant par la suite l’analyse des informations. Lors de cette analyse, le choix des outils dépend de l’étude à réaliser. 

Table des matières

 Introduction générale
Première partie : La sociocritique et la littérature
I. La Révolution française : aperçu historique
II. La sociocritique
III. Les instruments d’analyse
III. 1. Les instruments lexicaux
III. 2. Les figures de style
III. 3. Les procédés sonores
III. 4. La grammaire et la syntaxe
IV. Les courants littéraires du XIXème siècle
IV. 1. Le romantisme et Victor Hugo
IV. 2. Le réalisme de Balzac
IV.3. Les Dieux ont soif et Anatole France
V. Les trois œuvres
V. 1. Structure et spécificité
V. 2. Idéologie et révolution
VI. Les dialogues dans les trois œuvres
VI.1. La place du romancier dans l’œuvre
VI. 2. La place du dialogue dans l’œuvre
VI. 3. Dialogue et romancier du XIXème siècle
Conclusion partielle
Deuxième partie : Les idéologies en conflit
I.L’émergence de rapports sociaux
I. 1. Personnage littéraire
I. 2. Les tenues vestimentaires
II. L’émergence de mots nouveaux
II.1. La politique
II.2. La société
II.3. La devise de la République
III. L’idéologie et l’actant
III. 1. Schéma actanciel et schéma narratif .
III. 2. Rôles actanciels
Conclusion générale
Bibliographie

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