Un problème presque mondial

 Un problème presque mondial

Manifestation selon les pays

Amérique latine L’Amérique Latine, tout comme l’Afrique, est souvent pointée du doigt au sujet du phénomène des enfants des rues. Car, d’une part, « c’est sans doute depuis ce continent que la question a commencé à devenir une préoccupation internationale » (I. Pochetti, 2012, p. 1). Le phénomène, dans cette zone, a été fortement médiatisé, notamment dans le contexte spécifique des favelas et du développement des gangs (Q. Pincent& al., 2011). Par ailleurs, ce continent compte à lui seul près des deux tiers des enfants des rues (J. Rivard, 2004, p. 14). Cependant, cette estimation est à prendre avec beaucoup de précaution du fait de l’absence d’unanimité dans la définition des enfants des rues. Facilement identifiables par leurs occupations dans la rue, certains parmi eux « jonglent ou font des numéros d’acrobatie aux carrefours des villes brésiliennes, comme à Salvador, à la recherche d’une aumône, ou qui, en groupes, déambulent dans les rues, leur principale activité étant l’inhalation de produits toxiques » (G. Goncalves Dos Santos, 2007, p. 109). Leur apparition en Amérique latine, est à situer dans les années 80 (J. Rivard 2004). En tant qu’objet d’analyse des sociologues, la question des enfants des rues, jusqu’alors appelés mineurs abandonnés, selon Rizzini (2003), cité par J. Rivard, ne commence à être traitée qu’en 1979 en Amérique latine. Ce n’est pas un hasard si cette année-là correspond à l’année internationale de l’enfance, promue par l’ONU, qui va déclencher le débat et la mobilisation en faveur du bien-être de l’enfant. En Amérique latine, des enfants occupent la rue de façon persistante depuis donc cette période (J. Rivard, 2004). Généralement, leur présence dans les rues des villes latines est « une des manifestations les plus connues du dysfonctionnement urbain et des inégalités [dans ces pays] » (I. Pochetti, 2012, p. 1). Particulièrement au Brésil, le phénomène est souvent associé à l’urbanisation, puisque quatre Brésiliens sur cinq vivent en ville. Cette montée des populations urbaines a entraîné par ricochet une précarisation du logement. Des familles, n’ayant plus suffisamment de revenus, sont obligées d’habiter dans des bidonvilles, généralement connus sous le nom de « favelas ». Ces situations exposent ces dernières à la vie de la rue. En outre, les crises économiques et les écarts criards des classes sociales sont souvent répertoriées, entre autre, comme facteurs expliquant le départ de l’enfant dans la rue (G. Goncalves Dos Santos, 2007 ; R. Chiera, 1998 & D. Pessanha Neves, 2004).

Pays du nord

Les pays dits développés n’échappent pas au problème des enfants ou des jeunes de la rue. L’Afrique et l’Amérique latine ne sont les seuls endroits au monde où le phénomène est présent. D’ailleurs, les premières manifestations de la problématique des enfants de la rue ont été constatées dans les pays dits développés dit B. Cyrulnik (2003) avec le cas Thomas Platter au XVIe en Suisse. « Thomas Platter a été un écolier vagabond au XVIe siècle… [Il] va à l’école le jour et mendie le soir…il découvre la valeur protectrice de la bande [dans la rue]. Ces « troupes » de huit à neuf enfants âgés de 10 à 15 ans parcouraient à pied des distances extraordinaires. » (B. Cyrulnik, 2003, p. 49-50). Cela peut être étonnant lorsqu’il s’agit des enfants des rues dans les pays du nord. M. Parazelli (2002) l’illustre dans ses propos au sujet du Canada et du Québec, admettre que dans un pays riche tel que le canada qu’ « il existe des jeunes « laissés à eux-mêmes » à l’image des pays en développement n’est pas aisé à admettre dans l’imaginaire des sociétés industrialisées. Surtout quand on sait que la société québécoise est dotée d’un système de services sociaux et d’éducation public qui fait encore l’envie de plusieurs pays. »(M. Parazelli, 2002, p. 9.

Afrique

L’Afrique, malgré son adage très connu : « Il faut tout un village pour élever un enfant », n’est pas plus épargnée par le problème des enfants des rues. Cette problématique remet en question la dimension communautaire qui caractérise la prise en charge de l’enfant. Le phénomène des enfants des rues en Afrique, comme en Amérique latine, est en pleine expansion. Des explications et des observations très générales convergent donc pour rendre compte de la croissance des effectifs d’enfants des rues un peu partout sur le continent (F. Dramé, 2010). Son apparition se situe dans les années 1980. Le phénomène, comme dans la plupart des continents, s’explique par des crises économiques (M. Morelle, 2006). « L’extrême pauvreté qui sévit depuis des décennies dans ces pays du sud contraint des familles entières, ainsi que des enfants abandonnés ou orphelins, à subsister dans les rues des grandes villes. » (M. Parazelli, 2002, p. 32-33). Ce ne sont pas les seuls facteurs, les choses étant plus complexes que cela. Lewis Aptekar (1994), cité par F. Dramé s’interroge en ces termes : pourquoi dans un pays en voie de développement comme le Laos, le fait est quasi inexistant, au moment où le Kenya, économiquement plus nanti que son voisin éthiopien, pourtant ravagé par plusieurs années de guerre civile, recense plus d’enfants des rues (F. Dramé, 2010). L’une des explications donnée est celle de la culture qui pourrait donc alimenter le phénomène des enfants des rues. En somme, nous venons de découvrir dans cette partie que le phénomène des enfants des rues est une préoccupation mondiale bien qu’elle peut se présenter de différentes manières selon les pays. Les réalités de la situation des enfants des rues dans le monde diffèrent selon la région du globe (I. Lubin, 2007). La description du problème dans ces pays nous a permis de nuancer certains clichés qui tendent à réduire ce phénomène aux seuls facteurs socio-économiques. En Amérique latine, les hypothèses les plus en vogue sont celles des inégalités sociales. Selon cette hypothèse, on ne devrait donc plus parler des enfants des rues dans des pays du nord. Or, certains pays du nord présentent aussi un visage de l’enfant/jeune de la rue.

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