Analyse de la contribution des projets d’autonomisation économique des femmes

Les femmes, comme les hommes, jouent un rôle essentiel dans la production économique, mais elles ne sont pas réparties également dans tous les secteurs d’activités et n’ont pas le même niveau d’accès aux opportunités de création de richesses et d’emplois, du fait de l’existence de disparités et d’inégalités de sexe dans l’accès aux ressources productives, notamment les ressources financières. Cette situation justifie l’ambition du Sénégal d’assurer la promotion du statut économique de la femme, une volonté qui est alignée à des objectifs clairement établis à plusieurs niveaux et visant à parvenir à l’égalité des sexes et à autonomiser les femmes. Au niveau international, l’Organisation des Nations Unies, encourage les pays membres à accorder plus d’importance au principe d’égalité de chance et d’équité entre les hommes et les femmes dans le développement économique et social et à adosser à ce principe les politiques et stratégies nationales visant l’amélioration des conditions de vie des populations desdits pays. C’est dans cette dynamique que l’Assemblée Générale des Nations Unies, dans sa résolution 34/180 du 18 décembre 1979, a adopté et ouvert à la signature, à la ratification et à l’adhésion par les pays membres la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF). L’adoption est intervenue à la suite du premier Sommet Mondial sur les femmes, organisé à Mexico en 1975, de la célébration de l’Année internationale de la femme à la même année, et de la création, en 1978, du Secrétariat d’État à la Condition féminine comme premier mécanisme national genre du gouvernement du Sénégal, chargé de la promotion de la femme. Le Sénégal est le 27ème au monde à avoir ratifié la CEDEF en 1985 après l’avoir signé en 1980. Au total, 194 pays membres des Nations Unies, l’ont signée à la date du 3 juin 2018.

Un autre évènement important qui rentre dans cette dynamique est la tenue, en 1995, de la 4ème Conférence Mondiale sur les Femmes, à Beijing en Chine, et qui est suivie jusqu’à maintenant d’évaluations quinquennales pour apprécier l’état de mise en œuvre de la Déclaration et de la Plateforme d’actions de Beijing adoptées par 189 pays membres des Nations Unies.

La Déclaration et la Plateforme d’actions de Beijing qui sont aussi adossées aux recommandations des Conférences Mondiales sur la Femme, précédemment organisées, respectivement, à Mexico en 1975, à Copenhague en 1980 et à Nairobi en 1985, forment un « Programme pour l’autonomisation des femmes » qui est considéré comme le principal document de politique mondiale en matière d’égalité de sexes.

Ce programme se fixe des objectifs et des actions dans douze (12) domaines critiques prioritaires d’intervention définis par les 189 pays signataires et par lesquels des mesures urgentes étaient nécessaires pour assurer aux femmes et aux hommes, aux filles et garçons une égalité accrue et plus de possibilités. La Conférence a recommandé à chaque pays d’élaborer autour de 5 domaines de son choix, au moins, un plan d’action national adossé à une politique nationale de lutte contre les discriminations à l’égard des femmes et de promotion de leur statut.

A partir de 2015 et suite à l’évaluation des résultats atteints par rapport aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), l’Organisation des Nations Unies (ONU) s’est engagée dans un nouveau challenge de développement à l’échelle internationale articulé autour de dix-sept (17) Objectifs de Développement Durable (ODD). Ces nouveaux objectifs qui remplacent les ODD, donnent la nouvelle marche à suivre dans tous les pays membres de l’ONU pour parvenir à un avenir meilleur et durable pour toutes les populations, de 2015 à l’horizon 2030.

Les ODD sont interconnectés pour toucher tous les secteurs de la vie, avec des cibles à atteindre et planifiées dans le temps. Ils visent tous à promouvoir l’égalité et l’autonomisation des femmes, particulièrement l’ODD n°1 qui prône la lutte contre la pauvreté à travers une croissance économique inclusive et durable, et l’ODD n°5 qui  prône l’égalité entre les sexes à travers l’autonomisation des femmes et des filles et la défense de l’égalité de leurs droits.

Au niveau régional, l’Union africaine a adopté, en 2013, l’Agenda 2063 qui procède d’une analyse prospective de l’avenir de l’Afrique . Ce référentiel a défini une vision pour le développement de l’Afrique à l’horizon 2063 et sa mutation en continent émergent offrant plus d’opportunités à ses habitants en matière de création d’emplois et de revenus.

L’Agenda 2063 est articulé autour de sept (7) grandes aspirations du continent africain définies suivant une démarche prospective, dont deux d’entre elles, notamment les aspirations n°3 et n°6, sont orientées vers le développement des populations africaines, en particulier des femmes, mais aussi le respect des droits de l’homme, la justice et la primauté du droit.

Au niveau sous régional, en Afrique de l’Ouest, il faut relever deux initiatives importantes qui ont été prises, notamment l’Acte additionnel relatif à l’égalité de droits entre les hommes et les femmes pour le développement durable dans l’espace CEDEAO (2015) ajouté aux textes constitutifs de cette dernière et le plan d’actions communautaire pour le renforcement du rôle de la femme au sein de l’UEMOA (1999).

Données géographiques et administratives

Le Sénégal est un pays situé à l’extrême ouest du continent africain. Il a frontière avec le Mauritanie, au Nord, le Mali, à l’Est, la Guinée-Conakry et la Guinée Bissau, au Sud. A l’Ouest, le Sénégal est longé par l’Océan Atlantique. A l’intérieur du Sénégal, se trouve un autre pays, en l’occurrence la Gambie qui de par cette position, divise le Sénégal en deux. Ainsi, une bonne partie des régions du Sud est séparée du reste du Sénégal et se trouve enclavée et située en deux pays en l’occurrence la Gambie et la Guinée Bissau.

Le Sénégal couvre une superficie de 196 712 Km². Le relief est plat dans la quasi totalité du territoire sénégalais. Les quelques rares points de rupture de cette tendance ne dépassent pas 130 m d’altitude et sont localisés dans la partie sud-est du pays, en zone frontalière avec la Guinée-Conakry, précisément dans la région de Kédougou. Les sols sont en majorité de type sablonneux et sont de type argileux dans certaines zones du centre ou du sud du pays. Le Sénégal est traversé d’est en ouest par trois fleuves, à savoir : le fleuve Sénégal (1700 km) au nord, le fleuve Gambie (750 km) du centre au sud-est et le fleuve Casamance (300 kms) au sud.

Le climat qui prévaut au Sénégal est de type tropical sec, caractérisé par deux saisons, à savoir une saison sèche, de novembre à juin, et une saison des pluies, de juillet à octobre. L’évolution des saisons est fortement tributaire du réchauffement de la planète lié aux changements climatiques avec comme conséquences une saison des pluies de moins en moins courte et une saison sèche de plus en plus longue, mais aussi une production agricole instable. La pluviométrie moyenne annuelle est plus importante au Sud qu’au Nord en termes de quantité recueillie et de répartition spatiale, avec une ligne médiane située dans les zones du centre du pays.

SITUATION POLITIQUE ET DONNEES MACRO-ECONOMIQUES

En ce qui concerne sa situation politique, le Sénégal est réputé pour sa grande stabilité puisqu’il n’a jamais connu de coup d’Etat et sa démocratie majeure pour avoir été dirigé successivement par quatre présidents sans interruption. Il a réalisé, de manière pacifique, trois grandes alternances politiques et démocratiques.

A cela s’ajoute une coexistence pacifique entre la majorité musulmane qui représente 95% de la population du Sénégal et la minorité chrétienne qui représente mois de 5%, ce qui a permis au premier Président Léopold Sédar SENGHOR qui est catholique pratiquant, de gouverner le pays sans difficulté, de 1960 à 1981. Cela fut possible grâce à la collaboration des chefs religieux musulmans et des tenants du pouvoir coutumier, qui ont tous soutenu l’Etat et contribué à la construction de la Nation sénégalaise. Suite à sa démission, en 1981, pour raison de convenance personnelle, ce qui fut considéré comme un exemple rare à cette époque, le Président SENGHOR a été remplacé par le premier ministre qui a terminé son mandat conformément à la Constitution de l’époque. Ainsi, depuis son indépendance, en 1960, le Sénégal a connu quatre présidents de la république élus tous au suffrage universel avec des taux de participation satisfaisants. Au dernier scrutin présidentiel qui s’est déroulé le 24 février 2019, le taux de participation était de l’ordre de 66,23% de l’électorat et le président sortant fut réélu avec 58,27% des suffrages après une élection à deux tours, le second tour ayant opposé les deux candidats arrivés en tête à l’issu du premier tour. Depuis la première alternance intervenue, en 2000, toutes les élections présidentielles organisées au Sénégal n’ont pu se dénouer qu’après deux tours de scrutin.

Depuis l’indépendance, en 1960, tous les présidents élus au Sénégal ont gouverné avec une Assemblée nationale où la majorité des élus appartient à leur parti ou leur coalition de partis. Cette situation a rendu difficile l’application du principe de séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif, qui s’est traduit par l’insuffisance du débat contradictoire au sein de l’Assemblée nationale entre la majorité et les minorités parlementaires structurées en groupes parlementaires ainsi que des difficultés dans la gouvernance des grandes institutions de la République du Sénégal. L’Assemblée nationale actuelle issue des dernières élections législatives de 2017, n’en est pas une exception ; car, la coalition au pouvoir a remporté 125 sièges sur 165 que compte l’Assemblée nationale. Les prochaines élections parlementaires sont prévues en 2022.

Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1 CONTEXTE DE L’ETUDE
1.1. CONTEXTE GEOGRAPHIQUE, ADMINISTRATIF ET SOCIODEMOGRAPHIQUE
1.1.1. Données géographiques et administratives
1.1.2. Données sociodémographiques
1.2. SITUATION POLITIQUE ET DONNEES MACRO-ECONOMIQUES
1.3. INEGALITES DANS LES ROLES SOCIO-ECONOMIQUES DES HOMMES ET DES FEMMES
1.3.1. Secteur primaire
1.3.2. Secteur informel
1.4. DEFIS MAJEURS A L’ENTREPRENARIAT FEMININ
1.5. MICRO FINANCE ET SON CADRE JURIDIQUE : RAPPEL DE DEFINITION DE LA MICRO FINANCE, DE SON CADRE JURIDIQUE QUI REGIT L’INTERVENTION DES SFD DANS L’ESPACE DE L’UEMOA
CHAPITRE II : PROBLÉMATIQUE, QUESTION, OBJECTIF ET PERTINENCE DE LA RECHERCHE
2.1. PROBLEMATIQUE, QUESTION ET OBJECTIF DE LA RECHERCHE
2.2. PERTINENCE DE LA RECHERCHE
CHAPITRE III RECENSION D’ECRITS
3.1. LA MICRO FINANCE, CONTEXTE GENERAL ET SITUATION AU SENEGAL, EFFETS POSITIF ET NEGATIF
3.2. FEMME ET PAUVRETE
3.3. FEMME ET MICRO FINANCE
CHAPITRE IV CADRE CONCEPTUEL
4.1. DEFINITION DES CONCEPTS
4.2. LES APPROCHES D’INTEGRATION DES FEMMES DANS LE DEVELOPPEMENT
CHAPITRE V CADRE MÉTHODOLOGIQUE
5.1. POSITIONNEMENT EPISTEMOLOGIQUE
5.2. METHODE DE COLLECTE DES DONNEES : RECHERCHE ET EXPLOITATION DE DOCUMENTS APPROPRIES
5.3. DUREE DE L’ETUDE
5.4. LA COLLECTE DES DONNEES
5.4.1. Les instruments de collecte
5.4.2. Analyse des données
5.4.3. Difficultés rencontrées pour la recherche
5.4.4. Limites méthodologiques
CHAPITRE VI PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS DE LA RECHERCHE
6.1. LES MUTATIONS ET LE RENFORCEMENT DE L’ANCRAGE INSTITUTIONNEL DE L’AUTONOMISATION ÉCONOMIQUE DES FEMMES ET DE LA MICRO FINANCE
6.1.1. Les faits marquants notés dans l’évolution de l’ancrage institutionnel de l’autonomisation économique des femmes et de la micro finance
6.1.2. Les changements apportés dans la définition des priorités nationales, la programmation budgétaire des dépenses publiques et la coopération au développement
6.1.3. Renforcement de la coordination et intégration des interventions en matière de réduction des inégalités genre d’accès au crédit
6.2. PLACE ET ROLES DES SFD DANS LA PROMOTION DE L’INCLUSION ECONOMIQUE, FINANCIERE ET SOCIALE
6.2.1. Infrastructures et offres de services financiers
6.2.2. Produits et services offerts au niveau des SFD
6.2.3. Accès et utilisation des produits ou services financiers
6.3. ÉVOLUTION DU PARTENARIAT ENTRE LES PROJETS D’AUTONOMISATION ECONOMIQUE DES FEMMES ET LES SYSTÈMES FINANCIERS DÉCENTRALISÉS: LES ACQUIS EN MATIÈRE DE RÉDUCTION DES INÉGALITÉS D’ACCÈS DES FEMMES AU CRÉDIT
6.3.1. Évolution des indicateurs sur les ressources mobilisées par les SFD
6.3.2. Évolution d’indicateurs de micro finance relatifs aux femmes
6.4. UTILISATION DES PRODUITS ET SERVICES FINANCIERS DES INSTITUTIONS DE MICRO FINANCE ET LEUR IMPACT SUR LES CONDITIONS DE VIE DU SOCIETARIAT
RECOMMANDATIONS
CONCLUSION

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