ANALYSE SOCIOLOGIQUE DE LA MANIFESTATION

ANALYSE SOCIOLOGIQUE DE LA MANIFESTATION

Pendant la crise sociopolitique de 1997, surtout au moment où les politiciens anjouanais et d’autres agents sociaux sont impliqués dans les affaires sociales, le mouvement a pris une tournure politique. Cela où plusieurs tendances émergeaient d’une manière spontanée et complexe à Anjouan. Ainsi, on s’est rendu compte lors de nos enquêtes que l’objectif envisagé au début de la manifestation n’a pas été réalisé. En outre, tous les Anjouanais n’étaient pas unanimes à revendiquer et à provoquer le changement. Pour cette raison, plusieurs idéologies se sont éclatées au cours de la contestation. Certains militent pour le rattachement à la France ou à l’indépendance, d’autres pour une large autonomie. Rappelons qu’après les interventions des forces armées de l’Etat fédéral sur l’île d’Anjouan, une autre lutte est réapparue sur l’île, et a mis en contradiction les chefs séparatistes. Nous allons donc analyser, dans ce chapitre ces différentes tendances ainsi que la manière dont elles se sont manifestées. Cette évidence nous renvoie à analyser d’abord les rattachistes, ensuite les indépendantistes, et enfin les unionistes.

Les rattachistes

La tendance issue des leaders rattachistes est la première qui se manifeste au cours du Mouvement social et politique de 1997. On a défini les rattachistes comme étant les séparatistes qui souhaitaient un rattachement pur avec la République française. Cependant, des questions se posent : d’où vient l’idée de rattachement et pourquoi les anjouanais ont pensé à la recolonisation ? Avant de répondre à ces interrogations, il est important de déterminer les principaux leaders rattachistes anjouanais qui sont ABDALLAH Ibrahim, CHAMASSE Saïd Omar et ABDALLA Bellela.

Il est né en 1926 à Mutsamudu dans une grande famille de notables. Il a fait ses études coraniques chez son père et poursuit une formation religieuse de grande envergure à la Mosquée de Rifay à Mutsamudu. Ayant acquis le titre de chef religieux, il est devenu un grand Imam92 sans jamais fréquenter l’école publique. Il exerce le métier de bijoutier depuis les années cinquante. En 1981, il est parmi les signataires de la lettre adressée à François Mitterand pour la demande de rattachement de l’île à la France. C’est depuis la mort de AHMED Abdallah qu’il a pensé faire de la politique. Et en 1991, il est parmi les fondateurs de l’organisation pour l’indépendance d’Anjouan (OPIA) ou Mouvement Populaire Anjouanais (MPA). Il préside en 1997 le mouvement séparatiste. Mais vu les malheurs qu’a subi la population anjouanaise lors de la manifestation de 1997 et de la crise qui a secoué l’île toute entière, il s’en est senti responsable. Ainsi, il est devenu indépendantiste, au milieu du Mouvement. Finalement,

Il est né vers 1931 à Domoni, deuxième grande ville d’Anjouan, dans une famille noble. Il a fait ses études primaires dans sa ville natale avant de rejoindre l’école de Majunga en 1957. Il s’est engagé dans la Marine nationale française en 1964, là où il a presque fait sa vie professionnelle. Revenu aux Comores en 1980, il est aveugle, mais respecté par toute la population de Domoni. Il fait partie aussi des notables signataires en 1981 de la lettre adressée au Président français François Mitterand. Etant aussi membre-fondateur de OPIA en 1991, c’est là qu’il a commencé à faire de la politique. En 1997, il est devenu l’un des militants leaders rattachistes à la France. En septembre 1997, il est conseiller auprès du directoire présidé par ABDALLAH Ibrahim. Le 09 mars 1997, il est nommé premier ministre de l’Etat d’Anjouan. Mais il est destitué le 07 juillet de ce poste. Le 11 juillet 1997, il réalise avec Mohamed Ahmed Hazi une tentative de coup d’Etat pour renverser ABDALLAH Ibrahim. Quand le coup de force a échoué, il est resté dans sa demeure.

L’utopie des Anjouanais

Il est à remarquer qu’au tout début des manifestations, il s’agissait de mouvement de revendication des salaires impayés des enseignants, de lutter contre une année blanche, et pour la reprise des cours des lycéens et des collégiens. Mais comme la mobilisation s’est vite effectuée, toute la population participait. C’est dans cette atmosphère que sont nées les différentes idéologies de la masse populaire puisque cette dernière est composée de différentes catégories sociales. Bien que le but principal de ce mouvement soit de se séparer des Grands- Comoriens, particulièrement de l’Etat fédéral, on constate que la majorité de la population anjouanaise embrasse l’idée d’indépendance dans le but de rattacher l’île à la France. Rappelons que depuis l’indépendance des Comores en 1975, la population anjouanaise n’a jamais connu une vie meilleure à cause de l’instabilité politique et de la déchéance économique. En plus, la majorité de la population anjouanaise survit avec l’aide des anjouanais qui se trouvent à Mayotte. Donc si les Anjouanais réclament le rattachement de l’île à la France, c’est parce qu’ils rêvent de vivre comme les Mahorais.

Autrement dit, ils veulent gagner des salaires suffisants et réguliers, une sécurité totale avec surtout l’absence de mercenaires, une liberté de vivre, une égalité pour tous sans exception sur le travail, l’éducation et la santé et enfin, le respect des droits de l’homme. selon certains enquêtés, le seul moyen de connaître le bonheur est de revenir dans le giron de la France pour que leurs enfants bénéficient des bourses et que les personnes âgées soient aussi payés par l’Etat, comme cela se fait à Mayotte. L’idée de revivre le colonialisme est totalement ancré dans la tête des Anjouanais. Ils ont même oublié l’exploitation intense que la communauté comorienne a endurée pendant la période coloniale.

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