De la naissance à l’élargissement progressif du champ migratoire du Sahara nigérien

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De la naissance à l’élargissement progressif du champ migratoire du Sahara nigérien

Les circulations commerciales au Sahara central sont anciennes et nombreuses, mais ce n’est qu’après les indépendances des États africains que des migrations de travail s’organisent réellement entre le Niger, l’Algérie et la Libye.

Les Touaregs, premiers migrants sahariens

Jusqu’à la fin des années 1960, des mouvements caravaniers mettent en contact les populations touarègues du Sud de l’Algérie et celles du Nord et du centre du Niger23 (Bourgeot, 1994a; Brachet, 2004a; Hama, 1967). D’un côté des Kel Ahaggar des régions de Tamanghasset et Djanet apportent du sel au Sahel où ils s’approvisionnent en mil, de l’autre, dans un mouvement d’échange symétrique, des Kel Aïrde la région d’Agadez quittent le massif de l’Aïr et ses abords avec du bétail sur pied et se rendent sur les marchés du Sud algérien où les bêtes sont vendues ou échangées contre divers produits (thé, sucre, couverture, etc.). Mais dès le début de cette décennie, le déclin du troc et la monétarisation de l’économie au Sahara entrainent un besoin croissant de monnaie. Certains jeunes Touaregs nigériens en quête d’emploi salarié profitent de ces mouvements caravaniers pour se rendre dans les régions méridionales de l’Algérie et y travailler quelques temps.

À cette époque, le gouvernement algérien lance la troisième phase de al révolution agricole et crée ainsi un important besoin de main d’œuvre que les Algériens n’arrivent pas à combler, par manque d’intérêt ou de connaissance des activités agropastorales. Les Touaregs du Niger, et principalement les « jardiniers » Kel Owey de l’Aïr , en profitent pour se faire embaucher dans ce secteur qu’ils connaissent bien et dont la rémunération en Algérie est attrayante. Certains vont jusqu’à In Salah, Ouargla ou Ghardaïa, où la main d’œuvre agricole est également prisée, d’autres n’hésitent pas à se rendre dans différents sites d’exploitation des hydrocarbures et à In Ekker où se trouve un centre d’essais atomiques français, pour trouver d’autres types d’emploi (manœuvre, gardien, etc.).

Ces migrations temporaires ne concernent encore que très peu d’individus lorsque survient la sécheresse de 1969-1973. Cette période de crise climatique et écologique, en entraînant une chute des productions agricoles au Sahel et en décimant les troupeaux, perturbe fortement les échanges caravaniers entre l’Algérie et le Niger avant d’y mettre un terme (Bernus, 1993). L’ensemble du Sahel agricole et pastoral est touché et nombre de pasteurs touaregs, faute de moyens de subsistance, décident alors de partir chercher du travail en Algérie. Leur habitude de la mobilité, les liens – parfois familiaux – établis par ces populations entre différentes zones du Sahara central en raison de leur ancienne activité caravanière, et le fait que les populations de ces zones parlent une même langue, malgré des parlers régionaux différents, sont autant de facteurs qui facilitent leur insertion. Avec l’arrivée au pouvoir de Muammar Kadhafi en 1969, la Libye devient également une destination prisée des jeunes touaregs qui ne restent pas insensibles aux discours du « guide » de la révolution libyenne concernant l’unité des régions sahariennes.

Cet attrait idéologique, qui sera particulièrement perceptible lors des crises politiques et des rébellions des années 1980 et 1990, est renforcé par un contexte économique favorable qui encourage également l’émigration vers la Libye, prospère grâce à la rente pétrolière. Dès le début des années 1970, on note une forte demande libyenne en main-d’œuvre aussi bien qu’en bétail sur pied destiné à l’abattage. De nombreux camions libyens sont équipés pour le transport du petit bétail, et des acheteurs confient à des bergers salariés le soin de convoyer les troupeaux de chameaux constitués dans l’Aïr ou dans l’Azawagh. […] Souvent les bergers convoyeurs trouvent un emploi dans l’oasis – centre administra tif de Sebha – et ne reviennent au Niger que plusieurs mois plus tard avec des objets manufacturés tels que postes radio ou magnétophone à cassette, fort prisés de nos jours dans les campements touaregs » (Bernus, 1993 : 248).

Ceux qui quittent ainsi leur communauté d’origine pour se rendre un temps au Maghreb ou dans les grandes villes sahéliennes sont appelésishumar24. Cette dénomination, qui pouvait être valorisante en raison des objets modernes que rapportaient les ishumar, s’est rapidement teintée d’une connotation négative liéeà la déconsidération dont ces derniers étaient victimes dans leurs régions d’accueil (Bernus, 1999a). Ils y étaient perçus comme de pauvres réfugiés en exil poussés au départ par lessécheresses ou les crises politiques dans leur pays d’origine 25. Cette représentation des immigrants touaregs au Maghreb s’est perpétuée voire renforcée suite à la sécheresse dudébut des années 1980 et à la nouvelle diffusion de ces pratiques migratoires.

Afin de faciliter la régularisation administrative de ses ressortissants en Algérie et pour des raisons politiques évidentes (surveillancedes Touaregs nigériens qui résident en Algérie)» (Grégoire, 1999 : 216), le gouvernement nigérienfait ouvrir un consulat à Tamanghasset en 1985. Puis quelques années plus tard, la période de la rébellion du début des années 1990 pousse de nombreux Touaregs nigériens à se réfugier dans les régions sahariennes de l’Algérie et de la Libye « où la plupart s’installent dans des camps frontaliers et en périphérie des principales villes, Tamanrasset en Algérie, Oubari, Sebha et Koufra en Libye » (Pliez, 2004a : 151). Ces migrations continuent d’être vécues et perçues par certains comme étant des migrations contraintes et marginales, parfois liées à un exil politique26. À la même époque, sans se préoccuper de la rébellion,rtainsce se rendent dans ces pays dans le but d’y travailler et d’y constituer un pécule, comme l’illustre le récit d’Aboussaghid, ashamor de l’oasis de Timia dans le massif de l’Aïr, parti suc cessivement en Algérie et en Libye au cours des années 1990.

Aboussaghid a 19 ans lorsqu’en 1993, au cœur de la rébellion qui trouble le Nord du Niger, il décide de partir travailler en Algérie. «J’ai payé le camion de la coopérative[de Timia] jusqu’à Arlit. À Arlit, nous sommes trente cinq per sonnes. Chacun a donné 20 000 francs pour aller à Djanet [en pick-up]. On est entré à Djanet à quatre heures du matin. » Pendant un an il y travaille en tant que jardinier, nourri et logé par son employeur. Lorsqu’il rentre à Singulier : ashamor, terme tamasheq construit à partir du français « chômeur ».
Cette perception des Touaregs étrangers comme étan des réfugiés prend pour partie son origine dans esl mouvements de réfugiés-exilés de Touaregs en direction de l’Algérie suite à la révolte desKel Adagh du Mali en 1963-1964 (Lecocq, 2002).
Le terme teshumara, qui peut être traduit comme étant la « communautédes ishumar », marquait alors un état de révolte, de rébellion, autant que de marginalité.

Timia il dispose de 250 000 FCFA (ce qui correspondait suite à la dévaluation de janvier 1994 à 2 500 Francs français, soit 381 euros 27). Il y reste six mois, le temps de dépenser son pécule, puis repart en Libye, à Sebha, via Djanet, Ghat, et Oubari. « J’ai travaillé à Sebha, j’ai fait un an et demi. Quand tu arrives à Sebha s i tu ne connais pas la ville, y’a des amis là-bas, des amis de Timia qui sont déjà là-bas… tu vas avec eux, comme y’a du travail, comme les Arabes ils cherchent [des jardiniers], si tu es un jardinier tu vas avoir… moi [mon employeur libyen] il m’a dit c’est 50 000 FCFA par mois [pour travailler dans un jardin de 4 hectares], mais il faut payer la nourriture… mais c’est pas cher parce que un sac de riz de là-bas c’est 2 500 FCFA. Mais la Libye vr aiment c’est pas facile. Y’a les policiers qui viennent des fois, y’a les problèmes… mais si t u connais l’arabe c’est bon. Moi je connais l’arabe. Les policiers ils vendent la carte d’identité libyenne à 50 000 FCFA, si tu connais leur langue, ça va bien passer, tu vas bien causer avec eux. Mais si c’est la langue tamasheq seulement, là tu vas souffrir. […] Après 18 mois à Sebha je suis parti à Tripoli. » Les contrôles de police sont nombreux sur les route s libyennes. Aboussaghid explique que pour ne pas se faire arrêter et emprisonner il fautparler l’arabe libyen et avoir une carte d’identité libyenne. « J’ai fais deux ans à Tripoli, deux ans sans revenir à Timia… je travaillais dans les jardins. Y’avait cinq hectares, tu as tout, tu as les patates, les piments, les poivrons, tout. Mais ils vont pas te donner l’argent par mois, il faut que tu finisses tout… tu mets dans des cartons et tu charges dans l es voitures, et après ils te donnent l’argent. Si tu charges trois voitures, eux ils prennent l’argent pour deux voitures et toi tu as l’argent pour une seule voiture. » Aboussaghid était alors employé comme responsabl d’une équipe de jardiniers, tous étrangers.

L’organisation des travaux agricoles et leur rémunération étaient alors bien différentes de ceu’ilq avait connu au Niger et constituait une découverte valorisante qu’il continue d’apprécier bien des années après. «Moi je donnais à mes travailleurs un dinar et demi par sac mis en carton. Y’en a qui font par jour douze sacs, treize sacs, quatorze sacs, quinze sacs… quand tu as chargé dans les véhicules pour la coopérative, on te donne un papier avec ton nom et combien tu as fais de sacs. Après mes travailleurs ils viennent me voir avec leurs papiers et je leur donne l’argent. Y’en a qui sont pour le Niger, d’autres pour le Soudan, d’autres pour le Tchad. Aussi parfois si y’a pas de Touaregs, on cherche les Tchadiens. J’avais à peu près sept huit personnes avec moi. Si j’en ai huit c’est très bien parce qu’ils ontv bien travailler. En trois jours, quatre jours, ils vont finir. […] Après l’argent que tu as gagné, tu le changes pour avoir des CFA… tu fais la monnaie avec notre ambassade… m ais il faut une carte [d’identité]du Niger. Si tu montres ta carte du Niger, ils vont te dire  »ah d’accord, c’est pour le Niger ». Il faut être très malin pour venir travailler comme ça. Si tu as quitté le Niger pour venir chercher l’argent il faut être intelligent[.…] Avant au Niger y’avait beaucoup de jardins, mais maintenant y’a rien… et la rébellion ça n’a ri en changé, rien… sauf pour les intégrés. Si j’ai le travail à Timia, je vais rester toujours , au village y’a aucun problème. Mais si j’ai pas eu de travail ici, je vais repartir.

Si tu restes ici c’est pas bon si tu travailles pas, même si tu vas à Agadez c’est pas bon, y’a pas de travail… ah oui, si j’ai pas eu le travail je vais repartir en Libye… Je vais aller à Sebha, parce que j’ai des connaissances là-bas, pour chercher du travail. Il faut travailler, n’importe où, il faut chercher le travail. Si je quitte encore, ma femme elle va retourner dans sa famille… j’enverrai l’argent en attendant de revenir. Les ishumar ils vont encore partir en exode, à Djanet, à Ghat… il faut pas rester comme ça, il faut travailler… » (Timia, Aïr, le 23 août 2003).
n’en pas douter, les migrations temporaires de t ravail à destination de l’Algérie et de la Libye, rémunératrices, sont devenues en quelquesdécennies un élément constitutif du mode de vie de nombreuses communautés touarègues du Niger, tant en milieu urbain que rural28. La proportion de Touaregs parmi les migrants d’origine nigérienne qui partent en Libye dans les années 1990 est évaluée à près de 50 % par EmmanuelGrégoire, sachant que les Nigériens représentent selon lui environ la moitié des effectifs de Subsahariens qui se rendent dans ce pays à partir du Niger (Grégoire, 1999 : 227).

Le récit d’Aboussaghid montre également certains spectsa de l’implication des autorités publiques dans le système migratoire saharien. Ainsi, la police libyenne contrôle, taxe, arrête et parfois expulse de manière plus ou moins arbitraire les migrants, tout en leur vendant assez aisément des pièces d’identité. Le rôle des diplomates nigériens est également évoqué à travers l’activité de change des dinars libyens (inconvertibles à l’extérieur du pays) en francs CFA, qui est une reconnaissance implicite de la présence des ressortissants nigériens en situation irrégulière en Libye. Cette activité dehangec participe également de l’imbrication du légal et de l’illégal dans les sphères de représentation des États. Autant de pratiques des agents des États qui permettent au fait migratoire de demeurer, notamment dans les représentations des migrants, en dehors de la seule sphère normative de la légalité.

La communauté touarègue du Niger était la principale pourvoyeuse de migrants, mais n’était pas la seule. De jeunes Toubous et Kanouri du Nord-Est du Niger (Kawar et Djado) se rendent également dans le Fezzan libyen dès les années 1960 où leur insertion est facilitée par l’existence d’une communauté touboue libyenne et par l’existence de liens historiques entre ces régions (Biarnes, 1982; Clanet, 1981; Kollo, 1989). À cette époque, seuls quelques autres ressortissants nigériens, majoritairement Haoussas et Béri-Béri du Sud du pays, partent aussi en Algérie et en Libye, durant la saison sèche et d’inactivité agricole au Sahel. Si cette première destination est plus facile d’accès, nombreux sont ceux qui privilégient la destination libyenne aux emplois plus rémunérateurset où il leur est possible de se rendre librement jusqu’en 1971 (la possession d’une carte d’identité nigérienne permettait d’entrer légalement dans ce pays et d’y travailler). Des accords de coopération économique sont signés Tripoli entre les représentants des gouvernements libyen et nigérien (19 octobre 1971) stipulant que le premier informera dorénavant les ervices de la main d’œuvre du Niger de ses besoins par région et par secteur d’emploi ; les travailleurs nigériens devant de leur côté se renseigner auprès de ce service à Agadez et se faire délivrer un certificat, nécessaire à l’obtention d’un permis de séjour et de travail de trois mois en Libye (prolongeable jusqu’à deux ans).

« A ces dispositions, s’ajoute pour le migrant d’être possesseur du carnet de vaccination, d’un passeport et d’un certificat de n ationalité. Toutes ces obligations font que les refoulements aux postes frontaliers sont fréquents et favorisent la contrebande » (Bellot, 1980). Cette réglementation, qui impose d’entrer sur le territoire libyen par l’un des points de contrôle d’Al Katrun ou de Ghat, doit permettre aux autorités libyennes de contrôler les flux d’immigrés en provenance du Niger. D’après Aboubacar Adamou « la conséquence[de cette nouvelle législation]a été l’immigration clandestine des travailleurs.Agadez, seul centre de répartition vers la frontière libyenne, va voir naître tout un trafic, portant sur les carnets de voyage, les passeports et d’autres papiers officiels » (Adamou, 1979 : 173). La Libye plus encore que l’Algérie devient rapidement un « eldorado » pour de nombreux Nigériens . Un consulat de Libye est ouvert à Agadez en 1976. « La spéculation devient inqualifiable et l’acquisition de chaque pièce officielle est entourée de corruption. Les refoulements devenaient importants à la frontière, alors même qu’à Agadez s’entassait une masse importante de candidats venant surtout de l’arrondissement de Tanout et du Nord de celui de Gouré» (Adamou, 1979 : 173).

Notons que les populations de l’Ouest du Niger participaient peu à ces mouvements migratoires, préférant se rendre en Côte d’Ivoire ou au Ghana, plus faciles d ’accès.
La période de sécheresse qui sévit au Sahel entre 9691 et 1973 voit également apparaître des migrants de diverses nationalités ouest-africaines. Tous passent par Agadez31 pour se rendre en Afrique du Nord où ils souhaitent travailler ou, dans une moindre proportion, étudier. Bien que leur nombre reste assez restreint jusqu’à la fin des années 1980, leur convoyage à travers le Sahara est une activité lucrative qui attire déjà les convoitises. Certains Touaregs de l’Aïr se font un temps passeur s de frontières. En 1975 un caravanier est surpris par un contrôle militaire au nord d’Iferwan (massif de l’Aïr) alors qu’il guide 150 personnes qui marchent à pied vers l’Algérie; un autre est arrêté à la frontière libyenne en train d’accompagner 90 migrants en Libye (Adamou, 1979). Ces traversées pédestres du désert sont longues et périlleuses et nombreux sontceux qui périssent en chemin.

Parallèlement se développent les transports transsahariens motorisés de migrants . Des transporteurs libyens, puis dans un second temps nigériens, commencent à emmener des passagers entre Agadez, Bilma et Sebha en plus de leurs marchandises33, moyennant des sommes comprises à l’époque entre 10 000 et 20 000 FCFA. Cette activité de convoyage, très rentable, permet l’enrichissement rapide de transporteurs avant d’être interrompue du fait de la crise diplomatique qui affecte les relations entre le Niger et la Libye au début des années 1980 . « Kountché rompt, le 13 janvier 1981, […] les relations diplomatiques avec la Libye, fermant ipso facto l’ambassade de la Jamahiriya libyenne à Niamey » (Salifou, 2002 : 233). Les relations diplomatiques sont rétablies le 1er mars 1982, mais « la piste qui relie Dirkou à Sebha ne fut plus empruntée pendant plusieurs années même si la frontière n’était pas officiellement fermée, les commerçants considérant cette région comme une zone militaire » (Grégoire, 1999 : 191). Au même moment, la chutedes cours du pétrole a pour effet de révéler à la Libye sa dépendance vis-à-visdes travailleurs étrangers immigrés – originaires des pays arabe limitrophes plus que d’Afrique subsaharienne – et participe du changement de politique migratoire du régime libyen(Pliez, 2004b).

Le gouvernement tente

Bien que peu nombreux, ces nouveaux arrivants venus du Tchad, du Mali ou du Ghana entre autres, étaient alors décriés comme étant la cause de tous les mauxde la ville, qui ne comptait en 1971 qu’environ 7 000 habitants. Les pouvoirs publics furent obligés d’intervenir pour demander aux transporteurs de ne pas introduire de passagers étrangers en ville, mais ces recommandations restèrent sans suite.
Notons qu’une ligne aérienne régulière a également fonctionné à cette époque entre Agadez et Sebha (aller simple : 32 000 FCFA), sans concurrencer réellement les transports terrestres.
Les libyens exportaient alors des produits manufacturés (tapis, couvertures, théières, etc.) et alimentaires (pâtes, huile, farine de blé) à bas prix. A leur passage à Bilma, ils laissaient une partie de ces pro duits et se chargeaient de sel et de dattes puis poursuivaient jusqu’à Agadez, Tahoua ou Zinder où ils vendaient leurs cargaisons et achetaient du bétail sur pied (et accessoirement du mil et du henné).

Sur les origines de cette crise, voir notamment (Robinson, 1983) importants, tant en Algérie qu’en Libye. Les étrangers contrôlés en situation irrégulière sur le territoire libyen sont emmenés par l’armée au camp militaire d’Al Katrun, puis escortés par groupes jusqu’à la frontière du Niger où ils sont d éposés près d’un puits. Sachant cela, les militaires nigériens viennent régulièrement patrouiller aux abords de la frontière afin de les récupérer et de les emmener au camp militaire de Madama (certains migrants effectuent ce trajet de 80 km à pied), puis à celui de Dirkou où ils sont interrogés sur leurs séjour en Libye (trajet de départ, guides, travail, activités politques ou militaires, etc.).
Lorsqu’à partir du milieu des années 1980 les relations entre les régimes de Mouammar Kadhafi et de Seyni Kountché se détendent, laissantentrevoir une reprise officielle des circulations terrestres entre les deux pays, les échanges marchands reprennent avec plus de vigueur que les mouvements migratoires qui demeurent bien souvent illégaux et tolérés.
En 1988 les camions de la Libye commencent à venir au Niger, explique l’adjudant de gendarmerie de Bilma. C’est les camions libyens qui viennent jusqu’à Agadez. Ce n’est qu’à partir de 1994 que les camions nigériens commencentà faire du transport vers la Libye. Mais ils ne vont que jusqu’à Dirkou, ils ne vont jamais jusqu’en Libye. » (Bilma, 8 décembre 2004). Et l’on voit poindre les prémices d’une organisation du transport des migrants lorsque des commerçants libyens négocient avec le gouvernement nigérien le droit de transporter des passagers sur leur trajet retour vers la Libye, et plus encore lorsque quelques transporteurs fondent à Agadez les premières agences spécialiséesdans le transport transsaharien de passagers. Mais il ne s’agit encore que d’expériences anecdotiques.

Les trente années qui se sont écoulées depuis lesndépendancesi ont vu des migrants faire fi des problèmes de transport, des tensions politiques et des risques pour mener à bien leurs projets migratoires. Alternativement accueillis pour répondre aux besoins de main d’œuvre et expulsés par les États algérien et libye n37, ces exodants ont participé du  développement de réseaux de part et d’autre des frontières nationales, au même titre que les opérateurs du transport et du commerce, structurant véritablement cet espace migratoire, à l’origine saharien et frontalier, en un système migratoire beaucoup plus vaste (Bredeloup, Pliez, 2005a)38.

Le Niger entre émigration et transit : le tournantdes années 1990

La dernière décennie du XX siècle marque un véritable tournant dans l’histoire des migrations transsahariennes, tant par l’accroissement des flux et leur nouvelle diversification que par le développement d’un véritable système migratoire au Sahara central.

Une intensification des flux sans précédent, révélatrice d’un nouveau contexte

Jusqu’aux années 1990, les mouvements migratoires transsahariens sont restés relativement circonscrits. En revanche, le fait que les migrants reviennent d’Afrique du Nord en possession de gains non négligeables (généralement en nature) a largement contribué à la construction et à la diffusion de l’image d’un eldo rado libyen et algérien à travers le continent, bien au-delà des régions directement concernées par ces circulations. Aussi, lorsqu’au cours des années 1990 succède à la lente évolution du contexte migratoire saharien une période de transformations rapides, notamment de la politique africaine de la Libye, de nombreuses régions d’Afrique de l’Ouest et centrale entrent dans ce qui tend à devenir un système migratoire à l’échelle du continent.

38 Le terme « exodant » est employé par les Nigériens francophones pour désigner les migrants, quelles que soient leurs origines, leurs motivations ou leurs destinations. Florence Boyer signale l’utilisation d u terme exode » par l’administration coloniale dès la fin des années 1940 afin de désigner les migrations de Sahéliens vers la Gold Coast (Ghana actuel), sans lien semble-t-il avec son sens d’origine (l’exode des Hébreux). Les migrants furent par la suite qualifiés d’exodants. Après les indépendances, l’administration nigérienne reprend le terme d’exode comme synonyme de migrations internationales, et désigne ainsi tant les mouvements en direction du Golfe de Guinée que ceux à destination de l’Afrique du Nord. « Ainsi du moins pour ce qui est des autorités politiques et administratives, le terme exode ne semble pas revêtir un sens particulier ; il est employé dans le cadre de la description d’une migration internationale saisonnière qui peut dans certains cas être jugée massive, mais qui n’est en aucun cas forcée » (Boyer, 2005a : 50). Voir également sur l’origine du terme l’article d’Edmond Bernus, Exodes tous azimuts en zone sahélo-saharienne(1999a).

Suite aux attentats perpétrés contre un avion de laPanam au dessus de la petite ville écossaise de Lockerbie en 1988, et contre un avion de la compagnie UTA au dessus du Niger en 1989, affaires pour lesquelles des ressortissants libyens, protégés par leur gouvernement, étaient suspectés, le Conseil de Sécurité de l’ONUdécréta, le 15 avril 1992, un embargo aérien et militaire contre ce pays . Afin de limiter l’isolement de la Libye sur la scène internationale, consécutif à cet embargo onusien et aux embargos états-unien et européen qui pèsent également à cette époque sur le pays, le digeantr libyen Mouammar Kadhafi se lance dans une politique de rapprochement avec différents États africains et se prononce ouvertement en faveur d’une immigration africaine en Libye. Ce changement d’orientation de la politique africaine de la Libye40, déjà amorcé avec la signature dès juillet 1990 d’un accord de libre circulation des personnes avec le Soudan, suscite l’engouement de nombreux jeunes africains aux motivations diverses. On assiste alors à un véritable renouveau des migrations transsahariennes à destination de la Libye, dans un e moindre mesure de l’Algérie, et parfois de l’Europe.

D’autres facteurs peuvent être avancés afin d’expliquer cet essor migratoire, tel le durcissement des politiques migratoires européennesqui s’est traduit par la généralisation des régimes de visas et la complexification des conditions de leur délivrance (dès 1985 de manière bilatérale, puis plus globalement à partir de 1995 avec la mise en application des accords de Schengen sur le contrôle des personnes), ou la dévaluation du franc CFA en janvier 1994, qui entraîne l’appauvrissement de tou te une partie des « classes moyennes » africaines des pays de la zone franc. Ces facteurs économiques et politiques ont participé de l’émergence à petite échelle d’un contexte favorable à l’amplification des migrations entre les deux rives du Sahara et à leur diversification. Cep endant, pris indépendamment les uns des autres, et plus encore abordés à l’échelle des individus, leur portée explicative reste faible. En effet, dès le début des années 1990, l’Algérie« intensifie sa lutte contre l’immigration clandestine engagée en 1986» (Bredeloup, 1995 : 120) en refoulant de nombreux migrants subsahariens hors de ses frontières, malgré un discours d’ouverture le régime libyen continue également d’organiser des expulsions d’étrangers, ces flux migratoires ne sont pas dirigés majoritairement vers l’Europe ni uniquement vers la Libye, et leur intensification précède la dévaluation du franc CFA.

Cet embargo sera suspendu par l’ONU en avril 1999, à la suite d’un accord autorisant les deux ressort issants libyens impliqués dans « l’affaire Lockerbie » à être jugés aux Pays-Bas. Six Libyens impliqués dans ’attentatl du DC-10 d’UTA seront condamnés.
Cette politique panafricaine fait suite à l’échec de la politique de Kadhafi concernant l’unité du monde arabe (qui entendait s’inscrire dans le prolongement de la politique de Nasser).
Plus qu’aux causes du développement de ce champ migratoire41, qui restent difficilement identifiables de manière globale, il est intéressant de porter attention aux processus de son organisation et aux stratégies mises en place par les différents groupes d’acteurs qui l’animent. Pourquoi les voies de pass age nigériennes ont-elles été privilégiées par les migrants et/ou d’autres acteurs du système migratoire, et quelles en ont été les conséquences ?

Réseau des principales routes revêtues en Afrique ud Nord et de l’Ouest

La carte tend à représenter de manière exhaustive les routes revêtues au sud du Sahara, en revanche seuls les principaux axes routiers d’Afrique du Nord sont indiqués.
Circuler en période de crise, ou comment articuler migration transsaharienne et rébellion touarègue
La fermeture de la frontière tchado-libyenne en raison du conflit de la bande d’Aozou42 d’une part, et le fait que les itinéraires reliant le Nord du Mali à Tamanghass et en Algérie comportent d’importants risques (naturels et liés au banditisme)43 d’autre part, ainsi que l’organisation même du réseau routier d’Afrique del’Ouest et du Nord (carte 3), ont entraîné, dès le début des années 1990, une concentration des flux migratoires sur la voie nigérienne qui permet de relier tant l’Algérie que la Libye. Les informations concernant les possibilités de passage circulant rapidement, un itinéraire de migration qui « fonctionne » devient vite un itinéraire important . Jusque-là davantage pays d’émigration, le Niger est ainsi également devenu un espace de transit, malgré le contexte d’insécurité qui régnait alors dans le Nord du pays.

Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
LES MIGRATIONS TRANSSAHARIENNES, FAIT SOCIAL ET OBJET SCIENTIFIQUE
LE SAHARA NIGÉRIEN, ESPACE DE LA MOBILITÉ EN CONSTANTE MUTATION
UN QUESTIONNEMENT ENTRE GÉOGRAPHIE SAHARIENNE ET GÉOGRAPHIE DES MIGRATIONS
ITINÉRAIRE SCIENTIFIQUE DANS UN DÉSERT COSMOPOLITE DE L’EXPÉRIENCE AU DISCOURS
PREMIÈRE PARTIE DES CIRCULATIONS ANCIENNES AUX NOUVELLES LOGIQUES MIGRATOIRES : SAISIR LA TRAME DE LA MOBILITÉ INTERNATIONALE AU SAHARA CENTRAL
CHAPITRE I. DES MIGRATIONS SAHÉLO-SAHARIENNES DES INDÉPENDANCES AUX MIGRATIONS TRANSSAHARIENNES CONTEMPORAINES : LA STRUCTURATION D’UN ESPACE MIGRATOIRE EN MILIEU DÉSERTIQUE
I. DE LA NAISSANCE À L’ÉLARGISSEMENT PROGRESSIF DU CHAMP MIGRATOIRE DU SAHARA NIGÉRIEN
1. Les Touaregs, premiers migrants sahariens
2. Du Niger à l’Afrique, une diversification progressive des provenances des migrants
II. LE NIGER ENTRE ÉMIGRATION ET TRANSIT : LE TOURNANT DES ANNÉES 1990
1. Une intensification des flux sans précédent, révélatrice d’un nouveau contexte
2. Circuler en période de crise, ou comment articuler migration transsaharienne et rébellion touarègue
3. Des acteurs qui s’organisent : vers une spécialisation des transports
Conclusion
CHAPITRE II. LES MIGRATIONS TRANSSAHARIENNES : UNE THÉORIE À CONSTRUIRE, UN SENS À (RE)DÉCOUVRIR
I. POURQUOI MIGRENT-ILS ? AUX FONDEMENTS DU FAIT MIGRATOIRE CONTEMPORAIN AU SAHARA
1. Push and pull ou les limites d’un modèle explicatif
2. Des déterminants migratoires introuvables ?
II. ARTICULER LA COMPLEXITÉ DU FAIT MIGRATOIRE : LA MIGRATION COMME PROJET
1. Migrer vers le Maghreb et l’Europe : curiosité, fuite ou rêve ?
2. Les projets migratoires à l’épreuve des parcours
III. FORMES ET CADRES DE RÉALISATION DES MIGRATIONS TRANSSAHARIENNES
1. Des notions pour comprendre et nommer la migration : filière, réseau, transit
2. Le chevauchement des cadres institutionnels : un droit des migrants abscons et
inopérant
Conclusion
CHAPITRE III. PARCOURIR UN ESPACE PARCOURU : À LA RENCONTRE DU « TERRAIN »
I. GÉOGRAPHIE DU MOUVEMENT, GÉOGRAPHIE EN MOUVEMENT. QUESTIONS DE MÉTHODE
1. De l’intérêt de mener des recherches dans les espaces de transit
2. Pour un « pluralisme méthodologique » de principe
3. Favoriser l’ouverture et le changement de regard : pragmatisme et mise en mouvement.
II. LE « TERRAIN » COMME ESPACE D’APPLICATION, D’ADAPTATION ET DE RÉINVENTION DE LA MÉTHODE
1. Du terrain choisi aux terrains pratiqués : choix, hasards et contraintes
2. « Faire du terrain ». De l’importance de la durée
3. User de quelques « outils de production » de données
Conclusion
CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE
DEUXIÈME PARTIE AGADEZ VILLE OUVERTE (AUX CIRCULATIONS)
CHAPITRE IV. AGADEZ, VILLE DU TRANSPORT. CROISEMENT DES ITINÉRAIRES ET CONNEXION DES RÉSEAUX
I. ÊTRE MIGRANT ET LE DEVENIR SOCIALEMENT. LA PORTÉE D’UN STATUT PEU ENVIABLE
1. La migration transsaharienne commence-t-elle au Sahel ? Traverser le Niger
2. Tous les chemins mènent à Agadez, où tous les migrants sont attendus avec avidité
II. LES TRANSPORTS DANS LA VILLE : LIEUX ET STRUCTURES DU TRANSPORT DE MIGRANTS
1. Les « agences de courtage », structures centrales des transports sahariens
2. La gare routière, lieu de transport, de contact, de négociation
a. Négocier les taxes officielles
b. Négocier les habitudes
c. Négocier l’irrégularité
3. Garages privés et transport par camions : la complémentarité des activités
4. Le car, une figure originale du transport saharien
5. Les lieux du transport clandestin, éparses et éphémères
III.ESCROQUERIES, CONFLITS ET NÉGOCIATIONS AUTOUR DU TRANSPORT
1. Escroquer les migrants… dans la limite du raisonnable
2. Les conflits entre acteurs du transport, révélateurs de situations précaires
Conclusion
CHAPITRE V. AGADEZ, PLACE MARCHANDE INTERNATIONALE
I. À LA RECHERCHE DU LIEN PERDU : LÉGISLATION ET PRATIQUES DANS LES TRANSPORTS MARCHANDS
II. LE TRANSPORT MIXTE OU LES ÉCHANGES MARCHANDS COMME SUPPORT DES MIGRATIONS
1. Les échanges avec l’Algérie : l’officiel vs. l’informel
a. Des échanges officiels économiquement peu importants
b. Des échanges informels « socialement » indispensables
2. Les échanges avec la Libye : grandes filières et petits trafics
III. UN COMMERCE À PART : LE « TRAFIC » DE CIGARETTES
1. Aux origines d’un trafic lucratif : la prohibition dans les États riverains
2. D’une côte à l’autre. L’organisation d’un trafic intercontinental
a. De la côte du Golfe de Guinée à Agadez : routes goudronnées et semi-remorques
b. Agadez, véritable plaque tournante
c. Dirkou, la ville étape
d. Madama : les Libyens prennent le relais
3. La cigarette, le politique et le mafieux
Conclusion
CHAPITRE VI. UN MIGRANT DANS LA VILLE. ÊTRE ÉTRANGER ET VOYAGEUR À AGADEZ
I. SE LOGER, ÊTRE LOGÉ. QUELLE PLACE POUR LES ÉTRANGERS DE PASSAGE ?
1. Les « cases de passage » dans les lieux de transport
2. L’intérêt partagé de l’accueil « chez l’habitant »
3. Foyers et « ghettos », hauts lieux de la migration transsaharienne
II. LA DIFFICILE INVENTION DU QUOTIDIEN
1. Ascètes malgré eux ou le dénuement de la vie quotidienne
2. Des migrants en quête d’argent
a. S’en sortir seul : vendre sa force de travail, ses affaires, son corps
b. La « révolution » Western Union
c. Entre voyageurs, solidarité et individualisme
3. Sociabilités électives et reconstructions identitaires
a. Migrants et autochtones : quelles relations sociales possibles et effectives ?
b. Des identités en mouvement
III.LE DÉPART, MOMENT ATTENDU ET REDOUTÉ
1. L’impossible renoncement ?
2. Une appréhension du désert teintée de curiosité
3. Les transactions monétaires se poursuivent : derniers préparatifs et nouveaux avatars
Conclusion
CONCLUSION DE LA DEUXIÈME PARTIE
TROISIÈME PARTIE ESPACES, TEMPS ET MODALITÉS DES TRAVERSÉES SAHARIENNES
CHAPITRE VII. DES STRATÉGIES D’ACTEURS QUI SE RÉPONDENT : LA VOIE DE L’ALGÉRIE « SOUS TENSION »
I. ARLIT, DE LA VILLE ÉVITÉE À LA VILLE TRAVERSÉE
1. Une « ville nouvelle » au coeur du désert
2. Une histoire migratoire récente
II. FRANCHIR LA FRONTIÈRE. VARIATIONS SUR LE THÈME DE L’IRRÉGULARITÉ
1. Entrer légalement en Algérie, une gageure
2. L’irrégularité négociée ou l’image de l’ambiguïté à In Guezzam
3. S’affranchir du contrôle des États : la généralisation de la clandestinité
a. Tamanghasset sans escale
b. Du Niger au Tassili N Ajjer : un itinéraire dangereux
c. Djanet, porte détournée de la Libye
III.L’ALGÉRIE FACE AUX MIGRATIONS TRANSSAHARIENNES : ENTRE FERMETÉ ET TOLÉRANCE DISCRÈTE
1. Des immigrants de passage : transit et installation temporaire
2. Vers une systématisation des expulsions ?
Conclusion
CHAPITRE VIII. SUR LA VOIE LIBYENNE. LE KAWAR, UNE ROUTE, UNE ÉTAPE : DIRKOU
I. PARVENIR À DIRKOU : L’ÉMERGENCE D’UNE TERRITORIALITÉ SAHARIENNE
1. Chacun sa place au soleil ou l’épreuve du Ténéré
2. Contrôle des arrivées et taxation des arrivants
3. « Kawar année zéro ». La naissance d’un lieu de transit
II. DIRKOU, UNE OASIS DE TRANSIT COSMOPOLITE
1. Sabon Gari de la périphérie au centre : la restructuration de l’oasis autour du quartier des migrants
2. Un espace « feuilleté »
3. Ennui, nostalgie et espoir : le désoeuvrement des migrants
III. « SI TU N’AS PLUS D’ARGENT ». LE KAWAR, VOIE DE PASSAGE, VOIE DE GARAGE.
1. Solidarité volontaire ou « forcée », du local à l’international
2. Travail et « servitude volontaire »
3. La diversification des formes de prostitution
4. Les migrants de Bilma, entre salines, masure et prison
IV.MOBILITÉS SAHARIENNES ET CONSTRUCTION DE LIMITES : DIRKOU, UNE OASIS ENCLAVÉE ?
1. Territoire enclavé
2. ou
3. L’errance ou la migration au risque de l’enclavement
Conclusion
CHAPITRE IX. LA LIBYE : DIFFICULTÉS D’ACCÈS, DE SÉJOUR ET DE RETOUR DES RESSORTISSANTS D’AFRIQUE SUBSAHARIENNE
I. SE RENDRE EN LIBYE : UNE DERNIÈRE ÉTAPE ONÉREUSE, DIFFICILE ET RISQUÉE
1. Chacun cherche son gain au moment du départ : taxer et se soustraire aux taxes
a. La préfecture et le syndicat tentent de prélever leur dû
b. Taxes et statistiques lacunaires de la gendarmerie et de la police
c. L’opportunité du « convoi de cigarettes »
2. Les zones militaires du Nord-Est nigérien, entre violence et non-droit
3. Le passage de la frontière nigéro-libyenne. Arts de faire
II. LA LIBYE (NÉCESSAIREMENT ?) AMBIGUË
III.REVENIR DE LIBYE, RETRAVERSER L’ÉPREUVE DU SAHARA
1. Préparer son retour, rapatrier ses gains
2. Quand les migrants reviennent
Conclusion
CONCLUSION DE LA TROISIÈME PARTIE
DÉTOUR ET RETOUR : RÉFLEXIONS AUTOUR DE L’ÉTAT ET AU COEUR DES ÉTUDESMIGRATOIRES
CHAPITRE X. QUAND L’ÉTAT « PERD LE NORD ». CIRCULER AU SAHARA : DU CONTRÔLE CORROMPU À LA CLANDESTINITÉ
I. VERS UNE « INSTITUTIONNALISATION » DE LA CORRUPTION DANS LE NORD DU NIGER
1. Les itinéraires transsahariens, espaces privilégiés de la corruption
2. Pratiques corruptives et stratégies d’acteurs dans le secteur des transports
a. Pratiques de corruption et de concussion
b. Stratégies des corrupteurs et des corrompus
3. La double face des discours : condamnation et légitimation des pratiques corruptives
a. Une condamnation unanime dans les discours publics
b. Des discours privés plus compréhensifs
II. DE L’ÉTAT FRAUDEUR À L’ÉTAT CONTOURNÉ : ÉVOLUTION LENTE DES PRATIQUES ET
ADAPTATION RÉCENTE DES ACTEURS DANS LE SECTEUR DES TRANSPORTS AU NIGER
1. Un État entre laxisme et fraude
2. La clandestinité ou l’État évité
3. État et réseaux migratoires : une relation instable
III.MIGRATIONS ET ORGANISATION TERRITORIALE DU SAHARA NIGÉRIEN
1. Les migrations transsahariennes produisent-elles des territoires ?
2. De l’illégalité à la clandestinité : le contournement de l’État comme moyen de la continuité territoriale
Conclusion
CHAPITRE XI. QUANTIFIER, CLASSIFIER, COMPRENDRE LE PHÉNOMÈNE MIGRATOIRE AU
SAHARA
I. DE L’ÉVALUATION QUANTITATIVE DES FLUX MIGRATOIRES TRANSSAHARIENS
1. Des sources officielles lacunaires
2. Produire ses propres données : difficultés et enjeu éthique
3. L’impasse des approches cloisonnées
II. DIVERSITÉ ET LABILITÉ DES FIGURES DE MIGRANTS ET DE LEURS PRATIQUES MIGRATOIRES
1. Classifier sur la base de critères « positifs »
2. Vers une typologie compréhensive. Rechercher l’unité (de sens) par-delà la diversité (des formes)
a. Expliciter la figure de l’« aventurier »
b. Se décentrer. Classifier à partir de l’avant et de l’après migration
III. PASSER D’UN MONDE À L’AUTRE. LA MIGRATION TRANSSAHARIENNE ENTRE MYTHES ET UTOPIE
1. Une question en suspens : le risque migratoire
2. Les mythes du voyage et de l’Occident
3. La migration comme mise en oeuvre d’une impulsion utopique
Conclusion
CONCLUSION DE LA QUATRIÈME PARTIE
CONCLUSION GÉNÉRALE
LES MIGRATIONS TRANSSAHARIENNES, FACTEUR DE TRANSFORMATION DES ESPACES
SAHARIENS DE TRANSIT
Le Sahara nigérien, espace traversé, espace transformé
Des migrants dans le désert ou l’introduction d’un cosmopolitisme par la marge
DU SAHARA À L’AFRIQUE : VERS UNE CULTURE (NORMATIVE ?) DE LA MOBILITÉ RECHERCHE, ÉTHIQUE ET POLITIQUE : LA DÉLICATE ARTICULATION
ANNEXES
Annexe 1. Liste des entretiens enregistrés
Annexe 2. Principales grilles d’entretiens
Annexe 2.1 – Grille d’entretiens auprès des migrants en partance pour l’Afrique du Nord
Annexe 2.2 – Grille d’entretiens auprès des migrants de retour
Annexe 2.3 – Grille d’entretiens auprès des anciens migrants nigériens
Annexe 2.4 – Grille d’entretiens auprès des chauffeurs et apprentis
Annexe 3. Volume des échanges marchands du Niger avec l’Algérie et la Libye par voie terrestre (1996-2004)
Annexe 4. Les migrations internationales en Afrique (2005)
BIBLIOGRAPHIE
TABLES DES ILLUSTRATIONS
Table des cartes
Table des figures
Table des planches
Table des tableaux
Table des encadrés
Table des photographies

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