ETHNOBOTANIQUE

ETHNOBOTANIQUE

Les ignames cultivées ont été introduites avec la banane à Madagascar avec l’arrivée despremiers migrants venus par vagues successives du continent asiatique et du Pacifique au début du deuxième millénaire (RAISON, 1992). Elles représentaient alors la base du régime alimentaire des habitants de l’île. De ce fait, comme c’est le cas dans les pays d’origine, il est fort probable que l’utilisation des ignames ne correspondait pas seulement à un usage alimentaire, mais qu’elle était également associée à des traditions, des rites coutumiers, des croyances comme c’est le cas dans les régions d’où les premiers malgaches ont émigré. Dans ce cas, les ignames cultivées correspondraient véritablement à un pan culturel de la société des ancêtres des malgaches. Les ignames cultivées, cependant, ont cédé le pas à d’autres aliments comme le riz, le manioc, le maïs ou la patate douce, arrivés dans le pays beaucoup plus tard, et sont devenues des aliments négligés, sinon même oubliés (JEANNODA, 2010). De plus, obéissant à la facilité, les populations malgaches se sont tournées vers les ignames sauvages qui poussent dans les forêts et ont abandonné la culture de l’igname. Cet état de fait, qui représente pourtant une menace très importante sur la diversité des ignames sauvages, a relégué encore plus aux oubliettes les ignames cultivées, ainsi que les connaissances et savoir-faire y rattachés. Il s’avère donc intéressant de rechercher si, malgré cet état de fait, il persiste encore au sein des populations malgaches, plus particulièrement les populations rurales, des connaissances traditionnelles relatives aux ignames, si des pratiques persistent encore en relation avec elles et enfin, jusqu’à quel point la culture de l’igname est encore pratiquée dans les campagnes. Pour répondre à ces questionnements, des enquêtes ethnobotaniques auprès de diverses communautés sont nécessaires. C’est l’objet de ce chapitre.

LES RÉGIONS DE PROSPECTIONS

Les données bibliographiques ont montré que les ignames cultivées, notamment D.alata, se répartissent pratiquement dans tout le pays, ainsi l’objectif était de couvrir le maximum de régions à Madagascar comme zones d’enquête. Cependant, le projet n’avait pas les moyens nécesssaires pour prospecter tout l’ensemble du pays. C’est la raison pour laquelle les zones à prospecter pour chaque région ont été limitées dans : Les premières investigations consistaient en des recherches bibliographiques et à noter toutes les informations disponibles sur les ignames cultivées à Madagascar, qu’il s’agisse de données d’inventaire, taxonomiques, de répartition, biologiques, écologiques, historiques, culturelles, agricoles, etc… Les ouvrages consultés sont en particulier : «Flore de Madagascar et des Comores sur la famille de Dioscoreaceae » (BURKILL et PERRIER DE LA BATHIE, 1950), «Le noir et le blanc dans l’agriculture ancienne de la côte orientale Malgache» (RAISON, 1992), «Ignames cultivés ou sauvages de Madagascar» (PERRIER DE LA BATHIE et BURKILL, 1925) et les résultats des travaux de recherches effectués lors du projet Fades (DBFA et DBEV, 2005) ainsi que ceux obtenus antérieurement ou concomitamment à cette étude dans le cadre du projet Corus, etc…. Sur la base des informations recueillies dans les ouvrages consultés, des missions de terrain ont été ensuite effectuées afin de compléter et d’approfondir les données disponibles. Ainsi, des enquêtes ont été réalisées pour obtenir les informations nécessaires pour cette étude, à savoir la liste des ignames connues par les habitants, les synonymies entre les noms vernaculaires avec leurs significations, la biologie, la culture de l’igname et les maladies observées dans les champs, les usages aussi bien alimentaires, médicinales ou culturelles, l’importance des ignames du point de vue sociale, économique ou culturelle et tous les renseignements relatifs aux ignames cultivées dans chacune des localités les missions ont été effectuées.

Sur la base d’un questionnaire préétabli (annexe 1), des enquêtes ont été menées en libre discussion afin d’éviter une certaine réticence de la part des personnes enquêtées. L’entrevue de type semi-structuré (GERIQUE, 2006) a été employée et le questionnaire utilisé n’est pas une fiche d’enquête à remplir systématiquement lors de chaque entretien avec les informateurs, mais tout simplement d’un guide qui a permis de conduire l’étude de manière souple. L’utilisation de ce questionnaire a permis, donc, de ne pas oublier les questions les plus importantes. Les informations recueillies a été notées une fois seulement les entretiens terminés, toujours dans le même souci de ne pas effaroucher les personnes enquêtées. Les enquêtes se sont déroulées de deux manières : soit sous forme individuelles, soit sous forme d’enquêtes en groupe

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