Etudes des relations Poulpe – Environnement

Etudes des relations Poulpe – Environnement

Reproduction et durée de vie

Diagnose des sexes

Chez le poulpe commun les sexes sont séparés. Le mâle possède sur l’extrémité du 3ème bras droit un « cuilleron » ou ligule contenant des spermatophores : c’est le bras hectocotylisé. L’indice de la ligule, noté α = longueur de la ligule/longueur du b ras hectocotylisé, est inférieur à 2,5. La présence de grosses ventouses sur le bras dorso-latéral ou le bras ventrolatéral est aussi un signe distinctif du poulpe mâle ; la femelle présentant des ventouses uniformes (de même taille). Son poids dépasse rarement 5 kg ; ainsi, les individus de plus gros poids sont généralement des mâles (Domain et al, 2000).

Maturité sexuelle et sex-ratio

Le poulpe est sexuellement très précoce. Caverivière et al, (2002) estiment que le mâle atteint vite la maturité sexuelle que la femelle. En effet, il est sexuellement mature dès qu’il atteint le poids de 250 g, c ‘est-à-dire l’âge de 4 mois, contrairement à la femelle qui n’est mature qu’avec un poids de 500 g é quivalent à 7 m ois d’âge. Les pics de maturité sexuelle de la femelle sont observés de Mars à Mai, puis de Septembre à Octobre. Les recrutements ont lieu après un décalage d’un mois de chacune de ces périodes. La sex-ratio varie selon les saisons. Elle est en faveur des femelles au printemps, à l’été et à l ’automne et des mâles en hiver, selon Idrissi et al (2006) qui ont travaillé dans les eaux marocaines.

Fécondité

Lors de la copulation, le poulpe mâle enlace la femelle et introduit son bras hectocotylisé dans la cavité palléale pour le transfert des spermatophores contenant les spermatozoïdes dans les oviductes. La femelle fécondée peut pondre jusqu’à 240 000 œufs oblongs et télolécithes, réunis en cordons d’environ 8 c m fixés sur un substrat (Idelhaj, 1984). Elle aère et nettoie constamment ses cordons d’œufs par des mouvements d’eau propulsés par le siphon (Sène, 2003). Dans les eaux mauritaniennes, la ponte a lieu en deux périodes : en fin Septembre, début Décembre, et entre Février et Mai (Inejih, 2000). La durée de la vie embryonnaire varie de 15 à 87 jours suivant la température de l’eau (Sène, 2003).

Sénescence et durée de vie

Chez le poulpe l’accouplement a lieu une seule fois dans la vie de chaque individu. La mortalité post reproductive est inéluctable et est précédée d’une perte importante de poids de l’animal (Caverivière et al, 2002). La sénescence et la mortalité post reproductive dépendent des mêmes mécanismes physiologiques qui déclenchent la reproduction chez le poulpe. L’atteinte de la glande optique serait une des causes de ces phénomènes (Tait, 1986). Ces caractéristiques biologiques ne permettent donc pas au poulpe d’avoir une grande longévité. Sa durée de vie n’excède pas 14 mois (Jouffre et al, 2000). Il fait partie des espèces marines à croissance rapide et à courte durée de vie (Thiaw, 2010).

Proies et prédateurs

Le poulpe occupe une place intermédiaire dans la chaîne trophique des écosystèmes marins car il constitue une proie préférentielle pour de nombreux grands poissons (Serranidés, Sparidés et Elasmobranches). Mais, il reste aussi un consommateur de différents groupes zoologiques (crustacés, mollusques et poissons).

Proies

Le poulpe O. vulgaris est un carnivore prédateur dont la voracité caractérise certainement son élasticité alimentaire. Sa salive est toxique pour les proies qu’il consomme (Diatta, 2000). Il s’attaque essentiellement aux proies mobiles qu’il chasse à l’affût en adoptant des postures, attitudes et/ou camouflage le confondant au support. Sur la côte sénégalaise, des auteurs comme Diatta (2000) et Caverivière (2002) se sont intéressés à son alimentation. Selon ces auteurs, le poulpe se nourrit de crustacés, m ollusques et poissons. Pour Diatta (2000), les crustacés (88 % de la nourriture consommée) seraient ses proies préférentielles suivis des poissons (téléostéens de petite taille et juvéniles de cartilagineux). En revanche, Caverivière (2002) trouve que les mollusques bivalves particulièrement les praires, amandes, vénus et autres jambonneaux, sont très présents dans l’alimentation du poulpe des côtes du Sénégal. Un comportement de cannibalisme peut être observé chez le poulpe commun (Domain et al, 2000). Il s’explique par la compétition intra spécifique (conquête d’une proie, d’une femelle ou d’un habitat) ou par la consommation de cadavres de congénères. 

Prédateurs

Les prédateurs du poulpe commun sont généralement les gros spécimens de poissons téléostéens et élasmobranches, notamment les Serranidés, Sparidés, Lutjanidés, Rachycentridés, Thonidés, Murénidés, Coryphaenidés, Centrolophidés, Rhinopteridés, Rhinobatidés, Dasyatidés, Carcharhinidés, Squatidinés et Torpedinidés. Pour leur échapper, le poulpe déploie des stratégies reposant sur la nage, la propulsion avec projection d’encre noire à partir de son entonnoir pour brouiller sa trace et un mimétisme sous forme de posture, des attitudes et changements de coloration à même de lui permettre d’être confondu avec son support.

Pêche et commercialisation du poulpe au Sénégal

Considérations générales

Le poulpe commun Octopus vulgaris est une ressource démersale côtière dont la pêche au Sénégal est régie par des dispositifs règlementaires relatifs à la préservation des juvéniles. L’article 3, section II du décret d’application (n° 98-498 du 14 A vril 1998) du C ode de la pêche maritime (loi 98-32 du 14 Avril 1998) stipule ceci : « … il est interdit la capture, le transport, le transbordement, la détention, la vente et 16 l’achat des individus De Poulpe d’un poids non éviscéré inférieur ou égal à 350 g ou des individus d’un poids éviscéré inférieur à 300 g ». De même une période de repos biologique allant du 15 S eptembre au 15 O ctobre de chaque année a été instituée à partir de 2004 pour la pêche artisanale. Par ailleurs, après une longue période d’accès libre et gratuit aux ressources halieutiques, les pêcheurs artisans du Sénégal doivent désormais se conformer aux arrêtés 005916 du 25/ 10/2005 et 001233/MEMTMS/DPM du 20/ 02/2006 instaurant le permis de pêche assujetti à l’immatriculation des embarcations. La pêche du poulpe au Sénégal est pratiquée sous deux formes : la pêche industrielle et la pêche artisanale qui renvoient à des pêcheries ayant connu une évolution importante dans l’exploitation, compte tenu de l’intérêt économique du poulpe et de sa présence dans les eaux marines sénégalaises. 

Pêcherie industrielle

Elle porte sur les ressources halieutiques démersales côtières et profondes. Les espèces démersales sont celles qui sont retrouvées près du f ond ou sur le fond à des profondeurs variables. Les ressources démersales côtières sont présentes à moins de 200 m de profondeur. Le poulpe commun fait partie de ce type de ressources qui inclut les autres céphalopodes (seiche et calmar) et les poissons des familles Serranidés, Lutjanidés et Sparidés. On peut, cependant, retrouver O. vulgaris dans les profondeurs de 400 m chez les espèces démersales profondes suite à de faibles déplacements (Caverivière et al, 2000). La pêcherie industrielle a assuré les premières productions de poulpe du pays à partir de 1973 (Bakhayokho, 1980). Laurans et al (2002) considèrent que la production de poulpe du Sénégal provenait essentiellement de la pêche industrielle avant 1993. Cependant, il n’existe pas au Sénégal de flottille disposant de licence « céphalopodes » sensu stricto (chalutiers « céphalopodiers », « poulpiers » ou « seichiers ») comme en Mauritanie et au Maroc (DPM, 2009). Le poulpe est pêché par des chalutiers poissonniers céphalopodiers de la pêche démersale côtière. Les pêcheries industrielles de poulpe sont particulièrement circonscrites sur le plateau continental dans les limites de la licence de pêche délivrée à ces chalutiers. Elles se situent entre 15°30 au Nord (large de Kayar) et 14° (de Dakar à la Petite Côte) au Sud. En effet, les chalutiers opèrent suivant leur capacité de jauge (i) dans les zones allant du Cap Manuel à la frontière bissau-guinéenne pour ceux qui affichent moins de 250 t onneaux de jauge brut (TJB) (ii) dans la zone des 12 milles pour les chalutiers de 250 à 300 TJB et (iii) dans les 15 milles de la latitude 14°25 N à la frontière sénégalo-mauritanienne pour les chalutiers de plus de 300 TJB. Au Sénégal, l’exploitation industrielle du poulpe était considérée comme accessoire au début avant de revêtir au fil des années un caractère « opportuniste » lié à l’abondance de l’espèce capturée avec un chalut à p oisson standard. Les chalutiers japonais puis coréens battant pavillon sénégalais ou affrétés ont été les premiers à s’intéresser à l’exploitation du poulpe, bien avant les bateaux européens (espagnols, grecs, etc.) et sénégalais. Les chalutiers 17 poissonniers-céphalopodiers qui capturent occasionnellement le poulpe dans la ZEE sénégalaise sont aujourd’hui au nombre de 58 chalutiers. La suspension des accords de pêche avec l’Union Européenne (UE) en 2006 a fortement réduit la flottille étrangère opérant dans la ZEE sénégalaise, au profit des chalutiers côtiers nationaux vieillissants. 

Pêcherie artisanale

La pêche artisanale du poulpe s’effectue non loin de la côte, généralement entre 0 e t 10 milles marins, la zone d’activité des pêcheurs artisans dépassant rarement les 24 milles. Certains sites de littoral sénégalais se d istinguent dans la production artisanale du poulpe commun, notamment Mbour sur la petite côte, Thiaroye en région dakaroise et Kayar sur la grande côte (Bakhayokho, 1980). Ceci peut constituer un indicateur de la distribution de la ressource sur le littoral. La répartition des pirogues à « ligne poulpe » (estimées à 1 438 pirogues) dans ces différentes zones, est illustrative de cette distribution du poulpe (Tableau 1). Des mouvements saisonniers expliquent les concentrations de pêcheurs artisans vers les zones de forte présence du poulpe.

Table des matières

Liste des acronymes et abréviations
Introduction
Chapitre I : Bioécologie et pêche du poulpe au Sénégal
1.1 Caractéristique de la zone d’étude
1.1.1. Rappels sur la notion de Zone Economique Exclusive
1.1.2. Caractéristiques de la ZEE du Sénégal
1.1.2.1. Géomorphologie
1.1.2.2. Caractéristiques hydrologiques
1.2. Présentation et Bioécologie du poulpe commun
1.2.1. Systématique
1.2.2. Description
1.2.3. Distribution géographique
1.2.4. Biotopes et comportement
1.2.5. Reproduction et durée de vie
1.2.5.1. Diagnose des sexes
1.2.5.2. Maturité sexuelle et sex-ratio
1.2.5.3. Fécondité
1.2.5.4. Sénescence- durée de vie
1.2.6. Proies et prédateurs
1.3. Pêche et Commercialisation du poulpe au Sénégal
1.3.1. Considérations générales
1.3.2. Pêcherie industrielle
1.3.3. Pêcherie artisanale
1.3.4. Mareyage et Commercialisation
1.4. Concept de changement climatique
1.4.1. Généralités
1.4.2. Définition
1.4.3. Principaux facteurs incriminés
1.4.4. Impacts des changements climatiques sur l’écosystème marin sénégalais
1.4.4.1. Impacts sur le littoral
1.4.4.2. Variabilité hydroclimatique
1.4.4.3. Impacts sur la ressource marine
Chapitre II : Matériels et Méthodes
2.1. Matériels
2.2. Méthodes
2.2.1. Fichiers de travail
2.2.2. Présentation générale des méthodes
2.2.2.1. Paramètres statistiques élémentaires
2.2.2.2. Corrélations linéaires
2.2.2.3. Analyse de variance (ANOVA)
2.2.2.4. Analyse en Composantes Principales (ACP)
Chapitre III : Résultats
3.1. Pêche commerciale
3.1.1. Evolution temporelle
3.1.2. Corrélations
3.1.2.1. Corrélation : Production-température annuelle à la surface de la mer
3.1.2.2. Corrélation : Production-Intensité de l’upwelling côtier
3.2. Pêche scientifique
3.2.1. Statistiques élémentaires
3.2.2. Analyse de variance
3.2.3. Corrélation : Captures-Paramètres hydroclimatiques
3.2.4. Relation qualitative Poulpe – Environnement physique
3.2.5. Relation qualitative du poulpe avec la faune associée
Chapitre IV : Discussion
Conclusion

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