GENRE ET DEVELOPPEMENT LOCAL

Le contexte international de l’histoire de la femme 

La fin de la décennie de la femme (1975-1985) décrétée par les Nations Unies a été marquée par la conférence mondiale des femmes a Nairobi en 1986. Si la décennie s’achevait alors, avec les stratégies prospectives de Nairobi se déployaient un vaste mouvement en faveur des femmes, tant au niveau international et régional qu’à celui des institutions gouvernementales et non gouvernementales. C’est ainsi qu’entre 1985 et 1995, année de la Vème conférence mondiale sur les femmes à Beijing, les agences du système des Nations Unies ont uni leurs efforts à ceux des chercheurs de différents pays pour la contribution des femmes à la vie familiale, locale, nationale et internationale, tant du point de vue de l’économie que social ou culturel, et pour donner à cette contribution une meilleure « visibilité ». De leur côté, les ONG de femmes se sont multipliées et renforcées, favorisées en cela, surtout au cours des cinq dernières années, par la révolution technologique. La mondialisation et le progrès technique qui soutient offre aux femmes des chances d’accéder plus facilement à l’information, à de nouveaux emplois et de nouveaux produits à de nouvelles et plus larges possibilités de communiquer entre elles. Les organisations occidentales s’en servent essentiellement pour assurer la participation des femmes aux grandes assises internationales. Les réseaux d’ONG féminines du tiers monde quant à eux s’occupent principalement de problèmes économiques. Ainsi, le centre for the Economic Empowerment of women in africa (CEEWA) s’active pour une refonte des programs d’ajustement structurel et des systèmes de crédits plus adaptés aux besoins des femmes. 6 Cinq ans après Beijing, il convient de faire le point de la situation à Madagascar et d’envisager la poursuite de l’entreprise dans la décennie à venir ; En septembre 1995, le programme d’action mondiale pour la promotion de la femme a été adopté. Puis en septembre 2000, la déclaration du millénaire réaffirme la volonté des gouvernements de promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, en tant que moyen efficace de combattre la pauvreté, la faim, la maladie et de promouvoir un développement réellement durable I-2- statut des femmes à travers l’histoire de Madagascar Au 19ème siècle, Ranavalona II fut la première de nos reines à avoir un comportement conforme à la féminité selon les normes occidentales de l’époque. Dès le début du siècle, elle a introduit en même temps la religion, le mode de vie et en occurrence les stéréotypes de genre propres à la civilisation occidentale. Cependant, les effets discriminatoires étaient fortement atténués par la nature « non-conforme » de la London Missionary Society, qui avait entrepris d’évangéliser et d’éduquer également hommes et femmes, garçons et filles. La montée de l’Etat sous Andrianampoinimerina, ainsi que la modernisation introduite par le contrat avec l’Europe à travers l’évangélisation sont cependant les principaux facteurs des changements qui sont intervenus soit en faveur, soit au détriment du statut des femmes. Mais leur rôle économique n’est pas encore reconnu : même leurs multiples rôles dans la répartition traditionnelle du travail agricole sont ignorés puisqu’elles ne paient pas les impôts. De ce fait, il est considéré inutile de chercher à améliorer leur productivité : l’école industrielle de Tananarive, qui comprend une filière « agriculture », est fermée aux femmes. Les femmes sont systématiquement moins bien payées que les hommes quelque soit le secteur où elles travaillent. Lors de l’indépendance de Madagascar, la constitution de 1960 n’a marqué d’affirmer l’égalité de tous les citoyens et de bannir toute forme de discrimination. Mais elle n’a pas pour autant libérer les femmes de l’emprise sociale. 

 Définitions des termes 

 Concept du genre

 Le mot « genre » est traduit du terme Anglais « GENDER ». c’est un concept qui a donné lieu à l’approche Genre et Développement. Le concept genre renvoie au concept d’inégalité sociale et permet de montrer en quoi des rapports inégalitaires peuvent être facteurs de blocage pour le développement. C’est une manière de voir, d’appréhender, et d’agir sur tous les détails de la vie des femmes, des hommes, des filles et des garçons. Genre, c’est aussi un concept qui identifie et se réfère aux relations entre les femmes et les hommes, entre femmes et hommes, entre garçons et filles. Ces relations sont socialement construites. Elles sont acquises susceptibles de changer avec le temps et sont largement variable d’un pays à l’autre et parmi les différentes cultures à l’intérieur d’un même pays. En termes de définition : « le Genre est la construction socioculturelle des rôles féminins et masculins et des relations entre les femmes et les hommes. Les rôles féminins et masculins se rapportent aux activités attribuées aux femmes et aux hommes dans la société et à la position que femmes et hommes y occupent respectivement. Ces rôles découlent des forces telle que la culture, la tradition, la politique et les besoins ; et permettent de déterminer l’accès aux opportunités et aux ressources et ils imposent des attentes et des limites aussi bien aux femmes qu’aux hommes » 1 Autrement dit, le genre est :  Institutionnalisé par la famille, la communauté, les normes, les organisations et l’Etat  Perpétué à travers la religion, la culture, les normes et la tradition. Trois constats ont amené les acteurs à tenir compte du genre dans l’approche de développement :  Le fait que dans toute société, les femmes forment un groupe désavantagé par rapport aux hommes, en termes de bien être (éducation, santé, revenu….), en terme d’accès et de contrôle des moyens de production, et en termes de pouvoir.  Le fait que dans toute société les femmes et les hommes ont des besoins et des opportunités différentes ; compte tenu de leur rôles et responsabilités distinctes et compte tenu de l’inégalité dans l’accès et le contrôle des ressources.  Le fait que cette situation d’infériorité constitue un obstacle au développement puisqu’elle limite les chances et les opportunités de la moitié de la population. 

Genre et sexe

Le genre est différent de sexe

Le sexe Le sexe se réfère à la structure biologique de reproduction chez l’être humain (homme et femme). Il envoie à la biologie humaine, c’est-à-dire, on nait homme ou femme mais on ne peut rien y changer. C’est cette biologie humaine qui est la base des nombreuses attitudes relatives aux devoirs de l’homme et de la femme dans la société.

genre

Le genre fait référence :  Aux rôles, responsabilités et tâches des femmes et des hommes et leur interaction  A la façon dont les comportements et les identités sont définis par les normes et valeurs de la société. Alors, les rôles, les statuts, les conditions et les positions occupés par les femmes et les hommes sont donc culturellement marqués et peuvent varier d’une société à l’autre. 9 Tableau n°1 : Différence entre sexe et genre SEXE GENRE Concept biologique : condition physique, chromosomes, organes génitaux etc. Concept sociologique : identité, société, culture, etc. Différence universelle biologique Différence sociale fixée par la société et apprise par la société et apprise par les individus Inéchangeable Variable d’une société à un autre selon l’âge, la classe, la religion, la caste, ethnie etc. Différences qui ne peuvent pas être modifiée par des actions de développement Différences qui peuvent modifiée dans le temps Source : www.Genreenaction.net 

D’IFD à GED

Approche IFD L’approche IFD a misé sur la promotion de l’accès des femmes aux nouvelles technologies et à l’éducation afin d’assurer leur pleine participation sociale et économique. Plusieurs lacunes ont été observées dans son application mais également dans ses fondements :  L’approche IFD, de par de l’importance accordée aux responsabilités individuelles des femmes d’assurer leur intégration et leur participation au développement, a négligé tout l’aspect des rapports hommes-femmes.  Elle est basée sur l’hypothèse que les rapports de genre changeront d’eux-mêmes à mesure que les femmes deviendront des partenaires économiques à part entière dans le développement.  Elle ne cherche pas à modifier les rapports d’inégalité entre les hommes et les femmes, pas plus qu’elle ne considère les différents de classe, d’ethnie, de culture entre les femmes.  La sphère du privé est négligée au profit de la sphère publique. L’approche omet de tenir compte que bien qu’elles puissent intégrer le domaine de travail et poursuivre des objectifs ambitieux, les femmes doivent toujours assumer les tâches quotidiennes du soin des enfants et du travail domestiques, ce qui occasionne une surcharge de travail. 10 L’ensemble de ces lacunes a donc inévitablement amené les chercheurs à développer d’autres modèles d’intervention de développement. 

 Approche genre et développement

 C’est une approche fondée sur une distinction entre les sexes et implique de mettre l’accent tant sur les femmes que sur les hommes au lieu de centrer exclusivement l’attention sur les femmes. Il s’agit d’une planification qui intègre la variable homme/femme et tienne compte de tous les facteurs de sorte que tant les femmes que les hommes aient la possibilité d’influer sur le processus de développement, d’y participer et d’en tirer profit. L’approche genre et développement se combine au concept de développement durable et équitable. En plus de chercher à intégrer les femmes au développement, elle vise à exploiter le potentiel des initiatives de développement à transformer les relations sociales et de donner plus de pouvoir aux femmes. L’approche genre et développement considère les femmes comme agentes de changements plutôt que comme bénéficiaire passive de l’aide au développement. L’approche GED se caractérise par :  Une stratégie qui vise à permettre l’intégration des préoccupations de genre dans l’analyse, la planification et l’organisation de politiques, programmes et projets de développement.  Une approche qui cherche à promouvoir l’égalité entre les sexes par l’Empowerment des femmes et des hommes dans la population et dans les activités de développement.  Une approche qui prône des valeurs d’égalité dans tous les domaines où les écarts entre les hommes et les femmes sont grands, notamment dans :  La division de travail  L’accès aux services et aux ressources  Le contrôle des ressources et des bénéfices  Le pouvoir décisionnel  Une approche qui ne concentre pas uniquement sur les femmes ou sur les hommes mais plutôt sur la transformation des rapports entre les genres dans un sens plus égalitaire.  Une approche qui ne tente pas de marginaliser les hommes mais d’élargir la participation des femmes à tous les niveaux 11  Une approche qui ne vise pas à transformer les femmes en hommes, mais bien à s’assurer que l’accès aux ressources ne relève pas de l’appartenance à un sexe.