La fin de la dynastie antonine au milieu du IIIe

 La fin de la dynastie antonine au milieu du IIIe

Rome 

Compositions complexes à structuration architecturale sur fond polychrome ou monochrome blanc (1) Essor des compositions architecturales aux formes plus imposantes et plus réalistes Le vocabulaire architectural, qui caractérisait en grande partie la peinture d’Antonin le Pieux à Commode, se maintient dans les décors de la période suivante, mais sous des formes plus imposantes et, de prime abord, plus réalistes, qui renouent d’une certaine façon avec les compositions scénographiques du Deuxième Style Pompéien – à l’image de celles que nous avons vues dans la domus sous les Thermes de Caracalla. A cet usage renouvelé des formes architecturales, s’allie cependant une utilisation des fonds polychromes – relativement absents durant les périodes précédentes – qui vient pour ainsi dire contredire la cohérence des espaces créés. Les exemples les mieux datés appartiennent à la domus sotto la Piazza dei Cinquecento que nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer. Cette maison, construite, d’après l’étude des timbres de briques et des pavements de mosaïque, à l’époque d’Hadrien, connaît plusieurs phases de restructurations. Le groupe cohérent de peintures qui occupe la partie principale de la demeure (partie nord, autour de l’atrium E1) est associé à la dernière phase importante d’interventions, datée, toujours sur la base des timbres de briques, de la fin du IIe s. Ces peintures peuvent être divisées en deux groupes : celles à fond polychrome et celles à fond blanc. Les premières présentent les structures les plus cohérentes et les plus complexes. Ainsi, dans la pièce E9, les parois sont scandées par une structure avec colonnes en avancée qui déterminent des champs colorés295 (ROM 10.07). Les colonnes, cannelées et parfois redoublées, reposent sur de hauts piédestaux décorés eux-mêmes portés par une plinthe. La paroi sud, la plus longue, est divisée en cinq champs. Sur le champ central, à fond rouge, se détache un édicule porté par des colonnes grêles, qui doit se trouver à l’arrière-plan par rapport aux colonnes sur piédestaux qui portent la structure principale. Sous le champ rouge, 295 La partie supérieure du décor étant peu lisible, il est difficile de préciser la nature de la structure. la fin de la dynastie antonine au milieu du IIIe s. 180 un escalier à la perspective accentuée, situé sur le même plan que les piédestaux et réalisé sur un fond brun, conduit à un espace indéterminé. Des oiseaux en train de picorer sont posés sur les marches. Les colonnes encadrant ce champ central sont flanquées de champs à fond brun qui s’élèvent au-dessus de compartiments blancs. Ici encore, des architectures (un portique en l’occurrence) se détachent sur le fond brun, sans qu’il soit vraiment possible de dire à quel plan elles appartiennent. Dans le champ gauche, on distingue, en vignette, une panthère bondissante chevauchée par un personnage. Devant les compartiments blancs, sur le même plan que les piédestaux et l’escalier, se trouvent, à gauche, un vase d’où dépassent des fruits ou des fleurs et, à droite, un élément difficilement identifiable sur le cliché, qui serait, selon la description de R. Paris, un canard296. Enfin, des colonnes redoublées opèrent la transition avec des champs rouges au-dessus de compartiments bruns qui occupent les deux extrémités de la paroi. Des animaux de bonnes dimensions (ici, des cygnes) sont à nouveau représentés au premier plan, entre les piédestaux des colonnes et, sur le fond rouge, se détachent des édicules en vue latérale portés par des colonnes grêles. Les parois orientale et occidentale, plus courtes, sont parfaitement symétriques : en les réunissant on retrouve le schéma de la paroi sud. Dans le champ à fond rouge le plus large, on lit, à l’intérieur de l’édicule gracile, des scènes de conservation (un personnage debout semble s’entretenir avec un autre assis). On retrouve l’escalier de premier plan à l’extrémité de chaque paroi mais il est coupé à un peu plus de la moitié ; devant lui se trouve une panthère d’assez grandes dimensions. Sur les champs à fond brun, à présent au centre de la paroi, le portique est remplacé par un édicule dont on ne voit qu’une partie, émergeant derrière les colonnes de premier plan. Une guirlande tombe du haut de l’édicule et passe entre les deux colonnes de premier plan pour venir rejoindre les fines architectures du panneau rouge. La guirlande fausse ainsi la logique spatiale puisqu’elle passe, pour relier des éléments sensés se situer en arrière-plan, devant une colonne située plus avant. Devant l’édicule sur fond brun, un cervidé pourrait être identifié à une gazelle en raison de ses cornes et de la finesse de ses pattes. Enfin, après une paire de colonnes, les parois se terminent par un champ rouge audessus d’un compartiment brun.

Systèmes mixtes à imitation de marbre

A partir du début du IIIe s., les hauts revêtements de marbre commencent timidement à céder la place à des imitations, peu documentées jusqu’à cette date dans les décors domestiques de la capitale. Dans la pièce 28 de la « Villa Grande » (ROM 21.02 état 2), le revêtement de marbre qui occupait vraisemblablement la partie basse de la paroi dans la première phase du décor est remplacé par une imitation d’opus sectile. Le pan d’enduit conservé montre la juxtaposition de panneaux imitant le marbre cipolin pour le premier, un disque de porphyre rouge inclus dans une dalle de jaune antique pour le deuxième et enfin un losange inclus dans une dalle de cipolin pour le troisième340. Cette transformation peut être datée relativement puisqu’elle intervient en état 2, après la première phase située vraisemblablement dans la seconde moitié du IIe s. (voir période 2 ; ROM 21.02 état 1) et avant une seconde réfection qui intervient quant à elle avant le IVe s., date à laquelle les structures de la maison sont enterrées en vue de la construction de la Basilique S. Sebastiano. La datation dans les premières décennies du IIIe s. proposée par F. Taccalite semble donc convaincante341 . Une autre occurrence d’imitation de marbre peut être attribuée à la même période : le décor de la pièce 16 de la domus sotto Santa Maria Maggiore (ROM 11.05). Au-dessus d’une plinthe jaune, se déploient des marbres fictifs : des panneaux de couleur jaune ocre sont encadrés d’une bande jaune plus claire veinée de marron ; entre ces panneaux, s’élèvent des bandes jaunes imitant vraisemblablement des lésènes. Au-dessus de cette partie basse, qui, d’après le cliché publié par S. Mols et E. Moormann342, atteint une hauteur importante, s’étend une prédelle à fond vert sur laquelle n’était visible, au moment de la fouille, qu’un félin. Quant à la partie haute de la paroi, à fond jaune, il ne subsiste de son décor que la silhouette d’un personnage masculin sur la paroi sud. On a retrouvé sur cette peinture des graffiti datés dans le courant du IIIe s qui fournissent un TAQ343. Dans l’état actuel de nos connaissances, aucune peinture domestique à haute imitation de marbre n’étant documentée 340 L’identification des marbres est difficile à établir d’après la documentation publiée et nous reprenons donc la description proposée par Taccalite 2004, p.409. 341 Taccalite 2004, p.408-409. 342 Mols et Moormann 2010, fig.21. 343 Mols et Moormann 2010, p.483. 200 dans le courant du IIe s. ; on peut donc placer ce décor dans les premières décennies du IIIe s 344 . 

Autres compositions

La domus sous les Thermes de Caracalla a livré un exemple de scène figurée continue au-dessus d’un haut revêtement de marbre (ROM 19.11 état 2). En effet, le décor de la pièce N, vu précédemment, est refait durant la dernière phase de vie de la maison, c’est-à-dire à une date comprise entre 180 environ, période à laquelle nous avons situé l’état antérieur de la peinture (voir période 2), et 206, moment où sont construits, sur la maison, les Thermes de Caracalla. Le revêtement de marbre haut d’1,60 m de la phase antérieure est conservé mais la zone sus-jacente ainsi que la voûte sont recouvertes d’un nouvel enduit. La peinture met essentiellement en scène des divinités. Sur la paroi de l’entrée, en haut à droite, on observe le buste du dieu Anubis, dont la tête de chien est tournée vers la gauche où se trouve, de l’autre côté de la porte, une figure de jeune homme portant une corne d’abondance. Sur la paroi de gauche, F. Castagnoli décrivait Cérès et Sérapis345 mais I. Iacopi reconnaît une figure féminine, portant une torche, qu’elle identifie plutôt à Isis en raison de sa coiffe (avec raison nous semble-t-il) et un autre personnage qu’on devine à peine346. Sur la paroi du fond, apparaissent les restes de sept personnages alignés en train de s’entretenir, personnages que l’on peut identifier comme des divinités diverses. La paroi de droite enfin montre les trois divinités capitolines, disposées frontalement. F. Castagnoli décrit également sur cette paroi la louve et les jumeaux. Tous ces personnages sont représentés sur un fond uni, au-dessous de guirlandes qui partent du milieu vers les bords de la lunette. Le caractère exceptionnel de la scène, à une époque où très peu de scènes figurées continues sont documentées, s’explique vraisemblablement par la transformation de cette pièce en laraire.

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