La gestion du paysage, un outils particulier pour protéger le vignoble

La gestion du paysage, un outils particulier pour
protéger le vignoble

Dans le monde viticole, le concept de terroir est très marqué. Les terroirs prennent en compte les spécificités et la qualités des terres locales mais pas seulement. On associe au terroir un savoir-faire local, un climat, une topographie, une géologue et surtout un paysage. « Le paysage est une étendue spatiale, naturelle ou transformée par l’homme, qui présente une certaine identité visuelle ou fonctionnelle » 8. Les paysages viticoles, qui ont été façonnés par l’homme, nous renvoient à de réelles traditions et à un patrimoine. Cette identité viticole est conservée entre autre grâce à la mises en valeur du paysage et du patrimoine. Aussi, « le paysage participe de manière importante à l’intérêt général, sur les plans culturel, écologique, environnemental et social, et il constitue une ressource favorable à l’activité D’après la définition du dictionnaire  La gestion du paysage, un outils particulier pour protéger le vignoble économique, dont une protection, une gestion et un aménagement appropriés peuvent contribuer à la création d’emplois » . La gestion du paysage est donc un outil 9 nécessaire pour faire face à l’avenir. Une bonne gestion du paysage viticole peut dont garantir la place de ce vignoble AOC dans un territoire en pleine mutation.

La mise en valeur du vignoble

Du jardinier au contemplateur : une gestion propre à chaque vigneron 

Sur l’AOC Bourgueil, les exploitants n’ont pas tous les même modes de gestion. Ces différences de gestion et d’entretien sont intéressantes puisqu’elles sont à l’origine de la diversité paysagère du vignoble. Cette hétérogénéité est en harmonie avec l’aspect irrégulier du morcellement des parcelles de vignes. Les paysages viticoles ne sont pas des paysages parfaits et réguliers, les vignes sont découpées et s’entremêlent. C’est cette gestion propre à chaque vigneron qui créer l’identité du terroir. La différence d’apparence apparait surtout entre des vignes en conventionnelle et des vignes biologiques. En effet les exploitations en agriculture conventionnelle utilisent un désherbage chimique au lieu d’un désherbage mécanique pour les vignes biologiques. Ce désherbage est très visible dans le paysage puisqu’il brûle l’herbe et la jaunit (figure 6). Selon leur mode de gestion les exploitants modifient l’aspect de leur vignoble, les vignes en conventionnelles sont vraiment remarquables et se différencient fortement des vignes biologique. Lorsque l’on se promène dans l’AOC de Bourgueil nous pouvons retrouver ces deux types de paysage (figure 6 et figure 7). Ainsi, en ayant des modes de culture différents, les exploitants, au dépend de leur volonté, modifient l’aspect du paysage viticole. D’après la convention européenne du paysage  « Dans un cas c’est aseptisé, il n’y a rien qui dépasse… pour moi il n’y a pas de vie. Lorsque l’on marche sur une parcelle désherbée on ne s’enfonce pas. La terre ne bouge pas. Alors que dans une parcelle en bio, la terre respire, cela n’a rien à voir… » (vigneron 2). Un vigneron biologique interrogé trouve que le paysage est plus joli lorsque les vignes sont en bio, « ce n’est pas pour ça que je le fais mais je trouve ça plus joli » Sur ce cliché pris dans un vignoble biologique (figure 7), nous voyons nettement la différence avec la figure 6. L’herbe pousse librement, la terre est visible. L’aspect des vignes est totalement différent.Les vignerons de l’AOC Bourgueil n’ont pas tous la même façon de gérer leur domaine. En effet certains accordent un soin particulier à entretenir leur exploitation ainsi que leurs vignes tandis que d’autres préfèrent laisser la nature s’occuper de leurs vignes. «certains vignerons sont des jardiniers, ils aiment lorsque tout est bien coupé et carré alors que d’autres sont des vignerons plus contemplatifs » (vigneron 2). L’aspect esthétique des vignes est très subjectif, il dépend uniquement des envies du vigneron. Certains considèrent qu’une vigne non jardinée, est plus jolie qu’une vigne en conventionnelle, la où rien ne dépasse puisque l’enherbement est controlé. De plus, l’entretien continue de la vigne peut être vu comme une perte de temps et d’argent, « je ne vais pas faire deux passages en plus à consommer du gasoil parce que l’herbe est trop haute » (vigneron 1). Ces choix d’entretien et de gestion sont personnels mais ne signifient pas que certains vignerons n’accordent pas d’importance à l’esthétique de leur vignoble. Comme nous l’avons précisé précédemment, c’est une vision très subjective. Certains apprécient davantage le paysage lorsqu’il est travaillé (figure 9) alors que d’autres le préfèrent un peu plus champêtre (figure 8).Figure 7: Vigne en bio (vigneron 2) 30 sur 44 Figure 9 : Photo de rangs de vignes bio « travaillées » (cliché vigneron 2) Figure 8 : Photo de rangs de vignes bio « champêtre » (cliché vigneron 1) Ces différences de gestion et d’entretien sont intéressantes puisqu’elles sont à l’origine de la diversité paysagère du vignoble. Cette hétérogénéité est en harmonie avec l’aspect irrégulier du morcellement des parcelles de vignes. Les paysages viticoles ne sont pas des paysages parfaits et réguliers, les vignes sont découpées et s’entremêlent. C’est cette gestion propre à chaque vigneron qui créer l’identité du terroir. Les exploitants ne sont pas les seuls à mettre en avant ce territoire, les acteurs publics du territoire élaborent des stratégies afin de mettre en valeur et protéger ce patrimoine.

Une volonté de mettre en valeur le patrimoine du domaine de Bourgueil 

Les pouvoirs publics ont aussi un rôle dans la gestion et la protection du vignoble de Bourgueil. Même si la commune n’a pas les compétences requises pour gérer les terres viticoles, elle ne peuvent tout de même mettre en place des stratégies qui mettent en valeur l’AOC ainsi que le patrimoine historique et culturel du domaine. « Nous n’avons vraiment pas la main sur la partie viticole, ce sont les viticulteurs ou les syndicats des vins qui gèrent les stratégies à l’échelle du vignoble » (élu 2). Ils n’ont donc pas de stratégie à proprement parler pour mettre en valeur le vignoble, néanmoins, ils essayent de mettre en place des projet sur les terres agricoles, en accord avec le patrimoine ancien du domaine. Par exemple ils ont eu pour projet d’implanter des maraichers sur Bourgueil puisque la commune était anciennement une commune maraichère. Leur politique espaces verts essaye également de mettre en valeur le patrimoine ancien du domaine avec entre autre, la réintroduction d’arbre fruitier, ou encore d’aromate comme la réglisse. « Nous essayons de ramener de la diversité agricole sur Bourgueil en essayant de faire venir des fruitiers ou du maraichage en souvenir d’une époque » (élu 2). Ces projets tendent à rappeler l’existence passée de la polyculture qu’il y avait , avant l’arrivée de l’activité viticole, dans les communes du domaine. En effet la viticulture a engendré une modification de l’utilisation des terres agricoles en favorisant ainsi la monoculture sur le domaine. Aujourd’hui la monoculture pose de réels problèmes pour la production agricole, et d’autant plus avec les modifications climatiques, « la monoculture est un danger, et on s’en rend compte de plus en plus du fait de nos problématiques climatiques » (vigneron 3). Les élus de la commune réfléchissent aussi des projets communs avec des vignerons. Par exemple ils se sont posés la question de l’utilisation de haies dans les vignes. Ces barrières naturelles ont été largement utilisées à une époque (paysage en bocage) mais leurs utilisations ont été abandonnées suite l’intensification de l’agriculture. Le retour à cette technique est discuté puisque les haies représentent un fort intérêt dans pour la culture et pour la biodiversité. « Elles protègent du vent, du gel… si l’on refait des clos autours des vignes cela permettrait d’attirer des petites bêtes 31 sur 44 qui pourraient protéger la vigne. » (élu 2). Ces projets semblent être approuvés par les vignerons concernés « cela apporte de la diversité au niveau de la faune, de la flore… ce sont des choses auxquelles nous devons réfléchir » (vigneron 3) Les élus de la commune de Bourgueil souhaitent ainsi continuer la culture de la vigne mais peut être en l’aménageant autrement, en réfléchissant à des projets qui diversifieraient l’agriculture du domaine tout en mettant en valeur l’activité viticole. Cette activité génère aussi une dynamique importante pour l’AOC : le tourisme. 

L’oenotoursime, une dynamique économique qui met en valeur le terroir 

La production viticole de Bourgueil est importante pour l’économie de la région (plus spécifiquement du domaine AOC) puisqu’elle attire de nombreux clients tout au long de l’année et favorise une nouvelle forme de tourisme : l’oenotourisme. Ce nouveau marché repose sur des valeurs d’art de vivre, de quête de sens et d’échanges d’expériences. En plus de son importance sur le plan économique, l’oenotourisme à aussi des enjeux culturels. Il permet la découverte de terroirs à travers des paysages qu’il faut mettre en avant et en valeur. Ce sont donc aux politiques et aux acteurs de l’agriculture de mettre en place des outils pour optimiser le développement l’oenotourisme, une dynamique économique et culturelle qui permet la mise en valeur du terroir. C’est justement pour promouvoir ce tourisme que la région est labellisée Vignobles & Découvertes depuis 2010. La plupart des vignerons de l’AOC de Bourgueil vendent une partie de leur production de vin de façon directe. De ce fait ils peuvent aménager leur domaine pour attirer les touristes, donc les clients. Il n’y a pas de réelle stratégie pour faire venir les touristes. Néanmoins, certains exploitants se disent qu’un domaine bien entretenu peut être une façon d’attirer l’oeil.

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