LA PARTICIPATION DES NEO-RURAUX A LA VIE DES TERRITOIRES RURAUX

LA PARTICIPATION DES NEO-RURAUX A LA VIE DES TERRITOIRES RURAUX

L’implication néo-rurale 

L’origine de l’implication néo-rurale

Des préoccupations néo-rurales différentes de celles des locaux

 L’implication des néo-ruraux dans la vie du territoire d’installation n’est pas effective pour chacun d’entre eux. Seule une partie des nouveaux arrivants décide que la participation associative ou politique peut être une valeur importante dans le village. D’après les lectures personnelles et les recherches effectuées sur le territoire d’études, l’implication néo-rurale peut naître d’un désir : – De défi et d’épanouissement personnels : la curiosité et la peur de l’inconnu, le peu voire l’absence de connaissances du milieu rural sont des facteurs qui montrent que l’installation seule d’un citadin en campagne peut être considérée comme un défi. Cependant, son implication quelle qu’elle soit et ajoutée au défi de l’installation antérieure est un critère supplémentaire à sa réussite tant professionnelle que de vie. Pour une partie des néo-ruraux, cette implication est même considérée comme une fin en soi. – De poursuivre l’implication citadine : Une part des néo-ruraux interrogés possédait une expérience participative antérieure dans le milieu urbain. La classe des retraités est importante dans ce domaine, car certains d’entre eux étaient déjà impliqués dans le milieu associatif, ou dans le comité de leur entreprise lorsqu’ils étaient en activité. Après leur retraite et leur installation en milieu rural, ils ont souhaité poursuivre leur participation, se sentir utiles et actifs pour que retraite ne rime pas avec vieillesse et dépendance. A l’image de Jean, retraité et installé depuis 12 ans dans une commune rurale, qui explique de manière très imagée que L’implication dans le milieu associatif, c’est comme une drogue. Quand on y a goûté, on ne peut plus s’arrêter bon nombre de ces personnes participent activement à la vie de la commune de manière innée et spontanée. – De se faire connaître et accepté par les locaux : parce que le néo-rural n’est pas toujours le bienvenu dans le milieu rural notamment dans des territoires très reculés, celui-ci choisit parfois l’implication associative ou politique comme une porte d’entrée sur la commune, mais surtout comme un moyen de se faire accepter par la population locale. Cette population néo-rurale présentera donc un parcours associatif plutôt axé vers le partage et la rencontre entre personnes. Le territoire rural n’est pas vu de la même manière selon que l’on soit local ou néo-rural. De cette constatation, il en découle évidemment des formes d’implication et des comportements différenciés. La personne qui habite le milieu rural depuis très longtemps (voire depuis toujours) donc qui réside en terrain « conquis », considèrera que « son » territoire possède une histoire, des racines et des ancêtres qu’on se doit de mettre en valeur. Le respect de la terre, de l’artisanat et du conservatisme sont les principales valeurs qui forgent la plupart des pensées locales. Contrairement à cette démarche de pensée, la personne qui ne connaît pas ou peu la terre qu’il habite, considèrera plus facilement « son » territoire comme un espace qui puisse évoluer, changer. Cette appréciation est d’autant plus forte lorsqu’il observe selon lui des lacunes sur le territoire, telles l’absence de certains commerces et services, le peu d’offre culturelle, etc. Le territoire est alors parfois perçu par le néo-rural comme source d’évolution voire d’innovation que le local rejette souvent de manière assez radicale. En effet, ce comportement néo-rural est parfois considéré par les populations locales comme une atteinte au territoire et une volonté presque systématique de s’approprier totalement l’espace rural.

S’insérer dans le système participatif d’une commune

« Les natifs, eux, ont de la famille derrière pour se faire entendre, alors que les néo-ruraux, ils se débrouillent ! » 1 Etre néo-rural dans une petite commune, c’est savoir qu’on ne connaît pas ou peu les populations locales, leurs noms, leurs réputations, leurs ancêtres. C’est également savoir que l’intégration au sein de cette communauté n’est pas toujours donnée. C’est pourquoi l’insertion dans un système participatif de la commune, si elle est voulue, demande à être réfléchie. Comme nous l’avons déjà cité plus haut, une grande proportion de citadins avec enfants à charge migrent de la ville vers la campagne  . Pour bon nombre d’entre eux, leur(s) enfant(s) ont été leur première source de discussions quotidiennes avec les populations locales. « Emmener mon fils à l’école m’obligeait évidemment à me retrouver avec des gens du village un moment ou un autre. C’est en parlant de la pluie et du beau temps que finalement on trouve des gens intéressants et intéressés. »3 Discussions courtoises puis plus approfondies ont permis à des néo-ruraux de se trouver impliqués dans des projets pour la plupart associatifs. Par ailleurs, l’implication néo-rurale dans l’APE est une chose que l’on retrouve beaucoup chez les ménages. Cette association facile d’accès car ouverte à tout parent d’élèves représente un bon moyen de s’impliquer et de donner son avis. Les responsables sont à ce titre parfois surpris de trouver en majorité plus de personnes nouvellement installées que des populations locales. La volonté d’implication alimentée par celle d’accompagner son enfant dans sa « nouvelle vie » sont les principaux leviers à la participation à l’APE de la part des néo-ruraux. A la différence de l’intégration dans le milieu associatif, l’intégration dans les conseils municipaux est souvent plus complexe ou du moins plus longue. Le système électoral du conseil municipal français dans les communes de moins de 3.500 habitants fonctionne de la sorte1 : Les candidats doivent se présenter sur une liste complète uniquement dans les communes de 2.500 habitants à 3.500 habitants. Dans les communes de moins de 2.500 habitants, les candidats peuvent avoir des listes incomplètes, par conséquent ils peuvent se présenter seul. Chaque électeur choisit parmi tous les candidats ceux qu’il préfère sans dépasser le nombre maximum d’élus possible mais il a en plus le droit d’ajouter le nom de personnes n’ayant pas fait acte de candidature. Cette méthode appelée panachage présente un défaut majeur, celui de ne pas représenter les minoritaires. « Dans les petits villages comme celui-ci, les votes se font selon le nom du candidat, peu importe son programme, qui d’ailleurs est parfois très peu clair ou que la population ne connaît pas. Il faut avoir un nom qui rassure, que les habitants connaissent. » Nous avons vu qu’il est difficile pour un néo-rural de très vite s’impliquer dans la vie d’une commune. L’intégration dans un conseil municipal ne pouvant s’effectuer que par le vote, le néo-rural désireux de s’impliquer politiquement est dans l’obligation d’être soutenu lors des élections. L’arrivée d’un néo-rural dans un conseil municipal est donc observée lors d’une bonne acceptation de la part des locaux. Mais un autre fait est également à prendre en compte. Depuis l’apparition du phénomène néo-rural et au fil des années, certains territoires ruraux très reculés et à la base en déclin démographique ont connu un regain de population grâce à l’installation de néo-ruraux. Désormais majoritaires sur le territoire de la commune, ces derniers vont représenter une grande partie des électeurs des conseillers municipaux potentiels, eux-mêmes originaires de la gent néo-rurale. C’est ainsi qu’à moyen et long terme les populations néo-rurales, sur tout territoire rural quel qu’il soit, peuvent devenir des acteurs de leur commune et influencer indirectement, par le vote, l’expression de nouvelles stratégies territoriales. 

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