La situation des Afro-brésiliens

La situation des Afro-brésiliens

Les Afrobrésiliens et les droits civiques 

La population afro-brésilienne a toujours constitué un bastion électoral très important depuis que le droit de vote lui avait été accordé après l‟abolition de l‟esclavage. Mais son effectif ne fait pas le poids sur le plan de la représentativité dans le champ politique. En réalité, cette population n‟est là que pour élire des Blancs qui ignorent complètement leurs problèmes. C‟est pourquoi, en abordant la question de l‟électorat noir, nous tenterons de voir comment les Afro-brésiliens sont traités ou comment ils se comportent quand il s‟agit d‟accomplir leurs droits et devoirs civiques au Brésil, d‟une part, et d‟autre part, pourquoi les Afro-brésiliens peinent à avoir beaucoup de représentants dans les instances de décisions politiques ? 

Les politiciens et les Afro-brésiliens

La politique, dans son sens le plus large, celle de civilité ou Politikos, indique le cadre général dans lequel une société ou une population est gérée par ses dirigeants. En général, la politique d’une communauté, d’une société, d’un groupe social, au sens de Politeia, obéit à une constitution rédigée par ses fondateurs, qui définissent sa structure et son fonctionnement (méthodique, théorique et pratique). Elle porte sur les actions, l‟équilibre, le développement interne ou externe d‟une société, ses rapports internes et ses rapports à d’autres ensembles. Cependant, cette définition de la politique est-elle la vision des politiciens brésiliens d‟antan ? Des politiciens d‟aujourd‟hui ? De nos jours, les citoyens, en général, et les Afro-brésiliens, en particulier, n‟ont plus de bonnes relations avec les politiciens. Cela est dû au fait que les hommes politiques ne viennent vers eux que lors des élections, avec des promesses qu‟ils ne pourront jamais réaliser : «Em épocas de eleições, apareciam por lá candidatos a vostos e juravam que fariam alguma coisa para nós. Que a lei uso capião existia, que nós não saíriamos de lá nunca, se votássemos neles»  . Et après les élections ils oublient tout et passent à autres choses. Dès fois, d‟autres deviennent les ennemis du peuple qui les a élus. L‟Afro-brésilien avait toujours été victime de ces mensonges dans la mesure où il venait de sortir de sa situation d‟esclave et aspirait à un bon niveau de vie pour pouvoir lutter contre la misère et de la pauvreté. Comme le reconnaît Evaristo Conceição dans son roman Becos Da Memórias en déclarant que : «Os rostos e olhos 85 Evaristo Conceição. Becos Da Memórias, Ilha de Santa Catarina, Editora Mulhers, 2a edição, 2013, p. 164. Pendant les élections, apparaissaient des candidats aux votes et ils juraient qu‟ils feraient quelque chose pour nous. Que la loi de déguerpissement existait, que nous n‟allons jamais quitter les lieux, si nous votons pour eux. 66 daqueles candidatos que antes nunca havíamos visto e que depois não veríamos mais, principalmente se vencessem nas urnas, perseguiam-nos o tempo todo, tornavam-se então íntimos de nós» . En d‟autres termes, les politiciens viennent pendant toute la période de la campagne électorale pour solliciter les votes des Afro-brésiliens et tentent même de se familiariser avec eux. Une fois au pouvoir, ils deviennent les ennemis du peuple. Cette situation va changer au fil des ans, surtout avec l‟arrivée de Getúlio Vargas au pouvoir, entre 1930-1945. Après l‟abolition de l‟esclavage au Brésil, en 1888, beaucoup de Noirs étaient sans domiciles fixes et d‟autres avaient même préféré retourner chez les anciens maîtres afin de trouver abri et nourriture. Cela était dû au fait que les mécanismes de l‟abolition avaient créé des conditions telles que la pauvreté massive, l‟inégalité dans la répartition des richesses, l‟expansion des espaces agricoles (latifúndios), le non-respect des droits humains et une faiblesse chronique de l‟administration et de la justice. À cela s‟ajoutaient aussi les persécutions et les attaques à l‟encontre des ex-esclaves. En d‟autres termes, le Noir n‟avait ni le temps, ni les aptitudes pour s‟intéresser à la politique et aux politiciens. C‟est seulement avec l‟arrivée de Vargas que les choses allaient commencer à changer un tout petit peu. Dès 1930, avec Getúlio Vargas au pouvoir, la communauté afro-brésilienne commença à s‟intéresser à la politique brésilienne, car ce dernier avait une politique sociale qui rimait avec leurs revendications. Vargas avait pris des mesures visant à réduire à huit heures par jour la durée légale des heures de travail et à introduire les congés payés. La main d‟œuvre brésilienne des années 1930 était fortement constituée d‟Afro-brésiliens. Alors, Vargas mena une politique nationaliste en promouvant une culture spécifiquement brésilienne qui intégrait les éléments africains et encourageait la modernisation de l‟économie. Parce que pendant la révolution de 1930 le premier décret de Vargas fut la publication de la loi des deux tiers (lei dos dois terços). La loi s‟appelait «organisation du travail et prohibition de l‟immigration subventionnée ». Ça c‟est le nom de la loi. C‟était juste pour arrêter l‟immigration subventionnée. Et elle déterminait que dans toutes les entreprises, c‟est ainsi que est née la question des quotas deux tiers des travailleurs soient des travailleurs nés brésiliens. Et c‟est là, évidemment, qu‟il y avait beaucoup d‟immigrants ils avaient vingt-cinq ans pour prendre la citoyenneté brésilienne on a pu faire entre quelques Noirs.  Les visages et les regards de ces candidats que nous n‟avions jamais vu auparavant et après nous ne les verrons plus, principalement s‟ils gagnent les élections, deviennent alors nos amis intimes.  C‟est ainsi que les entreprises ont fait appel aux Noirs et c‟est de là qu‟ils ont commencé à intégrer, petit à petit, le marché du travail avec Vargas. Il étend aussi les droits sociaux des travailleurs (congés payés, assurances sociale, doublement du salaire minimum en 1940), ce qui lui vaut le surnom de «Père des pauvres». Les pauvres ne sont autres que les Afro-brésiliens qui n‟ont pas pu avoir accès à la terre et, abandonnés par le maître et par les institutions antérieurs, croupissaient dans la misère et étaient réduits à la condition de mendiants. C‟est pour cela que beaucoup d‟entre eux ont choisi de rester dans des terres éloignées des centres urbains, selon Moura : Grande parte da população sobreviveu e sobrevive até hoje nessas terras, na maioria das vezes, isolada, distantes das cidades e grandes centros. Porém a concentração de terras e a progressiva valorização das áreas onde se localizam os quilombos, e também pelo fato de as terras dos ex-escravos, na maioria das vezes, não possuem escrituras, assim passaram a ser disputadas por especuladores, grandes proprietários, produtores e extratores de bens naturais, que na maioria das vezes, não reconhecem o direito destas populações que vivem a gerações nessas terras. En effet, la lutte pour la possession des terres, occupées par les Noirs et les Indiens, a toujours été un des points de revendication du mouvement des travailleurs sans terres (MST) et le projet quilombola au Brésil, qui battent, afin que les populations qui habitent les terres occupées puissent bénéficier de titres de propriétés.

 L’électorat afro-brésilien

Selon l‟Institut Brésilien de Géographie et de la Statistiques (IBGE), après le Nigeria, le Brésil est le deuxième pays au monde le plus peuplé d’Africains, arrachés d’Afrique suite aux razzias esclavagistes portugaises successives au cours des siècles derniers. Ainsi, le Brésil est le premier pays au monde, hors de l’Afrique, ayant la plus grande population d’origine africaine. Les résultats du recensement de l’année 2010 ont montré que sur un total de 190.732.694 d’habitants, les 50,74 %, soient (96.777.769) sont Afro-brésiliens, 47,74 % sont euro-descendants, et le reste se répartit entre ceux qui ont des origines asiatiques, 1,09 %, et les autochtones, 0,43 %. La population afro-brésilienne, près de 100 millions au total, représente la majorité de la population du pays et les projections dans le futur confirment le maintien de cette tendance. Ce recensement montre clairement que le Brésil est nettement plus africain que laisse croire la propagande des médias dominants. Cependant ces 100 millions d‟habitants représentent-ils une masse électorale ? Comment ces afro-brésiliens se comportent lors des élections et pour qui votent-ils ? L‟électorat afro-brésilien a connu des changements durant le gouvernement de Lula parce que, vers les années 1960, les Noirs-brésiliens votaient plus pour le Parti de gauche, c‟est-à-dire, le Parti des Travailleurs Brésiliens (PTB). Cela était dû au fait que durant la période où Getúlio Vargas était au pouvoir, beaucoup d‟Afro-brésiliens avaient gravi les échelons sur le plan économique et social. Par conséquent, les Afro-brésiliens de classe moyenne, avaient toujours voté pour le Parti de gauche de Vargas. En 2003 aussi, avec la candidature de Lula à la présidence du Brésil, et comme le PT était aussi un Parti de gauche et, des travailleurs, surtout, beaucoup d‟Afro-brésiliens avaient encore voté pour le PT. Par ailleurs, nous allons expliquer un peu pour quel candidat les Afrobrésiliens votent et comment ils procèdent. Étudier le comportement électoral des Afrobrésiliens devient pertinent à partir du moment où cette population se démarque en tant que groupe social et politique.

Le vote ethnique

Selon le dictionnaire Larousse, édition 2010, le mot ethnie est défini comme un groupement humain qui possède une structure familiale, économique et sociale homogène, et dont l‟unité repose sur une communauté de langue, de culture et de conscience de groupe. Au 70 Brésil, parler de vote ethnique c‟est analyser le comportement électoral de la communauté afro-brésilienne qui, depuis des années, est devenue la convoitise des hommes politiques. Le vote ethnique au Brésil ne date pas de nos jours. Il a été prôné depuis 1936 avec le Front Noir Brésilien (Frente Negra Brasileira) qui, dès sa création en 1931, avait présenté des candidats noirs aux élections et avait demandé à la communauté noire de voter pour ces derniers. C‟est de là que les Brésiliens ont commencé à parler de vote ethnique pour la première fois. Depuis lors, à chaque élection, la question du vote ethnique surgit pendant la période des campagnes électorales, car certains candidats de Partis pensent tirer profit des votes de la communauté afro-brésilienne. Pour faire sortir cette masse électorale des favelas, certains Partis investissent des candidats afro-brésiliens et abordent des questions ou des thèmes comme : le racisme, les quotas dans l‟éducation, les concours et les inégalités sociales. Parce qu‟ils savent que la plupart des revendications de cette communauté portent sur ces questions, le candidat ou le parti politique qui sait le plus toucher leurs cœurs bénéficierait de leurs votes d‟après Gladys Mitchell90 : «Se os afro-brasileiros veem suas situações socioeconómica como resultante de sua classe e de sua raça, é plausível que candidatos que abordam questões raciais atualmente tenham maior apelo do que no passado». Ce Parti aura plus de votants parce que la communauté afro-brésilienne sent que ses préoccupations sont prises en compte par son candidat. Les questions abordées font partie des maux dont souffrent les Noirs. La loi à elle seule ne pouvant pas régler les problèmes qui touchent cette communauté, il faut aussi espérer que les politiciens puissent participer à ce combat. Entre 2003 et 2016, le vote ethnique a pris de l‟ampleur au Brésil. Le Parti au pouvoir (PT) a fortement bénéficié de ce vote, car ayant compris très tôt qu‟il faut présenter des candidats afro-brésiliens dans certains districts ou communautés pour faire sortir la communauté noire de leurs favélas. C‟est ainsi que la participation des Afro-brésiliens, qui était de 5% en 2003, est passée à 8% en 2008, et à 8,5% en 2010. Selon IGBE, grâce à l‟élection de 43 députés afro-brésiliens au parlement Brésilien dont la majorité de ces députés sont des magistrats, des avocats et des travailleurs du service publique, connus de la communauté afro-brésilienne. Le tableau ci-dessous montre le nombre de députés afrobrésiliens par région.  

Table des matières

INTRODUCTION
Première partie : Le contexte historique du peuplement du Brésil
Chapitre 1 La politique d‟exploitation
Chapitre 2 : Les Afro-brésiliens et les droits civiques
Deuxième partie : Les conditions d‟existence des Afro-brésiliens
Chapitre 3 : Les programmes de soutien
Troisième partie : Éveil de la conscience noire
Chapitre 4 : La négritude brésilienne : conquêtes, défis et barrières
CONCLUSION

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