La tomate (Solanum lycopersicum L.) dans la zone des Niayes : identification des principaux maladies et ravageurs et lutte biologique contre Fusarium oxysporum par l’utilisation d’huiles essentielle

Généralités sur la tomate

Systématique et Origine : La tomate (Solanum lycopersicum L.) est une plante herbacée annuelle appartenant à la grande famille des Solanacées qui regroupe plusieurs espèces, telles que la pomme de terre, le tabac, le poivron, l’aubergine etc. C’est une espèce diploïde (2n=24), monoïque et allogame (Messiaen, 1989). Selon Amkraz (2013), l’ancêtre de la tomate actuellement cultivée serait l’espèce Lycopersicon esculentum var. cerasiforme. Originaire de Pérou et des régions tropicales de l’Amérique, la tomate faisait partie de la flore native unique des iles Galápagos. La domestication de cette plante hors de sa zone d’origine fut réalisée durant les premières civilisations mexicaines. Elle a été par la suite introduite en Europe par les Espagnols vers la troisième décennie du 16ème siècle. Après la généralisation de cette culture en Europe, elle se propagea aux Etats-Unis d’Amérique au début du 18ème siècle. Ce n’est qu’à la fin du 19ème siècle que cette culture s’est répandue dans le reste du monde (Amkraz, 2013).
Description botanique, croissance et développement : La tomate est une plante herbacée sensible au froid, vivace sous climat chaud, généralement cultivée comme annuelle. Selon la description de Berti (1989), la tomate est une liane annuelle, à port buissonnant dont la longueur peut dépasser plusieurs mètres. Elle porte de nombreuses feuilles velues alternes et composées, ainsi que plusieurs bourgeons latéraux et des inflorescences jaunes en grappes ou en bouquets qui peuvent être simples, doubles ou composées. Sa tige herbacée se lignifie rapidement avec l’âge de la plante et devient anguleuse.
Le système racinaire est fasciculé et puissant pouvant atteindre 1,50 m de profondeur et 0,70 m de largeur. Les fleurs sont bisexuées, régulières et poussent opposées et/ou entre les feuilles. Le tube du calice est court et velu, les sépales sont persistants . La plante est principalement autogame, mais la fécondation croisée peut avoir lieu ; les abeilles et les bourdons étant les principaux pollinisateurs. Les graines sont nombreuses dans chaque fruit et ont une forme de rein ou de poire. Elles sont poilues, beiges, de 3 à 5 mm de longueur et 2 à 4 mm de largeur. L’embryon est enroulé dans l’albumen (Courchinoux, 2008).
Selon le mode de croissance, il existe deux types de variétés de tomates : les variétés à port indéterminé, qui nécessitent des interventions de taille pour limiter la croissance et provoquer de nouvelles floraisons et qui demandent souvent un tuteurage ;
les variétés à port déterminé dont le développement est de type buissonnant qui ne nécessitent ni taille, ni tuteurage (Courchinoux, 2008).

Importance économique et alimentaire de la tomate

Importance économique : La tomate est, après la pomme de terre, le légume le plus consommé dans le monde (Blancard et al., 2009). Elle est consommée soit fraiche soit après transformation. Elle est cultivée sous toutes les latitudes et dans des conditions climatiques et de production très variées. Ceci démontre une grande plasticité et témoigne de l’efficacité du travail des sélectionneurs des variétés de ce légume. A l’échelle mondiale : La tomate est le premier produit horticole dans le monde grâce à sa production. Cependant, cette production est inégalement répartie et l’Océanie (0,3%) occupe la dernière place après l’Afrique (11,1%) précédée par l’Europe (12,8 %) qui vient après l’Amérique (15,3 %) et l’Asie occupe la première place avec 60,5% de la production mondiale (Amkraz, 2013 ; FAO, 2012). Les échanges de tomates représentent plus de 17% du commerce mondial de fruits et légumes frais. En effet, environ 4 millions de tonnes de tomates sont respectivement importées et exportées dans le monde chaque année (Desmas, 2005).
La production mondiale de tomates a progressé régulièrement au cours du XXe siècle et s’est accrue considérablement durant les trois dernières décennies. Elle est passée de 120000 t en 2012 à 160000t en 2013 et à 180513 tonnes en 2014 (FAOSTAT, 2015).
Il est estimé que 30 % des tomates produites à l’échelle mondiale sont destinées à la transformation. Il faut noter toutefois que ce pourcentage diffère d’un pays à l’autre (Blancard et al., 2009).
Importance alimentaire : La tomate tient une place importante dans l’alimentation humaine. C’est le deuxième légume le plus consommé derrière la pomme de terre. Elle se consomme cru, en salade, souvent en mélange avec d’autres ingrédients ou en jus. Elle est également cuite dans d’innombrables préparations culinaires à partir de produits frais ou transformés industriellement (conserve, surgelé, purée, concentré, condiment, ketchup…). C’est aujourd’hui un légume très important en cuisine, entrant dans la composition de nombreuses recettes. La consommation du fruit contribue à un régime sain et équilibré. En effet, les fruits sont riches en minéraux, en vitamines, en acides aminés essentiels, en sucres ainsi qu’en fibres alimentaires. Elle est d’une grande valeur nutritive et aussi très diététique. En effet, sa teneur en eau varie entre 93 et 95% (Shankara et al., 2005).
Depuis quelques années, les travaux s’accumulent sur la valeur des aliments riches en antioxydants et leur rôle de protection sur les affections cardio-vasculaires et tout particulièrement l’infarctus. Dans le registre végétal, il semble que la tomate soit l’un des légumes les plus protecteurs, et l’on attribue cette protection à un mélange et une bonne teneur en trois des meilleurs antioxydants connus (vitamine C, carotène, vitamine E) (Dukan, 1999).

Les ravageurs de la tomate

Acariose bronzée : La maladie est causée par Aculops lycopersici. Les symptômes se caractérisent par un desséchement prématuré et assez rapide des plantes, un aspect brillant, huileux et une coloration bronzée sur la tige et la face inférieure des feuilles qui sont enroulées ou gaufrées. Pour la lutte, on pulvérisera toute la plante et surtout le dessous des feuilles avec le dicofol, le diméthoate ou l’endosulfan. Le traitement est répété en cas de persistances des attaques (Collingwood et al., 1984).
Mouches blanches (Aleurodes) : Elles sont des piqueurs-suceurs qui constituent une véritable menace par les dégâts qu’elles causent, mais aussi par leur rôle de vecteur de virus en particulier le TYLC. Leur contrôle est particulièrement difficile parce qu’elles développent l’accoutumance face aux insecticides et la lutte biologique n’est pas encore effective en condition de plein champ (Diedhiou, 2013).
Chenilles : Parmi les insectes nuisibles, la noctuelle polyphage (Helicoverpa armigera) qui fore les fruits, est l’un des plus redoutables pouvant provoquer des pertes de récolte allant jusqu’à 70% (Grubben et Denton, 2004). Ses dégâts se traduisent aussi par la présence de nombreuses perforations plus ou moins régulières situées sur le limbe ou sa périphérie. Les folioles sont à terme plus ou moins criblées, trouées, découpées… Des galeries et de nombreuses déjections peuvent être observées sur les organes de la plante. En plus d’induire une maturation précoce des fruits, ces perforations facilitent la pénétration de nombreux agents de pourriture (Blancard et al.,2009). Mouches mineuses : Cas de Lyriomyz atrifolii : La mineuse de la tomate (Lyriomyz atrifolii) est un diptère. La larve qui apparaît de l’œuf commence immédiatement à manger le tissu végétal en creusant des galeries, ce qui peut entrainer le dessèchement et la chute précoce des feuilles. Des champignons ou des bactéries peuvent ensuite pénétrer par ces piqûres et entraîner des dégâts indirects (Blancard et al., 2009).
Lépidoptère : cas de Tuta absoluta : Tuta absoluta est un lépidoptère nocturne de la famille des Gelechiidae. En Amérique du Sud, il est considéré comme l’un des principaux ravageurs de la tomate. Ce papillon peut générer sur tomates des pertes pouvant aller jusqu’à 80-100%( Blancard et al., 2009).Les attaques se manifestent par l’apparition sur les feuilles de galeries blanchâtres (seul l’épiderme de la feuille subsiste, le parenchyme étant consommé par les larves) renfermant chacune une chenille et ses déjections. Avec le temps, les galeries se nécrosent et brunissent. Les chenilles s’attaquent aux fruits verts comme aux fruits mûrs. Les tomates présentent des nécroses sur le calice ou des trous de sortie à leur surface. Les fruits sont alors invendables et impropres à la consommation.

Les maladies de la tomate

Bien que s’adaptant à de nombreux types de sols, la tomate est une plante sensible car sujette à plusieurs attaques de virus, de bactéries, de champignons, etc. Les dégâts sont localisés à tous les niveaux de la plante : racines, tiges, feuilles et fruits. Cependant, les maladies les plus fréquentes restent l’Alternariose, l’Oïdium, la Galle bactérienne, la Fusariose, le TYLC et le Flétrissement bactérien (Collingwood et al., 1984).Il a été également noté des maladies de récolte et physiologiques telles que la pourriture du fruit, le coup de soleil, la nécrose apicale etc. Alternariose : Elle est causée par Alternaria solani et se manifeste par des taches jaunes avec des zones concentriques se nécrosant sur les feuilles. Parmi les méthodes de lutte nous avons l’application de fongicides efficaces s’ils sont disponibles et l’utilisation de variétés tolérantes (Shankara, 2005). Oïdium ou le Blanc : Cette maladie qui n’attaque que les feuilles est causée par Leveillula taurica. Les symptômes se caractérisent par des taches poudreuses blanches à la face inférieure des feuilles et des taches jaunes de dimension variable sur la face supérieure des feuilles (Diedhiou, 2013).Dès l’apparition de ces taches, il est recommander d’effectuer un traitement hebdomadaire avec du soufre mouillable ou tous les 10 à 14 jours avec la triforine (Collingwood et al., 1984). Galle bactérienne : Elle est causée par Xanthomonas campestris pv. vesicatoria. Elle se manifeste d’abord par de petites lésions sombres circulaires ou de forme irrégulière, qui sont entourées d’une auréole jaune sur les différents organes de la plante (tige, foliole, pétiole…). Les lésions ont tendance à se concentrer sur le pourtour et aux extrémités des feuilles. Elles peuvent atteindre un diamètre de 3-5 mm. Les feuilles infectées peuvent paraître roussies. On note aussi une présence de taches brunes à noires sur les fruits. Quand les taches sont nombreuses, le feuillage jaunit et finit par mourir, ce qui entraîne la défoliation de la partie inférieure du plant. Les produits chimiques à base de cuivre sont utilisés en lutte préventive (Shankara et al., 2005).
Tomato Yellow Leaf Curl Virus (TYLC) : La maladie des feuilles jaunes en cuillère de la tomate, due au virus TYLCV, est transmise par un aleurode, Bemisia tabaci. Elle se manifeste par un enroulement et un jaunissement des feuilles qui prennent une forme en cuillère. En plus de la croissance perturbée, les plantes prennent un aspect buissonnant, les folioles s’enroulent, jaunissent et leur taille est réduite. Le virus provoque dans les plantes des maladies durables et incurables, la lutte est donc orientée vers le vecteur (lutte chimique, biologique…) et par l’utilisation de variétés tolérantes (Chaux et Foury, 1999).

Généralités sur les huiles essentielles

De nombreux auteurs ont tenté de donner une définition des huiles essentielles. Pour la 8ème édition de la pharmacopée française (1965), les huiles essentielles (= essences = huiles volatiles) sont des produits de composition généralement assez complexes, renfermant les principes volatils contenus dans les végétaux et plus ou moins modifies au cours de la préparation (Bruneton 1993). Le terme ‘huile’ vient de leur caractère hydrophobe et de leur propriété à se solubiliser dans les graisses, alors que le terme ‘essentielle’ fait référence à l’odeur dégagée par la plante productrice (Bouhdid et al., 2012).
L’organisme de normalisation AFNOR (Association française de normalisation) en 2000 a donné une définition qui prend en compte le mode d’obtention des huiles essentielles : c’est un produit obtenu à partir d’une matière végétale, soit par entrainement à la vapeur, soit par des procédés mécaniques à partir de l’épicarpe des Citrus, soit par distillation à sec. Cette définition est cependant restrictive car elle exclut aussi bien les produits à l’aide de solvants que ceux obtenus par tout autre procédé.
Les huiles essentielles sont des complexes naturels de molécules volatiles et odorantes, synthétisées par les cellules sécrétrices des plantes aromatiques. Celles-ci les conservent dans les poches au niveau de certains organes (Duquenois, 1968). Ces produits odorants sont extraits par entrainement à la vapeur d’eau ou par pression (Peyron et Naves, 1977).

Table des matières

INTRODUCTION
Chapitre 1 : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE 
I .1. Généralités sur la tomate
I.1.1. Systématique et Origine
I.1.2. Description botanique, croissance et développemen
I.1.3. Ecologie
I.1.4. Culture et variétés de tomate
I.1.5. Importance économique et alimentaire de la tomate
II- Les principaux ennemis de la tomate 
II.1. les ravageurs de la tomate
II.1.1. Acariose bronzée
II.1.2. Mouches blanches (Aleurodes)
II.1.3. Chenilles
II.1.4. Mouches mineuses : Cas de Lyriomyz atrifolii
II.1.5. Lépidoptère : cas de Tuta absoluta
II.2. Nématodes
II. 3. Les maladies de la tomate
II.2.1. Alternariose
II.2.2. Oïdium ou le Blanc
II.2.3. Galle bactérienne
II.2.4. Tomato Yellow Leaf Curl Virus (TYLC)
II.2.5. Flétrissement bactérien ou Bacterial wilt
II.3. La Fusariose de la tomate
II.3.1. Notions de biologie des Fusarium
II.3.2. La fusariose des racines et du collet
II.3.3. La fusariose vasculaire
II.3.4. La fusariose des organes aériens
II.3.5. Fusariose vasculaire
III. Généralités sur les huiles essentielles
III.1. Définition
III.2. Localisation et composition
III.3. Domaines d’utilisation et intérêt
III.4. Procédés d’extraction
III.4.3. Extraction par les solvants
III.4.4. Extraction au dioxyde de carbone en phase supercritique
III.4.5. Hydro-diffusion
III.5. Les facteurs influençant la composition
Chapitre 2 : MATERIEL et METHODES
I. Présentation de la zone d’étude : la zone des Niayes
I.1. Le cadre physique
I.1.1. Conditions climatiques
I.1.2. Sols, végétation et espaces de production agricole
I.1.3. Ressources en eau
I.2. Le cadre humain et socio-économique
I.2.1. Dynamique démographique
I.2.2. Les activités socio-économiques
I.2.3. Potentialités maraîchères
II. Présentation des sites d’étude
II.1.1. Site de NDIAR
II.1.2. Site de Keur Mbir NDAO
II.1.3. Site de MBORO
II.1.4. Site de POUT
III- Identification des maladies et ravageurs
III.1. Les ravageurs
III.2. Les maladies.
III.2.1. Isolement et identification des champignons phytopathogènes de la tomate
III.2.2. Vérification du pouvoir pathogène de Fusarium oxysporum
III. 3. Méthode d’étude de l’activité antifongique des huiles essentielles pour le contrôle in vitro de
Fusarium oxysporum
III.3.1. Plantes aromatiques utilisées
III.3.2.Méthode d’Extraction des huiles essentielles des plantes aromatiques
III.3.2.1. Préparation des plantes aromatiques
III.3.2.2. Dispositif et procédé d’extraction
III.3.2.3.Conservation de l’huile essentielle obtenue
III.3.2.4. Détermination du rendement d’extraction
III.4. Activité antifongique des huiles essentielles sur la croissance mycélienne de Fusarium
oxysporum
III.5. Activité antifongique de l’huile essentielle d’Eugenia caryophyllata sur la germination des
spores de Fusarium oxysporum
III.6. Test d’efficacité en serre de l’huile essentielle d’Eugenia caryophyllata pour le contrôle de
Fusarium oxysporum
III.6.1. Choix de la variété
III.6.2. Choix du substrat
III.6.3. Mise en place de la pépinière
III.6.4. Stérilisation du sol
III.6.5. Rempotage des gaines
III.6.6. Inoculation et repiquage
III.6.7. Traitement à l’huile essentielle d’E. caryophyllata
III.6.8. Evaluation de la sévérité du flétrissement
III.7. Analyses statistiques
Chapitre 3 : RESULTATS
I. Principaux maladies et ravageurs identifiés
A- Les ravageurs
A.1. Tuta absoluta
A.2. Helicoverpa armigera
B- Les nématodes
C. Les maladies
C.1. Enroulement foliaire
C.2. Alternariose
C.3. la fusariose
II- Vérification du pouvoir pathogène de F. oxysporum
III. Activité antifongique des huiles essentielles sur deux isolats de Fusarium oxysporum
III.1. Rendement en huiles essentielles des plantes aromatiques
III.2. Activité des huiles essentielles sur la croissance mycélienne
III.3. Activité de l’huile essentielle d’Eugenia caryophyllata sur la germination des spores
III.4. Test d’efficacité de l’huile essentielle d’Eugenia caryophyllata pour le contrôle en Serre de F.
oxysporum
Chapitre 4 : DISCUSSION
CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES 
Références bibliographiques

Télécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *