Le souverain sassanide et le cercle de justice

Le souverain sassanide et le cercle de justice

La justice, fonctions et états

 Avant d’évoquer certains aspects judiciaires ou procéduraux se rapportant à la justice puis d’en aborder un versant plus politique, il nous semble important de revenir sur une formulation rencontrée plus haut qui associe prospérité et justice1 . Une première acception du terme justice renvoie, ce n’est pas pour surprendre puisque la prospérité constitue le pôle initial du cercle, à la prospérité apportée par le monarque. Nous avions à cet égard noté que cette prospérité se manifestait, selon DK. 3 46, par la présence d’hôpitaux « pourvus de savants et de remèdes ». Il n’est pas sans intérêt de relever qu’un autre chapitre du livre III du Dēnkard, le plus long, qui est dédié à la médecine, abordant la médecine du corps et les remèdes y afférents, cite, en premier « la guérison (bizeškīh) par la justice », ce qui, pour n’être pas dépourvu de sens, est moins attendu que les remèdes qu’il énonce ensuite tels 1 Rubrique intitulée Prospérité et protection au cœur de la fonction royale. Le souverain sassanide et le cercle de justice 257 que la guérison par le feu, les plantes, le couteau ou les ponctions2 . Cette conception extensive de la justice (elle correspond à des propos prêtés à Ardašīr ou à Anūšīrvān qui tiennent la justice du monarque comme la première richesse de ses sujets) est corroborée par des énoncés que le Ġurar attribue à Kay Khosrow. Le souverain compare la justice du souverain à une balance où se pèse tout ce qui distingue « l’indigne de l’homme de bien » 3 , mais surtout, ce qui en l’occurrence nous ramène à l’idée de remède, il assimile le monarque au sel qui évite la corruption des aliments ou encore à l’eau qui lave ce qui est souillé mais, observe-t-il, qu’en est-il si le sel est gâté ou l’eau polluée ? Avant de conclure : Le roi est le remède avec lequel on se guérit des maladies ; mais lorsque le remède est avarié, il n’y a aucun moyen pour se guérir.4 Cette notion de justice royale ou plutôt de souverain assimilé à la justice qui se doit de combattre l’Adversité en ce qu’elle est la cause de la corruption du monde, celle-ci se manifestant au quotidien par les maladies dont souffrent les hommes, se devait d’être soulignée avant d’évoquer d’autres aspects de la justice qui sont attendus de lui. L’on prête beaucoup au fondateur de la dynastie en matière de justice comme dans bien d’autres domaines ; à partir des propos qu’il est supposé avoir tenus il est ainsi possible d’identifier un certain nombre de facettes de la notion de justice dont l’examen nous semble digne d’intérêt. Un premier aspect ressort du Kārnāmag qui veut que, lors de son discours du trône, Ardašīr affirme qu’il appliquera la loi (dād warzēm) avant d’énoncer qu’il s’efforcera à la justice (dād kōšēm) 5 ; le nouveau monarque se pose ainsi en serviteur de la loi et en agent tendant à la justice. Un deuxième versant de ce qui peut être rapporté à la justice est fourni, toujours dans un discours du trône, tel que le rapporte cette fois les Prairies d’or ; Ardašīr y insiste tout particulièrement sur le fait que sa justice « sera la même pour le puissant et pour le faible » 6 , ce à quoi il convient d’ajouter que cette justice protège les bons et punit les méchants car, précise le Ġurar, dans une formule dont il attribue la paternité à Ardašīr, le plus mauvais des souverains « est celui qui est craint par l’ homme innocent » 7 . Cette forme d’égalité devant la justice est exprimée un peu différemment dans le Šāhnāme ; elle prend les allures d’une égalité dans l’accès à la justice, en même temps que d’une capacité à porter plainte contre des actes de mauvaise administration ; Ardašīr, toujours dans son discours du trône, proclame en effet que sa salle d’audience est ouverte à quiconque aurait à se plaindre d’actions commises par ceux à qui le souverain a délégué une partie de son autorité (Gouverneurs, capitaines, cavaliers)8 . Ce n’est plus un discours inaugural mais le Testament qui livre un quatrième éclairage se rapportant à la notion de justice, il prend en l’occurrence les couleurs du maintien de l’ordre qui incombe au souverain  lorsque certains fomentent « la discorde et la ruine » : la violence à laquelle recourt alors le roi étant le remède à « l’injustice » des fauteurs de trouble. 

Le Šāhān šāh serviteur de la loi et de la justice

 La loi dont l’Ardašīr du Kārnāmag proclame qu’il fera application est à n’en pas douter la loi de la weh dēn dont un chapitre du livre III du Dēnkard observe que le roi lui-même en est un serviteur (bandag), le même chapitre aura préalablement énoncé que cette loi, qualifiée de « non-violence », les « coups » y sont rendus judiciairement afin que réparation soit obtenue de celui qui a frappé sans droit ; il en va également ainsi des biens illégitimement soustraits aux propriétaires qui doivent en obtenir restitution et réparation du préjudice qu’ils ont subi10. A ce souverain assujetti à la loi, un autre chapitre du livre III du Dēnkard, évoqué dans les développements se rapportant au paymān, demande, non seulement qu’il se préserve lui-même de l’illégalité (a-dādīh), qui est violence (must) et injustice (adādestānīh), mais aussi, qu’il fasse connaître la loi, et, par le suivi des plaintes, recherche les auteurs des violences et en délivre les victimes; ce chapitre énonce en conclusion, avant de condamner les docteurs qui voudraient que la violence et l’injustice soient prédéterminées par Dieu : Telle est la justice par laquelle la violence de l’injustice est épargnée au monde, dont elle est expulsée. Les habits dont est revêtu en l’occurrence le monarque sont ceux, classiques, du souverain du gētīg, médiateur entre les dieux et les hommes et agent du Souverain des deux mondes ; pour le dire autrement, avec les mots que Ferdowsī prête à Anūšīrvān, Dieu est « le distributeur de la justice » et quiconque s’assoit sur le trône et la fait régner en est heureux lui-même. Cette référence à la justice, qu’il incombe au monarque de faire triompher, se retrouve dans la quasi-totalité des discours du trône du Šāhnāme ; elle constitue, avec l’obéissance à laquelle les souverains appellent leurs sujets, la valeur la plus partagée que les Šāhān šāh successifs entendent promouvoir, au point que coiffer la couronne signifie être investi par la justice. C’est ainsi qu’en préambule du couronnement de Kavād II, Ferdowsī énonce : « Lorsque Šīrūye se fut assis joyeusement sur le trône, il plaça sur sa tête cette couronne des Kayanides, symbole de la justice (čō šīrūye benešast bar taxt-e šād besar nehād ān kay tāj-e dād). » . La traduction est malaisée et le texte persan ignore le symbole : il dit que le trône est de joie, on l’a vu, vertu mazdéenne que le monarque doit incarner comme il sied, et la couronne de justice ; le fait que cette formulation soit appliquée à un prince dont Ferdowsī relève par ailleurs qu’il était dépourvu d’intelligence , confirme qu’à l’instar de son Créateur qui le fait roi, le Šāhān šāh, tant qu’il est investi du xwarrah kavien, ne peut être que justice, c’est-à-dire qu’il lui appartient de protéger les innocents et de punir les coupables  . 

 

4.1.2. Une justice ouverte à tous qui protège et punit

 

 A la question portant sur la meilleure des religions, Wuzurgmihr répond en substance que c’est celle où la récompense des bonnes actions et la punition des péchés « est la plus manifeste », celle également, où la voie est la plus droite et les bonnes actions les plus conformes à la loi/à la justice sont à l’œuvre16. Quant à Ardašīr, dans le discours du trône du Šāhnāme, il se dit « l’asile (panāh) du monde entier » 17. Aucune solution de continuité entre ces deux formules, la première évoquant les sanctions encourues par ceux qui s’écartent du chemin de la loi de la religion, la seconde rappelant que le premier devoir du monarque consiste à protéger les créatures ; fusion par conséquent entre la loi de la religion et celle des Šāhān šāh, si bien que les ordres de ces derniers « sont purement légitimes » 18 . S’agissant de l’aspect répressif, le Livre de la Couronne d’Anūšīrvān vient confirmer que le roi doit récompenser les bons et punir les méchants19 , de même, le livre VII du Dēnkard énonce que, lorsqu’elle est poussée par les Friyān, la justice fait progresser le monde matériel et « inspire l’angoisse à la druz » 20 . Quant au Šāhnāme, en s’en tenant aux discours du trône, et sans évoquer ceux qui sortiraient de la voie de l’obéissance due au monarque, les références abondent aux méchants à qui il ne sera laissé aucun répit ou encore à Ahreman, l’ennemi qui sera poursuivi21. Ces formulations de portée générale tendraient à faire oublier ce qui a été développé plus haut en matière de personnalité juridique, et qu’exprime synthétiquement Macuch : Only a freeborn man of age, who was a subject of the king of kings (šāhān šāh bandag) and a citizen of Ērānšahr, confessing Zoroastrianism and belonging to a noble family, was considered as a person having full legal capacity (tuwānīgīh). 22 14 Mohl 1976, VII p. 385, Khaleghi-Motlagh 1987-2008, VIII p. 352. 15 Pour d’autres références au trône de justice, voir, par exemple les couronnements de Šāpūr I er (Mohl 1976, V p. 389, Khaleghi-Motlagh 1987-2008, VI p. 243) ou d’Hormezd IV (Mohl 1976, VI p. 547, Khaleghi-Motlagh 1987-2008, VII p. 466). 16 AW. 32. Shaked 2013, p. 266 : « ān ke yazdīh ī yazdān ud dēwīh ī dēwān kirbag mizd ud wināh puhl azeš paydāgtar ud rāh ud ristag ī frārōntar ud kirbag pad dādtar jast ēstēd ». 17 Mohl 1976, V p. 332-333, Khaleghi-Motlagh 1987-2008, VII p. 193. 18 Dk. 3. 197, de Menasce 1973, p. 206 : « les ordres des souverains sont purement légitimes et leur loi est celle de la dēn mazdéenne ». 19 Grignaschi 1967, p. 131. 20 Dk. 7. 7-20, Molé 1967, p. 75. 21 Voir, par exemple, Bahrām I er (Mohl 1976, V p. 405), Yazdegerd Ier (Mohl 1976, V p. 493), Khosrow II (Mohl 1976, VII p. 7), Ardašīr III (Mohl 1976, VII p. 407). 22 Macuch 2009. 260 C’est néanmoins à une justice ouverte à tous, à un droit applicable, « sans préférence », quelle que soit la classe à laquelle appartient le justiciable, que se réfère l’Ardašīr de l’Ā`īn23 . Cette égalité dans l’accès au droit est également évoquée par le Khosrow de la Sīra qui observe que « le droit s’applique aux faibles et aux puissants, aux pauvres et aux riches.24». Mais, au-delà du respect de la simple légalité formelle, il poursuit en relevant que, dans une affaire « douteuse », il a préféré donner tort à son entourage et se montrer injuste envers ceux qui ont été injustes à l’encontre des pauvres et des indigents25. Dans une autre affaire, certainement non moins douteuse, le monarque évoque les extorsions auxquelles procèdent ses gouverneurs et intendants, ainsi que les intendants de ses courtisans, de ses fils et de ses femmes, et délivre les paysans de ces injustices, « sans exiger une preuve légale », car il sait, confesse-t-il, « la cruauté des personnages puissants de l’État à leur égard » 26 ; on le voit, même pour un monarque doté d’une autorité incontestable, la justice est un combat. 

La justice comme combat

 Entre l’Ardašīr du Šāhnāme, qui déclare sa salle d’audience ouverte à quiconque aurait à se plaindre d’actions commises par ses subordonnés, et l’Anūšīrvān de la Sīra confronté à des affaires douteuses, l’égal accès au droit ou à la justice n’est pas une chose qui va de soi. Deux chapitres du livre III du Dēnkard témoignent en particulier de comportements critiquables de ceux qui sont en charge de la justice ; le premier met ainsi sur un même plan l’examen qui préside au choix du souverain et à la nomination d’un magistrat, l’un risquant de s’avérer mauvais, l’autre prévaricateur27. Quant au second, consacré à ce qui « promeut et à ce qui corrompt le monde », il dresse le tableau désolé d’un gētīg où la légalité est affectée par « l’abondance » de juges prévaricateurs, qui ruinent « la colonne de la royauté » 28. Toutefois, si le Dēnkard se borne à pointer les dangers que sont susceptibles de faire peser de mauvais magistrats sur l’ensemble de l’édifice social, le témoignage que livre Ardā Wirāz au retour de son voyage dans l’au-delà est sans concession pour les juges. Alors que le wahišt est rempli d’âmes de monarques (on a souligné plus haut qu’ils jouissent en quelque sorte d’une prime pour y accéder), et que les paysans et les artisans y sont célébrés (cultivateurs, maîtres de maison, villageois et bergers29), on y croise également les âmes de représentants de professions judicaires, avocats et intercesseurs (jādag-gōwān) 30, on y 23 Grignaschi 1967, p. 118. L’on trouve une proposition comparable dans le discours du trône que Mas`ūdī prête à Ardašīr, le monarque y déclare en effet : « Ma justice sera la même pour le puissant et pour le faible, pour les petits et pour les grands ». (Pellat 1962, p. 217). 24 Grignaschi 1967, p. 23. 25 Grignaschi 1967, p. 23. Au sujet du principe d’une justice ouverte à tous dans la Perse antique, voir Knauth et Nadjmabadi 1975, p. 165. 26 Grignaschi 1967, p. 22. 27 DK 3-387, de Menasce 1973, p. 344. 28 DK 3-390, de Menasce 1973, p. 348. 29 AWN. p. 18-19, Vahman 1986, p. 199-200, Gignoux 1984, p. 167-169. 30 AWN. p. 19, Vahman 1986, p. 200, Gignoux 1984, p. 169. 261 rechercherait en vain la trace de magistrats. C’est effectivement dans le dušox que réside l’âme d’un juge qui a reçu des pots-de-vin (pārag stad) 31 ou celle d’un juge dépourvu de bienveillance (hučašmīhā) 32, elles y côtoient l’âme d’un administrateur dévoyé insensible aux plaintes des pauvres33. Le récit d’Ardā Wirāz témoigne ainsi d’une représentation de la société où les juges n’ont pas su, c’est le moins que l’on puisse dire, se hisser au niveau de probité requis, et, c’est l’ensemble de la magistrature qui pâtit de cette vision dégradée, qu’il ne convient toutefois pas de rapprocher de l’opprobre dans lequel certains textes mazdéens tiennent les commerçants34 . En effet, à la différence de ces derniers, les juges occupent une place stratégique dans la société sassanide, ce que relève d’ailleurs l’Ardā Wirāz Nāmag lorsque, dans son introduction, revenant sur les méfaits d’Alexandre, il énonce que celui-ci « tua beaucoup de prêtres, de juges, d’hērbed, de mowbed, de fidèles, d’experts et de sages de l’Iran. »35 . C’est une tout autre façon que le Mēnōg ī xrad retient pour souligner l’éminence de la fonction judiciaire, puisque, c’est lors de la rencontre avec sa dēn que l’âme de l’élu s’entend reconnaître sa bonne religion, sa générosité et, ce qui nous intéresse ici, se voit distinguer pour s’être détournée de celui qui rendait des mauvais jugements, touchait des pots-de-vin et pratiquait des faux témoignages « ka tō did kē drōdādwarīh ud pārag-stānišnīh kard uš gugāyīh ī pad drō dād ēg tō nišast » 36. Plus loin, l’ouvrage reviendra sur l’exercice de la justice en distinguant les magistrats qui remplissent correctement leur charge, sans percevoir de pots-de-vin, à leurs niveaux comparables à Ohrmazd ou aux Amahraspand, des prévaricateurs pour leur part comparables à Ahreman et aux démons37. On ne sait jusqu’où il convient de pousser la comparaison ainsi proposée ; elle confirme l’existence de pots-de-vin, mais il serait toutefois certainement excessif de considérer que seule une minorité de juges, comparables aux dieux, ne les auraient pas pratiqués ; au demeurant, il existait un ouvrage, qui ne nous est pas parvenu, traitant des devoirs des mowbed (Xwēškārīh-nāmag ī magupatān), un autre portant sur les devoirs des 31 AWN. p. 47, Vahman 1986, p. 214, Gignoux 1984, pp. 121 et 205. 32 AWN. p. 51, Vahman 1986, p. 216, Gignoux 1984, pp. 131 et 210. 33 AWN. p. 41, Vahman 1986, p. 211, Gignoux 1984, pp. 111 et 198, l’auteur observe que, contrairement à Shaked, il ne voit pas dans les fonctions exercées par l’intéressé un quelconque rapport avec la justice, voir Shaked 1995 (IV), p.1, qui relève que la prise en compte des plaintes émanant des pauvres relevait des attributions des mowbed qui exerçaient des fonctions judiciaires, observation qui correspond semble-t-il à l’institution des driyōšān jādag-gōw évoquée plus haut, mais dont rien n’indique qu’elle soit concernée dans le contexte de l’AWN. 34 On se souvient notamment de Dk. 3. 69, (de Menasce 1973, p. 75), qui n’admet qu’avec beaucoup de réticences que le commerce, puisse constituer, aux yeux de la religion, un moyen licite de se nourrir ; de même, dans l’AWN, les seules âmes de commerçants croisées par le narrateur résident en enfer, les intéressés s’étant rendus coupables d’utiliser des poids et mesures trafiqués, voir, par exemple, AWN. p. 27, Vahman 1986, pp. 204, Gignoux 1984, p. 178. 35 AWN. p. 1, 19-20, Vahman 1986, p. 191, Gignoux 1984, p. 146. 36 MX. 2. 135, MacKenzie 1993, West 1885. L’âme du pécheur se voit condamner pour des raisons symétriquement inverses (MX. 2. 176, MacKenzie 1993, West 1885). Par comparaison, dans l’AWN., les propos que tient la dēn du défunt ne portent que sur ses pensées, ses paroles, ses actions et sa religion (Vahman 1986, pp. 195 et 201, Gignoux 1984, pp. 157 et 171). 37 MX. MacKenzie 1993, 39. 45-46 : « ud dādwar kē dādwarīh ī rāst kunēd ud pārag nē stānēd pad pāyag ī xwēš hāwand ohrmazd ud amahraspandān, ud ān kē dādwarīh ī drō kunēd pad pāyag ī xwēš ahreman ud dēwān guft ēstēd. » 262 officiels (Xwēškārīh-nāmag ī kāfrāmānān) 38. Quant au livre VIII du Dēnkard, il comporte dans les nask légaux (dādīg) des éléments permettant d’identifier certains comportements des juges susceptibles de donner lieu à sanctions39 . L’on est par conséquent renvoyé, pour éviter cet effondrement de la colonne de la royauté que craint le Dēnkard, aux mesures classiques de surveillance ou de bonne administration reposant sur le souverain ou ceux qui l’entourent directement. C’est ainsi que Šāpūr I er, à l’instar de son père, déclare que l’on accèdera librement à lui, son cœur étant ouvert « à l’homme qui demande justice » 40, de la même façon, le Ġurar indique que Yazdegerd II, du moins pendant un temps, se conforme aux habitudes de son père, en se montrant facilement accessible et en faisant « droit aux requêtes » 41. Un écho de ces pratiques, dont il est malaisé de faire la part de topos qu’elles recèlent, nous y reviendrons, est rendu par un chapitre du Dēnkard qui préconise au monarque de tenir sa cour « habituellement » ouverte et de garder sa résidence dans le « kišwar », il poursuit en indiquant qu’ainsi, on réduit la violence et que l’on donne espoir « aux fonctionnaires qui en sont dignes » 42. Encore convient-il que le souverain lui-même, par une conception erronée de la justice, ne perde pas de vue que la colonne de la royauté (l’axe autour duquel s’ordonne la création), ne saurait être trop déstabilisée, au risque de mettre à bas l’ensemble de l’édifice qu’il est supposé maintenir.

Cours gratuitTélécharger le cours complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *