L’EPARGNE SALARIALE AU SERVICE DE LA CREATION DE VALEUR POUR L’ACTIONNAIRE

L’EPARGNE SALARIALE AU SERVICE DE LA CREATION DE VALEUR POUR L’ACTIONNAIRE

 L’épargne salariale favorise la modération salariale dans le cadre de la valeur actionnariale

Le développement de l‟épargne salariale est indissociable du mouvement de financiarisation de l‟économie. Celui-ci se traduit au niveau des entreprises par le principe de la valeur actionnariale qui implique de nouvelles normes de gestion orientées vers la maximisation de la rentabilité pour les actionnaires. Afin d‟atteindre ces objectifs de création de valeur, la masse salariale est soumise à une forte pression. Dans ce cadre, la rémunération sous forme d‟épargne salariale peut être considérée comme un facteur favorable à la rentabilité de la firme et à la création de richesse pour les actionnaires. En effet, les dispositifs d‟épargne salariale présentent certains avantages financiers liés à certaines de leurs spécificités comptables, fiscales, sociales et économiques (effet déport) qui incitent les entreprises à les développer au détriment des salaires.

La modération salariale, conséquence de la création de valeur pour l’actionnaire

L‟objectif de maximisation de la valeur actionnariale est devenu un critère contraignant dans l‟élaboration de la stratégie des entreprises. La « création de valeur » a évolué en même temps que les indicateurs de gestion devenaient de plus en plus raffinés et soucieux de maximiser la richesse des actionnaires y compris au détriment d‟autres parties prenantes ou de l‟entreprise en tant que structure productive. En particulier, les différentes stratégies mises en place pour atteindre les exigences de création de valeur se traduisent par une pression accrue sur la masse salariale. 

La valeur actionnariale : soumettre les firmes aux intérêts des investisseurs

Le « retour de l‟actionnaire1 » comme partie prenante dominante de la firme s‟est traduit par la mise en avant de la création de valeur actionnariale. Soutenue par des principes de bonne gouvernance et de nombreux indicateurs de gestion, la valeur actionnariale vise essentiellement à faire de la rémunération des investisseurs l‟objectif prioritaire de la firme.

Le retour de l’actionnaire

Au niveau de l‟entreprise, la financiarisation s‟est traduite par un « retour de l‟actionnaire », et a promu une vision et un fonctionnement de l‟entreprise au service exclusif de ses propriétaires. Il s‟agit de remettre en cause le pouvoir des cadres dirigeants qui avait été mis en évidence par BERLE et MEANS2 ou John Kenneth GALBRAITH3 . En effet, les directions d‟entreprise qui ne possédaient pas d‟actionnaire – ou de bloc d‟actionnaires – de référence, se retrouvaient toutes puissantes en face d‟un actionnariat dispersé. Au contrôle des actionnaires s‟est alors substitué un contrôle managérial qui permettait aux directions d‟entreprise de mener une politique largement autonome des intérêts des actionnaires. Ainsi, pendant la période du compromis keynésien, cette autonomie des dirigeants, couplée à une politique économique centrée sur l‟investissement productif, a abouti à faire chuter les revenus des prêteurs et des propriétaires sous l‟effet conjugué de la baisse des taux de profits des entreprises et de la forte inflation4 . Ce retour de l‟actionnaire a été permis par un double mouvement : – une vision théorique de la firme qui place les actionnaires comme étant les parties prenantes essentielles de l‟entreprise – l‟émergence des investisseurs institutionnels1 qui, en centralisant de grandes quantités de liquidités, sont désormais en mesure de peser sur les directions d‟entreprise. Ce mouvement s‟est traduit politiquement par la promotion d‟un « gouvernement de l‟entreprise2 » dont l‟objectif principal est de contrôler les dirigeants et de renforcer le poids des investisseurs dans l‟entreprise comme en témoignent, en Grande Bretagne, les rapports CADBURRY et GREENBURRY (en 1992 et 1995) et en France, les rapports VIENOT (en 1995 et 1999). Cette représentation de l‟entreprise comme structure où les dirigeants sont au service exclusif des actionnaires se traduit en pratique par la priorité donnée à la rémunération de ces derniers : la création de valeur actionnariale. B) La création de valeur pour l’actionnaire : un principe, plusieurs indicateurs Comme le souligne A. REBERIOUX3 , la valeur actionnariale peut être définie à deux niveaux distincts : d‟une part, elle renvoie à une « représentation » de la firme dans laquelle les dirigeants sont au service des actionnaires. D‟autre part, la valeur actionnariale désigne un « objectif ou un indicateur de gestion » qui consiste simultanément : 1) à restituer aux actionnaires les flux de trésorerie net issus de l‟activité économique (free cash flow4 ), ceux-ci étant plus à même que les dirigeants de les utiliser pour des investissements rentables ; 2) à maximiser autant que possible ces free cash flow, c‟est à dire la richesse des actionnaires.Il existe cependant plusieurs mesures possibles de la création de valeur1 : des ratios boursiers comme le bénéfice par action (BPA)2 ou le price earning ratio (PER)3 ou encore le rendement total de l‟actionnaire (Total shareholder return – TSR) mesuré par l‟addition des dividendes et de la plus value boursière4 ; il peut aussi s‟agir de ratios de rentabilité, que ceux-ci portent sur la rentabilité économique comme le Retour sur Capitaux Investis (Return on capital employed – ROCE5 ) ou le Return on asset (ROA)6 , ou qu‟ils mesurent la rentabilité financière ou bien la rentabilité des capitaux propres comme le Return on equity (ROE)7 , le Q de Tobin8 ou le Market to book ratio9 . Ces indicateurs sont souvent publiés par les grands groupes cotés et servent de cadre d‟analyse statistique aux études scientifiques en économie ou en finance. S‟ils offrent une information ponctuelle sur la santé économique et financière d‟une entreprise, ces ratios montrent leurs limites lorsqu‟il s‟agit de guider les choix de placement des investisseurs. En effet, ils n‟offrent aucune indication sur la façon dont les bénéfices sont répartis et surtout ils n‟intègrent que des informations liées aux rendements alors que les investisseurs doivent aussi évaluer le risque lié aux placements. C‟est pourquoi, pour évaluer les firmes les investisseurs utilisent des instruments plus complexes comme le Medaf10 et l‟EVA11. Comme le montre la figure ci-dessous, les indicateurs de création de valeur ont évolué concomitamment avec l‟influence des marchés financiers sur l‟entreprise, les indicateurs cherchant de plus en plus à restreindre les marges de manœuvre des dirigeants et à faire prévaloir une vision actionnariale de la valeur créée par l‟entreprise.

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