L’épaule du nageur

Le terme « épaule du nageur » a été utilisé pour la première fois en 1978 à la suite des Jeux Olympiques de Munich de 1972, où un nombre important de nageurs a consulté pour des douleurs d’épaules (Allegrucci, Whitney, & Irrgang, 1994 ; Heinlein & Cosgarea, 2010). Il est vrai que, lors de la nage, l’épaule subit de fortes contraintes. En effet, contrairement à la plupart des activités de la vie quotidienne, les mouvements en natation se réalisent en chaine fermée ; la main étant le segment relativement fixe et le corps se déplaçant au-dessus. (Heinlein & Cosgarea, 2010). De plus, lors du crawl, 80% de la force propulsive provient des membres supérieurs (Fernandez et al., 2012).

Ce terme « épaule du nageur » représente un groupe de symptômes et non un diagnostic spécifique (Heinlein & Cosgarea, 2010). Ce syndrome consiste dans un premier temps en un inconfort après la séance de natation. Celui-ci peut évoluer en une douleur pendant ou après l’entrainement et affecter, au final, la performance et les progrès de l’athlète (Fernandez et al., 2012).

La prévalence de l’épaule du nageur diverge selon les études. Ces différences s’expliquent en partie du fait que certains auteurs tiennent compte uniquement des douleurs actuelles, alors que d’autres considèrent aussi les douleurs antécédentes. Selon Fernandez et al. (2012), le pourcentage d’athlètes avec une épaule du nageur est proportionnel à l’âge, aux années de pratique et au niveau de compétition. En effet, 47% des nageurs âgés de 10 à 18 ans rapportent déjà un antécédent de douleur d’épaule. Ce pourcentage augmente à 73% chez les adultes (McMaster & Troup, 1993).

Diagnostics associés à l’épaule du nageur 

Malgré l’incidence et la sévérité de la douleur d’épaule chez le nageur, il y a un manque de consensus au sujet des diagnostics sous-jacents (Hill et al., 2015). Les principaux diagnostics découlent de sursollicitations mécaniques et fonctionnelles de l’épaule, liées à la natation.

Atteinte tendineuse des muscles de la coiffe des rotateurs
La nature des différentes lésions tendineuses peut varier, allant d’une tendinopathie à la rupture des tendons (Danowski & Chanussot, 2012). Le tendon le plus souvent atteint est celui du muscle supraépineux ; il est concerné par 80% des ruptures de la coiffe (Duruz & Fritschy, 2008). Chez le nageur, la tendinopathie du muscle supra épineux est par ailleurs le diagnostic le plus fréquemment lié à la douleur d’épaule (Sein et al., 2010).

Conflit sous-acromial
Le conflit sous-acromial est souvent le résultat d’un mouvement répété en abduction, flexion et rotation interne, typique en natation. Cette sursollicitation induit une irritation mécanique de la coiffe des rotateurs, du labrum et/ou des bourses séreuses entre le tubercule majeur de l’humérus et les structures de la voute acromio claviculaire. Cette irritation mécanique peut engendrer différents degrés de lésions de la coiffe, qui vont d’une simple inflammation à une dégénérescence tendineuse. Une bursite y est parfois associée (Magee, Zachazewski, & Quillem, 2009).

Dyskinésie de la scapula
La dyskinésie de la scapula correspond à une altération de son positionnement et de son schéma de mouvement. Un entrainement inapproprié, un surentrainement et/ou un entrainement unilatéral du membre supérieur favorisent l’apparition d’une dysbalance des muscles stabilisateurs et mobilisateurs de la scapula (Fernandez et al., 2012). La dyskinésie de la scapula se retrouve quasiment chez tous les sujets souffrant de douleurs d’épaule. Ainsi, elle peut être la cause ou la conséquence de la douleur.

En résumé
L’épaule du nageur est une problématique multifactorielle qu’on ne peut pas simplement associer à un diagnostic. Afin de mieux comprendre ce phénomène, l’investigation des facteurs de risque intrinsèques et extrinsèques est essentielle.

Evaluation clinique de l’épaule du nageur

Cette partie consiste à présenter les principaux paramètres de l’examen clinique associés à l’épaule du nageur, tout d’abord ceux liés aux différents diagnostics puis ceux liés aux facteurs de risque intrinsèques.

Evaluation liée aux diagnostics
Les tests de Yocum, Neer et Hawkins permettent de mettre en évidence un conflit sous-acromial. Ils sont positifs s’ils reproduisent les symptômes du patient (Olivier et al., 2008). Ces tests ont chacun une bonne sensibilité mais une faible spécificité. Dès lors, il est recommandé de combiner leurs résultats et de les mettre en lien avec le tableau clinique du patient (Cleland & Koppenhaver, 2012).

Le test de Jobe recherche une atteinte du supra-épineux. Le test est positif s’il y a une faiblesse de ce muscle ou une reproduction des symptômes du patient (Olivier et al., 2008).

La dyskinésie de la scapula est évaluée par une observation du mouvement de la scapula lors d’un mouvement d’élévation du bras, avec et sans charge. La scapula doit pouvoir effectuer un mouvement harmonieux et être capable de se stabiliser (Allegrucci et al., 1994).

Evaluation liée aux facteurs de risque
La première étape de l’évaluation clinique est l’observation de la morphologie du nageur. Une déviation commune est une posture en enroulement des épaules. Elle est souvent combinée avec une position de la scapula en protraction, une tête humérale antériorisée et en rotation interne. Une position antériorisée de la tête humérale devrait inciter à évaluer la rétraction de la capsule postérieure de l’articulation gléno-humérale (Tovin, 2006).

Les tests du sulcus et d’appréhension évaluent l’instabilité inférieure et antérieure de l’articulation gléno-humérale. Pour l’instabilité inférieure, le test est positif si l’examinateur perçoit une dépression excessive sous l’acromion en tirant la tête humérale vers le bas. Pour l’instabilité antérieure, il est positif si le patient ressent une appréhension lorsque l’examinateur reproduit passivement le mouvement luxant de flexion, abduction, rotation externe (Olivier et al., 2008). L’instabilité antérieure peut également être évaluée par le test du tiroir antérieur ou « Drawer Test ». Le patient est couché sur le dos, son épaule maintenue entre 80 et 120° d’abduction, 0 à 20° de flexion et 0 à 30° de rotation externe ; l’examinateur fixe la scapula et fait glisser antérieurement l’humérus (Gerber & Reinhold, 1984).

Les amplitudes de l’articulation gléno-humérale sont généralement mesurées par goniométrie ou avec un inclinomètre (Beach et al., 1992 ; Harrington, Meisel, & Tate, 2014 ; Walker, Gabbe, Wajswlner, Blanch, & Bennel, 2012).

La force musculaire en rotation interne et externe est évaluée, la plupart du temps, par un appareil de mesure isocinétique. Cependant, cette méthode est controversée de par la diversité des positions de testing (Allegrucci et al., 1994). Elle peut également être mesurée avec un dynamomètre portable (Sullivan, Chesley, Hebert, McFaull, & Scullion, 1988).

Table des matières

1. Introduction
2. Cadre théorique
2.1. Anatomie de l’épaule
2.1.1. Stabilité de l’articulation gléno-humérale
2.1.2. Anatomie fonctionnelle
2.2. Natation
2.2.1. Catégories
2.2.2. Volume d’entrainement
2.2.3. Biomécanique de la nage
2.3. L’épaule du nageur
2.3.1. Diagnostics associés à l’épaule du nageur
2.3.2. Facteurs de risque
2.3.3. Evaluation clinique de l’épaule du nageur
2.3.4. Traitement et prévention de l’épaule du nageur
2.4. Question de recherche
2.4.1. Objectif de ce travail
3. Méthodologie
3.1. Question PICO
3.1.1. Qualités psychométriques des outils de mesures
3.2. Bases de données et mots-clés de recherche
3.3. Critères d’inclusion et d’exclusion
3.4. Processus de sélection
3.5. Grilles utilisées pour définir la qualité des articles
4. Résultats
4.1. Synthèse des résultats de la grille McMaster
4.2. Description des articles retenus
4.2.1. Synthèse des données
4.2.2. Résultats des études
5. Conclusion 

Cours gratuitTélécharger le document complet

 

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *