LES DEICTIQUES ET MODALITES DANS LES LETTRES PERSANES DE MONTESQUIEU

LES DEICTIQUES ET MODALITES DANS LES LETTRES PERSANES DE MONTESQUIEU

Corpus 

Montesquieu, de son vrai nom Charles louis de secondât , baron de la Brède est un penseur politique, précurseur de la sociologie, philosophe et écrivain française des lumières, né le 18 janvier 1689 à la Brède (Guyenne, près de Bordeaux), issu d’une famille noble et grand propriétaire terrien, il fait des études de droit et devient avocat au parlement de Bordeaux, étudie les glandes rénales . Il est mort le 10 février 1975 à Paris. Jeune homme passionné par les sciences et à l’aise avec l’esprit de la régence. Il devient célèbre en 1721 avec Les lettres persanes5 , un roman vue par les persans fictifs et met en cause les différents systèmes politiques et sociaux, y compris le leur. Montesquieu voyage ensuite en Europe et séjourne plus d’un an en Angleterre ou il observe la monarchie constitutionnelle et parlementaire qui a remplacé la monarchie autocratique. De retour dans son château de la Brède au sud de Bordeaux, il se consacre à ses grandes œuvres qui associent l’histoire et philosophie politique. Montesquieu, avec entre autre, est l’un des penseurs de l’organisation politique et sociale sur laquelle les sociétés modernes et politiquement libérales s’appuient. Les lettres persanes est un roman par lettre publié au printemps à Amsterdam qui fait la satire amusée de la société française des concepts ont contribué à définir le principe des démocraties occidentales. Les lettres persanes est un roman de voyage effectué par deux persans : USBEK et RICA qui ont quitté la Perse pour l’occident précisément la France . Usbek laisse derrière lui son sérail de cinq épouses, ses eunuques et ses amis restés à Ispahan comme : Nessir, Mirza, et Rustan. Ibben est à Smyrne etc. Montesquieu est influencé par l’Abbé de Choisy qui a écrit « voyage fait à siam »(1685-1686). L’œuvre comporte CLXI lettres. Il est aussi auteur de beaucoup de romans tel que Le temps de gnide (1725), Eloge de la sincérité (1717). Il publie également L’esprit des lois (1748). Les lettres persanes, rassemblant la correspondance fictive échangée entre deux voyageurs persans , Usbek et Rica, et leurs amis respectives restés en perse. L’auteur, par prudence n’avoua pas qu’il en était l’auteur. Selon lui, le recueil était anonyme, et il se présentait comme simple éditeur, ce qui lui permettait de critiquer la société française sans risquer la censure. Leur séjour se prolonge jusqu’à 1720 dans une correspondante abondante avec la perse, il relate leur découverte à leurs amis et traite de leurs affaires avec leurs serviteurs. Un drame du sérail se mêle ainsi à leurs observations sur la société française, la monarchie, les classes sociales, les mœurs, la mode, l’actualité, la politique, la religion, la vie intellectuelle afin du règne de Louis XIV et sous la régence. L’image du philosophe qu’incarnent les héros principaux des lettres persanes : Usbek et Rica transpiraient d’embler à travers le thème du voyage qui constitue un impératif, voire un moyen fiable pour celui qui est à la quête de la sagesse. Parlant à son ami Rustan, Usbek écrit à ce propos : « Rica et, moi sommes peut être les premiers parmi les persans que l’envie de savoir ait fait sortir de leur pays et qui aient renoncé aux douceurs d’une vie tranquille pour aller chercher laborieusement la sagesse » 1721, lettre I. Le thème du voyage permet aux romanciers d’être en phase avec le principe chez le philosophe des lumières à savoir le gout d’exotisme. Les persans qui débarquent en occident affichent une naïveté feinte à l’instar des héros principaux des contes voltairiens. L’étonnement dont les protagonistes font preuve favorise la peinture ironique de la société française. Les lettres qu’ils reçoivent de ceux qui sont restés en perse donnent aux lettres persanes le caractère d’un roman de mœurs oriental. Des vérités figées qui sont conçues sans être soumises au contrôle de la région ou qui seraient en porte à faux avec la nature. La naïveté caractérise le personnage au début de l’œuvre, laisse la place à la maturité. Usbek quitte progressivement de persan naïf et de croyant convaincu et des cultes nationaux pour rechercher les principes universels de la morale, de la politique, et de la religion. Usbek note à ce propos : « la justice est éternelle et ne dépend point des conventions humaines » lettres LXXXIII. La diversité des domaines de réflexion qui préoccupe l’auteur des lettres persanes en tant que philosophe du siècle des lumières fait bien ménage avec le choix de la lettre définie par jean suberville comme « un genre touche à tout, mais un genre léger aillé, volant à la surface des choses, touchant au fond à l’occasion, mais toujours mobile et capricieux passant d’un sujet à l’autre sans transition allant à droite à gauche revenant en arrière avançant quant même, comme l’abeille dans un champ attiré par les fleurs qu’elle bugue à son gout à son heure » . Dans les lettres persanes, Montesquieu dénonce gaiement les vices d’une société en pleine crise et montre le développement du scepticisme chez les voyageurs partagés entre deux mondes : l’orient et l’occident. Son roman épistolaire traduit une fois optimiste dans les pouvoirs de la raison et de la science lettre XCVII, dans les progrès de la civilisation lettres CVI-CVII, dans l’avènement d’une société juste qui retrouverait la vérité de la nature grâce à la lumière de la philosophie. L’utopie des 14 troglodytes lettres XI-XIV propose une réflexion sur les vertus civiques nécessaire à la prospérité et au bonheur des Etats. La lettre XXIII-XXIV affirme l’existence objective de la nation de justice. En effet, Usbek, appelé par la tyrannie orientale ; mais entre la Perse, son sérail et lui, la distance d’un continent, mais au lieu la peur s’estompe avec la distance pour faire place à la curiosité , à la sérénité et à l’oubli, il persiste à cause de remouds du sérail dont-il s’est éloigné. De plus en plus inquiet sombre et jaloux, il décide de rentrer, lorsque éclate le drame du sérail dont les péripéties occupent toute la fin du recueil . Finalement, il faut retenir la peur et la distance comme les deux données qui permettent à Montesquieu de répondre aux exigence de la vraisemblance et de produire l’illusion irréelle. Ainsi dans les lettres persanes, le choix d’Usbek de s’éloigner de la Perse à cause de la crainte despote et de ses courtisans justifient largement la correspondance comme élément fondamental de l’œuvre. Mais cette peur de perdre son sérail motivera son retour donne une raison suffisante à la fin de l’essence épistolaire, concluant du coup l’œuvre. Cette stratégie de lutte pour la liberté de l’être humain et la mise en œuvre des procédés littéraires nous a permis de choisir cette œuvre . 

Structure et système des personnages 

Les Lettres Persanes est un roman épistolaire effectué par deux persans Usbek et Rica (personnages principaux) qui ont quitté l’orient pour l’occident. L’orient : on y trouve les contes, la politique, la religion, et le sérail (c’est le statut des femmes et des eunuques). L’occident : c’est les nations autres que la France (lettre XXXI, lettre LI , lettre L XXVIII ), la religion (lettre XXVIII, lettre XXXV , lettre XLIX , lettre LV), la politique, les français avec leur mœurs, leur portrait, et leur caractère ainsi que les personnages qui sont : Usbek : attaché par sa patrie est un seigneur éclairé. Il quitte son sérail de cinq épouses. Il condamne la polygamie, il fait l’apologie de la frugalité. C’est un voyageur infatigable par la découverte d’autres cultures. Rica : personnage moqueur plus modeste qu’Usbek. Les amis : Ibben, Mirza (interlocuteurs privilégiés des questions de mœurs). Rhédi : il est question d’institution politique ou philosophique. Zachi : c’est une femme soumise, elle entretient une relation intime avec les eunuques. Zelis: elle s’intéresse sur la condition humaine (la souffrance veut-elle la peine de vie). Fatmé : la plus proche de la tradition orientale. Roxane : elle est la vertueuse et la plus révoltée. 15 Les eunuques : ceux qui surveillent les femmes dans le sérail. 

Les stratégies énonciatives 

Dans les Lettres Persanes, il y’a une pluralité de genres et de pratique des coutumes on note la complexité du roman épistolaire : si le roman est un déguisement, un maquillage d’une démonstration en relation avec d’autres genres littéraires comme la poésie, portrait (madame de la Fayette), les lettres (voltaire), le théâtre, les maximes, vérité générale, les caractères. Encore un genre épistolaire : la brièveté et l’accessibilité de la lettre entraine l’authenticité et la crédibilité des messages. Il y’a une vérité attentive de l’utilisation des lettres parce que la lettre est le reflet de la confidence du secret gardé qui voit être dévoilé. Elles permettent également de conserver l’anonymat de l’auteur, chaque lettre est un dialogue transculturel, international, inter- étatique qui permet d’aboutir à la diversité des traditions mais aussi à l’esprit de tolérance, de fraternité et bonheur universel. Ensuite une pièce de théâtre tragique ou l’exposition : l’entrée en scène de l’introduction c’est le personnage Roxane qui nous fait sentir le soulèvement et la révolte. En effet, le nœud de l’action c’est la révolte des femmes et les menaces d’Usbek. On note aussi l’histoire des troglodytes6 et la femme indienne qui refuse de s’immoler.

Théorie de base et concepts clés 

Théorie de base Enonciation

 Dans toute communication, aussi bien orale qu’ écrite, on trouve à la fois un énoncé et une énonciation. « le terme d’ « énonciation » renvoie à l’acte par lequel un sujet énonciateur se trouve produire (énoncé) une séquence linguistique matérialisée par une suite phonique ou graphique. Cet acte met nécessairement en jeu un interlocuteur, réel ou fictif, auquel s’adresse l’énonciateur. On aura reconnu là les principes essentiels du « schéma » de la communication de Jakobson : un destinateur adresse un message à un destinataire à propos d’un certain référent, à l’aide d’un code linguistique et grâce à un canal sonore ou graphique (c’est l’encodage de l’émetteur) : de son côté, le destinataire reçoit et comprend le message (c’est le décodage du récepteur), puis les deux interlocuteurs échangent les rôles lors de la réponse : par ses emprunts peut-être trop rapides à une théorie cybernétique sous « l’information », cette description présente le processus de communication linguistique sous un jour quelque peu simplificateur (elle néglige en particulier le fait que l’énonciateur assume simultanément les deux rôles d’émetteur et récepteur lorsqu’il produit une séquence : il s’entend ou se lit, se corrige, se répond, anticipant ainsi sur le décodage par autrui),  Troglodytes, peuple vertueux dont Montesquieu fait référence 16 cette présentation à toutefois le mérite d’insister sur la dimension essentielle du dialogue ( dont le monologue ne constitue qu’un cas particulier), c’est-à-dire sur le jeu entre deux interlocuteur . Fuchs Catherine, (1982 : 83), « Elément pour une approche énonciative de la paraphrase » in, la genèse du texte : les modalités linguistiques édition, CNRS . En effet, l’énonciation nous a permis d’étudier l’utilisation de la langue (le français dans notre cas ) dans des situations concrètes d’utilisation comme une conversation, un discours ou tout simplement un texte. Plus précisément, l’énonciation est l’acte de production d’un énoncé qui est généralement une phrase produite à l’oral ou à l’écrit par une personne que l’ on appelle le destinateur (c’est donc celui qui parle ou qui écrit). Cet énoncé s’adresse à quelqu’un que l’on appelle le destinataire. La production d’un énoncé par un destinateur s’adresse à un destinataire se déroule dans une situation de communication. La fonction qu’exercent l’énonciation et l’énoncé se comprend encore mieux quand on les observe dans la perspective très large de la théorie de la communication. Mais dans toute communication, qu’elle soit orale ou écrite, il y’ a une différence fondamentale entre l’énoncé et l’énonciation, distinction que l’analyse littéraire a si longtemps négligée en se limitant à l’étude du seul énoncé. L’énonciation concerne essentiellement le domaine ou un sujet (sujet parlant, destinateur, narrateur) établit un échange communicationnel avec un ou plusieurs interlocuteurs (allocutaires, destinataires, narrataires). En prenant en charge cet acte énonciatif, l’analyse se trouve ipso facto confrontée à certains aspects importants du discours, non seulement à celui de la subjectivité, mais aussi à celui de l’intersubjectivité puis que le discours, lors de sa réalisation, fonctionne grâce à une activité conjointe à une interaction situationnelle, de nature dialogale, entre deux instances. Dans une communication écrite, on ne peut étudier l’énonciation que dans l’énoncé, dans le résultat visible (lisible) de l’acte antérieur, donc dans le texte. C’est pourquoi on dit que la communication orale est beaucoup plus riche on y trouve les interlocuteurs, leurs gestes, mimique, leurs hésitations, etc. On entend le débit, l’intonation, etc. En effet, dans le cas de l’écrit la situation est radicalement différente puisque l’énoncé est détaché de son origine contextuelle. Ici, l’énonciation est toujours une « énonciation énoncé » c’est pourquoi il est difficile d’étudier cet aspect dans certain type de discours, par exemple dans un manuel de mathématiques. Cette question a fortement occupé la réflexion contemporaine sur le langage, qui s’est intéressé au « prélogie7 » et à la « production de la parole », à partir du dialogisme bakhtinien et de la distinction kristévienne entre « génotexte » énonciation et « phéno-texte » « énoncé ». A propos de la notion de sujet dans l’écriture, notion à laquelle référent les déictiques. Ce terme désigne l’instance de parole, non 7 Prélogie, ensemble d’œuvres inséparable précédant un autre ensemble similaire. 17 pas la personne de l’auteur, mais une instance quasi abstraite qui est un « effet du texte » « une position dans le texte », « une condition qui se constitue au cours de la lecture. Le sujet est donc le produit de l’agencement discursif, qui se fonde sur le présupposé qu’à l’origine de tout énoncé se trouve un énonciateur. Il est clair que dans un tel discours, l’intentionnalité ne pourra être déterminée que par un effort d’interprétation puisque le texte dit autre chose qu’il ne dit (il dit même le contraire). Cela implique que le sens du texte n’est pas seulement crée par l’instance productrice (sujet, l’énonciateur) mais aussi par l’instance réceptrice(le lecteur, l’énonciateur) qui collabore à la réalisation du discours et de son sens. Ainsi en tenant compte de ces observations, on peut dire qu’un texte énonciatif ou discours romanesque contient quatre sorte de sujets à l’œuvre : le sujet réel, concret ou empirique c’est l’auteur dans sa condition de « personne » situé dans le vécu et extra diégétique par rapport à l’énoncé ou au texte. Le sujet abstrait : c’est le sujet primaire de l’énonciation, le sujet originel qui est à la base du discours, qui se manifeste comme un « effet du texte » et qui est constitué au cours de la lecture. Ce sujet-fonction ou sujet de l’écriture est défini par Greimas comme un sujet discursif. Le sujet narratif : ce sujet textuel est chargé de la narration dans les énoncés narratifs. Ce narrateur premier qui peut être fonctionné à la première ou à la troisième personne se charge du discours du narrateur et règlemente le discours des personnages. Les sujets acteurs : ce sont les sujets textuels (personnages) auxquels le sujet narrateur donne la parole. Les énoncés de ces actants forment ensemble le « discours des personnages ». Ils sont toujours intra diégétiques. En effet, les sujets acteurs et les sujets narrateurs produisent la communication interne. A ces énonciateurs textuels s’opposent les énonciateurs du sujet réel et abstrait type qui sont des sujets externes qui agissent sur le plan de l’énonciation. Pour mieux saisir la complexité des situations de parole de ces sujets et, par là, les déictiques qui y référent, on peut se faire aider par les instances du discours énonciatif. Sur ce, on appelle donc situation d’énonciation la situation dans laquelle un énoncé a été produit. En effet, plusieurs éléments permettent de déterminer la situation d’énonciation : celui qui parle= c’est l’énonciateur. Celui a qui l’énoncé s’adresse=c’est le destinataire. Le moment de l’énonciation= quand l’énoncé a été fait ? Le lieu de l’énonciation=où l’énoncé a été fait ? Le sujet de l’énonciation= de quoi l’énoncé parle ?

Table des matières

 INTRODUCTION GENERALE
Chapitre 1 : Cadre Théorique et Méthodologique
1-1/ Problématique
1-2/ Revue de la littérature
1 -3/ Méthodologie
Chapitre 2 : Les différents types de déictiques et leurs analyses dans les Lettres Persanes
2-1/Les déictiques
2-2 / Une confusion regrettable
2-4/Les repères déictiques dans les Lettres Persanes
2-5/ L’importance des déictiques dans les Lettres Persanes
Chapitre 3 : Subjectivité à travers les valeurs modales
3-1 / Modalités
3-2/ Définition et classement proposés
3-3/Les marqueurs modaux
3-4/ Les modalités subjectives et d’interprétations
Conclusion générale

 

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