LES ENSEMBLES CONTINENTAUX

LES ENSEMBLES CONTINENTAUX

Quelles structures spatiales ?

Approche par les indices de concentration

Les concentrations peuvent être étudiées de différentes manières, nous allons dans un premier temps nous intéresser aux indices de ségrégation qui permettent de quantifier un phénomène globalement mais sans pouvoir le spatialiser. Pour compléter ces indices, nous allons réaliser des cartes de taux qui elles, donnent une vision globale. Enfin nous utiliserons l’autocorrélation spatiale qui combine spatialisation et indice global de concentration. Les indices de ségrégation sont très utilisés aux Etats-Unis dès les années 1950 avec les travaux de Duncan & Duncan et Bell (1955 et 1954). Ces travaux ont été complétés dans les années 80-90 par des auteurs comme Jakubs, Morgan, White, Morrill ou Wong (entre 1981 et 1998). Le développement et l’utilisation de ces indices prennent leur source dans les études des concentrations et des regroupements menés par l’Ecole de Chicago dans les années 1920 (APPARICIO, 2000 ; MICHEL, 2012). L’implication de ces chercheurs anglophones s’explique par un contexte social particulier : la déségrégation des populations afroaméricaines (APPARICIO, 2000). En 1988, MASSEY & DENTON regroupent ces indices en cinq dimensions : l’égalité, l’exposition, la concentration, la centralisation et le regroupement (agrégation spatiale). Chacune des dimensions est composées d’indices unigroupes et intergroupes. Les indices unigroupes prennent en compte une seule variable en rapport à une population totale alors que les indices intergroupes mettent en relation deux variables entre elles (APPARICIO, 2000). L’objectif n’est pas de détailler toutes les dimensions de la ségrégation. Nous nous concentrerons sur celles comprenant des indices que nous allons utiliser. Dans le but de montrer une surreprésentation de certain ensemble dans nos polygones de Thiessen, nous calculerons un indice de concentration : l’indice DELTA de DUNCAN & DUNCAN2 . Cet indice varie entre 0 et 1 et correspond à la proportion du groupe qui devrait déménager pour obtenir une densité uniforme à travers toutes les entités spatiales.Dans un premier temps, nous pouvons observer que pour tous les ensembles, l’indice DELTA diminue au cours de la période sauf en 2013 pour l’Europe et l’Union Européenne. Cette première observation peut s’expliquer par l’augmentation des effectifs de chaque ensemble ce qui entraine une augmentation de la surface occupée et par conséquence une diminution de DELTA. Dans un second temps, on constate que la diminution suit un rythme différent selon l’ensemble continental. La valeur maximale de l’indice est toujours en début de période et compris entre 0,834 pour les latinos américains et 0,823 pour les européens. L’indice DELTA concernant les étrangers de nationalités africaines diminue de façon quasi régulière passant de 0,826 en 1998 à 0,772 en 2013. Concernant la population latino-américaine, la diminution est moins forte que pour les ressortissants africains entre 1998 et 2004.à partir de 2004, l’indice va stagner entre 0,815 et 0,805. Enfin, le cas des européens et des citoyens de l’Union Européenne (UE) est intéressant puisqu’a partir de 2007 les indice sont quasiment égaux (l’écart maximal est de 0,006). Cette similarité n’est pas étonnante car à partir de 2007 les étrangers ayant une nationalité de l’Union Européenne représentent 90,8% des étrangers européens en Espagne. Les écarts avant 2007 sont dus aux populations de faisant pas parties de l’UE. La population la plus concentrée en fin de période est celle des latinos américains suivie des ressortissants africains et des européens. Pour compléter cette première analyse, nous allons utiliser un deuxième indice : l’indice ACL. Cet indice est un indice de regroupement car il prend en compte une matrice de contigüité dans son calcul et varie entre 0 et 1.

L’organisation spatiale des ensembles continentaux

Chaque série de cartes est représentée avec la même discrétisation pour permettre une comparaison entre chaque année d’étude. En 1998, les ressortissants africains sont localisés principalement dans cinq régions (Carte 8). Madrid et sa banlieue, au centre du pays, fait partie d’une région économiquement active et où de nombreux emplois sont à pourvoir dans l’industrie. Toute la Catalogne est aussi attractive pour cette population. La région est aussi économiquement active mais pas uniquement dans l’industrie. Le secteur touristique prend de plus en plus d’importance. La main d’œuvre, bon marché, venant d’Afrique y est très employer. Des taux de ressortissants africains, supérieurs à 5,14%, sont présents dans deux zones du littoral méditerranéen. La première est la région de Murcia au Sud-Est où l’activité agricole est très présente. La seconde est en Andalousie au Sud-Est de la ville d’Almeria où les secteurs d’activités liés au tourisme sont développés. Le développement du tourisme et la construction de stations balnéaires sur tout le littoral méditerranéen doivent attirer les ressortissants africains. Enfin les deux dernières régions sont  les archipels des Baléares et des Canaries encore pour le tourisme. De nombreux ressortissants ont profité d’une liaison maritime régulière entre Fuerteventura (Canaries) et Tarfaya au Sud du Maroc pour rejoindre l’archipel. Les années suivantes (Carte 8 et 9), les régions de forte concentration observées en 1998 s’étendent aux polygones voisins. Ainsi, dans la région de Madrid, le nombre de polygones avec des taux supérieurs à 1,14% augmente et la périphérie avant assez réduite augmente aussi. Nous retrouvons cette même logique en catalogne, dans la région de Murcia et dans la plaine de l’Ebre. De plus, de nouvelles zones de forte concentration apparaissent au fil des années. La ville de Logroño, dans la région de La Rioja au Sud du Pays Basque, devient une zone de forte concentration dès 2001 et va être de point de départ de l’extension de la zone de concentration vers le Pays Basque. Logroño est une ville industrielle notamment tournée dans le textile d’où cette présence de main d’œuvre importante. Elle est aussi le début de la vallée de L’Ebre. Dans cette vallée, qui s’étend vers l’Est, se concentrent de nombreuses exploitations agricoles. La côte Valencienne, est une zone où quasiment tous les polygones dépassent les 1,1% de ressortissants africains. En plus de la côte, l’arrière pays de la Communauté de Valence, devient aussi une zone avec des taux élevés à partir de 2007. Nous relevons également des taux élevés en Andalousie et notamment dans l’intérieur des terres où l’activité agricole est prédominante. Nous constatons à partir de 2007, une diminution du nombre d’agrégats de la classe supérieure (entre 5,1 et 29 %). Les explications peuvent être multiples : des migrations internes pour changer de secteur d’activité, des regroupements familiaux ou une augmentation de la population totale dans les régions de vie des étrangers ayant la nationalité d’un pays africain. En 1998, la population latino-américaine est assez peu présente en Espagne (Carte 10). Elle se localise principalement dans les centres urbains et leurs banlieues comme à Madrid, Barcelone, Valence, Alicante ou encore Bilbao. Elle est aussi très implantée dans les Baléares et aux Canaries dans le secteur du tourisme. Dès 2001, les effets de la politique migratoire sélective du gouvernement Aznar se font sentir (SALA, 2003). Les régions de Madrid et Murcia ont des taux parmi les plus forts et des poches apparaissent dans la vallée de l’Ebre et en Catalogne. L’expansion des nationalités latino américaines se fait de la même manière que les nationalités africaines : des taux de plus en forts dans les centres et des taux plus faibles en périphérie. En 2004, la population latino-américaine se concentre dans six zones principales  qui resteront les mêmes jusqu’en 2013 (Carte 11) : Madrid et sa grande périphérie, la région de Murcia plus la province d’Alicante, Logroño, la vallée de l’Ebre et le Pays Basque, la Catalogne, les Baléares et les Canaries. Enfin, nous remarquons aussi qu’à partir de 2007 particulièrement, quasiment tous les agrégats de communes contiennent une un taux de Latino-Américains non nul contrairement aux cartes de la population africaines où les vides sont plus facilement identifiables.

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