L’histoire de la psychiatrie, en France, à travers le temps

L’histoire de la psychiatrie, en France, à travers le temps

Pour commencer, le mot psychiatrie vient du grec « psyché » qui signifie l’âme ou l’esprit et de « iatros » qui signifie médecin. Ainsi, la psychiatrie correspond étymologiquement à la médecine de l’âme. Ce terme a été introduit pour la première fois par Johann Christian Reil en 1808. Elle correspond à la discipline médicale qui étudie et traite les maladies mentales, les troubles de la vie psychique, dont les causes peuvent êtres diverses : psychiques, neurologiques, infectieuses, environnementales, etc. L’histoire de la psychiatrie est modulée grâce aux progrès des connaissances scientifiques mais également grâce à l’évolution des normes sociales au cours des époques. Cependant, il est difficile de retracer exactement le développement de cette discipline, de nombreux documents historiques ayant disparus, été détruits ou autres.

L’Antiquité

Durant l’Antiquité, Hippocrate (460 av. J.-C.) établit une doctrine médicale appelée la théorie des humeurs, ensuite reprise par Galien (129 av. J.-C.). Selon cette dernière, la santé de l’âme réside dans les quatre liquides corporels, appelés les humeurs. Il s’agit du sang, de la lymphe, de la bile jaune et de la bile noire (ou atrabile). Un déséquilibre de ces humeurs entraînerait une maladie chez le patient. Dans le cas particulier de l’hystérie, cela correspond, pour Hippocrate, à un déplacement de l’utérus chez la femme. La maladie mentale a donc pour cause un dysfonctionnement corporel.

Époque Moderne

Durant le Moyen Age, les croyances religieuses et notamment le christianisme, modifient les perceptions de la maladie mentale. Les références à Dieu sont nombreuses, car selon ces dernières, l’âme lui est destinée. La folie est assimilée au diable et les personnes présentant des troubles psychiques sont appelées « les aliénés ». Elles étaient, selon les cas et les périodes, exclues de la société, tuées ou considérées comme mortes. En effet, lorsque l’aîné de la famille était reconnu aliéné, aucun bien ne lui appartenait. Dans de nombreuses situations, les malades restaient avec leur famille et étaient attachés, pour éviter qu’ils se blessent ou s’automutilent. Parfois, les familles avaient recours à de l’exorcisme. Des pèlerinages thérapeutiques étaient mis en place, mais aucun soin médical n’existait. Il est important d’évoquer que de nombreux fous considérés comme dangereux, délirants, hystériques ou agités étaient hébergés dans des lieux de « détention réservés aux insensés » (Foucault, 1961, p.20) ou mis en prison. Dans certains cas, lorsqu’on considérait que la prise en charge des aliénés était un échec, on pouvait avoir recours au bûcher car l’Église assimilait cela à de la sorcellerie.

Au cours du Moyen Age, des établissements, les « xenodochia » accueillent les personnes en marge de la société : voyageurs, malades notamment les lépreux, les femmes isolées, ainsi que les fous. Ils se trouvaient à l’extérieur des villes, car à cette période, la population était très méfiante des étrangers, de peur qu’ils sèment le trouble ou qu’ils transmettent une épidémie. « Mais l’hôpital reste avant tout un lieu religieux. » (Daubech, 2000). Il ne s’agit pas de lieux d’enfermement mais d’un lieu d’hébergement. A la fin du Moyen Âge, quelques établissements vont se spécialiser et les premiers espaces réservés aux aliénés vont apparaître. Il s’agit d’hôpitaux où chacun peut choisir de venir, et il n’y a pas de notion d’enfermement. Les traitements mis en place sont purement somatiques.

Durant la Renaissance, une image populaire de la fin du Moyen Âge s’est répandue. Elle correspond à des embarcations d’aliénés naviguant le long du Rhin, en quête de raison. Foucault l’évoque dans son roman de 1961, Histoire de la folie à l’âge classique, « ils ont existé, ces bateaux qui d’une ville à l’autre menaient leur cargaison insensée. Les fous alors avaient une existence facilement errante. Les villes les chassaient volontiers de leur enceinte » (p.19). De nombreuses œuvres artistiques et satiriques se sont inspirées de ces embarcations, comme La nef des fous (Das Narrenschiff) de l’auteur Sébastien Brant, le tableau La Nef des fous du peintre Jérôme Bosch, etc. A partir du XVe siècle, les chasses aux sorcières apparaissent ; des aliénés sont brûlés au bûcher. Les médecins Jean Wier (1515-1588) et Juan Luis Vives (1492-1540) s’opposent à cette pratique. Pour Wier la folie n’est pas mystique mais liée aux humeurs, décrites par Hippocrate. Vives est favorable à l’internement des fous mais, tous les deux sont pour la bientraitance des aliénées et ont un espoir de guérison. La folie n’est plus considérée comme un phénomène surnaturel. Cependant, elle n’est pas encore prise en charge.

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