Perspective d’amélioration des bidonvilles dans la ville de Manakara

Perspective d’amélioration des bidonvilles dans la ville de Manakara

Les Bidonvilles sont aujourd’hui un fait durable dont on sait qu’il ne pourra pas être résolu à court terme. Bien qu’il n’existe pas d’idéal type de ces quartiers, fondamentalement multiples, personne n’a aussi trouvé la méthode miracle pour les améliorer. Toutefois, un consensus s’est formé sur la nécessité d’intervenir au sein de ces quartiers pour mieux les insérer dans la ville et améliorer les conditions de vie des habitants. Dès lors, se pose la question des moyens à mettre en œuvre. L’éradication ou la restructuration complète ? Ainsi dans ce chapitre, nous allons essayer de capitaliser les différents interventions majeurs sur l’amélioration des bidonvilles dans le monde, ensuite analyser les interventions déjà menées au sein de la ville de Manakara et enfin essayer d’apporter notre contribution pour l’amélioration des conditions de vie dans les bidonvilles de Manakara

Des initiatives à toutes les échelles

A l’échelle mondiale, plusieurs initiative et programme ont été initié afin d’améliorer les conditions de vie et de freiner le développement des bidonvilles. Les institutions internationales, les bailleurs de fonds ainsi que les gouvernements locaux se sont engagés à donner une dimension particulière aux actions de résorption des bidonvilles. Parmi ces initiatives, c’est la « Déclaration du Millénaire » qui a attiré, à l’échelle internationale, l’attention sur la pauvreté urbaine. Le Millénaire des Nations unies pour le développement prescrit un ensemble d’objectifs en matière de lutte contre la pauvreté et de création d’un monde plus durable. Ils ont été adoptés par les Nations unies lors du sommet du Millénaire en septembre 2000, lançant la dynamique des Objectifs des Millénaires pour le Développement (OMD). Les OMD tiennent en huit chapitres assortis de cibles chiffrées. Le premier objectif est de « réduire l’extrême pauvreté et la faim », avec une cible pour 2015 qui est de réduire de moitié la proportion de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jour, ainsi que celle souffrant de faim. Le septième chapitre est baptisé : « Assurer un environnement durable ». Il fixe l’objectif d’ici à 2015 de réduire de moitié le pourcentage de la population qui n’a pas accès à l’eau potable. Il fixe aussi l’objectif d’ici à 2020 de « parvenir à améliorer sensiblement la vie d’au moins 100 millions d’habitants des bidonvilles». Les commentaires ont indiqué, pour certains, que l’objectif n’avait pas d’intérêt car très modeste par rapport à l’ampleur de la question. D’autres ont estimé que des interventions sous 89 forme d’expérimentations devaient permettre d’avancer concrètement. Cependant, certains pays ont réussi à freiner l’expansion des taudis et à améliorer les conditions de vie de leurs populations. Selon les estimations d’ONU-Habitat, entre 2000 et 2010, un total de 227 millions de citadins des pays en développement ont vu leurs conditions de vie s’améliorer significativement. En d’autres termes, le monde est parvenu à dépasser de 220 % la Cible des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Dans ce contexte, l’Asie se situe à l’avant-garde des efforts. On estime en effet que la région a amélioré les conditions de vie et d’habitat de 172 millions d’habitants des taudis pendant la période 2000-2010, ce qui représente 74% du total mondial. Durant cette même période, la Chine et l’Inde ont amélioré à elles seules la vie et les conditions d’habitat de 125 millions d’habitants des bidonvilles. En Afrique, la vie de 24 millions d’habitants de taudis s’est améliorée durant la dernière décennie, soit 12% de l’effort mondial. L’Afrique du Nord est la seule sous-région dans le monde en développement où le nombre (8,7 millions) et la proportion des habitants des taudis ont diminué de façon constante (de 20 à 13%). L’Egypte, le Maroc et la Tunisie ont été les pays les plus performants en la matière. En Afrique subsaharienne, cependant, la proportion totale de la population urbaine vivant dans les bidonvilles n’a diminué que de 5% soit 17 millions d’habitants. Au-delà des préoccupations et interventions onusiennes, ce sont tous les instruments de l’aide au développement qui interviennent maintenant sur la question des bidonvilles, appréciés souvent sous le vocabulaire « habitat informel ». Il en va ainsi de l’AFD mais aussi, par exemple, de la Banque africaine de développement et la Banque asiatique de développement. Toutes ces institutions financent et suivent des programmes ambitieux. Par ailleurs c’est à l’échelle locale, naturellement, que les initiatives se multiplient. Un peu partout, là où les villes sont concernées, des programmes cherchent à fournir de la sécurité, de l’électricité, des services. Certains programmes visent davantage l’habitat et les équipements, d’autres ciblent plus directement les gens et les habitants. Parmi les initiatives locale, le programme « Ville sans Bidonvilles » initié par le Maroc fait partie actuellement de référentiel en terme d’amélioration des bidonvilles. Appuyer par des institutions internationales telles que la Banque Mondiale, l’Organisation des Nations Unies pour les Etablissements Humains (UN-Habitat), et les coopérations américaines, françaises,… le gouvernement Marocain s’est fixé comme objectif d’éliminer en sept ans (2004- 2010) tous les bidonvilles des centres urbains lesquels abritent plus de 210.000 ménages.

Des savoirs dispersés, des affirmations à valider, des idées à valoriser

La question de la résorption ou de l’amélioration des conditions de vie dans les quartiers précaires se pose pratiquement dans toutes les villes, même si les réalités de terrain sont diverses et multiformes. Il est en revanche unanimement admis que les interventions doivent s’adapter au contexte et à la typologie du quartier, et privilégier un levier d’action pour enclencher un cercle vertueux. S’il n’existe pas de consensus global autour de la meilleure manière d’intervenir dans les quartiers précaires, deux grandes options se distinguent : soit on résorbe le quartier (Raser totalement), soit on le conserve en cherchant à améliorer l‘existant (maintien sur place). Ces deux options se déclinent en modes opératoires différents : dans un premier cas, l’éviction peut s’accompagner ou non de mesures de relogement ; dans un second cas, le maintien sur place peut viser une simple réhabilitation ou plus profondément une restructuration. 

La démolition ou résorption des quartiers précaires

L’éradication fut historiquement la première réponse proposée à la présence embarrassante de tels quartiers. La politique du bulldozer, menée aussi bien en France qu’en Afrique a eu pour ambition de régler définitivement le problème. Son approche est simple, pour ne pas dire simpliste : éviction des habitants, destruction du quartier et, dans le meilleur des cas, relogement des habitants ailleurs. Mais cette approche radicale néglige la question urbaine et sociale. Les bulldozers peuvent supprimer les quartiers, mais heureusement pas leurs habitants. En l’espèce, ils ne font que déplacer le problème29 . L’éradication a ainsi rapidement fait la preuve de son inefficacité. Ce qui en outre était possible il y a trente ou quarante ans pour des zones résiduelles marginales ne l’est plus aujourd’hui dans des villes où les quartiers spontanés représentent jusqu’à la moitié de la population, comme c’est le cas à Dakar ou Port-au-Prince. Le coût en serait trop élevé : coût financier si des zones de recasement étaient aménagées, coût social et politique en l’absence de recasement. S’ajoute aussi son caractère nécessairement brutal, autoritaire, mal perçu par les opinions locales ou internationales. Tous les chercheurs avance sur ce fait que « détruisez un bidonville, il s’en créera un autre, pire encore que celui expulsé ». Les habitants délogés ne disparaissent pas et doivent trouver dans l’urgence un nouvel endroit pour construire leur logis, souvent dans des conditions bien pires.

Les actions d’amélioration sur place

Nombreuses questions se posent sur cette deuxième option, pourquoi améliorer ? Certes, on ne peut négliger le fait qu’améliorer un quartier irrégulier revient de fait à l’accepter. En d’autres termes, un projet de restructuration risque d’inciter les nouveaux arrivants à suivre un chemin identique : occupation illégale – constitution d’un quartier – intervention publique – régularisation. Ne vaut-il donc pas mieux investir dans l’équipement de la ville officielle, en misant sur l’effet d’entraînement? Toutefois, malgré la diversité des situations et les éléments potentiels de blocage, la nécessité d’intervenir est partagée aujourd’hui par la plupart des acteurs (population qui y réside, gouvernement, collectivités locales, organismes d’aide au développement…). Ces quartiers sont porteurs de risques divers pour la communauté, qu’elle soit locale, nationale ou internationale. Pour la communauté internationale, ces quartiers concentrent en effet une part croissante de la pauvreté mondiale et la réduction de cette dernière, affirmée comme un des 29 Guillaume Josse et Pierre-Alain Pacaud, Améliorer les quartiers précaires : Approches suivies au Burkina, Djibouti et Haïti, 2005 92 objectifs du millénaire30, passe donc nécessairement par une action forte dans ces quartiers. Pour les gouvernements, ces quartiers représentent des risques en termes sociaux, sanitaires, sécuritaires et, in fine, politiques. Pour les collectivités locales, et notamment pour les élus, de plus en plus nombreux dans un contexte général de décentralisation, ces quartiers sont des freins au développement global des villes. Ils posent des questions complexes en matière de desserte par les réseaux, de fiscalité, de statut foncier, de transport, mais aussi d’image de la ville. Quant à la population de ces quartiers, l’intérêt de voir leur situation s’améliorer semble évident. L’accès aux services publics, à l’emploi, à l’éducation, à la santé constitue autant de droits fondamentaux qu’elle revendique. Ainsi, faute de pouvoir éradiquer, l’objectif peut être de transformer la zone spontanée en un quartier structuré, légal et d’apporter les services et équipements publics à la population. Les résultats au niveau mondial ont été considérables. Cela a été démontré par la réalisation de l’Objectif du Millénaire pour le développement 7 Cible 7D. 

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