Polymédication du sujet âgé

Sujet âgé

Le sujet âgé est difficile à définir. Les « âges seuils » sont rarement les mêmes selon les auteurs et les époques.
La Haute Autorité de Santé (HAS) définit les personnes âgées comme « une population spécifique en raison de la survenue fréquente de polypathologies, et, pour les plus âgées d’entre elles, de l’existence d’une fragilité physique, psychique ou socio-économique et d’un risque de perte d’autonomie et de dépendance ».
Selon les prestations sociales en France, le sujet est âgé à partir de 60 ans. Pour l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la personne devient âgée à partir de 65 ans. A partir de 75 ans, on parle de sujet âgé pour le risque de perte d’autonomie ou de fragilité. C’est aussi l’âge minimum pour intégrer un service de gériatrie .

Polypathologie

Le terme polypathologie n’est pas défini de manière univoque et consensuelle. Étymologiquement, ce mot se décompose en trois parties : le préfixe « poly » du grec πολλοί qui signifie « plusieurs »,
le radical « patho » du grec πάθος qui signifie « passion » dans le sens ce que l’on éprouve ou affecte, le suffixe « logie » du grec λόγος qui signifie « étude, examen ».
La HAS définit la polypathologie comme « la cooccurrence de plusieurs maladies chroniques (au moins 2) chez le même individu sur la même période ». La polypathologie est synonyme de multimorbidité. Ce terme est souvent confondu avec celui de comorbidité. La comorbidité se situe dans une approche centrée sur la maladie. A contrario, la polypathologie s’inscrit dans une approche plus généralisée et centrée sur le patient .
Mais les patients polypathologiques sont aussi des patients qui peuvent présenter de multiples facteurs de risques tels que l’hypertension artérielle, l’hyperlipidémie ou le diabète .
Donc le patient polypathologique est une personne qui présente plusieurs pathologies chroniques qui s’avèrent être des facteurs de risques.
Statistiquement, plus de 10 % des français âgés de plus de 75 ans seraient polypathologiques. Selon l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE), en moyenne ce sont 2,5 maladies chroniques et 1,9 maladies non chroniques qui sont déclarées chez les patients de 60 ans et plus .
Depuis 1988, l’Enquête Santé, Soins et Protection Sociale (ESPS) est conduite par l’Institut de Recherche et Documentation en Économie de la Santé (IRDES). C’est l’enquête de référence sur la santé, l’accès aux soins et la couverture maladie en France. L’échantillon de 8000 ménages, soit environ 22 000 personnes, a permis de recueillir de nombreuses données. Parmi elles, la répartition des pathologies chez les patients âgés de 65 ans et plus a été évaluée.

Polymédication

Selon l’OMS, la polymédication se définit comme « l’administration de nombreux médicaments de façon simultanée ou l’administration d’un nombre excessif de médicaments » .
Trois types de polymédication sont décrits dans la littérature. Tout d’abord, la polymédication «simultanée» qui concerne les médicaments pris au même moment un jour donné. La polymédication «cumulative» regroupe la totalité des médicaments administrés sur une période donnée. Enfin, la polymédication « continue » englobe les médicaments pris de façon prolongée et régulière.
La HAS caractérise la polymédication comme « habituelle et souvent légitime » chez le sujet âgé. L’IRDES a fixé le seuil de la polymédication à partir de 5 médicaments par jour. Il identifie une polymédication chez 14 à 49% des sujets âgés de plus de 75 ans. Selon eux, un patient en affection longue durée (ALD) a plus de risque de polymédication. L’insuffisance respiratoire, le diabète et la maladie de Parkinson sont les trois ALD les plus associées à une polymédication.

Iatrogénie médicamenteuse

La iatrogénie médicamenteuse se traduit par toute réponse néfaste et/ou non recherchée de l’organisme, à un médicament survenant à des doses utilisées chez l’homme à des fins de prophylaxie, de diagnostic et de traitement selon l’OMS .
Le terme «effets indésirables médicamenteux» (EIM) est un synonyme de iatrogénie médicamenteuse. Il englobe l’ensemble des effets indésirables médicamenteux même ceux liés à la diminution de l’efficacité en rapport avec un défaut d’observance comme par exemple une décompensation d’une insuffisance cardiaque en lien avec l’arrêt volontaire ou non d’un traitement diurétique ou encore un état confusionnel aigu secondaire à un sevrage brutal en benzodiazépine. La notion d’erreur médicamenteuse est également prise en compte dans ce concept, celle-ci pouvant relever de la responsabilité du prescripteur ou d’autres professionnels de santé (pharmaciens, infirmières, etc…) ou de celle du malade .
Il est difficile d’évaluer le nombre d’erreurs médicamenteuses. Ainsi, une méta-analyse internationale de 2018 a conclu que le taux d’erreur médicamenteuse et d’EIM était trop variable selon les études pour arriver à en faire une synthèse. En France, il n’y a pas de dispositifs d’évaluations fiables et adaptés. En 1998, un rapport de la commission KOUCHNER reconnaît que « plusieurs milliers de malades décèdent chaque année en France par iatrogénie, dont une fraction serait évitable ». Plus de 15 ans après, il n’y a toujours pas de données épidémiologiques précises et on continue à mourir de iatrogénie médicamenteuse .

Table des matières

INTRODUCTION
1ERE PARTIE : POLYPATHOLOGIE ET POLYMEDICATION : PORTES D’ENTREE DE LA IATROGENIE MEDICAMENTEUSE
I. GENERALITES
A. Définitions
B. Épidémiologie
C. Économie
II. PHYSIOLOGIE : VARIABILITES PHARMACOLOGIQUES LIEES A L’AGE
A. Fragilité et vulnérabilité du sujet âgé
B. Modifications physiologiques liées à l’âge
C. Modifications pharmacocinétiques liées à l’âge
III. PRESCRIPTIONS MEDICAMENTEUSES CHEZ LE SUJET AGE
A. Facteurs de risques et conséquences de la iatrogénie médicamenteuse
B. Prescriptions Médicamenteuses Inappropriées (PMI)
C. Principales classes médicamenteuses à risque de iatrogénie
2EME PARTIE : LE BILAN PARTAGE DE MEDICATION (BPM) : NOUVELLE MISSION DU PHARMACIEN
I. PRESENTATION GENERALE 
A. La naissance du BPM : la loi HPST
B. Définition et objectifs
C. Public cible du BPM
D. Prérequis
E. Facturation et rémunération
II. DEROULEMENT 
A. Recrutement
B. Recueil d’informations
C. Analyse des traitements et synthèse au médecin
D. Entretien conseils
E. Suivi d’observance
III. OUTILS 
A. Le guide PAPA
B. Liste préférentielle de médicaments adaptés au sujet âgé en EHPAD de l’OMEDIT
C. Critères de Beers
D. Liste de Laroche
E. Critères STOPP/START
F. GPR
G. Bases de données en ligne
H. Recommandations actuelles
IV. SYSTEMES PARALLELES
A. Hospitaliers
B. Mondiaux
3EME PARTIE : RETOUR SUR L’INSTALLATION DU BILAN PARTAGE DE MEDICATION (BPM) EN EX BASSE NORMANDIE 
I. PRESENTATION DE L’ETUDE DE TERRAIN 
A. Objectif
B. Matériel et méthodes
II. RESULTATS DE L’ETUDE
A. Enquête téléphonique
B. Pharmacies pratiquant le BPM en ex-Basse Normandie
C. Pharmacies ne pratiquant pas le BPM en ex-Basse Normandie
D. Fascicule facilitant l’installation du BPM dans une officine
III. DISCUSSIONS, LIMITES ET PERSPECTIVES 
A. Discussions
B. Limites
C. Perspectives
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE 
ANNEXES

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