Quelques précisions sur le système linguistique des deux langues étudiées

Quelques précisions sur le système linguistique des deux langues étudiées

Parmi les propriétés formelles pertinentes pour l’étude des expressions référentielles il y a le système nominal et pronominal et leur marquage, ainsi que les régularités syntaxiques ou d’agencement linéaire. Les deux langues en question, le français et l’allemand, diffèrent considérablement dans ces domaines de la grammaire. Nous allons dans ce chapitre présenter des notions indispensables pour l’étude des expressions référentielles concernant les systèmes linguistiques du français et de l’allemand, puis nous focaliser plus en détail sur les catégories qui sont au cœur de notre thèse, les dislocations et les pronoms personnels et démonstratifs, dans le chapitre suivant. Le présent chapitre est organisé comme suit : Dans la section 1, nous présentons dans les grandes lignes les paradigmes des pronoms personnels et démonstratifs, des déterminants du nom et des pronoms adverbiaux. Nous y soulignerons des différences entre les deux langues pertinentes pour nos analyses. La section 2 est consacrée à quelques de notions de base concernant la prosodie. Nous allons, dans nos analyses, mobiliser des analyses prosodiques, et ce chapitre sera l’occasion de faire le point sur certains points théoriques et méthodologiques, et surtout de présenter des différences entre le françait et l’allemand concernant les patrons rythmiques et les proéminences prosodiques. La question de l’ordre des mots et de l’agencement linéaire des énoncés en français et en allemand sera traité dans la section 3, à la fois du point de vue théorique et méthodologique, les modèles descriptifs convoqués n’étant pas les mêmes pour les travaux sur le français et les travaux sur l’allemand. L’économie de la communication, notamment orale en face à face, où tout n’a pas besoin d’être dit, est alors discutée, en lien avec la dimension du topic/commentaire. Pour ce faire, nous nous centrerons sur les phénomènes des énoncés averbaux (comme pas bête, la guêpe ou sous les pavés, la plage, ou simplement génial) et du topic-drop, c’est à dire la possibilité grammaticale, en allemand, de ne pas verbaliser un argument du verbe lorsqu’il est topic. La section 4 enfin développe plus loin des questions centrales à l’analyse de productions langagières orales et spontanées, qui ne ressemblent que rarement au modèle canonique de la phrase standard.

L’objectif de cette section est de décrire les différents types d’expression linguistique qu’ont à leur disposition les locuteurs francophones et germanophones pour référer à des entités. Nous allons restreindre cette présentation aux paradigmes des pronoms personnels et démonstratifs, des déterminants des syntagmes nominaux lexicaux ainsi qu’aux pronoms adverbiaux. Les dislocations seront mentionnées lorsque nous nous intéresserons à l’ordre des mots, mais leur description détaillée sera donnée dans le chapitre suivant. L’intérêt central pour l’acquisition des expressions référentielles est le syntagme nominal. Dans nos analyses, nous allons contraster ses réalisations – par un nom ou un pronom, disloqué ou non disloqué – en fonction du statut référentiel et topical du référent visé. Dans cette mesure, il est nécessaire d’exposer ici les différences structurelles entre les deux langues, permettant d’expliquer les différences dans l’usage des expressions référentielles dans ces deux langues, et aussi de faire le point sur les formes en der/die/das en allemand, qui peuvent servir de pronom ou de déterminant du nom. Nous allons étudier dans cette thèse les réalisations du syntagme nominal par rapport à l’ensemble des expressions (potentiellement) référentielles, mais dans la mesure où d’autres expressions, comme les pronoms interrogatifs et indéfinis sont moins centrales dans nos analyses, nous ne les présenterons pas dans le détail ici. Le lecteur trouvera une description synthétique des différentes catégories retenues en début du CHAPITRE VII.

Nous abordons et classons les expressions référentielles, leurs formes et distributions dans le cadre d’une conception syntaxique basée sur des constituants ou groupes syntaxiques. Dans cette section, nous nous intéressons au syntagme ou groupe nominal en allemand et en français, qui peut être réalisé par une forme lexicale, accompagnée ou non d’un déterminant, ou d’un pronom. Dans notre description, nous allons nous focaliser essentiellement sur les pronoms personnels et démonstratifs, qui nous intéressent particulièrement pour l’étude de la référence et du topic. Les pronoms personnels de la troisième personne peuvent référer aussi bien à des personnes qu’à des entités, à l’exception de y et en, aussi qualifiés de pronoms adverbiaux, qui ont tendance de référer à des inanimés (mais Riegel et al. (1994 : 201) notent que leur « usage s’étend aujourd’hui aux animés (Pierre, je me méfie de lui et Il est jaloux d’elle alternent avec Pierre, je m’en méfie et Il en est jaloux) »). Les pronoms clitiques peuvent être employés en fonction sujet ou objet et sont produits en position préverbale (à l’exception des verbes à l’impératif). Une précision s’impose aussi pour le traitement du pronom on en français. Nous avons souhaité garder une catégorisation cohérente pour une forme donnée. Pour le français, Landragin & Tanguy (2014) constatent un manque de consensus pour la classification du pronom on : parfois considéré comme pronom personnel (Charaudeau, 1992; Riegel et al., 1994), d’autres auteurs le classent comme pronom indéfini (Grevisse & Goosse, 2008), ou encore comme pronom impersonnel (Creissels, 2011). En effet, on peut renvoyer aussi bien à la 1.

 

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