RÉINVENTER LA COOPÉRATION ASSOCIATIVE

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La division du travail associatif ou la hiérarchisation du travail en commun

Les clubs sportifs étudiés se sont révélés au fil de l’enquête, comme des organisations fortement hiérarchisées où des acteurs d’exception émergent et s’installent, souvent pour une durée indéterminée, à des places où ils pourront exercer un pouvoir de décision sur l’avenir du club (par exemple, le président du club « Boxe-Besan. » est à cette place depuis le début des années 1980). A côté de ces places fortes, s’organisent d’autres positionnements qui structurent une division du travail associatif hiérarchisée. Il convient d’identifier les différents critères695 qui participent à cette distinction. Ils sont présentés ici de manière non exhaustive. Ils sont interdépendants et donnent à voir la production des activités associatives comme une mécanique où chacun a une place et un rôle à jouer. Si la présentation qui en est faite est schématique et fixiste, elle traduit cependant fidèlement la manière dont les individus, sur leur temps de loisir, s’organisent collectivement pour assurer à chacun une autonomie. Elle permet également de mettre en lumière les bases hiérarchiques du « travail ensemble ». • La division du travail associatif à base statutaire Le statut de bénévole, de salarié696, de dirigeant, de pratiquant, de président, etc. constitue le critère essentiel de la division du travail associatif. Pour chaque statut, correspond un travail à produire, plus ou moins précis, plus ou moins important pour la survie et le développement de l’association. En fonction de la taille de la structure, de son projet associatif et de la présence ou non de salariés, ce critère distinctif sera plus ou moins pensé, formel et formalisé dans les clubs étudiés. Cependant, dans toutes les structures rencontrées, les statuts de président, de secrétaire, de trésorier, d’entraineur et de pratiquant constituent un référentiel dominant quant aux tâches à réaliser et aux responsabilités à porter. Les dirigeants considèrent que ces statuts correspondent aux principales fonctions qui « portent un club697». Les autres statuts découlent de cette division. La division à base statutaire domine nettement les clubs «Basket.-Marseille » et « Foot.- Calais » et propose, par conséquence, une hiérarchisation forte des places dans l’organisation : « Je suis le président et tant que je serai président, ce sera moi qui dirai comment on fonctionne, qui fait quoi […] Comment je vois ma fonction de président ? Ben t’es responsable, c’est toi qui fixe le cap pour le club et j’essaie de mettre tout le monde derrière moi. Ma sœur (secrétaire) elle me suit mais tu vois elle pourrait pas être présidente. C’est spécial comme poste, faut avoir la carrure ».

La division du travail associatif basé sur les qualifications, les diplômes et les compétences sportives

Si la division du travail est dominée par la distinction des statuts, un autre critère est apparu lors des observations et des entretiens : le critère de qualification, de diplôme et de compétence dans l’organisation de l’activité sportive. Ces aspects sont en effet des éléments clés qui servent de distinction et de hiérarchisation entre les acteurs des clubs sportifs. La qualification et l’acquisition de diplômes d’encadrement, dans le secteur sportif, est un critère qui se révèle selon les dirigeants comme un élément « de plus en plus lourd à gérer. On a des supers entraineurs au club, des bons qui ont fait des champions et qui connaissent leur discipline parfaitement. Mais personne a le Brevet d’État. T’as les G. (deux entraineurs d’une même famille) qui ont été prof. d’EPS toute leur vie. Ils ont je sais plus quel diplôme régional mais ils ont pas de grands diplômes si tu veux. Du coup, on pousse tout le monde pour passer les diplômes mais je vais te dire (tout bas) ça les fait chier702 ». Dans les cinq clubs étudiés, les diplômes « professionnels » ne constituent pas les éléments déterminants pour accéder aux postes à responsabilité dans le club. Il arrive même que de nombreux dirigeants ayant une position hiérarchique dominante managent des individus ayant plus de diplômes et plus d’expériences professionnelles dans le champ de l’éducation, de l’action sociale, de la formation ou du sport. C’est le cas notamment du coordinateur technique du club « Foot.-Calais », présent au club la première année d’enquête, licencié de l’UFR STAPS, qui était dirigé par le président, ouvrier qualifié. La division du travail sportif associatif est ici davantage portée par une distinction selon les compétences issues de l’expérience dans l’encadrement de sportifs. On pourrait schématiser cette idée en disant que plus les équipes ou les sportifs entrainés évoluent dans des compétitions de haut niveau, plus les dirigeants de ces équipes (places) ont une qualification et une expérience importante en matière d’encadrement. Tous les clubs fonctionnent sur ce schéma organisationnel. C’est d’ailleurs le désarroi du président du club de « Basket.-Marseille » qui « est obligé d’entraîner l’équipe 1 parce qu’il y a personne qui peut le faire. Soit les gars ils ont pas les diplômes, soit ils ont pas l’expérience pour le faire ». 

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