Acquisition, structuration et transmission de données de santé issues d’objets connectés

Avec le progrès de la médecine et l’essor des technologies, l’espérance de vie ne cesse de progresser. Selon l’Eurostat, l’office européen des statistiques, elle est passée de 77,7 ans en 2002 à 80,6 ans en 2013 pour les 28 pays de l’Union Européenne, hommes et femmes confondus (“Statistiques Sur La Mortalité et l’espérance de Vie – Statistics Explained” n.d.). En 2013, 38% de la population européenne avait plus de 50 ans (“Eurostat – Tables, Graphs and Maps Interface (TGM) Table” n.d.). Cette augmentation de l’espérance de vie s’accompagne d’une apparition de besoins spécifiques pour les seniors. En effet, à partir de 80 ans, la part des seniors en situation de dépendance passe de 25% à 50%. De plus, selon un sondage de l’Institut Français des Seniors (IFS) réalisé en mars 2015 pour le compte du LEEM (l’organisation professionnelle des entreprises du médicament opérant en France), 37% des personnes âgées de plus de 50 ans doivent se surveiller régulièrement, ou souffrent d’une maladie chronique. Ce taux passe à 42% pour les plus de 75 ans (“Institut Français Des Seniors
– Les Seniors et Les Médicaments” n.d.).

L’ensemble des pays occidentaux, et la France particulièrement, sont à la croisée d’un faisceau de risques et d’opportunités concernant l’évolution de leur santé publique et particulièrement la réponse aux besoins de leurs seniors.

Au rang des opportunités, il est possible d’observer que :
• tout d’abord, avec le progrès de la médecine et l’essor des nouvelles technologies, l’espérance de vie ne cesse de progresser comme précisé précédemment. D’après l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE), la population de plus de 60 ans représentera un tiers des Français en 2060, soit plus de 20 millions de Français ;
• cette population exprime, par ailleurs, clairement sa volonté d’être maintenue à domicile en cas de perte d’autonomie. Ainsi d’après Les Echos, 8 Français sur 10 seraient dans ce cas ;
• en parallèle, l’émergence de la médecine dite 4P (Préventive, Participative, Prédictive, Personnalisée), aux côtés de la médecine conventionnelle dite curative, va progressivement bouleverser le paysage médical français ;
• les seniors devant de plus en plus acteurs de leur propre santé, ils réclament davantage de place dans la démocratie sanitaire permettant ainsi de co-construire des solutions qui répondent mieux à leurs besoins ;
• la montée en puissance des objets connectés orientés bien-être ou domotique va renouveler le rapport à notre environnement quotidien passant la plupart des objets d’un mode passif à celui de terminaux actifs, connectés et intelligents.

Ces opportunités sont à mettre en perspective des risques pesant sur la population senior comme le délitement progressif du lien social, et en particulier familial, lié à l’éloignement des enfants de leurs parents, la montée progressive de déserts médicaux en particulier dans les zones de faible densité de population mais surtout l’âgisme de nos sociétés qui fait de l’âge le premier critère de discrimination (Levy et al. 2014).

Nous constatons donc la nécessité de solutions permettant aux personnes âgées de satisfaire leur désir de continuer à vivre chez elles tout en gardant leur autonomie et en luttant contre leur exclusion progressive du monde numérique. Or, à ce jour, diverses solutions ont tenté de répondre partiellement et de façon non intégrée à ces problématiques.

Ce travail a été financé par AZNetwork, une entreprise de services numériques créée en 1999. La société a effectué un virage stratégique vers le domaine de l’e-santé et obtient l’agrément pour l’hébergement de données de santé en septembre 2013, commercialisé sous la marque AZ Médicube. Afin de répondre aux nouveaux défis de la population vieillissante, AZNetwork développe une gamme de solutions :

• EasyGoing, application qui répond de manière exhaustive aux exigences du métier du maintien et de l’hospitalisation à domicile. EasyGoing est la réponse logicielle aux besoins de ce métier qui doit prendre en compte le tiers payant, garantir un service de qualité auprès des patients, administrer un référentiel complexe et contrôler le respect des exigences réglementaires ;
• EasyGoing Mobility, application conçue pour tablette et utilisable sans être connectée au réseau couvre les besoins des prestataires de santé chez le prescripteur comme au domicile du patient ;
• AZ MédiCube est une offre du groupe AZNetwork agréée par le ministère des affaires sociales et de la santé proposant l’hébergement d’applications fournies par ses clients et gérant des données de santé à caractère personnel ;
• EasyGoing Connect est un outil collaboratif de type RSE (Réseau Social d’Entreprise) organisé par le Prestataire de santé à Domicile (PSAD) et qui réunit autour du patient à domicile les intervenants médicaux et paramédicaux.

Pour compléter cet ensemble de solutions, l’entreprise souhaite développer un système permettant d’assurer le suivi de l’état de santé, notamment celui des seniors. Ce suivi peut être effectué par la personne elle-même afin d’avoir une meilleure hygiène de vie ou de suivre l’évolution de sa santé. L’utilisateur pourra permettre à ses proches ou à une équipe médicale de participer à ce suivi.

Interopérabilité
L’interopérabilité est la capacité de deux ou plusieurs systèmes à s’échanger des données et à pouvoir les utiliser. Avec la croissance exponentielle du nombre d’objets connectés (Business Insider Australia 2014), notamment ceux implémentant des protocoles de communication propriétaires, échanger des données entre plusieurs systèmes de santé devient un vrai défi. Bien que les protocoles standards soient bien ancrés dans le système hospitalier (comme les protocoles DICOM ou HL7), ce n’est pas le cas dans le domaine du maintien à domicile et plus généralement dans la santé connectée personnelle. Motivés par un modèle économique basé sur les données des utilisateurs, les fabricants des capteurs de santé privilégient leurs propres écosystèmes en utilisant leurs protocoles de communication plutôt qu’implémenter des protocoles standards afin de favoriser un échange de données avec les solutions des concurrents.

Fiabilité
La démocratisation des objets connectés est accompagnée par celle des capteurs mesurant des données de santé, certifiés dispositifs médicaux ou non. Des études ont montré que la fiabilité varie d’un capteur à un autre, en fonction de sa fabrication (fiabilité intrinsèque), mais également en fonction de l’utilisateur (fiabilité extrinsèque). En effet, la manière dont l’utilisateur manipule le capteur peut avoir une influence sur la fiabilité de la mesure.

Contextualisation de la mesure
La relation médecin-patient est en cours de transformation puisque ce dernier est en train de devenir acteur de sa propre santé notamment dans l’amélioration de son hygiène de vie ou dans le suivi de maladies. La croissance exponentielle des objets connectés et leur démocratisation permettent au grand public de s’auto-surveiller en mesurant leurs paramètres physiologiques. Ces données peuvent être par la suite transmises au médecin traitant.

Actuellement, lorsqu’un médecin reçoit les données de ses patients, il ne peut savoir avec certitude dans quel contexte les mesures ont été effectuées. Or, connaître ce contexte est souvent nécessaire pour déterminer la fiabilité et la pertinence des données reçues. Un moyen de connaître ce contexte consiste à acquérir et à fusionner des mesures provenant de différentes sources.

Table des matières

Chapitre 1 – Introduction
1.1. Contexte
1.2. Objectifs
1.2.1. Interopérabilité
1.2.2. Fiabilité
1.2.3. Contextualisation de la mesure
Chapitre 2 – Etat de l’art
2.1. Introduction
2.2. Solutions commercialisées
2.2.1. Services de téléassistance
2.2.2. Détecteurs de chutes
2.2.3. Suivi de l’état de santé
2.3. Projets de recherche
2.3.1. Programme AAL
2.3.2. Autres
2.4. Conclusion
Chapitre 3 – Interopérabilité
3.1. Introduction
3.2. Protocoles de communication
3.2.1. Protocole Standard
3.2.2. Protocole Propriétaire
3.3. Catégories des capteurs
3.3.1. Dispositif médical
3.3.2. Dispositif de bien-être
3.4. Etat de l’art
3.4.1. Capteurs
3.4.2. Travaux similaires
3.5. Matériels et Méthodes
3.5.1. Preuve de concept
3.5.2. Passerelle logicielle
3.6. Résultats
3.7. Discussion
3.8. Conclusion
Chapitre 4 – Fiabilité
4.1. Introduction
4.2. Matériels et Méthodes
4.2.1. Matériels
4.2.2. Méthodes
4.3. Résultats
4.4. Discussion
Chapitre 5 – Suivi de l’état de santé
5.1. Introduction
5.2. Etat du marché
5.2.1. Tensiomètre électronique
5.2.2. Recommandations internationales
5.2.3. Communication des fabricants
5.2.4. Système multimodal
5.2.5. Confidentialité
5.3. Etat de l’art
5.4. Méthodes et Matériels
5.4.1. Méthodes
5.4.2. Matériels
5.5. Résultats
5.6. Discussion
5.7. Conclusion
Chapitre 6 – Système de télésuivi
6.1. Introduction
6.2. Système de télésuivi
6.2.1. Concept général
6.2.2. Description
6.2.3. Interface graphique pour seniors
6.3. Interfaces Homme-Machine alternatives
6.3.1. Introduction
6.3.2. Télévision
6.3.3. Enceinte connectée
6.4. Règlement Général de Protection des Données
6.5. Conclusion
Chapitre 7 – Conclusion

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