Amélioration de la prise en charge des adolescents vivant avec le VIH

Amélioration de la prise en charge des adolescents
vivant avec le VIH

Annonce du statut d’infection par le VIH aux AVVIH

Dans la Cohorte COHADO (2015-2027), nous avons montré que la fréquence de l’annonce du statut d’infection par le VIH aux AVVIH âge en médiane de 13 ans était faible estimée à 46% lors de l’inclusion et restait insuffisante, à 74% après 24 mois de suivi malgré la progression. Dans l’essai OPTIMISE, à l’inclusion dans les sites cliniques à Abidjan, et Ouagadougou, le taux d’annonce chez des adolescents agés de 14 ans en médiane demeurait encore insuffisant, estimé à 41% en 2021. Ces résultats confirment les données d’autres études an Afrique qui rapportaient des fréquences d’annonce allant de 16% to 39% (Bikaako-Kajura et al. 2006; Menon et al. 2007; Atwiine et al. 2015; Abebe et Teferra 2012; Nzota et al. 2015; Negese et al. 2012). Cependant la fréquence de l’annonce dans COHADO est supérieure à celle retrouvée dans d’autres études en Afrique de l’Ouest (Gyamfi et al. 2017; 2015; Meless et al. 2013). Deux études au Ghana 139 montraient des fréquence à 11,2% chez des enfants et AVVIH âgé de 8-14 ans, et à 44% chez des AVVIH âgés de 12 -19 ans (Gyamfi et al. 2017; Kallem et al. 2011). Nous n’avons pas mis en évidence d’effet significatif de l’annonce sur le devenir des AVVIH dans la Cohorte COHADO. En revanche, nous rapportons dans l’étude OPTIMISE de façon très originale, une association positive entre annonce complète et une meilleure santé mentale, elle-même associée à une meilleure réponse au traitement antirétroviral. Parmi les effets positifs de l’annonce aux AVVIH de leur statut VIH, on retrouve l’amélioration de l’observance du traitement et de la rétention dans les soins. Une étude précédente sur plusieurs sites de IeDEA pWADA à Abidjan, Bamako et Dakar montrait que les AVVIH informés de leur statut sérologique augmentaient la probabilité de rétention dans les soins comparés aux AVVIH non informés après 36 mois de suivi (Arrivé et al. 2012). L’annonce du statut sérologique améliore également l’état clinique et virologique des AVVIH ce qui est en accord avec nos résultats (Montalto et al. 2017b; Ngeno et al. 2019; Odiachi 2017; Vreeman et al. 2013). En pratique, nos travaux montrent l’importance à attacher à la pratique de l’annonce qui représente un enjeu majeur pour le devenir des AVVIH. La mise en œuvre de l’annonce du statut sérologique aux AVVIH est variable en fonction des pays, des structures de santé et des ressources humaines disponibles dans les centres, des parents, du contexte culturel local et aussi des AVVIH eux-mêmes (Amankwah-Poku, Klutsey, et Asante 2021; Désiré Dahourou, Raynaud, et Leroy 2018; Njuguna et al. 2020). Pourtant nous avons partiellement exploré la perspective des parents en termes des connaissances, barrières, attentes et pratiques concernant l’annonce du statut sérologique. L’implication des parents dans le processus de l’annonce était élevée dans COHADO à 41%. Dans plusieurs études les parents estiment que leurs enfants sont trop jeunes ou ne sont pas prêts à être informés de leur statut séropositif au VIH (Britto et al. 2016; Aderomilehin, Hanciles-Amu, et Ozoya 2016; Brown et al. 2011). Le rôle des parents dans le processus de l’annonce varie entre les études. Certaines études ont suggéré que les parents sont mieux placés pour 140 annoncer le statut de l’AVVIH, d’autres ont rapporté que selon les AVVIH eux même, les agents de santé sont mieux placés (K. Beima-Sofie et al. 2014; Moodley et al. 2006; Kidia et al. 2014). Cela suggère que les interventions pour améliorer l’annonce doivent impliquer à la fois les professionnels de santé et les parents, comme le montre cette étude en Namibie (K. M. Beima-Sofie et al. 2017). Et même si les psychologues sont les plus impliqués dans le processus de l’annonce, dans un contexte où les psychologues sont peu nombreux en Afrique de l’Ouest, il est important que tous les professionnels de santé soient formés et s’impliquent dans le processus de l’annonce, avec les pairs AVVIH formés qui sont également une ressource précieuse (Arrivé et al. 2018).

Santé sexuelle et reproductive des AVVIH

Les données de la littérature montrent que les comportements sexuels à risque ne diffèrent pas chez les AVVIH comparés à leurs homologues non infectés (Kaushik, Pineda, et Kest 2016; Ssewanyana et al. 2018). Les besoins en SSR chez les adolescents 141 en population générale comprennent un accès universel à des informations correctes en matière de santé sexuelle et reproductive, un accès à des moyens de contraception sûrs et abordables, des conseils attentifs, la prévention et la prise en charge des IST, incluant le VIH, la prévention et prise en charge des violences, incluant les violences basées sur le genre, et la garantie de soins prénatals et obstétricaux pour toutes les jeunes filles qui seraient enceintes (FNUAP s. d.; United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization (UNESCO) 2018). En plus de ces besoins non spécifiques, les AVVIH rencontre des besoins qui sont spécifiques à leur statut VIH et à la vulnérabilité qui en découle et qui méritent d’être pris en compte. Leurs besoins en SSR incluent la réduction du risque de stigmatisation mais également la prévention de la transmission secondaire du VIH à leur partenaire sexuel ou verticalement à leur enfant. Ils doivent aussi faire face aux défis de la prise en charge globale du VIH incluant l’annonce du statut sérologique, l’accès et l’observance au traitement, l’impact de l’infection sur leurs conditions de vie, le niveau d’éducation, et la santé mentale (Désiré Dahourou, Raynaud, et Leroy 2018; E. D. Lowenthal et al. 2014). Nous avons identifié des services de SSR peu intégrés et peu adaptés aux besoins des adolescent-es. Cette observation rejoint les résultats d’une étude auprès de 218 structures de 23 pays d’Afrique sub-Saharienne prenant en charge des AVVIH qui relevait la faible disponibilité et délivrance de services de SSR (Mark et al. 2017). Cette faible intégration des services de SSR pour les adolescent-es contraste avec les données observées dans les centres de prise en charge pour les adultes vivant avec le VIH. Le planning familial par exemple, qui n’était disponible dans aucun des trois centres de notre étude, était délivré dans la majorité des sites en charge d’adultes vivant avec le VIH dans 10 pays d’Afrique sub-Saharienne (Kanyangarara, Sakyi, et Laar 2019). En revanche au Kenya, l’intégration et la délivrance des services de SSR étaient très élevées, avec un personnel de santé régulièrement formés (Lawrence et al. 2021) . La perception des professionnels de santé est dominée par les barrières à la mise en œuvre de services de SSR pour les AVVIH sur les sites à Abidjan. Ces barrières se trouvent également dans d’autres études et reposent essentiellement sur la peur, le 142 tabou et le stigma, et aussi une méconnaissance de la SSR des adolescents, amplifiée par des opinions et croyances ancrées culturellement et socialement ; le tout dans un contexte où les AVVIH sont souvent déjà sexuellement actifs (McGranahan et al. 2021; Yiltok, Ebonyi, et Ejeliogu 2020). Du côté des professionnels de santé pourtant, les professionnels de santé sur les centres ont établi une relation de bienveillance avec les AVVIH dont plusieurs sont pris en charge depuis leur enfance. Mais le manque de formation adéquate sur les bénéfices et les modalités de l’accès des AVVIH aux prestations de SSR sont des freins qui persistent (C. D. Fair, Albright, et Culy 2018; Albright et Fair 2014). Face à la perception qu’ont les professionnels de santé de la fréquence élevée de comportements sexuels à risque chez les AVVIH, ils expriment des attentes pour améliorer la SSR des AVVIH dont ils ont la charge. Ces attentes incluent des approches contradictoires. D’un côté, la majorité des professionnels de santé estiment qu’il y a urgence à agir, qu’ils ont besoin d’être formés pour prendre en charge la SSR des AVVIH. D’un autre côté, une majorité estiment que les prestations de SSR doivent être réservées aux grands adolescents à partir d’un âge variant entre 15 et 17 ans. De plus, certains professionnels de santé perçoivent les parents comme un frein à la délivrance des services de SSR aux AVVIH, pourtant plusieurs estiment que les parents doivent être impliqués dans la délivrance des services de SSR aux AVVIH. 

Table des matières

Résumé long
Long abstract
Dédicaces
Remerciements
Liste des figures
Liste des tableau
Liste des abréviations
Valorisation scientifique
1. Introduction générale
1.1. Epidémiologie de l’infection par le VIH chez les adolescents dans le monde et en Afrique
1.1.1. Epidémiologie dans le monde et en Afrique sub-Saharienne
1.1.2. Les particularités de l’Afrique de l’Ouest et du Centre
1.1.3. La prise en charge des adolescents vivant avec le VIH
1.2. Quelles sont les questions spécifiques à la prise en charge des adolescents vivant avec le VIH ?
1.2.1. Accès au dépistage du VIH
1.2.2. Annonce du diagnostic d’infection par le VIH
1.2.3. Accès au traitement antirétroviral et à la prise en charge
1.2.4. Observance et réponse au traitement antirétroviral
1.2.5. Santé mental
1.2.6. Santé sexuelle et reproductive
2. Cadre conceptuel, hypothèses et objectifs du travail de thèse
2.1. Définitions et cadre conceptuel de la recherche
2.2. Hypothèses formulées
2.3. Objectifs
3. Méthodes
3.1. Cadre de réalisation de la recherche
3.1.1. L’équipe SPHERE au sein du CERPOP, UMR  Inserm-Université de Toulouse
3.1.2. Le site ANRS de Côte d’Ivoire et le programme PACCI
3.1.3. Les plateformes de recherche et réseaux
4. Résultats
4.1. L’importance de l’annonce du diagnostic d’infection par le VIH dans le devenir des adolescents vivant avec le VIH en Afrique de l’Ouest
4.1.1. La Cohorte COHADO « COHorte des ADOlescents vivant avec le VIH »
4.1.2. Le vécu de l’annonce par les adolescents vivant avec le VIH en Afrique de l’Ouest
4.1.3. L’annonce du statut d’infection et la santé mentale chez les AVVIH dans le projet OPTIMISE-AO
4.2. L’offre des services de prise en charge des questions de santé sexuelle et reproductive chez les adolescents vivant avec le VIH à Abidjan
4.2.1. Quelle est l’offre des services de santé sexuelle et reproductive délivrés dans les centres de prise en charge des AVVIH à Abidjan ?
4.2.2. Quelles sont les perceptions des professionnels de santé dans les centres
pédiatriques, concernant la santé sexuelle et reproductive des AVVIH à Abidjan ?
4.2.3. Quelles sont les perceptions et attitudes des AVVIH à Abidjan concernant leur santé sexuelle et reproductive ?
4.3. Quelles interventions pour améliorer la santé sexuelle et reproductive des AVVIH en Afrique sub-Saharienne ?
4.3.1. Obectif et méthodes
4.3.2. Principaux résultats
4.4. L’impact indirect de COVID sur la prise en charge des AVVIH à Abidjan
4.4.1. Justification, contexte et objectif
4.4.2. Principaux résultats
5. Discussion générale
5.1. Synthèse des principaux résultats
5.2. Considérations méthodologiques
5.2.1. Forces et limites de nos travaux
5.2.2. Réprésentativité
5.3. Mise en perspective de nos résultats
5.3.1. Annonce du statut d’infection par le VIH aux AVVIH
5.3.2. Santé sexuelle et reproductive des AVVIH
5.3.3. Interventions en SSR pour les AVVIH en Afrique sub-Saharienne
5.3.4. Implications de nos résultats pour la prise en charge clinique et pour la santé publique
6. Conclusion
Références
Annexes

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