Contribution à l’étude de l’Ichtyofaune de l’Aire Marine Protégée (AMP) de Sangomar (Sénégal)

Techniques de pêche

Les pêches expérimentales ont été réalisées avec une senne tournante coulissante de longueur 250 m, de chute 20 m et de mailles de côté 14 mm. La senne tournante coulissante permet d’avoir une bonne définition de l’effort de pêche. Elle est peu sélective (maillage faible) et fournit un matériel biologique en bon état (Diouf, 1996 ; Simier et al., 2004). Il n’y a pas eu de recherche de bancs de poissons lors des opérations de pêche. Elle a été manœuvrée par une même équipe de 9 pêcheurs avec le même mode opératoire. La senne tournante permet de considérer un coup de pêche comme une unité d’effort stable, autorisant la comparaison directe entre les coups dans un même site (Simier et al., 2004). Les pêches à la senne tournante ont été menées à l’aide d’une pirogue en coque de 12 m de long équipée d’un moteur hors-bord de puissance 40 CV.

Caractérisation du peuplement de poissons de l’AMP à l’intérieur des stations

Analyse factorielle des correspondances : Les peuplements de poissons des deux saisons ont fait l’objet d’une analyse descriptive.
L’étude de leur organisation spatiale a été réalisée par une Analyse Factorielle des Correspondances (AFC) qui est une méthode couramment utilisée en écologie pour le traitement de tableaux espèces-relevés. Elle a pour but de décrire de manière globale les peuplements et leur organisation. Elle permet d’établir des associations ou des oppositions entre lignes (les stations) et colonnes (les espèces) d’un tableau d’abondances faunistiques et de définir ainsi des groupes d’espèces caractéristiques de certaines zones. Les données ont été transformées en log(x+1) afin de stabiliser les variances qui peuvent être importantes pour des espèces pêchées en bancs (Sadio, 2012, Ecoutin et al., 2014). Une Analyse Factorielle des Correspondances sur l’ensemble des 61 espèces de l’AMP de Sangomar et des 19 stations a été faite.

Répartition spatiale des peuplements de poissons

L’étude de la composition du peuplement de poissons a permis de dégager des tendances permettant de faire une distinction entre les communautés de poissons du site. L’étude de la variabilité et la comparaison inter-stations des indicateurs bioécologiques ont fourni des différences entre les peuplements. L’organisation spatiale des peuplements de poissons est étudiée à partir d’une analyse factorielle sur les espèces et les stations. Elle a permis de caractériser le peuplement de poissons de l’AMP à l’intérieur des stations.
Le graphique des valeurs propres suggère de retenir deux premiers axes qui expliquent 29% de l’inertie totale.
La projection des points moyens des espèces met en évidence trois groupes caractéristiques de trois peuplements différents. Suivant une diagonale, les données se disposent en deux groupes distincts. Un premier groupe est projeté à droite de l’axe 1 et en direction du nord est sur l’axe 2. Un deuxième sur l’axe 2 à gauche et en direction du sud-ouest de l’axe 1.
Le troisième est situé du côté gauche de l’axe 1 en aval et perpenduculaire à la diagonale. Le premier groupe est caractérisé par les espèces appartenant aux familles des Carangidae (T. ovatus) et des Trichiuridae (T. lepturus). Le duexième groupe comprend les familles des Chaetodontidae (C. hoefleri) ; Paralichthyidae (C. stampflii) ; Scaridae (S. hoefleri) et Syngnathidae (H. punctulatus). Le dernier groupe est constitué par les familles des Ariidae (A. latiscutatus), Diodontidae (C. spinosus), Polynemidae (P. quadrifilis) et Sphyraenidae (S. afra) .

Répartition spatiale des peuplements de poissons

Nous avons retiré de l’analyse factorielle des correspondances les espèces qui sont présentes dans tous les milieux du fait qu’elles n’apportent aucune information supplémentaire permettant de discriminer l’Estuaire.
Les résultats de l’analyse factorielle des points moyens par espèces, stations, catégorie écologique et trophique ont montré que les espèces caractéristique de l’AMP de Sangomar sont principalement P. quadrifilis, S. afra, A. latiscutatus et C. spinosus spinosus, T. ovatus et T. lepturus, C. hoefleri, C. stampflii, S. hoefleri et H. punctulatus. Ces espèces sont toutes marines et estuariennes marines. Cela vient encore confirmer la notion de peuplement de base des MEL (Ecoutin et al., 2012, Albaret, 2003 et Diouf, 1996). De même les stations de Sarema, Fandion, Sangomar 8 et Sofna 2 se distinguent bien des autres. Le peuplement de ses stations est caractérisé par P. quadrifilis, S. afra, A. latiscutatus et C. spinosus spinosus. La station Sangomar 8 s’individualise avec un peuplement dominé par T. ovatus et T. lepturus. Le dernier groupe qui comprend la station Sofna 2 se distingue par la présence de C. hoefleri, C. stampflii, S. hoefleri et H. punctulatus. Les autres espèces et stations se retrouvent relativement groupées au centre du plan. D’une manière générale, on observe une très forte variabilité des espèces au niveau de l’embouchure (11 coups de senne y ont été effectués) et dans la partie aval du bolong où nous avons exceptionnellement eu une prise de gros individus tels que P. quadrififilis et Carangidae. Il y a une variation spatiotemporelle de la richesse spécifique (Diouf, 1996) et selon lui, les principaux paramètres environnement qui peuvent influencer la diversité spécifique serait la salinité, la turbidité que l’on peut exploiter pour évaluer la profondeur au travers de la disparition du disque de sechi selon (Albaret, 2003 ; Diouf, 1996). Dans notre étude les paramètres prélevés sont la salinité et la profondeur. Bien que n’ayant pas fait l’objet d’étude spécifique, avec ces données nous pouvons caractériser les stations de Sarema (35‰, 8,6m) ; Fandion (36‰, 3,6m) ; Sangomar 8 (35‰, 3,3m) et Sofna 2 (35‰, 3,3m). Au regard de ces caractéristiques, la salinité dans les stations varie de 32 à 36‰ et la profondeur de 3,3 à 8,6m. La salinité et la profondeur dans ces stations sont peu variables dans l’ensemble en dehors de de Sarema qui affiche une profondeur de 8,6m (peut ressembler à une fosse). En accord avec Diouf (1996), dans le Saloum il y a des fosses qui dépassent 15 m de profondeur. La migration est la solution d’un très grand nombre d’espèces opportunistes d’origine marine et continentale qui exploitent temporairement la richesse trophique des MEL quand les conditions physico-chimique sont favorables (Diouf, 1996).

Table des matières

I. INTRODUCTION
II. MATERIEL ET METHODES
II.1. Présentation de la zone d’étude 
II.2. Pêches expérimentales 
II.2.1. Choix des stations d’échantillonnage
II.2.2. Périodes d’échantillonnage
II.2.3. Techniques de pêche
II.2.4. Paramètres biologiques étudiés
II.2.5. Paramètres physico-chimiques
II.3. Analyse des données
II.3.1 Caractérisation du peuplement de poissons de l’AMP à l’intérieur des stations
II.3.2. Composition et répartition spatiale des peuplements
III. RESULTATS
III.1. Composition spécifique
III.2. Structure des peuplements de poissons
III.2.1 Abondance et biomasse relatives
III.2.2. Etude des catégories écologiques
III.2.2.1. Répartition de la richesse spécifique par catégorie écologique
III.2.2.2. Répartition de l’abondance par catégorie écologique
III.2.2.3. Répartition de la biomasse par catégorie écologique
III.2.3. Etude des catégories trophiques
III.2.3.1. Répartition de la richesse spécifique par catégorie trophique
III.2.3.2. Répartition de l’abondance par catégorie trophique
III.2.3.3. Répartition de la biomasse par catégorie trophique
III.2.4. Répartition spatiale des peuplements de poissons
III.2.5. Structure en tailles
IV. DISCUSSION 
V. CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 
WEBOGRAPHIE 
ANNEXES

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