DANS LES QUARTIERS DE LYON-CONFLUENCE ET DU GREENWICH MILLENNIUM VILLAGE

DANS LES QUARTIERS DE LYON-CONFLUENCE ET DU GREENWICH MILLENNIUM VILLAGE

Par rapport à celle du Village 2, les populations de Confluence et de Greenwich sont beaucoup moins homogènes socialement. La raison tient à la mise en œuvre de programmes de mixité sociale conçus pour créer une offre de logements plurielle, mélangeant accession, location et logements sociaux. Il est ainsi question de rendre ces quartiers accessibles au plus grand nombre, en dépit de contextes de forte attractivité résidentielle qui se traduisent par des prix immobiliers particulièrement élevés. Dans chacun de ces quartiers, l’enquête a en revanche permis de révéler une faible variation des profils rencontrés, malgré l’éloignement géographique et les spécificités propres à chaque quartier (distance par rapport à la ville- centre, fonctions urbaines, etc.), et malgré les politiques volontaristes de brassage social. Nous les avons regroupés selon quatre catégories, à la manière des idéaux-types wébériens (Weber, [1904] 1992), recoupant catégorie socio-professionnelle, statut d’occupation et rapport au quartier : retraités aisés, cadres en activité, étudiants privilégiés et bénéficiaires des logements sociaux. Ces quatre profils principaux, entre lesquels il convient d’imaginer des gradations, mettent à jour 1) une forte polarisation sociale, 2) un effet d’ « angle mort » autour des catégories intermédiaires de la population pour des raisons que nous serons amenés à expliciter.

Ce chapitre a pour ambition de mettre à jour les modalités du choix résidentiel et de rapports au quartier, selon chaque profil d’habitants. Nous nous intéresserons en particulier au sens que les habitants attribuent à leur environnement à travers la manière dont le choix – ou non-choix – résidentiel s’insère dans leurs trajectoires résidentielles. Pour Authier et al. (2010) la notion de trajectoires résidentielles fait « référence aux positions résidentielles successivement occupées par les individus et à la manière dont s’enchaînent et se redéfinissent au fil des existences ces positions – en fonction des ressources et des contraintes objectives de toute nature qui dessinent le champ des possibles, en fonction des mécanismes sociaux qui façonnent les attentes, les jugements, les attitudes et les habitudes des individus, et en fonction de leurs motivations et de leurs desseins » (p.4). Pour Grafmeyer et Authier (2008), elle permet de situer l’explication au carrefour de logiques d’acteurs et de déterminants structurels. À l’aide de cette approche, l’enjeu consistera à révéler la diversité des modes d’existence dans ces quartiers et saisir les contours différenciés de l’expérience habitante. retraités à haut niveau de revenu, 2) une population de cadres, vivant seuls ou en famille, 3) des bénéficiaires des logements sociaux implantés dans ces quartiers. À ces profils s’ajoutent ceux 4) d’étudiants privilégiés, occupant un logement familial ou en location, que nous rapprochons des actifs aisés, et une catégorie plus discrète, 5) celle d’investisseurs non présents sur les sites mais détenteurs d’un ou plusieurs appartements. Nous présenterons également de manière conjointe et transversale les deux quartiers de Confluence et de Greenwich, en raisons de la forte proximité des résultats obtenus.

Des retraités aisés à la recherche du confort et de la proximité des services

Madame Moulin183 est la toute première habitante que je rencontre lors des débuts de l’enquête, en juin 2011. À 73 ans, elle vit dans le quartier de la Confluence depuis un an et demi et figure parmi les premiers habitants du quartier. Nous nous croisons sur une passerelle de la place nautique alors que je réalise des séries de photos. La conversation s’engage facilement, je lui expose l’objet de mon étude et elle accepte très spontanément l’idée d’un entretien. Elle m’invite alors à son domicile, ne cessant de citer les reproches de ses enfants s’ils savaient qu’elle laissait entrer sans méfiance un étranger. Je perçois surtout un fort engouement pour son nouveau lieu de vie, et l’envie de témoigner de son expérience qui semble très positive. dispose de trois expositions et donne à la fois sur la Saône et sur la place nautique. Les pièces de vie sont idéalement exposées au sud et à l’ouest, au troisième étage. Ses ouvertures de plain-pied permettent véritablement à la lumière de pénétrer, et les vues sont stupéfiantes. En l’absence de tout vis-à-vis, il offre de belles perspectives sur l’extérieur et les éléments naturels : la darse, le fleuve, les jardins aquatiques et leurs pelouses, les collines verdoyantes de Sainte Foy sur la rive opposée. L’intérieur est richement meublé d’un mobilier contemporain assez « design » et la décoration particulièrement soignée. De grands luminaires modernes sont suspendus au plafond tandis que des lampes sur pied ornent le salon, autour d’un immense téléviseur à écran plat. Dans la chambre, un deuxième téléviseur mural est installé, non pas accroché mais intégré dans le revêtement mural. De son côté, la salle de bain comporte un bain à remous.

 

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