Des systèmes agricoles résultant des réformes foncières

Des systèmes agricoles résultant des réformes foncières

Type 1 : Exploitations capitalistes

Spécialisées dans la monoculture de canne à sucre moto mécanisée sur de très grandes surfaces Situées dans le bassin cannier du Nord Grande-Terre, ces exploitations sont minoritaires. Ce sont des sociétés cannières qui exploitent de très grandes surfaces pouvant aller jusqu’à 300 hectares. Elles cultivent essentiellement de la canne à sucre en monoculture et possèdent leurs propres matériels d’entretiens et de récolte. Ils ont bénéficié, par différentes transactions (achat directement à l’usine ou location au conseil général) d’un accès privilégié au foncier hérité des anciennes terres en faire valoir direct de l’ancienne usine de Beauport. Ils se distinguent de la grande majorité des exploitations agricoles du Nord Grande-Terre par leur côté capitaliste. Ce sont de lourds investissements et la gestion des tâches agricoles est confiée à un personnel salarié contrairement aux autres systèmes de production qui sont généralement de type familial. Certaines fois, ils offrent aussi des services de prestations à d’autres petits agriculteurs de la zone. Ces cannes ne sont pas irriguées dans la grande majorité des cas et toute la production est mécanisée. 

Type 2 : Exploitations familiales : spécialisées dans la monoculture de canne à sucre moto mécanisée sur des surfaces moyennes 

Ce système de production a été développé dans le cadre des GFA mis en place lors de la seconde réforme foncière de 1989. Ce système de production se différencie du premier système par la taille des exploitations. Ces surfaces varient de 9 à 20 hectares cultivées en grande majorité en canne. Ils sont retrouvés sur toute la zone d’étude. Les systèmes en GFA ont de caractéristiques communes : même gamme de surface (entre une dizaine et une vingtaine d’hectares), relative sécurité de la tenure foncière, lots assez homogènes, parcellaire groupé sauf exception, accès à l’irrigation et activité agricole à temps plein pour la majorité. Ce sont des exploitations de type familiale dans lesquelles la mise en œuvre des systèmes de production exige l’emploi de la force de travail disponible dans les familles et permet d’assurer un minimum vital (Figure 45). La diversification progressive a été facilitée par l’arrivée de l’irrigation mais dans certaine mesure, freinée par l’obligation dans le règlement des GFA de maintenir 60% de la sole en canne. A côté de la canne, certains agriculteurs essaient de diversifier un peu en cultivant des petites parcelles de maraichage/vivrière pour s’assurer un revenu supplémentaire. Les cultures Des systèmes agricoles résultant des réformes foncières AUGUSTE Marie Santa| Mémoire Master 3A-RESAD| 2018| Montpellier SupAgro 56 vivrières sont développées sur des surfaces généralement assez réduites, de 0,2 à 1,5ha. Ce sont des productions très demandées sur le marché local mais aussi très intenses en travail. Au niveau des équipements, ces agriculteurs investissent dans un matériel de labour et d’entretiens mais pas au niveau de la récolte. Ils sont obligés de faire appel soit à la CUMA du Nord Grande-Terre ou des ETA, ce qui les pénalise souvent au niveau du calendrier cultural (retard dans les dates). Ces cannes ne sont pas irriguées et les rendements sont assez variables. Ils offrent aussi des services de labour mécanique à d’autres petits agriculteurs pour augmenter leur revenu.

Type 3 : Exploitations familiales avec activité extra

Spécialisées dans la canne à sucre mécanisée et élevage bovin au piquet C’est le système le plus répandu au Nord Grande-Terre. Il est considéré comme une option économiquement intéressante car il permet un complément de revenu et il peut facilement se concilier avec une activité extérieure. Ce sont des exploitations allant de 1 à 7 hectares cultivées majoritairement en canne. En GFA ou en propriété privée, ces agriculteurs n’ont pas pu ou pas souhaité agrandir leur surface par des locations de terres mais se sont plutôt orientés vers une activité extérieure, reléguant la culture de la canne comme activité secondaire. Ce système est traditionnellement associé à un petit élevage bovin au piquet qui valorisent les surfaces non cultivables et les bordures de champ. Le niveau d’équipement est faible et les travaux d’entretien sont réalisés à la main ou par des prestataires. C’est une des principales difficultés de ces agriculteurs, car ils ne sont pas autonomes dans la réalisation des labours et de l’entretien. En effet, ne possédant pas ce matériel, ils font appel à des prestataires de services, qui sont souvent des planteurs de SP2. Une des conséquences est qu’ils ne sont plus maitres de leur calendrier et les prestataires refusent parfois de venir labourer des surfaces trop petites ou difficiles d’accès. Sans équipement, les couts de production sont plus élevés et le calendrier cultural n’est pas toujours respecté. Ces difficultés supplémentaires associées au manque d’eau n’incitent pas les planteurs à développer davantage leur activité agricole. On les trouve partout dans la zone d’étude. 

Type 4 : Exploitations familiales : Spécialisées en Canne à sucre en rotation avec maraîchage, igname, madère et bovins au piquet 

Ces exploitations familiales sont retrouvées plus au Sud de Grande-Terre dans les communes de Moule et de Morne-À-L’eau à cause du réseau d’irrigation plus développé et des sols vertisols plus aptes à la production maraîchère et vivrière. Dans ce système, les agriculteurs ont progressivement diminué leur surface en canne pour se consacrer à des cultures plus rentables comme les cultures maraichères et vivrières sur des petites surfaces allant de 0,5 ha a 2 ha. Ces cultures permettent de dégager une forte valeur ajoutée par unité de surface. Cependant les itinéraires techniques sont très consommateurs en intrants chimiques, eau et main d’œuvre. Une autre limite à ces cultures est la variabilité importante des prix qui peuvent passer a plus du double sur un intervalle de deux semaines. D’où le choix de certains agriculteurs de produire en contre saison, plus risqué mais plus rémunérateur (Figure 46). Ce sont des cultures qui ont quand même un fort potentiel de par la demande locale importante et la trésorerie rapide et sur des cycles courts qu’elles permettent de dégager. La démarche est plutôt pour une consommation locale dans les marchés sans passer par des intermédiaires. Ces exploitations peuvent posséder aussi des parcelles de canne à côté mais le revenu agricole est assuré par le maraichage. L’irrigation se fait généralement par goutte à goutte et provient de l’eau agricole de la région.

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