La participation de la population dans le développement local

La participation de la population dans le développement local

L’élevage

 L’élevage est la deuxième activité dans le monde rural après l’agriculture. De ce fait le poste de l’élevage est très déterminant, et devient important dans ces lieux où pratiquement toutes les maisons ont des animaux. Il est pratiqué dans toute la CR, mais plus au Nord qu’au Sud. La majeure partie de nos enquêtés ont du bétail qui sert souvent d’alimentation pour les grandes fêtes, pour les travaux champêtres, et aussi pour la vente afin de subvenir à certains besoins. Le plus souvent c’est la volaille, le lait de vache qui servent de nourriture à la famille ; le mouton pour les cérémonies et les grandes fêtes ; l’âne pour le commerce, le cheval pour les travaux champêtres ; et la vache pour la vente et aussi pour les travaux champêtres. La vache sert pour beaucoup de chef de famille à combler les dépenses pendant la dure saison sèche, moment pendant lequel toute la réserve qui servait de nourriture soit fini. Le poste de l’élevage joue un rôle très important. Le vétérinaire en place à comme objectif premier de bien veiller à la santé animale. Ce qui fait que toutes ses actions sont dans le cadre du développement local. Ainsi il a beaucoup lutté ces dernières années et continue de le faire contre les maladies qui ravagent les animaux et dont on peut citer la peste équine. Il est aussi dans le projet de la production de métisses pour l’augmentation de la production laitière. Ses actions ne se limitent pas à cela, car il accompagne aussi les GPF et les GIE par l’encadrement et l’appuiconseil. 

 Le maraichage 

C’est une activité pratiquée pour la plupart par les femmes dans les GPF et dans les maisons aussi. Et cela concerne toutes les variétés de légumes. Dans les jardins, le maraîchage est associé à la culture de fruits et à l’arboriculture. C’est le cas de ce jardin appartenant au G.I.E Bamtaree leegal de Koussanar (photo 2). Ce jardin est entretenu par des femmes et hommes du quartier Leegal peul. Et grâce à cet investissement, ils arrivent non seulement à subvenir à leurs besoins mais participent d’une manière volontaire au développement local de la C.R. Malheureusement, cette activité rencontre énormément de problèmes dus en grande partie à la pénurie d’eau dont est confrontée la CR. En saison sèche le forage de Koussanar tombe souvent en panne, celui de Kalbirom qui est solaire ne marche pas, de même que celui de Sinthiou Coumbidia, Kouthiacoto n’a qu’un seul puits pour tout le village, Saré Sambourou 2 puits et l’un ‘ 46 ne marche pas, à Sinthiou Amady Hama un seul puits qui ne marche pas aussi, cc qui les oblige à faire des villages pour s’approvisionner en eau. Force est de reconnaître que tous ces problèmes rendent difficile le maraîchage et vont à l’encontre du développement local. Régler le problème de l’eau à Koussanar devient un impératif, et c’est l’avis de beaucoup d’habitants de la CR et des autorités elles-mêmes. IV. L’artisanat Cette activité souffre dans la CR, c’est un secteur non encore maitrisé dans cette zone. Ce qui fait qu’on a un nombre relativement faible dans tout l’arrondissement. Ainsi l’essentiel de ce corps de métiers est composé de: (voir tableau 1 0) Tableau 5 : Les différents corps de métiers dans l’artisanat Domaines Nombre Forgerons 24 Vulgarisateurs 03 Maçons 47 Bijoutiers 10 Cordonniers 04 Scieries 06 Teinturiers 11 Tailleurs 36 Poteries 03 Menuisiers 30 Sculpteurs 03 Peintres 06 Coiffeurs 09 Filature 02 Puisatiers 20 Mécaniciens (auto, vélo, moto) 20 Menuisiers métalliques 20 Boulangeries traditionnelles 60 Source : CADL Koussanar Ce tableau concerne l’arrondissement de Koussanar. Il est à noter que tous ces artisans se sont installés particulièrement au niveau des gros villages. Et ils se sont regroupés pour la plupart au sein d’une antenne. Pour organiser et développer les corps de métiers rencontrés il faut former et équiper les corps constitués qui se chargeront de la fabrique de petits matériels agricoles, ustensiles de cuisine, renforcer de façon organisationnelle les autres corps de métiers (menuisiers, maçons, tailleurs) tout en leur confiant les petits marchés issus du budget des collectivités locales. 

Le commerce

Le commerce dans la CR est relativement développé et intéresse plusieurs types de produits : • agricoles • manufacturés • le bétail • le bois artisanal, le charbon • sous produits forestiers Pour l’écoulement des produits agricoles, la filière arachide est de loin la plus organisée, ensuite le coton, et les autres spéculations viennent faiblement. La distribution est assurée par les boutiques et les marchés hebdomadaires de Koussanar et de Dawady (photo 3). Dans le secteur informel qui occupe une bonne place dans la CR, les femmes sont largement majoritaires avec environ plus de 70 % (selon le chef du CADL) de l’ensemble des intervenants du secteur. Et concernant notre enquête-ménage, la profession « vendeuse » occupe la première place pour les femmes. Mais en dehors du métier de vendeuse, elles exercent aussi d’autres professions comme enseignante, aide-infirmier, commerçante, exploitante de charbon, tresseuse. Elles ne sont pas en reste dans le processus de développement local. Le commerce du bois et du charbon finalement fait entretenir plus de la moitié des familles dans la CR. Photo 3 : Le louma de Koussanar Source: Ndéye Anta Fall, vendredi 06 août 2010. Les marchés hebdomadaires polarisent beaucoup de personnes. C’est que nous montre la première image avec ses marchands, acheteurs et visiteurs. Différentes marchandises y sont vendues : ustensiles de cuisine, assiettes, les bazins teintés qu’on appelle « thioup », les produits vivriers (arachide, pâte d’arachide, mil, etc), de la fripperie, du sucre, du thé, du lait, de la restauration entretenue par les femmes, pour n’en citer que ceux-là. Bref, ce sont uniquement des produits locaux qu’on trouve dans ces marchés. Chaque semaine ce sont des centaines de personnes qui convergent vers ces lieux. Mercredi c’est le louma de Dawady et vendredi celui de Koussanar (photo 3). Et les villageois en profitent pour acheter tout leur approvisionnement du fait qu’il n’ya qu’un seul marché qui se trouve à Koussanar et les deux marchés hebdomadaires. Mais il y’a aussi d’autres marchés hebdomadaires dans les villages environnants chaque jour de la semaine sauf le jeudi qui est le jour de repos des marchands hebdomadaires. 1 Tableau 6 : Les Marchés hebdomadaires de Koussanar et des villages environnants. Jour Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Lieu Kothiary Manda Douane Diaoubé X Koussanar Sinthiou Maléme Missirah Source: Ndéye Anta fall, Août 2010. On constate aussi que des semences y sont vendues (photo 2). Ce sont des semences de pastèque et de tomate très bien mises en valeur dans des pots et sachets. Et c’est souvent les maraîchers qui les achètent pour leur jardin. Dans la troisième et dernière image nous avons de l’arachide très prisée par les populations de la localité. L’arachide est vendue en kilogrammes et en sachets aussi par les femmes de Keur Ousmane. Ces femmes vont aussi jusqu’à Tambacounda pour vendre leur arachide qu’elles transforment en pâte d’arachide et en poudre d’arachide. Ainsi, le louma demeure un lieu privilégié pour les commerçants qui y vendent au maximum leurs produits. Mais les populations y trouvent aussi leur satisfaction car c’est une opportunité qui leur est offerte de s’approvisionner en quantité. • 50 

ROLE DES ORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES DE BASE 

Au départ il était question de soumettre à un entretien une OCB dans chaque village enquêté. Mais vu le nombre assez grand d’organisations dispersées dans la CR, nos résultats ont dépassé notre échantillon. Ainsi nous nous sommes retrouvés avec 13 OCB : 5 GPF, 2 G.I.E, 2 comités, 1 CLC, un syndicat, une fédération paysanne et 1 ASC. I. Les groupements de promotion féminine Au nombre de 34, les G.P.F jouent un rôle très important dans la CR. Sur ce, les femmes constituent de véritables animatrices du terroir. Elles sont très connues dans des activités comme le jardinage, le commerce avec l’exploitation (la gomme lalo) et la transformation des produits de cueillette (pain de singe et jujube). D’autres font aussi des tontines qui leur permettent à la longue de développer une activité. C’est le cas du groupement Penda N’dao de Kouthiacoto. En partenariat avec l’ANCAR qui les octroie de l’engrais, des semences et des clôtures pour leur jardin, ces femmes de Kouthiacoto cotisent chaque semaine 1000 francs. Et avec cet argent, elles entretiennent leur jardin et commercialisent les produits dans le marché de Koussanar ainsi que les marchés hebdomadaires. C’est le cas aussi des femmes de Sinthiou Coumbidia. La particularité de ces GPF, c’est qu’il s’adonne pour la plupart au jardinage. Le GPF de gadofaro qui se trouve dans le village de Koussanar Socé se différencie de loin des autres GPF de par son dynamisme et son unité. Photo 4 : Les femmes du GPF de Gadofaro Source : Ndéye Anta Fall, Août 2010. 51 Créé depuis 1998, il est constitué de 26 femmes mandingues très entreprenantes. Ces femmes font entre autres le jardinage (maraîchage, arboriculture), la teinture, l’élevage, la riziculture (photo 1), la transformation et la commercialisation du pain de singe et du jujube dont elles ont été formées par USAID Wula- Nafaa. Elles se lèvent chaque jour très tôt pour démarrer les travaux. Elles se dispersent dans leurs champs. Certaines vont dans les rizières, d’autres dans les jardins. Dans la première photo, c’est une femme dépassant la soixantaine qui est entrain de semer des épis de riz dans un bas-fond. Et dans la deuxième les femmes sont entrain de labourer les champs et d’enlever les verdures. II. Les groupements d’intérêt économique Ils sont d’un nombre assez important dans la CR et jouent un rôle très important car constituant de véritables pôles de développement. Leur activité est plus diversifiée que celle des GPF qui pratiquent pour la plupart le jardinage. Ils sont constitués d’hommes et de femmes très dynamiques qui font en plus du jardinage (GIE Bamtaree legaal), de l’élevage, de l’exploitation et de la commercialisation des produits de cueillette, et participent à des activités civiques comme le reboisement, la protection de la nature entre autres. C’est le cas du GIE Mara N’dao et du GIE Alatendu à Dawady. Le GIE Maïssa Pathé de Dawady est aussi très illustratif et participe beaucoup au processus de développement local. Les membres du GIE commercialisent chaque année jusqu’à 4 tonnes de la gomme « lalo m’bep » équivalent à 200.000 FCFA. Ce village de 125 1 hbts au dernier recensement de 2002 compte 3 GIE et 3 GPF qui font du maraîchage, du reboisement, de la commercialisation de la gomme « M’bep », de l’embouche bovine et de la riziculture pratiquée par les femmes dans les bas-fonds. Il convient aussi de rappeler que les femmes des campagnes sont très dynamiques et très engagées dans le processus de développement local. Ce sont elles qui exercent les métiers les plus difficiles dans les campagnes. Elles sont dans les champs, dans les maisons à exercer leurs petits commerces, dans les rizières à pratiquer la riziculture, dans les marchés, les loumas, et dans toute sorte d’association. Et ce dynamisme est beaucoup plus apprécié dans les autres villages qu’à Koussanar, chef-lieu de la CR. Dans ces villages toutes les personnes enquêtées sont membres d’une association. 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% Figure 4 : Les membres des associations 5lpersonnes sur 72 sont membres d’une association contre 21 personnes. Ce qui donne un pourcentage de 71% de la population membre d’associations contre 29% qui ne sont pas dans les associations. Elles sont dans les GIE, les GPF, dans les ASC, les « dahiras », le conseil des Sages, les projets, les ONG, etc. Mais malheureusement, il manque à ces organisations de dynamisme organisationnel, de formations et de moyens. III. Les associations sportives et culturelles Elles sont connues par leurs nombreuses activités créées pendant les vacances : navétanes, théâtre, oscar des vacances, etc. Mais leurs activités vont aussi au-delà de cela. Elles participent aussi à des activités de reboisement, de nettoiement et de sensibilisation organisées dans la CR. Les jeunes constituent de véritables animateurs du terroir de par leurs différentes activités qu’ils mènent dans leur localité. Les ASC sont au nombre de 11 réparties dans 4 villages de la CR: Koussanar-Escale avec les ASC Thiossane, Bokk-Jom, Deggo, Diamono, Espérance, Rakadiou, Koussanar-Socé avec Diambar, Béne Tally, Rail, Pakirane avec Diokko, et Mag Dane de Keur Oussou. Et tous ces ASC forment à l’échelle régionale la zone8 Koussanar/ODCAV Tamba. Elles sont appuyées par le conseil rural qui les subventionne chaque année 500.000 pour la préparation des navétanes, la réparation du terrain… Les fonds de dotation alloués au sport leur reviennent aussi de droit et les subventions arrivent à temps. Le seul problème dont déplorent les jeunes est que le foyer des jeunes localisé à l’entrée de Koussanar qui était censé leur appartenir est utilisé à d’autres fins. Ils sont appuyés aussi par un footballeur du championnat d’Allemagne du nom de Demba Bâ originaire de la localité qui donne aux finalistes des maillots et des ballons de foot, par d’autres citadins aussi de la CR, par le sous-préfet aussi qui les aide concernant la sécurité. 

 La Fédération Yakaar Niani Wouly 

Cette fédération des paysans existe depuis 1994, mais est affiliée en 2007. Elle compte 200 membres intervenants dans la production et la commercialisation du coton, du fonio, du sésame, de l’arachide, du « bissap », de l’indigo, etc. Ces paysans travaillent en synergie et signent un contrat de 3ans avec un partenaire. Et actuellement la fédération travaille avec Solidare-dare de la Hollande. C’est ce partenaire qui est censé acheter toute leur production. Cependant elle travaille aussi dans la CR avec d’autres projets et ONG. Il s’agit de Enda-pronat qui encadre et forme les paysans en agriculture et gestion, de USAID Wula-Nafaa avec l’achat des matériels agricoles, la formation pour la transformation et la commercialisation du fonio, du PAPIL avec l’achat du coton, de FW, et d’Ancar. Cette fédération travaille avec plusieurs partenaires et reçoit de ce fait beaucoup de formations pour ses membres qui sont toujours présents dans les réunions qu’organisent le conseil rural ou ses partenaires. Mais ces paysans pour la majorité enquêtés regrettent les temps où ils travaillaient avec les partenaires d’antan (la SODEVA et la SODEFITEX) qui mettaient beaucoup plus l’accent sur la formation et l’encadrement. V. Les Comités En dehors des organisations, il y’a aussi des comités qui assurent le bon fonctionnement de certaines structures au niveau des villages. C’est le cas de l’ASUFOR et du comité de jumelage de Saint Cyr, le comité de santé, le comité de l’eau, etc. L’ASUFOR et le comité de l’eau interviennent dans le domaine de l’eau, le comité de Saint-Cyr dans l’éducation, la santé, l’hydraulique et l’agriculture, et le comité de santé intervient dans le domaine de la santé. Mis en place depuis 2009, l’ASUFOR est un comité gérant le forage et constituant un bureau de 9 membres. Elle a comme seul partenaire la ville de Saint-Cyr de Loire en France qui lui a octroyé des équipements pour le forage. Il s’agit de compteurs, d’une vanne de refoulement, de deux vannes de distribution et d’une autre vanne qui est dans l’abreuvoir. Le comité déplore la mauvaise gestion du conseil rural. Il ne reçoit aucune aide venant de sa part, même pas pour la recherche de partenaires. Ce qui fait que ce comité rencontre souvent à d’énormes problèmes pour assurer correctement la distribution de l’eau causée par un problème de réseau car le circuit de l’eau est très ancien.

 

Table des matières

AVANT-PROPOS
INTRODUCTION
PROBLEMATIQUE
METHODOLOGIE
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA COMMUNAUTE RURALE DE
KOUSSANAR
Chapitre 1 : CADRE HUMAIN
Chapitre 2 : CADRE PHYSIQUE
DEUXIEME PARTIE : POPULATION ET DEVELOPPEMENT LOCAL
Chapitre 1 : LES PRINCIPALES ACTIVITES DE LA POPULATION
Chapitre 2 : ROLE DES OCB
TROISIEME PARTIE : PLANIFICATION ET GOUVERNANCE LOCALES
Chapitre 1 : LA PLANIFICATION LOCALE
Chapitre 2 : LE CONSEIL RURAL
Chapitre 3 : LES SERVICES DECONCENTRES
Chapitre 4 : LES ONG ET PROJETS DE DEVELOPPEMENT
CONCLUSION

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