La structure lexicale interne des adverbes figés

La structure lexicale interne des adverbes figés

Introduction Une fois terminés le recensement des données lexicales (cf. II, 1.1) et leur soumission aux critères formels (cf. I. 1.3, 2.2) afin d‟être qualifiés d‟adverbes figés, nous nous intéressons à étudier leur structure lexicale interne. Cette démarche nous permettra, d‟une part, de délimiter les unités lexicales (ou plutôt les combinaisons lexicales), qui entrent dans les adverbes figés et qui mettent, éventuellement, en jeu des phénomènes lexicaux et grammaticaux particuliers. D‟autre part, la description de la structure lexicale interne des adverbes figés s‟avère indispensable pour leur représentation formalisée dans les tables du lexique-grammaire (cf. IV, 2). Rappelons que les adverbes figés sont définis en général par la structure (Adv)=: Prép Dét Modif N (cf. I, 1.1.), avec, toutefois, l‟exception des adverbes simples figés tels que αεί/toujours et αλήκεξα/le jour même, classés en GPADV (cf. IV, 3.1). Certains éléments de la structure (Adv) peuvent parfois être absents, optionnels ou contractés (cf. I, 1.1.). Notons aussi que les adverbes libres sont définis par la même structure que les adverbes figés, à savoir la formule générale des groupes nominaux prépositionnels : (Adv)=: Prép Dét Modif N (cf. I, 2.2.1.1.). Leur différence avec les adverbes figés réside dans les possibilités de variation des éléments constitutifs de la structure (Adv) (cf. I, 2.2.1.). Dans ce chapitre, nous étudierons la nature morphologique, le comportement syntaxicosémantique et les variantes (lexicales, syntaxiques, morphologiques et phonologiques) des constituants des adverbes figés, en nous fondant sur nos données rassemblées à partir de notre corpus (cf. II, 1.1). Les variantes compliquent souvent la représentation formalisée des adverbes figés dans le dictionnaire électronique morphologique et dans les tables du lexiquegrammaire. Les solutions nécessaires pour faire face à ces problèmes sont exposées tout au long de ce chapitre et ce dans le cadre des différentes catégories grammaticales des composants des adverbes. 2.1 Les prépositions Plusieurs études ont été consacrées à la morphologie et la syntaxe des prépositions utilisées dans les langues naturelles. En ce qui concerne le grec moderne18, citons les travaux des G. Drachman (1984), A. Nakas (1987), D. Theophanopoulou-Kontou (1995), I. Fykias (1995), M. Setatos (1995), D. Holton ; P. Mackridge ; E. Philippaki-Warburton (2000), C. Clairis ; G. Babiniotis (1999, 2001) et S. Skopeteas (1999). Du point de vue morphologique, les prépositions du grec moderne (comme les autres catégories grammaticales d‟ailleurs) se divisent principalement en deux grandes catégories, à savoir les prépositions simples et les prépositions composées. Ces deux désignations, basées sur les définitions formelles concernant les mots simples et composés (M. Silberztein 1990), relèvent de la combinatoire lexicale des mots (cf. I, 2.1.1.). A titre indicatif, citons quelques prépositions simples et composées du grec moderne : Prépositions simples grecques Prépositions composées grecques ζε/à από έμσ από/en dehors de από/de θάησ από/au dessus de γηα/pour θόληξα ζε/contre κε/avec κέζα ζε/dans κέρξη/jusque ζε ύςνο/à une hauteur de πξνο/vers ζην θέληξν/au centre de κεηαμύ/entre θαηά ην κήθνο/à la longueur de εληόο/dans ζηε δπηηθή πιεπξά/dans la partie ouest de En général, les prépositions composées du grec moderne varient en fonction de leur structure (ou composition) lexicale19. Ainsi, leur structure superficielle peut se baser sur : – un adverbe simple (i.e. κέζα ζε/dans, αλάκεζα ζε/entre, πάλσ ζε/sur, δίπια ζε/à côté de, etc.) ; – ou un nom (i.e. ζε ύςνο/à une hauteur de, ζην θέληξν/au centre de, ζηνλ αληίπνδα/aux antipodes, de etc.). Notons que notamment les séquences Adv Prép GN posent des problèmes particuliers d‟analyse et, éventuellement de terminologie, à savoir si elles appartiennent ou non à la catégorie grammaticale prépositionnelle du grec moderne et sous quel terme elles doivent être désignées. Plusieurs études ont été consacrées à cette partie du lexique aboutissant à des analyses et définitions différentes. Ainsi, la grammaire traditionnelle (M. Triantaphyllidis 2000) parle, en général, des « locutions prépositionnelles », c‟est-à-dire de combinaisons d‟adverbes (et aussi de noms ou de conjonctions) avec des prépositions simples. En revanche, F. W. Householder ; K. Kazazis ; A. Koutsoudas (1964) définissent ces combinaisons, à l‟aide d‟un petit nombre de critères distributionnels, comme des « adverbes prépositionnels ». En se servant des mêmes critères, A. Nakas (1987) sépare les « prépositions composées » (i.e. πίζσ από GN/derrière GN) des « adverbes prépositionnels » (i.e. αληίζεηα (από GN+GN:G)/contrairement à GN), puisque ces derniers peuvent avoir un « emploi absolu dans la phrase ». Enfin, G. Babiniotis (1985) propose de distinguer pour ces combinaisons autant de catégories grammaticales que de fonctions syntaxiques différentes dans la phrase. Dans le cadre de notre étude, portant sur les adverbes figés du grec moderne, une autre subdivision des prépositions s‟avère indispensable. Il s‟agit de la distinction entre prépositions du grec populaire (ou démotique) et prépositions du grec savant (ou « katharevoussa »). Cette dernière catégorie fait partie des formes, appelées dans la présente étude, formes vieillies (cf. II, 2.4.1). Cette séparation affecte la distribution des prépositions et, plus précisément, le déterminant et le cas du groupe nominal (GN=: Dét Modif N) introduit par la préposition. Dans un certain nombre de cas, elle impose même la variation lexicale du groupe nominal. Nous allons étudier ce cas particulier dans la section II, 2.1.1.1

Les déterminants

Plusieurs études ont été consacrées aux déterminants parmi lesquelles nous citons celles des I. Tsamadou-Jacoberger (1988, 1989, 1993, 2002), Z. Gavriilidou (1998, 2001, 2002a), M. Setatos (1992), F. Corblin (1983, 1987, 1989), J.-C. Anscombre (1991), G. Kleiber (1985, 1989, 1990, 1995, 1998, 2001), P.-A. Buvet (1993, 1994, 1998, 1999, 2001), X. Blanco (1998, 2001, 2002), G. Gross (1986, 1995a, 2002), M. Gross (1985, 2001b, 2002), D. Van de Velde (1994, 1995) et D. Le Pesant (2002). D. Catala et M. Mellado (2001 : 132) remarquent que la détermination comprend « un ensemble de moyens morphologiques servant à actualiser les substantifs ». Nous n‟aborderons pas ici son étude en ce qui concerne les arguments élémentaires ni les noms prédicatifs (G. Gross 1995a). Signalons, seulement, qu‟un certain nombre de restrictions de nature syntaxique, sémantique et distributionnelle affecte en général les déterminants dans les constructions libres. Par ailleurs, nous focaliserons notre intérêt sur les déterminants dans les expressions figées22 et, plus précisément, dans les adverbes figés du grec moderne. Les adverbes figés de la présente étude se caractérisent par la présence de déterminants plus ou moins figés23. Etant donné que les adverbes figés sont définis par des contraintes syntaxiques, lexicales et sémantiques (cf. I, 2.1.2-2.1.5), leurs déterminants mis en jeu sont en principe sémantiquement vides et syntaxiquement non-actualisés (cf. I, 2.1.4). Toutefois, les adverbes figés grecs sont susceptibles de diverses variations de leurs composants déterminants (cf. II, 2.5.1.2). Dans ce sous-chapitre, nous cherchons à étudier la nature morphologique et la distribution des déterminants dans les combinaisons lexicales des adverbes (semi-)figés grecs (Adv=: Prép Dét Modif N). Nous examinons, d‟une part, les formes à déterminants définis et indéfinis et, d‟autre part, celles à déterminant zéro (Dét=: E) 24 . Notons que, du point de vue morphologique, les déterminants du grec moderne se divisent en déterminants simples et composés25, tout comme les autres catégories grammaticales de la langue (cf. II, 2.1). Du point de vue flexionnel, les déterminants du grec moderne se déclinent en nombre (singulier et pluriel), en genre (masculin, féminin, neutre) et en cas (nominatif,génitif, accusatif). Pour ce qui est des adverbes figés grecs, les cas qui apparaissent sont le génitif, l‟accusatif et, plus rarement, le datif du grec ancien.

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