L’analyse syntaxico-sémantique des phrases simples à adverbe figé

L’analyse syntaxico-sémantique des phrases simples à adverbe figé

Introduction Notre objectif étant la description morpho-syntaxique et sémantique, la classification et la reconnaissance automatique des adverbes (semi-)figés de phrase du grec moderne, les questions qui se posent sont toujours celles de Z. S. Harris (1976) : – « Un adverbe est un prédicat qu‟il faut reconstituer avec un verbe support. Avec quel verbe support le construire ? – Comment s‟articulent syntaxiquement le prédicat adverbial et les autres prédicats de la phrase ? ». Ces questions semblent découler de l‟hypothèse que l‟étude des compléments circonstanciels (ou adverbes) constitue un programme complexe de recherches qui doit passer principalement par l‟examen systématique de combinaisons entre des phrases simples du type N0 V W avec des adverbes de formes variées (Adv). Cette hypothèse a déjà été justifiée par M. Gross (1990a), qui a mis au point l‟analyse de l‟adverbe par « introduction coréférentielle » (cf. ciaprès). A de nombreuses reprises, nous avons explicité des relations entre adverbes (figés ou libres) et phrases variées au moyen de phrases simples qui paraphrasaient une contrainte ou une portée. Ces phrases simples comportaient souvent des verbes supports, tels que είκαη Prép/être Prép (cf. III, 1.1.1) ou έρσ/avoir (cf. III, 1.1.1) ou encore des verbes performatifs comme ξσηώ/demander (cf. III, 2.1.2). Par ailleurs, nous avons délimité les adverbes figés par leur constitution interne et leurs distributions figées ainsi que par leur introduction complexe dans la phrase simple (cf. I, 2.3). Dans ce chapitre, nous cherchons à généraliser l‟analyse syntaxique des adverbes et détailler plus particulièrement le processus d‟introduction coréférentielle. Dans ce but, nous ferons appel à des verbes supports spécifiques de compléments circonstanciels afin de reconstruire les phrases élémentaires sous-jacentes à chaque adverbe faisant partie de cette étude.

Les verbes supports d’occurrence

Rappelons que les structures Prép Dét Modif N, abrégés ici en Prép X, peuvent être aussi des prédicats en είκαη/être (cf. III, 1.3). Reprenons ici les exemples (22) et (23), déjà étudiés dans III, 1.3 : N0 V N1 Prép X (=: Prép Dét C GC:G) =: (22) Ζ Ρέα εγθαηέιεηςε ηε δνπιεηά ηεο ππό ηελ επήξεηα ηνπ αιθνόι La Réa-Nfs a abandonné le poste-Afs à elle-Gfs sous l’empire-Afs l’alcool-Gns (Réa a abandonné son poste sous l’empire de l’alcool) L’analyse syntaxico-sémantique des phrases simples à adverbe figé 204 N0 είκαη/être Prép X =: (22a) Ζ Ρέα είλαη ππό ηελ επήξεηα ηνπ αιθνόι Réa-Nfs est sous l’empire-Afs l’alcool-Gns La construction (22a) explicite les relations de portée entre Prép X et la phrase simple (22), dans laquelle figure le complément prépositionnel. Bien évidemment, Prép X porte sur le sujet de la phrase (N0=: ε Ρέα/Réa). N0 V N1 Adv (=: Prép C GC:G) =: (23) Ζ Ρέα εγθαηέιεηςε ηε δνπιεηά ηεο γηα ιόγνπο πγείαο La Réa-Nfs a abandonné le poste-Afs à elle-Gfs pour raisons-Amp santé-Gfs (Réa a abandonné son poste pour raison de santé) N0 είκαη/être Adv =: (23a) *Ζ Ρέα είλαη γηα ιόγνπο πγείαο *Réa-Nfs est pour raisons-Amp santé-Gfs En revanche, la construction en είκαη/être est interdite pour le complément prépositionnel de la phrase (23), malgré sa similarité formelle avec le complément de la phrase (22). C‟est ainsi qu‟on se rend compte de la différence de portée entre les deux compléments. Toutefois, les adverbes figés retenus dans la présente étude « peuvent figurer dans des constructions en είκαη/être d‟une autre nature » (M. Gross 1990a : 107). Ainsi, par nominalisation de la phrase (23), nous obtenons : V-n είκαη/être Adv (=: Prép C GC:G) =: (23b) *Ζ εγθαηάιεηςε ηεο δνπιεηάο ηεο Ρέαο ήηαλ γηα ιόγνπο πγείαο *L’abandon-Nfs le poste-Gfs la Réa-Gfs a été pour raisons-Amp santé-Gfs (*L‟abandon du poste de Réa a été pour raison de santé) La construction (23b) semble inacceptable. Mais, si nous considérions είκαη/être comme une variante de verbes supports tels que ζπκβαίλεη/arriver, γίλεηαη/se produire, ιακβάλεη ρώξα/avoir lieu, etc., la construction produite serait du même statut syntaxique mais d‟acceptabilité supérieure : V-n γίλεηαη/se produire Adv (=: Prép C GC:G) =: (23c) ?Ζ εγθαηάιεηςε ηεο δνπιεηάο ηεο Ρέαο έγηλε γηα ιόγνπο πγείαο ?L’abandon-Nfs le poste-Gfs la Réa-Gfs s’est produit pour raisons-Amp santé-Gfs (?L‟abandon du poste de Réa s‟est produit pour raison de santé) Ces formes verbales –il s‟agit en effet des verbes supports d‟occurrence– peuvent être vues comme des extensions du verbe support είκαη Prép/être Prép, puisqu‟elles jouent le même rôle que ce dernier dans le processus d‟introduction coréférentielle. (cf. A. Balibar-Mrabti 205 1990). Les verbes supports d‟occurrence46 servent donc à reconstruire les phrases élémentaires sous-jacentes aux groupes adverbiaux prédicatifs car ils lient des occurrences d‟événements (décrites par les prédicats verbaux) aux circonstances de ces événements (désignées par les compléments adverbiaux) (cf. M. Gross 1990a : 108). 

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